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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 3 septembre 2009

Climat: les partis "carbonisent" la taxe et Fillon lance une aumône à la face de la terre

Jeudi 3 septembre

En quelques déclarations aussi fumeuses que péremptoires, toujours à la pointe de l’écologie démagogique à reculons, les socialistes ont tordu cyniquement ou bêtement (au choix) le cou à la « taxe carbone » plus connue sous le nom de « contribution climat ». Du pain béni pour la majorité qui n’en demandait même pas tant et se réjouit secrètement que cette tentative de freiner nos gaspillages soit baptisé « impôt » par la gauche. Une aubaine qui met de côté toute réflexion intelligente et raisonnable sur nos modes de vie et sur les modifications climatiques. Ni les ministres de l’UMP ni encore moins, si c’est possible, les parlementaires de droite ne sont disposés à tolérer que les industriels, les producteurs d’énergie et les réseaux de distribution soient contraints par la loi a faire attention à leurs méthodes de production et de distribution. Comme les socialistes, pour écarter cette menace, ils laissent entendre que la « taxe carbone », sera en fait un impôt nouveau qui frappera « les couches populaires ». Voire qu’il remplacera la taxe professionnelle. Impôt ! Le gros mot qui fâche est lâché ; glissement sémantico-politique en forme d’épouvantail qui permettra aux faux vertueux de gauche et de droite de continuer à supporter ou à organiser les gaspillages. En feignant de croire que cette incitation à consommer différemment ne concernera que les gens les moins favorisés et que, mieux, elle les frappera en premier ; et durement. Les uns et les autres nous expliquent que le système (lequel ?) au pire organisera une compensation, ce qui promet la construction d’une « usine à gaz » de plus. « Construction » qui ne profitera qu’à ceux qui peuvent se payer le luxe de gaspiller le climat de tous.
Les socialistes et l’UMP entonnent la sérénade hypocrite des salariés qui « habitent de plus en plus loin de leurs lieux de travail ». Les premiers oublient qu’ils ont ouvert la voie aux réductions des transports ferroviaires et les seconds que toute la politique des infrastructures de chemin de fer, depuis 2002, organise la disparition des réseaux secondaires au profit des lignes à grande vitesse qui ne fonctionnent toute l’année que pour une minorité de Français. Et l’UMP oublie déjà que les nouvelles règles de chômage imposent aux demandeurs d’emploi d’accepter des boulots loin de leurs domiciles sous peine de voire leur indemnité réduites ou supprimées. Le PS et l’UMP ne sont pas prés de s’écologiser...
Depuis quelques années, s’ils veulent des trains, les Conseils généraux et les Conseils régionaux sont priés de payer. Et donc de faire payer le maintient très relatif d’un service public aux contribuables. Ce qui n’empêche pas une SNCF à la recherche de rentabilité, ni d’augmenter ses prix, ni de supprimer des trains malgré les oppositions des usagers. Lesquels, de manifestation en blocage de voies et manifestations ne parviennent qu’à reculer les échéances qui les précipitent vers leurs voitures. Avec en prime l’abandon du rail pour le fret, le ferroutage ne restant qu’un slogan vide.
De plus, faire croire que seule l’utilisation de l’essence, de fioul et du gaz (et même pas l’électricité !) sont les seules causes des menaces climatiques est, pour reprendre le mot de Daniel Cohn-Bendit, une affirmation « stupide ». Que penser de nos importations et donc de notre consommation, en ce moment, vus dans une grande surface ce lundi, de salades des Pays Bas, de tomates grecques, de pommes en provenance de Chine, de poires du Portugal, de poivrons et de pêches du sud de l’Espagne ou de kiwi d’Afrique du sud ? Que penser encore du lait de brebis du Larzac qui part en Grèce en camions réfrigérés pour nous revenir sous forme de Feta ? Que penser enfin, les exemples sont légion, des pommes de terre qui partent vers le Maroc pour être épluchées avant de nous revenir pour faire des frites ou des chips ? Ou des « voitures vertes » rapatriés des confins de l’Europe par nos constructeurs nationaux ?
C’est clair : quelques mois avant la conférence sur le climat de Copenhague, une incitation écologique et financière forte est nécessaire. Car les modifications climatiques, quelles que soient leurs manifestations toucheront chacun d’entre nous, au Nord comme au Sud. Les conséquences concerneront aussi bien les plus démunis que les autres. Avec même, une « préférence » pour les premiers.
Et ce n’est pas l’aumône de 14 euros la tonne jetée de façon méprisante à la face de Gaïa qui contribuera à calmer la fièvre et les tourments du climat.
Mais il est clair aussi que la pénalisation de toutes les activités gaspillant l’énergie et les matières premières doit en premier lieu être imposée aux fabricants et distributeurs : avec interdiction contrôlée de répercuter les conséquences de leurs conduites écologiquement stupides et dangereuses sur leurs prix de vente. Les consommateurs ne doivent participer que marginalement à ces efforts nécessaires : il n’ont jamais demandé la mondialisation des objets et produits qu’ils consomment !
Sans ces obligations aux seules producteurs et distributeurs, la contribution écologique va purement et simplement passer à la trappe sous couvert de défense des plus démunis.

ps Aux dernières nouvelles, le gauche et la droite ont gagné en agitant l'épouvantail impot puisque selon le dernier sondage de la Sofres, les deux tiers des Français, les mêmes qui s'affirment prêts à "payer pour protéger l'environnement", se déclarent opposés à toute contribution climat.

