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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 10 février 2009

SARKOZY GASPILLE ENCORE DES MILLIARDS POUR ENCOURAGER LA VOITURE

Mardi 10 février

Je récidive contre l'obsession étatique de la voiture "sauveur sauveur suprême"!

En offrant 7, 8 milliards d’euros à l’industrie automobile, le président français a définitivement tourné une page du Grenelle de l’environnement, ce rideau de fumée déjà largement dissipé par les relances du plan autoroutier et l’annonce de nouveaux réacteurs nucléaires. Oui, je sais il y a l’emploi, il y a le chômage, au sujet desquels je ne suis pas du tout indifférent. Mais sur ce point les deux constructeurs automobiles qui se partagent l’essentiel de la manne, n’ont fourni aucune garantie. Ils s’engagent simplement à ne fermer aucun de leurs sites industriels, ce qui ne les empêchera aucunement de virer les intérimaires et d’organiser le chômage technique aux frais de la collectivité, histoire de préserver et leurs bénéfices et les dividendes de leurs actionnaires. Quant aux délocalisations que ces constructeurs (plutôt assembleurs) automobiles promettent de ne pas poursuivre, elles sont désormais inutiles puisque plus de la moitié des voitures et des pièces détachées vendues en France proviennent déjà d’usines installées dans les pays où les salaires et les garanties sociales sont réduits au minimum. Premier accroc de taille à une démarche écologique annoncée, des milliers de tonnes d’automobiles et de moteurs font le voyage vers la France pour y être vendus. Au prix d’un énorme gaspillage énergétique. Un ancien ami qui fut ministre de l’environnement m’a un jour dit qu’il avait découvert la signification profonde de l’écologie en regardant dans les Alpes un train de voitures françaises croiser un autre train de voitures italiennes...
Reste la question de fond : faut-il vraiment encourager avec l’argent de l’Etat la fabrication de nouvelles voitures individuelles polluantes, prétexte à de nouvelles autoroutes, plutôt que d’aider à la fabrication de transports en commun, qu’il s’agisse de tramways, d’autobus et de trains régionaux ? La question mérite d’être posée à une époque où le transport individuel en ville est d’ores et déjà condamné. Par l’écologie, par la logique sociale. On me rétorquera, refrain mille fois entendu, « liberté » et déplacements dans les zones rurales. Pour ce qui concerne ce dernier point, il faut préciser deux choses : d’abord aucun écologistes n’a jamais remis en cause la nécessité de la voiture dans des campagnes qui ont été peu à peu vidés de leurs chemins de fer, de leurs transports collectif et ensuite que les voitures sont d’abord majoritairement citadines comme le prouvent toutes les statistiques. Et puis, de temps à autre, un Etat qui affirma officiellement la nécessité d’une société progressivement plus respectueuse des exigences écologiques, de l’état de la planète et de notre santé, pourrait faire un effort exemplaire. D’ailleurs jamais l’Etat n’a encouragé la circulation des bicyclettes et la construction des pistes cyclables. Ce sont les municipalités qui ont du faire un effort financier, sans aucune aide, dans ce domaine.
Grâce à l’Etat qui ne sait pas faire les choix qu’il prône dans des discours répétitifs, les Français vont pouvoir (parfois, vu l’état de leur pouvoir d’achat) acheter des voitures neuves qu’ils n’auront pas les moyens de faire rouler. Ils pourront toujours les laver clandestinement pendant les périodes à venir de canicule. Ou les donner en gage à leurs banques qui viennent également de se refaire une santé avec de l’argent collectif.
La subvention déguisée accordée à l’industrie automobile est une aberration qui illustre les mensonges écologiques du pouvoir au moment où il laisse réduire le nombre et la fréquence des trains ordinaires desservant les petites et grandes villes de province, au moment ou Madame Boutin, la mule du Pape, vante ses fausses maisons à 15 euros (équipées de chauffages électriques ruineux, bien sur) qu’elle installe dans des banlieues lointaines ou leurs malheureux propriétaires n’auront pas d’autres choix que d’utiliser des voitures pour aller à leur travail. S’ils en ont un.
Un jour sans doute, pour entretenir notre addiction à la voiture, on nous en fera pratiquement cadeau aux frais du gouvernement.
En entretenant à grands frais la civilisation de l’automobile, le gouvernement nous précipite vers une impasse dont il faudra qu’il se justifie devant les associations qui ont naïvement cru à des promesses et, dans quelques mois, à la conférence de Copenhague sur le climat. Ce n’est pas une consolation que de prévoir que la France ne sera pas, dans ce sommet que viendront contester des dizaines de milliers de manifestants, seul à braver les réalités d’un bouleversement climatique qui se rappelle à notre souvenir avec les tempêtes françaises la terrible sécheresse qui sévit dans la moitié de l’Australie.
Jacques Chirac, qui avait un certain sens du comique et du paradoxe, nous avait expliqué en 2002 à la conférence mondiale sur l’environnement de Johannesburg, nous avait pourtant expliqué, avec des larmes de crocodile dans la voix : « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Elle continue de brûler et le président de la République continue de regarder ailleurs ; en arrière même. Pendant ce temps là, les Etats Unis passent au vert et prennent la première place dans l’installation d’éoliennes qui représentent déjà la production électrique d’une vingtaine de réacteurs nucléaires, ce qui va leur permettre de devenir, avec l’Allemagne, de devenir les leaders d’une nouvelle technologie que la France inventa et proposa sans succès il y a déjà une bonne vingtaine d’années.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo, entièrement d'accord.

Anonyme a dit…

Je vous lis depuis bientôt 4 ans que je travaille à l'Ademe d'île de france et je m'étonne encore et tjs à chaque fois d'apprendre plein de choses qui me permettent ensuite d'appuyer et de densifier mes discours face aux politiques frileux et aux particuliers réfractaires. Alors je voulais juste vous remercier de ce travail d'utilité publique, car je me délecte vraiment de chacun de vos post. Merci, bravo, encore, et à bientôt dans un monde meilleur.

Anonyme a dit…

MERCI POUR CES DEUX COMMENTAIRES.

Anonyme a dit…

Bonjour, je vous connais par vos articles dans Politis mais je découvre seulement maintenant votre blog (grâce à Rezo.net). Super ! Entiérement d'accord avec votre article, je suis révoltée à chaqu fois que n'entends ces histoires de relance de l'automobile. encore ce matin entendant parler des milliards d'aide aux équipementiers automobiles et rien sur les économies d'énergie et les énergies renouvelables ! (contrairement à Obama!). Pourquoi ne pas aider les personnes travaillant dans le secteur automobile à se reconvertir vers les métiers utiles à une reconversion écologique?