Vanuatu: une catastrophe qui n'a rien de "naturelle"...
Les
240 000 habitants de la République du Vanuatu savent depuis des dizaines
d’années ce que ne rappellent guère les médias qui pleurent sur leur sort en
évoquant les destructions qu’ils viennent de subir: ces anciens colonisés de la
France et de la Grande Bretagne sont doublement menacés par le changement
climatique. Situation qui explique les deux cris du cœur que renouvelle leur
président à chaque grande conférence sur le climat et l’environnement : « Ne nous laissez pas seuls
face au dérèglement du climat » et « nous ne pouvons plus attendre que la communauté internationale
prenne des décisions car notre pays, comme d’autres, peut un jour
disparaitre ».
La
première menace, celle qui vient de faire des centaines de victimes et de
détruire des milliers de bâtiments et de maisons sur un archipel qui ne couvre
que 13 000 kilomètres carrés, vient et viendra des tempêtes. Celles dont
les experts du GIEC, hélas de plus en plus confortés par la réalité, expliquent
depuis des années qu’elles seront de plus en plus violentes et porteuses de
destructions et de plus en plus coûteuses en vies humaines. Comme le cyclone
Pam qui a ravagé la majeure partie de la centaine d’ile du pays.
Seconde
menace également liée au dérèglement climatique : la submersion des
espaces côtiers par un océan qui monte inexorablement. Une insidieuse et lente
submersion qui prend des proportions dramatiques lorsque passent des tempêtes,
même lorsqu’elles ne sont pas aussi
violentes que celle d’aujourd’hui. D’abord elle contraint de nombreux habitants
à se réfugier, provisoirement ou définitivement sur les collines où il est plus
difficile de pratiquer l’agriculture. De toute façon, l’envahissement par l’eau
de la mer, occasionnel ou permanent, entraine la salinisation des terres,
souvent pauvres et de faible épaisseur. Ce qui détruit la végétation et les
rend impropres à la moindre culture. Alors que celle-ci fait vivre près de 80 %
de la population, 100 % sur certaines iles. cette montée de la mer, toujours en
raison de la l’imprégnation par le sel, réduit chaque année les quantités d’eau
douce disponibles.
Les citoyens
du Vanuatu, comme ceux de la République de Kiribati, de Tuvalu, des Iles
Marshall, des Maldives, de la plaine méridionale du Bangladesh et bien
d’autres, font et feront partie des millions d’habitants que l’on considèrera
un jour comme des réfugiés climatiques que les Nations Unies et les pays qui le
composent ne veulent pas encore reconnaître comme tels et, surtout, se refusent
à accueillir. Les égoïsmes des grandes nations qui se réunissent chaque année
pour parler (seulement « parler ») du réchauffement climatiques et de
ses conséquences tueront ces gens aussi surement que les tempêtes. Y compris
dans les régions où c’est la sécheresse qui est également responsables des
mouvements de population dont nous ne voulons pas entendre parler …