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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 19 février 2009

Encore un loup tué par un chasseur de Haute-Savoie

Jeudi 12 février, parce qu’il a aperçu au loin un loup en train de déguster un chamois, un chasseur du Petit Bornand, non loin de La Clusaz en Haute- Savoie, a tiré et tué ce loup. Sans avoir été le moins du monde menacé. Heu-reux ! Sans qu’un troupeau de moutons soit en cause, puisqu’en cette saison de neige, ces animaux ne sont évidemment pas sur les pentes de la montagne. Comme ses amis chasseurs, ce jeune Nemrod, s’étonne d’avoir été placé en garde à vue et d’être ensuite mis en examen pour destruction d’une espèce protégée. Et toute la communauté chasseuse de la région, fait chorus avec lui, évoquant, ne craignant pas l’outrance et de ridicule, l’esprit de résistance du Plateau des Glières tout proche comme symbole de refus du « loup relâche par les écologistes ». En oubliant que ce sont les naturalistes qui ont permis et organisé dans les Alpes le retour des chamois et des bouquetins qui furent au bord de l’extinction...
Outre qu’il faudrait se demander ce que ce chasseur faisait avec un fusil dans la montagne alors que la chasse est fermée depuis la fin du mois de janvier et que la traque du chamois est très réglementée, reste la question de l’obstination des chasseurs contre le retour progressif du loup dans l’arc alpin. Depuis qu’en 1992, dans le parc national du Mercantour, des gardes moniteurs ont aperçu pour la première fois des loups en patrouille. Des loups qu’une loi de 1882 avait décidé d’éradiquer définitivement du territoire français, la République prenant le relais de l’Eglise catholique qui, depuis le début du Moyen Age, avait décidé de le diaboliser. Au sens strict du mot : haro sur un animal qui s’attaquait à l’ « agneau innocent ». Une chasse au « diable-loup » dont l’Eglise organisait les jugements et la pendaison pour assurer son pouvoir sur les âmes des manants.
Depuis que le loup est revenu naturellement en France, depuis le massif de Abruzzes italien où il est normalement accepté comme un prédateur utile, les chasseurs fous de France, les bergers du Mercantour qui ne vont voir leurs troupeaux qu’une fois par semaine, et les politiques de l’UMP menés par Christian Estrosi, Ladislas Poniatowski et quelques autres, reprennent l’antienne du loup prêt à manger les chamois, les bouquetins, les enfants et les touristes. Sans le moindre respect pour la loi française, la réglementation européenne et la Convention de Berne qui assurent la protection de cet animal qui a, fort heureusement, décidé de revenir sur le territoire français. Etant bien entendu qu’il n’est pas question de négliger les difficultés, et la dureté du travail, des bergers et des éleveurs de brebis. Ce qui n’empêche pas de rappeler que si en 2008, leurs revenus ont été proches de zéro, ce n’est pas la faute des prédateurs sauvages, mais celle d’un fameux accord conclu avec la Nouvelle-Zélande permettrant, après l’attentat contre le Rainbow Warrior en 1985 à Auckland, à ce pays (à titre de réparation morale) d’exporter librement des carcasses de moutons congelés qui inondent aujourd’hui 80 % du marché français. Mais les chasseurs obsédés par les loups ne réfléchissent pas si loin. Pas plus qu’ils ne se posent de questions sur les 700 000 sangliers qu’ils ne sont pas fichus d’éliminer alors qu’ils ont contribué à les multiplier en relâchant ce que les spécialistes appellent des « cochongliers » qui dévorent les cultures et envahissent les routes et les villages.
Le chasseur du Petit Bornand n’est pas le premier à s’affranchir de la loi, à tuer ou empoisonner plus ou moins discrètement des loups et à ignorer leur utilité lorsqu’ils s’attaquent aux autres animaux sauvages les plus faibles, ou malades, contribuant ainsi à l’amélioration de la santé des troupeaux de chamois ou de bouquetins. Les mêmes Tartarins s’attaquent aux ours dans les Pyrénées. Des ours auxquels les Espagnols, qui en comptent une bonne centaine foutent la paix. Comme ils laissent tranquilles les quelques 2000 loups qui vivent en Espagne.
Extraordinaire exception française que cette chasse aux dernières espèces sauvages à laquelle se livre une part, heureusement minoritaire mais malheureusement efficace, des chasseurs français que les membres de la majorité soutiennent depuis des années. Ils ont fait du loup, de l’ours et du lynx des « objets politiques » qu’ils utilisent un peu contre la gauche (pas toujours bien nette sur ce thème) et surtout contre les écologistes. Dans le seul espoir de récupérer les voix des fachos- ruralistes de « Chasse pêche nature et tradition ».
N’en déplaise à cette minorité de cons (un faible pourcentage des 1, 2 millions de chasseurs français), le loup n’a pas été « réintroduit » en France et il est utile. Quoi qu’ils en pensent et quoi qu’ils fassent, ce superbe animal dont il faut quand même rappeler qu’il s’attaque jamais à l’homme, est en train de reconquérir le territoire français. Il a franchit de puis des années, malgré les difficultés, le couloir rhodanien. Il vit librement et tranquillement, ce loup d’origine italienne, aussi bien dans les Pyrénées que dans le Massif central et même la Lozère dans les environs de laquelle il aurait conquis le Gévaudan. Là où, à la fin du XVII éme siécle, on confondit ses agissements avec ceux de l’un des premiers serial killers français.
Déjà, tout ce que la majorité compte d’imbéciles n’ayant rien compris à la protection de la nature et à l’écologie, se dresse pour défendre le chasseur de Haute Savoie conditionné par ses amis chasseurs au point d’avoir flingué pour sa gloire un loup qui n’avait pas commis d’autres crimes de croquer un chamois. On est loin, à des années lumières, du Grenelle de l’Environnement dans un pays qui n’est pas capable de supporter quelques animaux sauvages.
Heureusement le loup est malin et fait de la résistance : il en existe probablement prés de 150 sur le territoire français.
Longue vie au loup, à l’ours, au lynx et à toutes les espèces sauvages dont, il y a quelques jours, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a déploré la disparition prochaine et probable.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Les chasseurs se proclamant "défenseurs de la nature" ou "amis de la nature" pourraient mieux s'informer sur le fonctionnement de la nature.
Et essayer de distinguer un vautour d'un canard ...
Relâcher des cochongliers qui vont proliferer c'est aussi la marque d'un manque total de connaissances et de réflexion.

