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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 24 août 2007

SARKOZY DOIT FAIRE REVENIR LE SOLEIL

24 août

Sortant de sa torpeur estivale, François Fillon, dont certains assurent sans y croire qu’il est premier ministre et non pas préposé à la météo de TF1, a été envoyé ressusciter les bananes de la Martinique fauchée par un ouragan. Mission accomplie : foi de Fillon, elles reviendront dans neuf mois (les bananes). Mais cette geste héroïque envers une tempête ne peut pas masquer le scandaleux immobilisme du Président de la République en ce qui concerne le « sale temps » qui règne sur le territoire métropolitain. C’est bien beau les colonies et la course après les orages extraordinaires, mais pendant ce temps là, le « mauvais temps » ordinaire s’incruste en métropole comme un vulgaire émigré : la patrie souffre, les hôteliers pleurent, les tenanciers de campings s’émeuvent, les vendeurs de maillots de bain se jettent à l’eau, les météorologues s’excusent en vain et les plagistes dépriment, tous plombant l’économie nationale qui allait justement décoller. S’il n’y avait pas eu ce foutu temps. Pas de chance, alors que les baromètres étaient au garde-à-vous depuis une centaine de jours et les indices économiques au beau fixe post-électoral.

Alors que les Chinois préparent en secret leur été olympique en fourbissant des armes à faire pleuvoir ailleurs, l’Elysée ne fait rien, le président a perdu la main, les éléments se rebellent comme de vulgaires Bayrouistes. Pourtant, déjà, du temps de Staline et de Brejnev, les savants soviétiques avaient, comme en Chine, été mobilisés pour épargner le mauvais temps à la célébration de la Révolution d’Octobre et au défilé du premier mai. Parait que ça marchait ; c’est ce que disaient les dictateurs précités à chaque fois qu’il faisait beau au jour dit sur la Place Rouge. En cas de pluie, au trou les savants ! Preuve que quand un pouvoir absolu le veut absolument, il lui est possible de faire la pluie et de beau temps. Sans se mettre à dos les écolos ! Au contraire : quelle belle entrée en matière pour le Grenelle de l’environnement si le Président avait voulu faire un geste fort sur le climat, prouvant ainsi qu’il a tous les éléments en main. Il est encore temps d’ailleurs. On ne lui demande pas de guérir les écrouelles, ce sera pour plus tard, après sa canonisation, mais arrêter la pluie, expulser les nuages noirs, commander au soleil, cela parait élémentaire. Soit en envoyant Cécilia prier dans les campagnes les bras au ciel en compagnie d’un marabout libyen, soit en obtenant que le parlement vote une loi vite fait : la mécanique est rodée et Jean-Louis Borloo serait si content de montrer qu’il sert à quelque chose. A la rigueur, le peuple de France se serait contenté, parce que le temps presse, du décret d’application d’un texte quelconque : il y en a tellement qui traînent sans rien faire dans les tiroirs de l’Intérieur, attendant des temps meilleurs. Le temps que le Conseil constitutionnel s’aperçoive que nos tables de la loi fondamentale interdisent de faire n’importe quoi avec n’importe quelle loi, le soleil serait revenu. Déjà soupçonné d’avoir plumé quelques pauvres propriétaires qui avaient confondu leur bulletin de vote avec un chèque en blanc, le Conseil n’aurait pas osé revenir sur une deuxième mesure populaire.

Allez, monsieur le président, faites un geste, le pays n’attend que cela. Et si vous n’osez pas, demandez à Bernard Kouchner de le faire, il n’est plus à cela prés et de toute façon cela fait des semaines que, le pauvre, il a avalé son chapeau de pluie, celui qu’il portait en quittant le Kosovo sous la neige.

Monsieur le président, rendez nous ce que les citadins appellent le beau temps, rappelez à nous cet anti-cyclone qui vous a mis la pression pendant votre campagne électorale. Et puis, vous nous devez bien cela, car à force de chanter faux la Marseillaise, il fallait bien que le ciel nous fasse durement payer vos dérapages. Allez un bon geste, président, convoquez le soleil à l’Elysée pour lundi.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Remarquable.

Quelle belle manière d'exprimer colère et indignation.

Je ne sais plus si je dois rire ou pleurer devant tant d'irresponsabilité au sommet de l'Etat.

S.O.S., pays en péril ! Qui va l'arrêter avant qu'on retourne au Moyen-Age ?

coco_des_bois a dit…

Toi t'es un vrai dingo !
J'adore...

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Je l'avais écrit pour Libé: ils étaient d'accord, mais le beau temps est revenu trop vite.

cmv

Anonyme a dit…

je remarque que c'est depuis que Sarko 1er est président que le temps est pourri... avec Ségo, on aurait eu le soleil.

Anonyme a dit…

Ce qui signifie que le soleil est de gauche (et fait la gueule de puis l'élection de notre cher président) et que la pluie est de droite...

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Non, le soleil serait plutôt de droite, tout au moins si l'on considére que
le soleil "c'est le beau temps"
la pluie "c'est le mauvais temps"
Ce qui, dans les deux cas, n'est pas une information mais une appréciation subjective de citadins et de drogués de l'info qui oublient que la pluie ou le soleil cela peut-être utile autrement que pour (ou ne pas) bronzer. Il suffit de regarder le bulletin météo pour se convaincre que le "beau temps" est plutôt de droit.

cmv