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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 14 octobre 2011

Climat:, la messe est dite, je n'irais pas à Durban en décembre prochain

Vendredi 14 octobre

A Kyoto, en 1997, bien que de nombreux journalistes et observateurs pouvaient déjà pressentir que la signature des Etats Unis et de ses vassaux ne seraient pas suivie d’une ratification, l’espoir de juguler des modifications climatiques encore contestées par beaucoup de politiques prenaient corps. Le Protocole de Kyoto, bien qu’entrée en vigueur seulement en 2005, avait pourtant figure de promesse, plus de 20 ans après la Conférence des Nations Unies sur l’environnement de Stockholm de 1972 ayant pour la première fois évoqué un dérèglement du climat lié aux activités humaines et cinq ans après le sommet de Rio qui avait relancé l’exigence de précaution alors que le GIEC travaillait aux mesures et aux preuves depuis 1988.
Après, il y eut, dans le désordre tellement les souvenirs se télescopent dans une médiocrité aussi grandissante que les l’outrecuidance des annonces gouvernementales diverses, Bali, les couloirs fiévreusement arpentés par Dominique Voynet à La Haye pour arracher quelques bribes de certitudes vite démenties, Genève, Copenhague où la mobilisation citoyenne fut inversement proportionnelle à la médiocrité des résultats liés aux attaques ignominieuses contre le GIEC lâchement endossées par les chefs d’Etat accourus pour faire de la communication et non pas pour sauver la planète. Un échec qui, nous promettaient les Obama, les Sarkozy et les autres, n’était que provisoire et serait compensé l’année suivante. A Cancun au Mexique. A l’écart d’un énorme village vacances pour gros américains dévoreurs d’énergies, symbole de tous les gaspillages énergétiques, la conférence mexicaine ayant soigneusement exilé les contestataires à 30 kilomètres, s’enlisa en faux semblants et mensonges, guidée par des négociateurs déboussolés et réfugiés dans un immense hôtel de luxe transformé en forteresse, symbole éclatant d’une planète courant à sa perte.
A peine la rencontre planétaire avortée, les voix des puissants impuissants et secrètement heureux de l’être, clamèrent qu’à Durban l’année suivante on allait voir ce qu’on allait voir pour ce qui serait la 17 éme conférence mondiale sur le climat.
A Panama où les négociateurs se sont réunis du premier au 7 octobre, la négociation climatique a sombré dans le coma politique alors que les prescriptions non respectées du Protocole de Kyoto expirent à la fin de l’année. La négociation climatique est sous perfusion et les plénipotentiaires s’exercent sans espoir à l’acharnement thérapeutique. Plus personne ne croit possible de bousculer l’égoïsme des uns et le cynisme des autres. A la grande joie des climatosceptiques de tous les pays, l’échec est annoncé en dépit des paroles pseudo-rassurantes des uns et de tous les autres. Le réchauffement climatique est désormais accepté, avec toutes ses conséquences sur les populations, la faune et la flore, comme une fatalité que nul ne peut remettre en cause. Même pas tous les peuples qui en sont et en seront victimes comme, par exemple, les Somaliens chassés de leurs terres par une terrible sécheresse.
Les plus grands pollueurs en gaz de serre jouent désormais à qui perd gagne, chacun espérant, pour satisfaire son opinion publique, que la conférence du mois de décembre permettra de désigner quelques coupables : les autres bien sur.
Alors, familier des couloirs de conférences depuis 1972, je n’irais pas à Durban. Parce que, cette fois, je ne crois plus à un sursaut, non pas de sagesse, mais au minimum d’instinct de survie.
C’est fini. Il nous faut nous débrouiller avec l’inéluctable désordre climatique annoncé en remerciant les scientifiques du GIEC qui auront tout fait pour nous alerter. Non pas avec des mots et des promesses mais avec des chiffres et des mesures. Comme celles qui annoncent la fin de la banquise arctique estivale pour 2016...

2 commentaires:

Desjardins B. a dit…

Terrible constat mais ô combien lucide.
Je pense que la solution ne viendra pas des riches et des puissants de ce monde : ils sont bien trop préoccupés par leurs intérêts égoïstes ; mais il se pourrait bien qu'elle vienne des plus faibles, des petits (qui sont les véritables "grands" en réalité !)
Regardez tous ces paysans et ces paysannes africaines du mouvement international Via campesina qui s'apprêtent à converger vers Durban pour réclamer la justice climatique; les solutions qu'ils proposent représentent à mes yeux la seule voie possible pour sauver l'humanité du désastre. Elles sont très simples : promouvoir partout l'agroécologie et la souveraineté alimentaire des peuples...

Bien à vous,
Blandine Desjardins

Anonyme a dit…

Tant mieux ! Ça vous évitera de faire des fôtes...