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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

samedi 4 septembre 2010

Boutons toutes les religions en dehors de l'espace public

Samedi 4 septembre

Ce papier diffusé par Médiapart il y a deux jours à déclenché une tempête, les approbations l'emportant heureusement sur les accusations "d'intégrisme" laïc.

Mettons donc joyeusement et sereinement les pieds dans le plat : que l’on m’épargne, que l’on nous épargne l’étalage et la promotion commerciale des superstitions qui débouchent sur le communautarisme repris au bond du profit par les « restaurants » Quick qui n’ont d’ailleurs des restaurants que le nom. Ni les Juifs, ni les Musulmans, ni les Catholiques, ni les Bouddhistes ne sont fondés à réclamer et à obtenir que dans l’espace public, soit installé le « respect » des préférences alimentaires, des habitudes vestimentaires ou des jours et heures de prières des uns ou des autres. Ce qui aboutirait à ce que les écoles et les administrations ne fonctionnent plus trois ou quatre jours par semaine, que les élèves se croisent les bras au rythme de leurs croyances ou bien qu’ils refusent les sorties ou les stages de terrain universitaires au nom de la crainte de la mixité ou de la fréquentation des autres croyances et habitudes comme je l’ai constaté à l’université.
Ces habitudes et choix vestimentaires ou alimentaires relèvent toutes et définitivement de la sphère privée. Là où chacun a le droit de prier le dieu de son choix et de manger ce qu’il veut. Les croyances et les rites des uns et des autres relèvent de la quiétude des églises, des mosquées, des temples et de synagogues dans lesquels chacun a le droit de pouvoir prier sous le « regard » du dieu de son choix. Mais la rue et tous les établissements publics doivent échapper à toutes les religions et à leurs manifestations ostensibles, qu’il s’agisse des croyants prosternés dans les rues ou des processions qui baladent les vierges ou le christ dans les rues de Paris ou des villes de province. Je me battrais pour que les uns et les autres puissent construire partout leurs lieux de prières abritant leurs dévotions comme je me battrais pour que ces uns et les autres n’en sortent pas ou n’en sortent plus. Et pour qu’ils gardent pour eux les signes extérieurs de leurs très respectables fois, ce qui va des kippas aux croix en passant par les foulards et autres voiles qui enferment les musulmanes.
A tous les adeptes d’une quelconque religion il faut répéter : croyez et éventuellement multipliez, mais foutez nous la paix, ne nous imposez pas vos interdits et vos ostentations qui n’ont pas grand chose, sinon rien à voir avec la Foi. Faut-il que l’Etat et la République soient en mauvais état pour que l’on doive rappeler à tous que la France est un Etat laïc qui respecte toutes les croyances à condition qu’elles n’empiètent pas sur l’espace public. Ce qui n’est plus le cas ; y compris quand les évêques réclament le mercredi des élèves pour le catéchisme.
Manque de tolérance ? Non, pas vraiment, mais lassitude et colère que des minorités qui fréquentent des lieux de culte m’imposent leurs rites et rêvent de les « externaliser » et de les imposer à l’immense cohorte des laïcs, qu’ils aient ou non une foi. Que les plats casher ou hallal figurent dans des magasins au même titre que le bio, soit, mais qu’ils les colonisent ou les investissent aux dépends du reste, c’est définitivement non. Un non aussi ferme que pour les déguisements vestimentaires dégradants pour les femmes.
Les mêmes qui prônent la tolérance pour tous ces débordements religieux fustigent les Roms parce qu’ils sont « différents ».

