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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 11 décembre 2009

Avant la manifestation de Copenhague, deux ou trois choses de que je sais de la conférence

vendredi 11 décembre

Copenhague, le 10 décembre

Une conférence internationale, fut-elle entourée et surveillée par quelques milliers de citoyens vigilants ne doit pas grand chose à l’improvisation ; contrairement à ce que les déclarations des uns, les promesses nouvelles ou les fausses improvisations des autres ou de Jean-Louis Borloo pourraient laisser croire. Depuis des mois, ainsi le veut le mécanisme des consensus internationaux, des experts scientifiques, économiques et politiques, se réunissent discrètement pour rédiger un projet d’accord. Lundi, quand le show médiatico-politique a commencé, tout était déjà écrit. Il ne reste plus, essentiel du travail politique au cours duquel l’expertise des scientifiques est peu à peu écartée, qu’à examiner, ligne par ligne, mot par mot, souvent virgule après virgule toutes les parties du texte qui figurent entre crochets. Pour avoir été, par deux fois, à Rio et lors de l’une conférence de l’après-Kyoto, amené à assister à ces interminables et fascinantes discussions de marchands de tapis, je sais à quel point les empoignades sont sévères autour des détails. Dans les réunions formelles et informelles, les délégués et leurs adjoints doivent à chaque instant s’assurer que les traductions ne cachent pas une entourloupette, un faux sens que l’un ou l’autre des pays pourra ensuite saisir pour clamer que seule sa version est la bonne. Tout cela, au rythme confus des « services rendus » ou à rendre que les délégations échangent dans ce qui ressemble souvent à une foire au troc du XIX éme siécle. Depuis quelques semaines, par exemple, les Etats-Unis vendent chèrement, y compris pour des promesses afghanes, le moindre point de diminution d’émission de CO 2 ; tout comme la Chine est prête à troquer des exportations de jeans contre le renoncement à quelques de nouvelles centrales à charbon.
Cette pièce de théatre va durer jusqu’à l’arrivée progressive des ministres puis des chefs d’Etat ou de gouvernements ; les négociateurs s’échappent régulièrement des salles de réunions formelles ou informelles, celles où les textes avancent et celles où se lancent les ballons d’essai, pour rencontrer tous les groupes de pression qui campent devant les portes fermées. A toute heure du jour et surtout de la nuit, quand, grâce à la fatigue, les vigilances politiques ou techniques peuvent faiblir ou s’endormir. Même les ministres peuvent se précipiter dans les couloirs pour tester un chiffre, voire un adjectif. Je me souviens par exemple, à la conférence de La Haye en novembre 2000, avoir vu Dominique Voynet surgir dans un couloir une feuille à la main, l’air victorieuse avant de se voir expliquer par un représentant des Amis de la Terre, qu’elle était en train de se faire rouler dans la farine. Il s’agissait ni plus ni moins, cette année là, que de trouver un accord sur la mise en oeuvre des accords de Kyoto pourtant présentée trois ans plus tôt comme une « victoire de la planète ». Ce qui permet de mesurer à quel point les accords ne sont souvent que des faux semblants, des galimatias destinés à faire à plaisir à tout le monde. A la Haye, il s’agissait, comme aujourd’hui, de régler le conflit entre les Etats Unis minimalistes du climat suivis par l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon et le Canada ? et l’Europe se donnant le beau rôle en proposant un organisme supra-national de contrôle des engagements auquel la plupart des pays européens ne croyaient pas le moins du monde. Car la grande faiblesse des conventions internationales reste que nul organisme n’a le pouvoir, au nom des souverainetés nationales, de sanctionner leur non-application. Ce qui peut inciter des pays, au dernier moment, à lâcher des concessions de façade que nul ne pourra vérifier.
Au délà des crises de nerfs –il y en a-, des psychodrames et parfois des larmes, survient le terrible moment de l’arrivée des chefs d’Etat ou de gouvernement pour lesquels le réchauffement climatique se résume en une note de synthése rédigée par un conseiller lue trop rapidement. Un instant redouté par tous les négociateurs car les éminences ont tendance à dire n’importe quoi. Comme Nicolas Sarkozy déclarant le 23 septembre dernier « Le monde va à sa perte si on continue à émettre du carbone qui crée un trou dans la couche d’ozone » ou Alain Juppé m’expliquant il y a deux ans qu’il projetait de « chauffer toute la ville de Bordeaux grâce à l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques qu’il allait installer»...
C’est à la lumière de ces incompétences que les chefs d’Etat décident de ce qui sera politiquement acceptable par leurs opinions publiques.

2 commentaires:

lingerie sexy a dit…

L'aide de sept milliards d'euros annoncée par l'Union européenne vendredi pour aider les pays les plus vulnérables à s'adapter aux changements climatiques, "ce n'est pas assez". "On ne fait pas l'aumône: c'est une compensation queo demande les plays les plus touchés. Ils ne sommes pas responsables de la dégradation du climat mondial

elhiero a dit…

C'est le grand spécialiste du climat Michel Rocard, je crois, qui est à l'origine du "Co2 qui troue la couche d'ozone". L'erreur de Sa Grandeur est seulement d'avoir nommé des incapables pour préparer le dossier, et de ne rien y comprendre Lui Même.