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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 16 avril 2008

Les "pirates" somaliens, le colonialisme triomphant et la pollution

16 avril

Quelle que soit la gravité des faits qui sont reprochés aux « pirates » somaliens, pour qui connaît ce pays et son triste état, un certain nombre de questions se posent.

- D’abord pour eux, comme pour toutes les personnes accusées, devrait s’imposer la présomption d’innocence.

- Ces présumé coupables n’ont bénéficié dans leur pays d’aucune des garanties légales et juridiques qui auraient pu empêcher ou retarder leur extradition.

- L’extradition, si l’on peut utiliser ce terme, n’a aucun caractère légal puisqu’elle repose sur un « accord verbal » du gouvernement somalien dont nul ne peut prouver la réalité.

- De plus, dans ce pays, depuis 1991, il n’existe aucun « pouvoir légal » et les autorités française n’ont pas réussi à avoir le moindre contact avec un représentant (non pas élu, cela n’existe plus depuis des années) mais de fait, de ce pays qui est toujours divisé, au nord comme au sud, en de multiples factions armées auxquelles s’ajoutent les forces des tribunaux islamiques et les militaires éthiopiens.

- On se retrouve en fait face à un « acte colonial » de la plus belle tradition des relations entre le Nord et le Sud.

- Cette affaire de « pirates » masque commodément l’acceptation par des nombreux pays occidentaux d’une autre réalité : tout le monde ferme les yeux sur une autre conséquence très grave de l’absence de pouvoir dans ce pays, à savoir le déversement répété sur le littoral de containers et de fûts contenant de déchets industriels. Ces déversements qui polluent toute la côte, y compris vers le Kenya se font avec l’accord (rémunéré) d’un certain nombre des chefs de bande qui contrôlent le pays. D’autres déchets sont débarqués sur le littoral et enfouis dans les terres avec la complicité et l’aide des mêmes chefs de bande qui, avec l’argent récupéré, peuvent acheter véhicule et armes. Ce faisant, les sociétés chargés d’éliminer les déchets de nos industries réalisent de très gros bénéfices puisque les coûts de ce type d’élimination sont en moyenne dix fois inférieurs aux coûts d’une élimination selon un processus industriel classiques. Mais de cet aspect de l’anarchie qui règne en Somalie, le pays qui n’existe plus, n’est pas abordé par le France et les autres pays.

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