ps Toutes reproductions tronquées ou partielles de ce papier seront poursuivies devant les tribunaux

dimanche 15 août 2010

Les jardins des Russes brùlent: leurs provisions d'hiver partent en fumée

Dimanche 15 août,

Il y a les morts, probablement déjà plusieurs centaines contrairement aux informations officielles d’un ministère des Situations d’Urgence qui ne fera jamais le compte des victimes, il y a des centaines de milliers d’hectares en feu ou brûlés, il y a plusieurs centaines d’ouvriers forestiers chinois engloutis parce qu’encerclés dans les flammes de la Sibérie non loin de l’Amour, il y a des dizaines de milliers de maisons réduites en cendres, il y a la fumée qui, comme dans les années 70 et dans les années 80, a envahit lentement le métro de Moscou et d’autres grandes villes... Mais il y a surtout la catastrophe alimentaire qui s’annonce. Non pas celle du blé ou autres céréales à cause de la canicule, non pas celles de l’alimentation des Nouveaux Riches de la capitale, mais celle générées par des dizaines (centaines ?) de milliers de jardins ravagés par le feu. Ces jardins qui, autour de la capitale, dans les campagnes de l’Occident russe comme en Sibérie, permettent à des millions de Russes, notamment les retraités, les paysans, les chômeurs et les fonctionnaires à peine payés, de ne pas mourir de faim pendant l’hiver. La Russie est couverte de ces jardins de subsistance et de nécessité. Les « sadov », qui sous le régime soviétique constituaient un moyen d’améliorer la vie ordinaire pour les plus chanceux, ceux auxquels l’entreprise ou l’administration attribuaient un petit lopin de terre, font désormais partie de la survie d’une partie majoritaire de la population. Un seul exemple : 80 % de la consommation des pommes de terre de l’espace rural russe et des périphéries des villes, sont fournies par ces espaces qui permettent aux Russes de ne pas succomber au désespoir et à la malnutrition. Sont parties en fumée, avec leurs cabanes de bric et de broc, des centaines de milliers d’hectares de framboisiers, de patates, des choux, de tomates et de concombres (malossol, une fois dans la saumure). Et tous ces fruits et légumes qui se consomment l’été mais dont on peut faire des provisions pour mieux passer l’hiver. Avec les baies sauvages et les champignons que la canicule et les incendies auront détruit ou empêché de pousser.
De partout, y compris d’amis scientifiques survivant avec leurs jardins dans ce qui reste d’Akademgorodok, la cité des scientifiques installée en Sibérie, me parviennent des appels désespérés m’informant de cette situation catastrophique qui pèsera sur le prochain hiver. Un ami d’Irkoutsk m’expliquait hier que toute sa provision de poissons séchés pour l’hiver (des omouls pêchés illégalement dans le Baïkal) venait d’y passer avec son champ de tomates. La mauvaise saison sera longue, qu’elle soit rude ou non. Il y aura la situation alimentaire du pays, l’impossibilité de nourrir les animaux dans un pays qui ne sait plus cultiver et où les friches s’accroissent chaque année, mais il y aura aussi la famine ordinaire de ceux qui n’ont que quelques centaines de mètres carrés pour faire face à la crise et à la pauvreté qui dure depuis bientôt 20 ans, tandis que la classe urbaine des « de plus en plus riche » oublie le peuple qui s’appauvrit. Au point que, malnutrition, santé publique en ruine et vodkas conjuguées, la Russie est la seule nation industrialisée du monde dont la population diminue régulièrement. Au point que les scénarios pessimistes des Nations Unies annoncent 120 à 130 millions de Russes pour les années 50 alors qu’ils étaient 149 millions en 1991. Déjà à peine 140 millions. Un pays qui vend ses richesses brutes sans en faire profiter la population et sans équiper le pays et où les naissances ne compensent plus les décès depuis des années.
Pour comprendre aussi la violence des incendies qui dévore une bonne part de ce pays de 17 millions de kilomètres carrés dans lequel la circulation des denrées est au point mort depuis des années, il faut mesurer la vétusté des équipements de la lutte contre les incendies avec des camions dont les plus récents datent de l’époque soviétique, conduits par des pompiers mal payés ou ne touchant qu’occasionnellement leurs salaires. Des pompiers qui, comme les soldats aussi peu équipés et aussi peu motivés, ne peuvent rien contre la façon dont se propagent les incendies dans les forêts russes : le feu prend dans la tourbe sèche, se propage rapidement sous terre et ressort brusquement jusqu’à plusieurs kilomètres plus loin, embrasant d’autres arbres, encerclant les hommes et les villages. Certains feux de tourbe passent même sous le lit des cours d’eau, sous les villes ou sous les villages en surgissant entre les maisons, dans les jardins et même sous une école prés de Voronej et sous une usine dans les environs d’Irkoutsk.
Quand les deux de forêts et de steppes se seront apaisés d’eux-mêmes et non pas grâce aux secours impuissants, restera une forme particulière de famine que l’on pourrait croire réservée aux pays du sud. En réduisant en cendres leurs jardins, les incendies de la Russie condamnent les plus pauvres des habitants de ce pays à un terrible hiver que leur Etat corrompu n’aura ni l’envie ni les moyens d’adoucir, quelles que soient les imprécations du Tsar Poutine.

