Que faire de Claude Allègre: au musée, au pôle nord ou dans une réserve naturelle pour mammouth ?
VENDREDI 28 AOUT
Que faire de Claude Allègre ? La question n’est pas nouvelle mais elle prend une certaine acuité avec la polémique (re)lancée il y a quelques jours par ce dinosaure dans Le Parisien, à propos du climat et de la taxe carbone. Trop c’est trop ! Le bouffon de l’écologie a encore frappé et va polluer la discussion déjà difficile sur la mise au point de la contribution énergétique de l’automne. Comme Mediapart l’a démontré à plusieurs reprises, la compétence scientifique d’Allègre (l’association de ces deux termes représente déjà en soi une incongruité) est largement sujet à caution depuis que, dans une autre vie, ce spécialiste de la tectonique des plaques a en vain cherché de l’or dans les mines péruviennes pour le compte (déficitaire) du BRGM, le Bureau de Recherche Géologiques et Minières, ou de chercher à ridiculiser Haroun Tazieff à la Martinique en annonçant une éruption volcanique qui ne se produisit pas. Avant de le virer. L’objectif n’est pas d’infliger au lecteur la liste édifiante et terrifiante des erreurs et provocations commises par ce mammouth de la médiatisation ; en poursuivant par exemple, par sa négation des dangers de l’amiante dans les années 70 et son soutien aux industriels qui la produisaient. Non, la question est clairement autre : comment se débarrasser utilement (je suis pour le recyclage) de cet escroc scientifique qui utilise ce qui lui reste de crédit pour raconter partout n’importe quoi. En profitant d’une réputation dont l’usure devrait un jour l’amener à présenter un jeu télévisé sur TF 1 pour garder son statut de vedette. Plusieurs solutions sont envisageables.
Il devrait être possible de l’empailler pour l’installer en bonne place à l’entrée de la Galerie de l’Evolution du Muséum National d’Histoire Naturelle car il représente quand même une superbe illustration de la faculté de retour en arrière conservée par l’espèce humaine ; et la preuve au fond que Darwin était parfois trop optimiste en comptant sur les bienfaits de l’évolution. Depuis des années, Allègre a enclenché la marche arrière en se déclarant sans aucune nuance partisan du nucléaire, en niant les retombées de Tchernobyl et en encensant sans preuves ni compétence la prolifération des OGM. Bref il illustre parfaitement une célèbre réplique attribuée à Audiart : « les cons ça ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît ». Je sais, ça frise l’injure, mais la mesure est comble et Allègre est une injure permanente à la science et au bon sens.
On pourrait aussi envisager la création d’une réserve naturelle dans un arrondissement de Paris où il pourrait être considéré, avec Bernard-Henri Lévy, Frédéric Lefèbvre, Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen et quelques autres, comme représentatif d’une espèce en voie de disparition : les animaux capables de s’enfler d’eux mêmes. La grenouille de la Fontaine, par exemple. Le phénomène est suffisamment curieux pour être préservé et pour qu’il soit permis au peuple d’observer le mécanisme de prés. Il est fascinant.
La possibilité de le relâcher sous le soleil de l’Andalousie ou du Burkina Fasso pour mesurer la vitesse de refroidissement du climat doit également être envisagée. Ce qui reviendrait à transformer ce baromètre déréglé de la science en simple thermomètre équipé d’une balise émettrice relié à l’Académie des Sciences où cette phrase prononcée en 1999 doit sans doute être gravée dans le marbre : « L’intégration, c’est l’exact inverse de l’exclusion ». A la même époque il expliqua « l’anglais n’est pas une langue étrangère ».
Le gouvernement pourrait également le charger d’une vaste étude visant à nous prouver que la terre est plate et ne tourne pas autour du soleil comme l’explique la Princesse de Clèves: de quoi faire parler dans les gazettes et le réhabiliter dans les colonnes de l’Express d’où il a été exclu. Plus c’est gros, plus ça fait des titres prolongeant artificiellement la mousse médiatique. Avec un peu de chance il va nous démonter les réussites du darwinisme en prenant pour exemple Nicolas Sarkozy.
Il pourrait également remplacer avantageusement les frères Bogdanoff à la télévision. Pour peu qu’on lui trouve une combinaison spatiale à sa taille : après tout le genre comique volontaire n’a jamais été essayé par Claude Allègre qui se contente depuis quelques années du comique de répétition. Mais les meilleurs gags finissent par s’user.
La vente de l’escrologiste national à la Russie constitue une autre solution intéressante, intellectuellement et financièrement, puisque ce pays est à fois frappé par une forte dépopulation, par une négation du réchauffement climatique qui, comme l’a un jour dit Allègre, va permettre de faire pousser du blé en Sibérie, et par une progression exponentielle de l’irrationnel. Beaucoup de Russes croient toujours que le vin blanc de Moldavie et la vodka constituent une protection efficace contre les radiations nucléaires et devraient donc accueillir un tel farceur scientifique avec enthousiasme. On pourrait aussi le louer à W. Bush pour égayer sa retraite. Un recyclage durable. Le recyclage raté est évidemment celui de l’entrée dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy qui aurait eu comme avantage de déconsidérer définitivement ce dernier.
Reste aussi à envisager la création d’un musée Claude Allègre entièrement consacré à ses foucades, à ses erreurs et à ses obsessions. Un jour, une telle exposition permanente pourrait faire recette, comme les personnages grotesques dans les foires d’autrefois. Il pourrait y démentir en boucle que Galilée s’est bien trompé en affirmant que vitesse de chute d’un corps n’est pas proportionnelle à son poids contrairement à ce que disait Aristote. L’académicien prouve allègrement le contraire et sa chute n’en finit pas de s’accélérer.
Et enfin, il pourrait servir d’épouvantail lors de la manifestation à Copenhague des écologistes lors de la manifestation pour la sauvegarde du climat le 12 décembre prochain.
Dernière solution : le lâcher au pôle nord pour surveiller, avec Michel Rocard, la fonte des glaces et l’agonie des ours blancs.
Je n’aurais pas la cruauté de suggérer un suicide public : c’est déjà fait, mais le prononstic vital n’est pas encore avéré.
Je sais bien qu’il ne faut jamais tirer sur une ambulance. Sauf quand le malade est au volant...