L'echec d'une vie de journalisme
Les
attentats meurtriers à Paris, la perspective de l’arrivée au pouvoir régional
du Front National et de ses loups fascistes mal déguisés en agneaux, en
attendant peut-être pire au niveau de tout le pays, le très possible échec de
la COP 21 placée sous haute surveillance et les difficultés de la société
civile et du mouvement naturaliste et environnementaliste pour manifester avant
le conférence climat, cela fait beaucoup pour un journaliste qui, depuis
une quarantaine d’années, se bat et écrit pour éviter tout cela. Beaucoup trop
même. De quoi inciter au découragement et au renoncement…
J’ai l’impression
d’avoir été, sans m’en rendre compte, aussi inutile et aussi nul que les
politiques : des soi-disant « Républicains » aux Verts en
passant par les Socialistes. En le voulant pour certains ou sans le vouloir pour
d’autres, nous sommes tous en échec. En échec mortifère, en échec sans doute
irréparable. Face aux fous de Daesh bien entendu mais aussi face à tous les
autres fous qui animent les lobbies financiers et industriels qui souhaitent
surtout que rien ne change, que notre
monde et celui des musulmans de France et d’ailleurs, continue à se suicider en
se soulant de belles paroles et d’indignations stériles. Quand je relis les
déclarations publiques des sénateurs américains niant le réchauffement
climatique au nom de la Genèse ou la Bible ou les élucubrations des orthodoxes
russes sur l’évolution de notre planète, quand je me rends compte que les fous
de dieu n’habitent pas seulement en Syrie, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan
ou en Arabie Saoudite.
J’éprouve
une sensation de fin du monde dont je suis aussi responsable que les autres,
parce que, sur tous ces sujets, je n’ai pas su expliquer ou informer. Il parait,
nous dit-on, qu’il ne faut pas « avoir peur ». Je sais par une longue
expérience des guerres, des guérillas ou des situations insurrectionnelles que
la peur peut parfois être bonne conseillère et inciter à la prudence. Mais cette
fois j’ai l’impression que cela ne suffira pas. La peur d’autres attentats,
aussi prévisibles que dévastateurs, l’angoisse de voir la planète se dégrader
inéluctablement sous les effets de la pollution et des émissions de gaz à effet
de serre, la certitude que les derniers événements se traduise par un
affaiblissement de ce qui reste en France (et ailleurs) de garanties démocratiques,
la crainte que les meurtres aveugles se poursuivent en France et au Moyen
Orient ne suffira pas à écarter les dangers. L’agitation stérile des politiques
retombant en quelques heures dans leurs égarements verbaux en apporte une
nouvelle preuve, la pression de l’ex-président demandant le report de la Cop 21
en est la dernière illustration.
En ce
dimanche, avant de regagner mon quartier du XI° arrondissement de Paris, je
suis désespéré par l’ampleur de notre échec, de mon échec. Tel qu’il s’étale
depuis vendredi soir dans la logorrhée qui s’étire dans les images et les
interventions de BFM qui illustrent à merveille notre impuissance…