dimanche 8 août 2010

Les fromages et produits laitiers que les producteurs de lait demandent aux consommateurs de boycotter

Dimanche 8 août

Les producteurs de lait partent en guerre contre les grands groupes de produits lactés qui refusent de payer leurs laits à des prix rémunérateurs. Pour plusieurs raisons : parce qu’une partie de leur production est préparée, y compris ce qu’ils appellent des « fromages de traditions » (sic) avec des poudres de lait venues du monde entier ; et ensuite parce que ces multinationales veulent une concentration du secteur pour rentabiliser les collectes de lait et aussi, dans un deuxiéme temps, pour pouvoir créer des fermes intégrés dont les paysans (comme pour le veau, les poulets et les porcs hors sol) ne seront plus que des ouvriers sous-payés. Ces producteurs de lait ont lancé une opération de boycott des produits des trois grands groupes qui refusent toute négociation vers un prix plus rénumérateur. Ils sont soutenus par la FNSEA : un paradoxe car c’est ce syndicat agricole dominant depuis la seconde guerre mondiale qui a favorisé l’émergence des ces groupes fromagers. Pour faciliter cette opération de boycott, voici les principales marques et les principaux produits, tous de fabrication industrielle, des trois groupes (plusieurs dizaines de milliers de salariés dans le monde) qui écrasent le marché avec leur puissance et leur communication et avec la complicité de la grande distribution. A ne pas acheter, donc.

Groupe Bongrain

Elle et Vire
Gérard Sélection
Géramont
Vieux pané
Saint Moret
Tartare
Paturain
Apetito
Alouette
Coeur de lait
Coeur de Lion
Saint Agur
Folépi
Saint-Albret
Boursault
P’tit Louis
Chaumes
Le Brébiou
Le Rustique
Riches Monts

Groupe Lactalis

Président
Le Roitelet
Boule d’Or
Le Petit
Rouy
Bridel
Rondelé
Bridélice
Matin Léger
La Laitière
Chaussée aux Moines
Lou Perac
Istara
Salakis
Celia
Lanquetot
Roquefort Société
Santa Lucia
Beulet

Groupe BEL

La Vache qui rit
Apéricube
Bonbel
Boursin
Cantadou
Kiri
Port Salut
Samos
Gervais
Cousteron
Sylphide

Une bonne occasion, ce boycott, (même si j'en ai probablement oublié quelques uns)pour se souvenir qu’il existe encore (en dehors des fromages télé affublés de vieux paysans ou de faux moines) quelques fromages et beurre régionaux élaborés dans des conditions artisanales et non pas dans le religion du "goût suivi" dont la première conséquence est de faire disparaitre la notion de goût en standardisant toute notre alimentation.

mercredi 28 juillet 2010

Installations d'un centre d'expérimentation OGM de Monsanto à Autry dans le Loiret



