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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 8 février 2008

Le tourisme est il vraiment durable ?

8 février

San Pedro d’Atacama, dans le Nord du Chili

San Pedro d’Atacama, dans le nord du Chili (5000 habitants aujourd’hui, moins d’un millier il y a quinze ans), vit la tragédie de tous les paysages et village traditionnels rattrapés, engloutis même par le tourisme. A quelques kilomètres, la grande lagune salée et sèche d’Atacama et une poignée de flamands roses reçoivent la visite des milliers de touristes dont, heureusement, pas un n’atteint le petite village de Peine au sud : 200 habitants vivant là à proximité du lac de sel, vivant d’une mine dont tous les sels extraits servent à fabriquer nos piles jetables (sel de lithium, de borax, etc.). Quand il n’y en aura plus ou quand les ouvriers refuseront d’être brûlés quotidiennement par le sel, le soleil et le vent de l’altiplano, peut-être que nous ne jetterons plus nos piles. A moins que nous n’en ayons plus à jeter...

Dans les rues toujours en terre battue (ça fait plus typique) de San Pedro se croisent les touristes en short et ceux que des 4 x 4 Apache aventure ou tout autres appellations ronflantes trimballent dans la région sous prétexte que, parfois, il y a quelques cailloux sur la route. Le frisson vrombissant au prix de Santiago de Chile car les « blancs » qui sont en train de rentabiliser cet ancienne terre indienne, ce paysage des Indiens, n’y vont pas de main morte : l’exotisme frelaté doit être cher pour être crédible.

Dans les rues de San Pedro l’indienne, il n’y a plus, à la place des maisons en terre et des boutiques anciennes, que des agences de voyage et de trekking aux noms ronflants et des restaurants : prés d’une centaine. Plus rien d’autre. La ville est les environs (superbes, intactes depuis des siècles) meurent à petit feu dans un village où les hôtels ont poussé plus vite que les services. Il n’y a évidemment plus assez d’eau et pas assez d’électricité, celle ci étant évidemment réservée aux établissements recevant les touristes. Internet est là, mais les habitants ont du mal à téléphoner à Santiago du Chili ou dans les communes voisines.

Péniblement, la communauté indienne essaie de contrôler le flux touristique et d’en récupérer un peu. C’est ainsi qu’elle a pu reprendre le contrôle de la vallée de la lune, cette vallée de montagnes de sel et de terre, mais à 300 visiteurs motorisés par jour, les jours de cette ville sont comptés. Déjà, l’extraordinaire route en sel qui la traverse a été recouverte de macadam pour que les touristes n’abîment pas leurs voitures et roulent plus confortablement.

Je ne condamne pas forcément le tourisme, mais je ne sais pas trop quoi penser du désastre qui pénalise et bouleverse cette ville et dont Olivier Archambeau qui voyage avec nous, est le témoin navré car il y a quinze ans il était ici, dans un village tranquille que des courageux venaient découvrir dans le plus grand inconfort, sans même penser qu’ils faisaient du tourisme. Faut-il réserver le tourisme à quelques uns ? Certainement pas, mais le tourisme fait aussi mourir les lieux et les gens à petit feu. De plus, souvent, comme ici, il épuise des ressources naturelles rares car dans ce désert, San Pedro n’est qu’une oasis sur laquelle et aux environs de laquelle il ne pleut que quelques fois par an.

Je voulais simplement poser la question du tourisme qui tord les peuples, les réalités et le milieu naturel. Ce n’est pas une condamnation, juste une interrogation : que deviendra dans quelques années cet erzatz de paradis d’aventure ?

PS Qui n’a rien vraiment (vraiment ?) rien à voir, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet va en Guyane lundi en compagnie du président. Pas de nouvelles de Carle, étrange n’est-ce-pas. Tant pis pour les caïmans noirs.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Certes l'afflux touristique de masse, abime les sites... Certes le nombre d'habitants se multiplient pendant les saisons fortes et cela demande des ressources et des infrastructures beaucoup plus importantes qui ne profitent que très peu aux "autochtones" (mis à part le bruit et l'agitation...).
De plus l'aspect tarif "tout compris" (va savoir ce qu'il y a à comprendre...) provoque un forme d'intransigeance de la part du client, pour "gratter" un max.
Et pour finir, la plupart de ces personnes en vacances attendent les propositions de l'animateur, sans quoi ils errent dans les locaux, sans motivation. Comme une âme en peine qui a besoin d'être "ré-animée"...

