Qui êtes-vous ?

Ma photo
Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 15 juin 2009

Il faut créer d'urgence des centaines de milliers de jardins potagers

lundi 15 juin

Il y aurait mieux à faire, pour les élus socialistes, que de se quereller pour savoir qui aura la chance ( ?) d’essayer d’être le calife à la place du calife. Ils devraient prêter plus attention, c’est à dire avec autre chose que des mots creux, à la demande exprimée il y a une semaine dans les urnes et à celle qui a été que négativement signifiée par l’abstention : une autre France, un autre Monde. Une partie importante de la population française aspire à l’écologie au quotidien que leur refusent les élus locaux, généraux et régionaux trop souvent prisonniers de schémas qui datent d’avant la création du Parti socialiste. Ils devraient enfin comprendre que ces Français là ne supportent plus de les regarder inaugurer des tronçons d’autoroutes, des déviations à quatre voies, des voies piétonnes ouvertes aux voitures, des ronds-points, des usines baladeuses et des fausses pistes cyclables balayées par le flot automobile. Des Français, collectivement et même si cela est paradoxal, aspirent à l’autonomie. Celles qu’ils organisent ou veulent vivre et organiser. Sans ces élus qui vivent sur Mars ou sur la Lune.
Ces Français là ne veulent pas le bonheur pour demain mais le plaisir, le bien-être et l’écologie pour aujourd’hui. Plutôt que de construire des incinérateurs à tout va au point de faire de la France le champion d’Europe de la destruction (parfois dangereuse) des déchets, ils devraient consacrer une part importante des subventions qu’ils distribuent à une geste simple et bien moins coûteux : leur offrir des jardins potagers. En municipalisant ou en préemptant des terrains à cet effet. Des jardins dont des Français ont tellement besoin que les listes d’attentes des associations qui les distribuent s’allongent démesurément et que les AMAP, Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne se multiplient. Au point que les paysans proches des villes peinent à faire face à la demande : car les avantages de la PAC ne sont pas pour eux mais pour les agro-industriels du maïs, de la betterave ou du blé. Autour des maisons individuelles les plus bourgeoises, le gazon est de plus en plus souvent défoncé pour faire de la place aux légumes. Pour ceux là, le jardinage devient un plaisir autant qu’un défi à une consommation élevée à la hauteur d’une solution de crise ou de civilisation à laquelle ils ne croient plus vraiment.
Et puis il y a tous les nouveaux pauvres, les exclus, les licenciés, les chômeurs partiels, les chômeurs techniques, ceux qui sont lassés de ruser avec les minimum sociaux, ceux qui rêvent de pouvoir améliorer leurs ordinaires avec des légumes et quelques fruits tout en faisant la nique aux grandes surfaces qui grugent à la fois les agriculteurs et les consommateurs. Pour ces millions de gens, comme pendant les guerres (celle qu’ils vivent est économique), se pose la question de la survie et de l’autonomie face à un système qui les broient. Ceux là aussi, à leur façon, disent non au type de consommation qui leur est imposée. Les bourgeois (bohème) font semblant d’être à la recherche d’une nouvelle éthique alors qu’ils réagissent pareillement à cette crise qui dure.
Il y a urgence à répondre à cette demande : en installant ces jardins autour de toutes les villes comme une ceinture de protection contre l’urbanisation galopante. Pas pour un illusoire et trouble « retour à la terre » qui n’est plus de saison, mais pour satisfaire un besoin d’autonomie. Et aussi pour survivre car, pour les plus pauvres et aussi pour les classes moyennes (au moins) l’économie de subsistance, l’autoproduction devient une nécessité. Combien des nouveaux jardiniers, comme les plus anciens dans la pratique, ne pourraient plus boucler leurs fins de mois sans l’apport de ces jardins ? Combien de ces jardiniers que je rencontre ne pourraient plus offrir des fraises, des framboises ou des haricots verts frais à leurs enfants sans les cultiver ?
Il y a urgence à installer sur le territoire français des dizaines, voire des centaines de milliers de nouveaux jardins potagers. Ce sera plus efficace que le Revenu de Solidarité Active qui ne vise guère à autre chose qu’à habituer les salariés à être encore plus mal et de plus en plus épisodiquement payés.
Il y a urgence à offrir à tous ceux qui le souhaitent, cette autonomie relative. Pour sauver les uns et désintoxiquer les autres. C’est aussi une façon de renvoyer notre nain de jardin à ses promesses stériles.
Affirmation faite après avoir cueilli les fraises, les framboises, les groseilles et les cerises du jardin que j’entretiens depuis quelques dizaines d’années. En vivant au moins un peu à l’écart des pesticides et fongicides contenus dans la plus grande part des « beaux » fruits et légumes qui s’entassent dans les grandes surfaces.

6 commentaires:

Kilroy a dit…

Voilà une proposition qui me semble on ne peut plus sensée. Elle avait déjà été soulevée il y a quelques temps sur le blog du Monolecte : http://blog.monolecte.fr/post/2008/10/13/Prends-en-de-la-graine (j'aime beaucoup cet article).

