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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 30 janvier 2008

Ecologie et contradictions en Argentine

30 janvier

Santa Maria

Sur la place centrale de Santa Maria, dans la province de Catamarca, au nord de l’Argentine, deux groupes de militants se font face. D’un côté de belles jeunes filles vêtues de ver et menées par Laura, expliquent aux passants, prospectus à l’appui, pourquoi il est nécessaire de trier les ordures, de séparer les déchets organiques des déchets en plastique et en fer. Objectif expliqué : faire disparaître les champs d’ordure aux abords de la ville, améliorer les conditions sanitaires et organiser la production de compost (avec recours à la lombriculture) pour les agriculteurs de la région et pour les familles qui survivent avec des jardins individuels. Laura est une jeune prof de biologie et vit à Santa Maria tout comme les 8 filles et les deux garçons de ce petit groupe d’activiste. Ils ont été formés, et c’est là que l’affaire commence à se corser, par une « société internationale d’études et de services environnementaux ». Laura et les autres finissent un contrat d’un an pour cette société, après avoir intéressé une partie de 22 000 habitants de la ville. Maintenant les habitants, notamment par le biais de deux quartiers pilotes de 42 et de 47 maisons, savent ce qu’est et ce que peut éventuellement rapporter la collecte (plus sélective). Et, surtout, comme cette expérience se déroule dans ne nombreuses provinces, la plus ou moins mystérieuse société a pu évaluer l’importance du marché de la collecte et du recyclage. Laura est un peu gênée quand on évoque cet aspect. D’autant plus que, elle et son groupe, ont oublié que les déchets organiques dont elles ont commencé à organiser (distribution de sacs et de poubelles) la collecte qui deviendrait obligatoire sert à de nombreux habitants à nourrir les cochons qui constituent un apport alimentaire important dans un province ou le chômage dépasse 25 % .

A quelques mètres, un autre groupe, menée par Iris, une psychologue travaillant à l’hôpital public, expliquent les dangers que les petite mines (or, uranium, plomb, thallium, cuivre, arsenic...) font courir à la population. Par la pollution des rivières, la pollution des nappes phréatiques et la pollution de l’air. De plus ces mines, explique Iris, épuisent des réserves en eau déjà insuffisantes dans une région où il ne tombe guère plus de 200 mm d’eau par an, ce qui pénalise les cheptels (baisse des nappes et disparition de maigres pâturages) et les agriculteurs, notamment les vignerons. Toutes ces mines sont exploitées (300 emplois dont 50 sur Santa Maria) avec de gros engins par des sociétés étrangères qui ne respectent aucune législation et « tiennent » la municipalité, laquelle emploie 40% de la population ! Tous ces militants, qui ont constitué leur groupe il y a trois ans, sont surveillés et en butte à la persécution des politiques locaux. « Il ne fait pas bon être vu en train de parler avec nous sur la place, quand nous tenons ce stand ». Elle ajoute : « si ces pollutions se poursuivent, si le nombre des cancers et des maladies continuent d’augmenter, si l’eau continue à se raréfier, dans dix ans, la ville sera quasiment vide de ses habitants ».

Puis elle ajoute en regardant le groupe de Laura qui continue à expliquer les avantages du tri sélectif aux passant avec des moyens de toute évidence largement plus important : « Vous voyez, ces gens, ils sont tout simplement payés par des industriels et par les responsables des mines à travers une société au nom innocent. Ils font de la diversion, c’est tout ».

A Santa Maria comme ailleurs, la lutte écologique n’échappe ni à ses contradictions ni à ceux qui la transforment en bénéfices.

Et pendant ce temps là, les inondations ravagent toujours la région

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout d'abord bravo a ces deux initiatives qui vont tout de même dans un sens commun de respect de la "Patcha Mama".
L'une veut obliger à composter, l'autre donne une information critique sur l'état de l'environnement.
La volonté de convaincre et la volonté d'obliger, fait faire des bêtises, d'un côté comme de l'autre, certes...
Maintenant, elles agissent...
Bon courage et je les soutiens de tout coeur.
Bien à vous.