Anonyme a dit…

Les chasseurs partagent avec les bétonneurs la même haine de la nature.
Les seconds se transforment parfois en premiers pour faire du biz.

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Nous sommes nombreux à "haïr" la nature...parce que nous en avons peur.

Anonyme a dit…

et ces chasseurs demandent a la commission Europeenne d'avoir un rôle plus important sur la sauvegarde de la biodiversité,ils la gerent deja en France grâce a Sarko,qui a fusionné ONFC et leur a alloué 28millions d'euros et va remettre cela,et ces viandards tuent tout ce qui bougent,tout est nuisible pour eux, sauf eux,a quand la revolte contre ces battues immondes,ce meurtre d'un loup,et ces tueries atroces ,deterrage,piegeage,battue,traffic,etc

Anonyme a dit…

Au-delà de cette lamentable affaire, les chasseurs ont encore de beaux jours devant eux c'est certain. je viens de tomber sur un communiqué de presse de Borloo, la décision de déclasser la martre et la belette de la liste des nuisibles est suspendue, après discussion avec le Pt de la fédé nationale de chasse.
C'est pas beau ça ?

Anonyme a dit…

Je profite de l'occasion pour vous poser une question naïve:
Je fais pas mal de randonnées, souvent seul (même si ce n'est pas bien): pourriez vous me rassurer quand à la probabilité réelle d'avoir un jour des soucis face à un des ses bestiaux? J'ai une expérience peu agréable de gros chiens, est-ce similaire? Ou bien fuient-ils réellement loin de l'homme?

VADROT a dit…

Les chiens errants peuvent être dangereux, mais le loup fuit systématiquement la présence humaine et n'attaque jamais l'homme. D'ailleurs vous pouvez remarquer que s'il attaque parfois des troupeaux de brebis, chacun un berger n'a été attaqué.
Donc, randonnez en toute sécurité.