Les potagers auraient en plus pour avantage de limiter la "casse" et le gaspillage liés au transport et au stockage, inévitables avec les méthodes de la grande distrib.

Il faudra éduquer les gens à un jardinage plus écologique que celui que pratiquent les adeptes du Roundup, voire même évangéliser sur les pratiques de l'agriculture naturelle (avec le bouquin excellent de Jean Marie Lespinasse) pour que cela soit parfait.

Marco a dit…

L'autonomie, c'est le mot qui fait certainement le plus peur aux politiciens et aux grands groupes car elle menace leur pouvoir. C'est pour moi le salut d'un peuple dans une récession qui risque de s'installer... En ce sens, si les jardins potagers peuvent contribuer à notre autonomie alimentaire alors faciliter leur développement serait du bon sens, ni plus ni moins !

LATR a dit…

Merci pour cet article, bien qu'utopiste, je me suis pris à y croire.

Force de l'imagination : il m'a requinqué.

Anonyme a dit…

De plus, l'agriculture raisonnée (qui utilise peu de pesticides) permet de proposer des produits de qualité.
En tant que consommateur nous pouvons activement protéger la planète en choisissant des fruits et légumes de saison et produits par les agriculteurs de notre région.

voir site Naturilonline.fr rubrique Écogestes

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

L'agriculture raisonnée (??) n'offre aucune garantie aux consommateurs et ne protège pas l'environnement. Elle a été inventée par une association de grands fabricants de pesticides, engrais, désherbants et fongicides pour "habiller" leurs ventes d'un vernis écolo. Cette agriculture n'est d'ailleurs reconnue par aucun label.
Pendant des années, l'association Farre qui regroupe les "agriculteurs raisonnables" ont eu la même adresse à Boulogne-Billancourt que l'uipp, l'Union des industries pour la protection des plantes qui réunit tous les industriels français et internationaux (Bayer, Limagrain, Monsanto, etc....)

Hub a dit…

En attendant, ce sont surtout des centrales qu'on crée :

Un projet de centrale électrique au gaz est actuellement en discussion pour une implantation à Hambach en Moselle (à la limite de l’Alsace bossue et du parc naturel des Vosges du Nord – réserve mondiale de la biosphère) par Direct Energie. Ce projet, s'il devait voir le jour, aurait des conséquences sur l’environnement et la santé des habitants de la région. En effet, une telle centrale (composée de 2 cheminées de 56m de haut et de 7m de diamètres et de 2 cheminées auxiliaires de 1m de diamètre) rejette notamment (d’après le dossier technique fourni par Direct Energie) :
# 2.800.000 m3/heure de fumées à 98° (2700 tonnes/heure)
# 1.920 tonnes/an de NO2
# 3.264 tonnes de CO
# 384 tonnes/an de SO2
# 2.604.640 tonnes/an de CO2
# Des COV (Composés organiques volatils) et des HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) reconnus comme hautement toxiques et cancérigènes.
Outre ces rejets dans l’air, la centrale va prélever 1100 m3/heure d'eau dans la Sarre, en rejetant une partie chargée de phosphore, sulfate, nitrate, nitrites, etc ...

Certes, dans le contexte actuel de crise, il serait bien venu de dynamiser l’économie de la région, sévèrement touchée par des restructurations. Se dire que cette centrale va créer de l'emploi et que les habitants pourraient bien faire un effort et fermer un œil sur les impacts environnementaux. Des élus parlent bien d’une 100aine d’emplois. Mais en « grattant » un peu on découvre une quarantaine d’emplois directs, sans doutes à mi-temps puisque le budget prévisionnel ne permet de rémunérer que 22 personnes au SMIC ...

Ce qui est également très étonnant, c’est la relation qu’entretien Direct Energie, qui se dit « alternatif » (alternatif au fournisseur EDF bien entendu, et non à l’utilisation de ressources fossiles), avec ses parties prenantes. Informations très elliptiques fournies en amont aux décideurs locaux, manque de transparence, absence de concertation avec les riverais, jeu sur les mots (installation classée ICPE qui « s’inscrit dans le Grenelle de l’environnement ») ...

Il faut en effet savoir que la durée de l’enquête publique est très courte (fin le 10 juillet) et qu’il n’y aurait eu aucune publicité de faite à ce sujet si le maire d’une commune limitrophe n’avait informé les habitants. Ceux-ci se sont très fortement mobilisés et, après une série de réunions publiques, une manifestation a rassemblé entre 800 et 1000 personnes jeudi dernier à Sarreguemines, ce qui est, je crois, du jamais vu dans cette ville !

Est-ce suffisant pour obtenir un report de la date de clôture de l’enquête publique afin de pouvoir diligenter une expertise indépendante, permettant de prendre une décision en toute connaissance de cause ? Il ne s’agit en effet pas d’être contre ce projet par principe.

Plus d’informations, ainsi qu’une pétition, sur le blog créé par les habitants : http://www.iblogyou.fr/centraleelectriquehambach