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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 2 décembre 2007

Universités bloquées ou désertées ?

2 décembre

Avant de raconter ce que j'ai pu voir pendant le semaine électorale en Russie (quelle tristesse, quelle honte de voir l'Occident silencieux) puis ensuite la marée noire en Mer Noire, ce petit texte envoyé à tous mes étudiants de Paris 8 et à beaucoup d'autres...

Ne rêvons pas. Facs bloquées ? Non, surtout facs désertées. Par les étudiants, par les profs. Ceci expliquant peut-être cela. Les seconds ont mis des mois à s’apercevoir, au moins pour certains, que la loi de Madame Pécresse posait quelques problèmes et beaucoup d’étudiants ne sont plus vraiment certains qu’ils ont envie d’étudier. Pour quoi faire ? Pour quel avenir ? Pour quel société ? Comme un blues, une envie de dormir, d’oublier la fatigue que leur impose la société libérale assaisonnée à la sauce Sarkozy. Alors, la grève, ce que l’on appelait il n’y a pas encore longtemps, du temps du rejet du CPE, la grève active, celle qui sert à réfléchir ensemble pendant une partie du cours, ils la boycottent machinalement. Ils font, en quelque sorte la grève de la grève, tandis que la majorité des enseignants attend que ça se passe, mettant au départ leurs absences sur le dos des salariés du métro et de la SNCF. Les étudiants, ils en profitent pour se reposer, afin de ne plus dormir à la fin des cours parce qu’ils ont passé la nuit à garder un parking, la journée à servir des Macdo ou la matinée à actionner des caisses enregistreuses. Ils en profitent pour courir après les petits boulots qui leur donneront les quelques sous et ce répit dont beaucoup ont tragiquement besoin. Et un tout petit noyau, ici comme ailleurs, cherche désespérément un peu de chaleur et de sens à tout ce qui se passe; ou plus exactement à tout ce qui ne se passe pas ; tandis que les assemblées générales ne ré-inventent même plus les traditionnelles mais nécessaires incantations.

Comme officiellement il n’y a presque plus d’étudiants, il n’y a presque pas de profs. Logique, puisqu’il n’y a plus d’étudiants. Mais que je sache, les profs ne sont pas en grève. Ou alors je n’ai rien compris. Quelques dinosaures dont je suis, viennent plus souvent, pour voir, pour parler, pour écouter, pour comprendre, parce que c’est notre rôle ; d’autres, beaucoup trop d’autres, attendent que ça se passe. Alors, puisqu’il ne se passe plus grand chose, tout doucement, les dernières lumières s’éteignent...Et le pouvoir le sait.

Claude-Marie Vadrot
Chargé de cours
Département de Géographie-écologie de Paris 8-Saint-Denis

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle tristesse, quel gâchis vous nous décrivez là.

On est loin de l'ambiance de ma première année de fac, en 67-68, l'année où on avait pensé refaire le monde.

A cette époque, malgré les petits revenus de ma mère, ma bourse m'avait permis de me consacrer uniquement à mes études de médecine, sans avoir besoin de travailler à côté.

Ce fut sans doute une époque privilégiée, une époque où l'on pouvait croire à l'amélioration de la condition humaine.

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Oui, désormais, je sais pourquoi des étudiants s'endorment pendant les cours...
Vos études n'étaient pas un "privilège" mais l'investissement juste d'un Etat qui avait d'une certaine façon plus de considération dans ses citoyens qu'aujourd'hui.

CMV