Mercredi 28 juillet

Lentement mais sûrement, souvent par l’intermédiaire de dirigeants ou de sociétés qui servent de poissons-pilotes, Monsanto quadrille le territoire français pour développer ses activités actuellement interdites. De façon à être présent partout pour le cas où le lobby des OGM réussissent à arracher quelques autorisations. A forces d’essais sous serre ou d’essais clandestins en plein champ. Ce qui se passe dans un lieu-dit (Bruyères de l’Etang) d’une petite commune du Loiret, Autry-le-Chatel, est révélateur des méthodes et manoeuvres en cours dans de nombreux départements.
Quoi de plus innocent, sur l’emplacement d’une pépinière, que l’installation au bord d’un étang, il y a une bonne dizaine d’années, d’une société dénommé « Loiret Semence ». Ca fait local. Que le propriétaire, se trouve être un Néerlandais, n’est pas extraordinaire puisqu’aprés tout nous sommes en Europe. Evidemment que le Hollandais en question soit aussi le gestionnaire de la société Ruiter Seeds spécialisée dans les semences de légumes hybrides, pourrait éveiller l’attention. Mais, bon, pas de quoi inquiéter les élus et la presse locale et régionale...
D’autant plus que dans la région se pose la question des emplois que le nouveau propriétaire en promet à la pelle. Car évidemment, le lecteur aura deviné : par fusion dont les détails ont été déposés le 16 juillet dernier au greffe du tribunal d’Orléans et de Lyon, le nouveau propriétaire des lieux se trouve être Monsanto. Ce n’est pas une prise de participation, juste une absorption. On ne garde la pancarte « Loiret Semence » que pour rassurer le gogo. Car, les lieux ont changé en quelques mois : à la place des banales serres anciennes, prés de deux hectares de serres de six à huit mètres de hauteur et climatisées en permanence à 20 degrés. Trois millions et demi d’euros de travaux réalisés, tant pis pour les emplois promis, par des entreprises venues des Pays Bas. Sans compter les clôtures nouvelles renforcées et les remblais de protection. A droite de l’emplacement Monsanto, des bulldozers complètent l’installation et des ouvriers installent depuis quelques jours une clôture autour des champs rachetés le long de l’implantation.
Autrement dit, d’ici à la prochaine saison, de quoi installer discrètement, à l’écart de toute habitation et des regards curieux, des essais à l’air libre de légumes OGM : essentiellement des tomates, des poivrons, des concombres et des cucurbitacés. A l’abri derrière des grilles et un no man’s land. Lequel sera évidemment surveillé en permanence par des caméras de vidéo surveillance qui ne sont pas encore installées, ce qui permet des visites discrètes. Car les nouveaux responsables le disent clairement, explique un cadre un peu embêté, « notre projet est de fournir à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique Latine de nouvelles variétés résistantes à des maladies et à des parasites pour des légumes de consommation courante. Mais pour ce rachat, on ne nous a guère demandé notre avis. On sentait cela arriver depuis longtemps ». Il ne s’agira plus d’hybrides mais essentiellement de graines et greffons OGM. Mais le problème, c’est qu’il faudra vérifier la résistance de ces « monstres » en plein champ, pour que les clients ne viennent pas râler, d’où les champs...
Au début de l’année, la même manipulation d’entreprise s’est produite à Saint Andiol dans les Bouches du Rhône.

vendredi 16 juillet 2010

Quand les grandes surfaces escroquent des clients hélas consentants: un exemple chiffré à Gien, Loiret

