Pollution et égoïsme: "mais je vais devoir prendre le métro ! "
Cette phrase horrifiée entendue dans une radio laisse rêveur
et atterré. Elle a été proférée par un jeune automobiliste prié par la police
d’abandonner sa voiture à une porte sud de Paris parce que son véhicule
n’arborait pas une plaque d’immatriculation lui permettant de circuler malgré
la pollution aux particules et aux oxydes d’azote régnant dans la capitale et
dans les 22 communes qui l’entourent. Un autre conducteur en infraction
grommelait dans le micro : « ils
ne savent plus quoi faire pour nous emmerder »…
Surpris et pensant que ma consœur avait choisi les remarques
les plus stupides ou les plus mensongères, je suis allé me poster une trentaine
de minutes du côté de la Porte de Bagnolet, dans l’Est parisien. Pour prêter
l’oreille aux commentaires des automobilistes interpelés par les policiers
parce que leur véhicule portait un numéro impair. Cela n’a pas valeur ni de
sondage ni de statistique incontestable. Juste quelques minutes dans la vie
d’un écologiste atterré par la mauvaise foi des conducteurs.
Au volant d’une Twingo une femme d’une quarantaine d’années
explique sans rire qu’elle a un gros déménagement
urgent « et que les alertes à la
pollution ne sont qu’un moyen de plus d’emmerder les conducteurs » et en profite pour
évoquer le « scandale » de la fermeture des voies sur berges « qui provoque bien plus de pollution
dans un quartier plutôt épargné par les gaz d’échappement ».
Un homme d’une cinquantaine d’années, au volant d’une
Mercedes immatriculée dans le 95, assure qu’il n’était pas au courant, qu’il ne
lit jamais les journaux. Affirmation la plus courante.
Un homme d’une soixantaine d’années explique être plombier
et se rendre dans le 10° arrondissement pour une intervention urgente. Il
parait si peu convainquant, qu’il est prié d’ouvrir son coffre pour montrer son
équipement. Rien, alors il se met en colère et est verbalisé pour le mensonge
qui fait rire l’un des trois policiers qui le contraignent à faire demi-tour.
Une jeune femme d’une trentaine d’années se justifie en
assurant qu’une voiture de plus ou de moins ne changera pas le niveau de la
pollution. Une autre, du même âge, immatriculée dans le 93 raconte qu’elle
connait trop mal le réseau du métro pour l’emprunter pour aller à un rendez
vous sur les Champs Elysées. (Souvent entendu).
Un quinquagénaire venant lui aussi du 93, explique aux deux
policiers qui lui demandent de faire demi-tour ou de se garer que « les
alertes pollution sont inventées par la maire de Paris pour embêter les automobilistes
auxquels elle fait la chasse depuis des années. Et le métro, il est toujours en
panne». A celui là, mais à celui-là seulement, j’ai demandé s’il le prenait
souvent : « non, comme je viens
de le dire aux flics, il est toujours en panne ».
Un trentenaire aux allures de jeune cadre, au volant d’une
Espace, choisi d’engueuler les policiers, pourtant aimables et conciliants, en
ajoutant que la mesure de circulation alternée est une honte dans une capitale placée sous l’état
d’urgence. Mauvaise pioche : il
n’échappera pas à une contravention de 32 euros parce qu’il refuse de payer
immédiatement les 22 euros de l’amende minorée et à l’obligation de se garer
sous la surveillance d’un policier.
Pour décider de faire respecter ou non l’interdiction,
d’ordonner le demi tout ou d’imposer l’amende (en moyenne une fois sur deux)
aux récalcitrants, les policiers n’ont qu’une seule solution : leur faculté
d’appréciation du degré de sincérité de ceux qu’ils interpellent ou leur courtoisie
caractérisant ou non leurs réponses. Les contrevenants évoquant la pollution
sont largement minoritaires et ceux qui assurent qu’ils ne sont pas au courant
largement majoritaires.
Conclusion ? Il n’y en a pas vraiment. Disons que la
conscience écologique des automobilistes priés une ou deux fois par an de se
passer de leur voiture et à emprunter les transports en commun n’est pas encore
au beau fixe. Mais, il ya aussi tous ceux qui ont renoncé volontairement à leur véhicules sans chercher à braver les
interdictions.
1 commentaire:
j'avais l'honneur de visiter le site. Bon courage
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