9 commentaires:

Noamwak a dit…

Tout le monde veut voir la planète s'améliorer, reconnaît les erreurs de l'humanité, admet gaspiller... Par contre s'investir pour éviter ce genre de problème devient des plus délicat... Mais peut-on en vouloir aux gens? Impôts, TVA,Taxe pour les entreprises, charges,... Un ras le bol général logique et prévisible!... Et dans tout ça je ne parle pas de la médiocrité de nos hommes politiques avec qui nous avons l'impression d'assister à un match de tennis et non à des discussions amenant à des solutions censées. Depuis tout petit, on nous a répété de réfléchir avant de parler... Je dirais à nos politiciens de revenir aux bases!!!

Javi a dit…

Merci de rappeler que l'importance de la taxe carbone, y compris pour les pauvres, réside justement dans son extension à tous les usages énergétiques.

C'est une taxe sur la physique, sur notre utilisation de ressources matériellement non renouvelables, quelque soit le prix qu'on y mettra, et dont il faut dès aujourd'hui apprendre à se passer.

La taxe carbonne, c'est prendre les mécanismes qui gouvernent notre activité (notre économie) tels qu'ils sont, et non tels qu'on les voudrait et à les faire travailler dès aujourd'hui, sans attendre le grand soir socialiste pour nous préserver des conséquences de la destruction de notre environnement.

C'est une mesure de salut public, pour les pauvres, comme pour les riches.

Javi a dit…

Merci de rappeler que l'importance de la taxe carbone, y compris pour les pauvres, réside justement dans son extension à tous les usages énergétiques.

C'est une taxe sur la physique, sur notre utilisation de ressources matériellement non renouvelables, quelque soit le prix qu'on y mettra, et dont il faut dès aujourd'hui apprendre à se passer.

La taxe carbonne, c'est prendre les mécanismes qui gouvernent notre activité (notre économie) tels qu'ils sont, et non tels qu'on les voudrait et à les faire travailler dès aujourd'hui, sans attendre le grand soir socialiste pour nous préserver des conséquences de la destruction de notre environnement.

C'est une mesure de salut public, pour les pauvres, comme pour les riches.

bric a dit…

Ce qu'il reste du service public ferroviaire… jusqu'au démembrement final, planifié et prochain, de la SNCF.
Quand ça va c.... grave, les politiciens du futur penseront-ils à la reconstituer, et plus généralement à faire fi des dogmes libéraux ?

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Bon, je vois que nous sommes d'accord et qu'il faut se méfier des sondages à tendance démagogique. Ou bien que lorsqu'ils affirment, dans d'autres sondages qu'ils sont disposés à faire des (petits) sacrifices pour sauver la planète, les Français mentent.
Et aprés tout, il suffit d'adopter progressivement une attitude plus écologique pour échapper à la taxe...

Isadora a dit…

Vous dites "il suffit d'adopter progressivement une attitude plus écologique pour échapper à la taxe..."
Personnellement; je n'ai pas attendu d'incitations financières pour avoir une attitude écologique.
mais, je voudrai faire remarquer que les attitudes vertueuses ne sont pas spécialement récompensées. J'en veux pour preuve l'augmentation de 138% de mon abonnement edf à 3kw. Et très franchement, je n'ai plus beaucoup de marge de manœuvre pour diminuer ma consommation électrique. D'un autre côté, c'est un bien, car ceci va me motiver à me fournir chez enercoop ou à m'équiper d'un kit solaire. J'ai déjà opéré une reconversion des ampoules à économies d'énergie bourrées de mercure vers celles à LED.
Il convient de noter que tout ceci demande une mise de fond qui n'est pas forcement à la portée des familles vivant à 4 avec un smic.

elhierro a dit…

Et dire qu'on continue à tracer des autoroutes, des voies rapides pour faciliter des déplacements qui bientôt n'existeront plus !
On continue d'étendre des banlieues interminables autour des métropoles et de désertifier les petites villes ... alors qu'on ne pourra plus vivre à 30 km d'un centre ville sans voiture. On continue de centraliser les administrations, les hôpitaux, les services et on ne pourra plus y aller. On mise sur le tourisme, et plus personne ne viendra .
Le pétrole à 1000 Dollars le baril c'est pour bientôt.
Une petite taxe carbone augmentant de 3% par an aurait pour mérite de nous préparer à ça ..

Anonyme a dit…

Comment espérer de partis de gouvernement un changement d'attitude ?

Ils profitent de ce système de fou, ils y participent activement et se maintiennent à flot grâce à lui. Souvenez-vous du maire d'une petite ville qui a démontré que les services de l'eau sont beaucoup moins chers, de meilleure qualité et équitables (minimum gratuit pour les plus démunis) si gérés directement par la mairie plutôt que par des multinationales gravides. Alors qu'il voulait partager son expérience à succès, ses copains (PS) lui demandaient de se taire...

Le fric décide à peu près de tout. C'est donc son contrôle par la population qui doit primer si nous voulons vraiment ne plus courir au suicide collectif en cours.

Le retour à un système démocratique est une condition sine qua non d'une société viable.

Nos députés et dirigeants actuels sont de fait incapables de mener les changements. De l'UE rien à espérer, du Gvain encore moins.

Je n'y crois plus - nous avions toutes les informations pour ne pas en arriver à ces désastres, nous y sommes.

Grâce aux personnes de bonnes volonté, j'apprends à survivre : à cultiver, à conserver, à me tenir chaud, à me soigner etc

Peut-être je devrais apprendre à me battre aussi ...

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

C'est vrai qu'un certain nombre d'entre nous ont commencé il y a longtemps à "économiser la planète" et qu'ils savant, à la fois, que ce n'est pas facile mais que c'est impératif. Question de survie. Pas dans des grottes cévénnoles mais là où nous vivons, en appart ou en maison individuelle.