VENDREDI SOIR
Il n'y a pas que l'écologie dans la vie
Nicolas Sarkozy parle et se conduit comme un fasciste. J’entend déjà tous les chantres et autres apôtres du politiquement correct, à droite et à gauche, se récrier plus ou moins bruyamment que, non, il n’est pas possible d’écrire ou de dire ce genre de choses, qu’il ne faut rien exagérer, que le président de l’UMP est un républicain. D’abord, ils ne disent pas démocrate, ils disent républicain, nuance que les psy apprécieront ; et je n’évoque ici que la forme et non pas le fond qui n’offre aucune originalité particulière par rapport à ce qu’a fait Jacques Chirac qui ne fut qu’un menteur ordinaire.
Il suffit de suivre attentivement jusqu’au bout, jusqu’à la nausée, jusqu’au malaise quasiment physique, ses réunions politiques, d’écouter attentivement, comme je l’ai fait, tout ce que racontent ses porte-parole à des publics captifs et ravis, pour comprendre à quel point la forme du discours est fascisante, excluante et totalitaire. A des années lumières des petites phrases et des extraits aseptisés que nous diffusent les radios ou les télévisions (il faut faire court…) ou que reproduisent les journaux. Des extraits qui gomment, qui évacuent forcément la dimension fascinante-fascisante des discours, le maître étant d’ailleurs largement supérieur, à l’exclusion de son ami Christian Estrosi, à ses élèves en campagne. Qu’il ait réuni autour de lui une équipe de fanatiques tétanisée par les mots et paralysés par le verbe incantatoire, montre à quel point cet homme se situe dans une dimension dangereuse. Que l’on me comprenne bien : je ne dis pas « nazi », je dis simplement fasciste, un peu sur le fond et énormément sur la forme. Il suffit de relire les écrits du philosophe Jacques Ellul sur la propagande pour en être persuadé, pour comprendre comment fonctionne cette méthode qui ne fait pas appel à la raison, mais aux tripes, aux peurs et aux fantasmes. Le dernier discours sur Mai 68 qui aurait engendré les patrons amateurs de golden parachute n’est qu’une illustration parmi d’autres.
Il suffit aussi hélas de se replonger dans la carrière et les écrits de Joseph Goebbels pour comprendre les mécanismes pervers de la méthode de communication d’un homme qui, comme le candidat de l’UMP, a toujours été marqué par son physique et ses problèmes de santé qui en faisait un individu complexé. Comme Nicolas Sarkozy, il devait compenser, se libérer, offrir ses exorcismes à la foule pour l’aider à rejeter ses angoisses devant le monde. Nicolas n’offre pas des solutions mais des boucs émissaires offerts au sacrifice. Il suffit de lire les extraits déjà disponibles des 40 000 pages de mémoires du chef de la propagande du parti national-socialiste depuis 1929, pour mesurer les similitudes. Comme l’écrivait Goebbels « Plus le mensonge est gros, mieux il passe ».
Nicolas Sarkozy n’a certes pas l’exclusivité de la menterie, mais il apparaît largement plus doué, plus roué, plus profondément que tous les responsables de la droite depuis 50 ans. Tout simplement parce qu’il mêle intelligemment ses sentiments et l’affection qu’il porterait aux Français, à ses simplifications politiques. Goebbels consacrait une partie de ses discours à lancer des déclarations d’amour à ses auditeurs, à la population : une rhétorique destinée à le rapprocher des foules. Nicolas, tout amour, joue de ses malheurs personnels et conjugaux, comme Joseph Goebbels tiraillé entre deux femmes, pour tenter de susciter la compassion et une adhésion qui dépasse le fait politique.
Nous ne sommes plus dans la raison, nous ne somme plus dans le choc des programmes, respect des hommes contre ultra libéralisme, mais à travers un homme « génétiquement modifié », dans le culte des affects, en un mot le culte du chef, du thaumaturge qui va extirper par ses vertus, les mots et les maux de la société dont souffre les Français. C’est ce que l’on appelle jouer les apprentis sorciers. Ce que fit Goebbels avec succès.
Pour la première fois que je suis les campagnes électorales des responsables de la droite, j’ai peur, vraiment très peur. Et j’emprunterais le mot de la fin à François Bayrou : « c’est homme est dangereux ». Non pas seulement par ce qu’il promet mais surtout par la façon dont il promet.
Claude-Marie Vadrot