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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 15 mars 2010

Ferrat est mort, je suis triste, inconsolable, et n'oublie pas qu'il a écrit La Montagne avant les écologistes

Lundi 15 mars

Il faut se souvenir que Jean Ferrat a écrit "La Montagne" en 1964, peu de temps après son arrivée dans les Cévennes qu'il ne quittera jamais

En ces temps d’élections, je me souviens que la dernière fois que je l’ai vu à Entraigues, dans le beau jardin entretenu par sa compagne, Jean Ferrat m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi, dans son petit village où il était le seul « étranger » lui le natif de Vaucresson dans la région parisienne, tant de gens votaient pour le Front National ;

Relisez, relisons ces paroles prophétiques et lucides


Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Merci, Jean

6 commentaires:

Manuel a dit…

Très joli texte. Mais pas seulement, visionnaire aussi !
Je ne connaissais pas ce monsieur, je l'avoue.

P-S : Je ne suis pas ( encore ) abonné sur Mediapart, je ne peux donc pas commenter vos billets de blog là-bas. Je me permet donc exceptionnellement d'écrire mon avis ici, au sujet de votre dernier article. Vous avez raison, la biodiversité, tout le monde s'en fout.
"Il y a quelques jours, dans un silence consternant, le Conseil des ministres de l’environnement de l’Union Européenne a décidé de reporter à 2050, avec une mystérieuse étape intermédiaire à 2020, la préservation de la biodiversité."
Oui, ce silence est consternant. Les potins politiques des élections régionales sont beaucoup plus importants...
"Comme je sais que dans mon jardin de Gien il fera demain au moins 20°, je vais aller voir comment se portent les lézards gris et les lézards verts que j’héberge, en compagnie des hérissons, dans les pierres d’un mur écroulé qui les abrite l’hiver."
Vous en avez de la chance.
Et je vous comprends !

VADROT a dit…

relisez Ferrat, même du point de vue de notre environnement, ils sont souvent trés fort(Paris 2000 écrit en 1971, par exemple)

Pour le papier sur la biodiversité, je suis désolé, mais je pensais que lorsque je mettais un texte en commentaire et non pas dans la partie journaliste, puisque je collabore également à Mediapart, il était possible de me répondre ou de commenter.
En tous cas merci de votre fidélité et de vos propos.

Manuel a dit…

"relisez Ferrat, même du point de vue de notre environnement, ils sont souvent trés fort(Paris 2000 écrit en 1971, par exemple)"
D'accord. J'irai voir Samedi, si ce livre est disponible dans mes librairies favorites. Mais je m'en veux un peu de ne pas avoir connu plus tôt ce Jean Ferrat, à vrai dire, c'est peut-être parce que je suis encore trop jeune, ou plutôt c'est la culture dans laquelle beigne les gens de mon âge ! La nature, la biodiversité pour eux, comme pour d'autres, ils s'en foutent ! Et c'est çà aussi que je trouve bien malheureux.

"Pour le papier sur la biodiversité, je suis désolé, mais je pensais que lorsque je mettais un texte en commentaire et non pas dans la partie journaliste, puisque je collabore également à Mediapart, il était possible de me répondre ou de commenter."
Je pense que c'est Mediapart qui restreint la possibilité de commenter aux abonnés uniquement mais je n'en suis pas sûr. Ne vous inquiétez pas, je pense m'abonner dans pas longtemps, d'ici là, j'ai au moins toujours la possibilité de vous lire !

"En tous cas merci de votre fidélité et de vos propos."
C'est moi qui vous remercie.

Manuel a dit…

'Paris an 2000' n'est pas le titre d'un livre mais bien d'une chanson. Désolé pour cette grosse erreur de compréhension !

bric a dit…

Parler d’élevage aux hormones en 1964, c’était déjà géant. Et sa chanson, comme tant d’autres, n’a pas pris une ride.

Et pendant ce temps-là, des chanteurs sarkouillistes (ou de droite) sont toujours là. Qu’ils se reposent (NB je ne leur souhaite pas le repos éternel, hein) !

Anonyme a dit…

Merci à vous d'avoir publié le texte de La Montagne. Il est si émouvant et remet tellement en cause notre quotidien. Claude Barberger, Besançon