Saoul Fifre a dit…

Malheureusement, il ne suffit pas d'affirmer les choses avec beaucoup d'aplomb pour qu'elles deviennent vraies ! J'ai lu il y a quelques années un entrefilet dans "Le Monde" qui relatait un cas de meute de loups s'étant attaqués à des humains, en Russie. Ce sont des carnivores, pas des bisounours (il y aurait beaucoup à écrire sur le syndrome de la peluche chez les écolos), en cas de disette, tout se qui porte chair peut commencer à claquer des dents, à commencer, comme vous dites, par les faibles et les malades, les enfants et les personnes âgées.

VADROT a dit…

Je ne prends pas les loups pour des "peluches" mais pour des animaux sauvages dont je sais par expérience que s'ils s'attaquent à des brebis, n'attaquent pas l'homme. Nous en avons la preuve en France depuis 1992, en Espagne (2500 loups) et en Italie(700 loups) ou en Roumanie. Il ne faut pas confondre la réalité avec des fantasmes venus du Moyen Age.
Je connais très bien la Russie et la Sibérie et nul ne m'y a raconté des attaques de loups contre l'homme. Une brève résumée du Monde, n'est ni une fait ni une information

Unknown a dit…

Je viens de Nice et je voudrais vous faire remarquer que chez nous on entends parler régulièrement des dégâts des loups présents dans une région anthropisée. On peut lire dans les journaux locaux qu'ils s'approchent parfois des villes, ou qu'un troupeau entier a été tué juste pour le plaisirs de ces bêtes... Quant à l'homme, il n'est pas sans danger: il y a quelques année un berger a été attaqué par un loup du mercantour.
N'oublions pas que le loup est avant tout un animal prédateur. aujourd'hui ils sont peu nombreux et trouvent facilement des proies. Mais dans quelques années ils seront encore plus nombreux, et la faim au ventre il se pourrait qu'ils attaques des promeneurs solitaires...
Enfin, je pense vraiment que la protection du loup, comme celle d'autres grands animaux, n'est pas une priorité écologique, comparé à la disparition de millions d'espèces d'insectes, de planctons, de nématodes et de tant d'espèces encore inconnues. La protection d'un tel mammifère est cependant plus facile à médiatiser, mais ne change pas en sois les perturbations écologiques apportés par l'homme.

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Votre commentaire appelle plusieurs réponses:

- Aucun animal ne tue "par plaisir". Il s'agit là d'une notion purement subjective prêtant des sentiments humains à un animal. Un loup, comme les autre carnivores, tue pour se nourrir.
- L'histoire du berger attaqué par un loup dans le Mercantour a été vérifiée: elle est fausse.
- Bien souvent, les troupeaux de brebis sont attaqués par des chiens errants et il se trouve que ce type d'attaque n'est remboursé ni par l'Office national de la chasse ni par les assurances. Chaque année, chiffre de la PNSEA peut susceptible de masquer la réalité sur le loup, un peu plus de 100 000 brebis sont tuées ou blessées par des chiens. Ce qui est énorme par rapport aux 2500 brebis attaquées chaque année (en moyennne) par le loup dans des troupeaux non gardés. Dans les Abruzzes (Italie) tous les troupeaux étant gardés en permanence, il n'y a pratiquement pas d'attaques de loups.
- Ensuite il faut se méfier de la presse régionale manipulées par les politiques, des bergers et les chambres d'agriculture.
- Il faut protéger le loup comme on protège d'autres prédateurs qui contribuent à l'équilibre écologique et à la régulation des herbivores dont les populations explosent.
- Il faut se méfier des fantasmes liés u oloup, fantasmes nés au Moyen Age.
- Et, je suis d'accord avec vous, il faut aussi dénoncer les perturbations écologiques liées à l'activité humaine

Anonyme a dit…

En russie les attaques de loup sont rares car:
La densite de population et faible, et
d'apres un site ecologique 10000 loup seraient tués chaque année(ca me parait enorme )mais il est evident qu un animal chassé se mefie (en france il n'est pas chassé il va donc devenir un predateur de plus en plus dangereux)
Par contre nombreuses attaques d'ours car sa chasse est difficile , en été il se cache en foret et en hiver il hiberne.
Pour ceux qui sont contre la chasse, n'oubliez pas qu'elle est interdite dans le canton de geneve.
Résultat, environ 150 sanglier ont du etre abattu cette année par des tueurs fonctionnaires aux frais des contribuables, au lieu de vendre des permis aux chasseur.
Quand on est c.n on est c.n!