Les phrases types :
"qu'est ce que l'on mange ce soir?" Alors que le déjeuner vient à peine de terminer...
"Qu'est ce que vous nous prévoyez cet après midi?" L'environnement géographique et culturel est si riche pourtant...
"J'ai visiter le Cameroun!" Alors que du Cameroun, il ne connait que le village vacances et ses excursions organisées où l'on ne rencontre que l'artisan "affilié" au club...

C'est pour ces différentes raisons que j'ai quitté ce milieu touristique de masse pour m'orienter vers un fonctionnement personnel plus humain et citoyen.

Le tourisme a malgré tout de bons côtés, regardez : la naissance des pavillons bleus pour la "propreté" des plages et des eaux de baignades, qui nécessitent une meilleure qualité du retraitement des eaux et des déchets pour pouvoir garantir une eau accueillante pour le baigneur.
Des solutions sont trouvées, par les voyagistes, pour retribuer les populations locales en fonction du nombre de touristes.
Et puis l'émergence des voyages et séjours équitables et écologiques : l'éco-tourisme.
Voyez aussi les protections mises en place sur des sites hyper fréquentés, pour redonner de la vigueur à la flore locale (la pointe du Raz, les protections des dunes sur le littoral atlantique, Carnac, la remise en valeur de villages traditionnels comme Kerhinet, Coulonges la Rouge...)

Il important de consulter et concerner les habitants et les acteurs locaux, pour organiser la circulation et l'accueil touristique.
Quels sites valoriser, lesquels protéger? Les hébergements en maxi béton collectif ou en unités individuelles? Une restauration collective ou une autonomie culinaire????
Autant de questions à se poser avant que le flux migratoire n'arrive et qu'il soit difficile ensuite de faire changer les mauvaises habitudes.
Car comme trop souvent, c'est après la catastrophe que nous trouvons des résolutions et prenons les choses en main, pour réparer tant bien que mal.

Longue vie à San Pedro!!!
Bien à vous.

Anonyme a dit…

Parlons en de monsieur Archambeau, n'est-ce pas lui qui visite et travaerse le monde dans son camion ou sa jolie petite voiture privé... ne partageant rien que des images avec les locaux.. Il n'a rien d'un anthropologue et sa demarche a tout de navrante, c'est l'un de ces touristes dont vous parlez... La voiture, toujours la voiture, rien que la voiture... Je n'arrive pas a comprendre comment l'on peut ecrire ce que vous ecrivez et soutenir un explorateur qui a tout d'un touriste de base...
Je m'excuse par avance pour ces propos, je ne m'aventure pas d'habitude à juger les autres mais trop, c'est trop!

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Je ne soutiens et ne juge personne...

cmv

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Deuxieme réponse à "anonyme": je ne pense par que l'on puisse visiter le monde à pied ou en vélo. Reste que, premièrement, Olivier Archambeau est un géographe et non pas un touriste et qu'ensuite il est un excellent compagnon de voyage.

CMV

Anonyme a dit…

réponse à anonyme
courageux mais pas téméraire. Il faut parfois avoir le courage de ses oppinions.

Anne-Marie

Anonyme a dit…

Pas téméraire??? et quel courage de ces opinions? Nous n'avons pas le droit de dire ce que l'on pense sur ce blog??? N'avons nous pas le droit d'être critique? De réfléchir sur ce qu'est le tourisme... l'utilisation de la voiture... le fait de partir à l'autre bout de la planète... en dégageant une certaine quantité de CO2... Je pensais qu'un blog était un lieu de débat, ou l'on peut s'exprimer...Monsieur Vadrot, j'ai beaucoup de sympathie pour vous et partage un certain nombre de vos idées... mais pas toutes... donc si je n'ai pas le droit...l'autorisation d'être critique et que ce blog est en faite une parodie de libre parole... dite le moi... je ne serais plus de vos lecteurs..
Bien à vous,
Emma

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Chère Emma,

Je ne comprends pas votre réaction, tout le monde a le droit d'être critique, à commencer sur ce blog. Je réponds en maintenant une opinion (je ne sais d'ailleurs pas quelle est la réponse que vous visez) et l'un ou l'autre, voire les deux, des interlocuteurs progresse, réfléchis. Et, en plus, je ne vois pas dans quel commentaire, j'ai vu vous dénier ou dénier à quiconque une opinion. Cela mérite explications, s'il vous plait...

cmv

Anonyme a dit…

Pour un tourisme authentique au nord de l'Argentine, vous devriez visiter www.proyungas.org.

J'ai travaillé avec eux sur l'habilitation d'une superbe région. Il s'agissait de développer le tourisme durable par le microcrédit. Belle expérience.