vendredi 16 juillet

Soit une petite ville du Loiret, Gien, un peu plus de 15 000 habitants. Avec une population bourgeoise et conservatrice, une poignée de gauchistes, un cinéma, une caserne déserte, des communistes qui sont contre les éoliennes, des immigrés, des mini-usines qui licencient les unes après les autres, deux libraires, une gare qui va bientôt fermer et un maire à l’encéphalogramme plat qui a pourtant inventé l’arrêté municipal contre le vagabondage nocturne des jeunes. Une cité ordinaire, donc, et dont le centre est en train de mourir parce que la ville est cernée par les grandes surfaces.
Le décor étant planté, venons en aux faits qui interpellent.
Le samedi matin, Place de la Victoire, se tient un marché. Une partie fringues et bimbeloteries venues de Chine qui s’agrandit progressivement et inexorablement, mais aussi des producteurs et des marchands locaux qui proposent des fruits, des légumes, de la volaille, des fromages ou de la viande, voire du poisson. Le marché se tient à 150 mètres d’un hypermarché Auchan. L’un de ces temples où, parait-il, la vie est moins chère. Il était donc tentant de vérifier et de comparer les prix des artisans de la nourriture et des maraîchers locaux et ceux des bons apôtres de la grande distribution.
Le résultat est sans appel : ce samedi là, comme d’habitude mais sans les vérifications systématiques faites le 10 juillet, Auchan vend ses cerises à 4,6 euros le kilo, le marché à 3,50, les groseilles d’Auchan sont à 21 euros, celles du marché à 12, les concombres industriels à 2,4 contre 2 chez les maraîchers cultivant à quelques kilomètres. Les tomates grappe bio et venant d’Espagne sont affichées à 4,6 euros chez Auchan alors qu’elles se vendent affichées « non traités » à 2,5 chez les producteurs du Giennois. Lesquels vendent leurs bottes de radis à 1,8 euros contre 1 euros chez Auchan : mais, surprise, la botte de chez Auchan, pesée, affiche un déficit de 140 grammes. Les pommes de terre bio importées d’Israël sont à 2 euros chez Auchan contre 0,6 au marché affichées « sans traitement » et les patates primeurs varient du simple au double entre la grande surface et les producteurs. Les pommes « rouges » (sic) d’Auchan en provenance de Nouvelle Zélande valent 3,5 euros contre 1 euro au marché. Pour les Golden, 2, 8 euros de moins sur le marché que dans la grande surface. J’allais oublier : la tomate coeur de boeuf proposée à 4,7 euros contre 2,7 chez un producteur.
Côté viande, la situation n’est pas meilleure : le poulet (dit fermier) est légèrement plus cher à Auchan, le magret de canard sous vide à 3 euros de plus que celui qui vient d’une ferme toute proche, la pintade est au même prix et le magret de canard séché et fumé (sous blister et non identifié) passe de 56, 25 le kilo à 24 chez un producteur local.
La liste peut s’allonger presque indéfiniment : même les fraises sont moins chères au marché. Sur les 41 prix relevés, deux sont légèrement inférieurs dans la grande surface, deux sont au même niveau, même pour la plupart des poissons. J’allais oublié la salade : entre 0,7 et 0,8 au marché et entre 0,9 et 1,2 chez Auchan. Petit exercice aux résultats semblable dans les autres grandes surfaces éloignées du marché.
Reste donc la question a mille euros : en ce jour de marché, alors que la distance entre les deux espaces de vente est négligeable, alors qu’ils sont accessibles également aux voitures par le même parking, alors que la fraîcheur des fruits et légumes est largement supérieure sur la marché, alors que rien n’est proposé dans d’incroyables emballages chez les producteurs, alors que le contact avec ces vendeurs-producteurs-fermiers est agréable, alors qu’aucun ne rechigne à bavarder, à donner une recette ou un temps de cuisson, pourquoi une partie des consommateurs, ce jour-là, s’obstine à acheter des produits incertains et venus de loin ou de très loin ?
Je n’ai pas de réponse définitive à cette question mais je suis bien obligé de constater que l’escroquerie des grandes surfaces est entretenue par le manque d’imagination (au minimum...) de la clientèle. Nous avons donc la grande distribution que nous méritons, grande distribution qui fait sa publicité, en plus, sur un misérable carré de fruits et de légumes bios tous présentés sous plastique.
Faut-il supposer ou supputer que la communication et la publicité envahissantes et complaisamment véhiculées et appuyées par la presse régionale réussit à anesthésier les consommateurs et que la tendance est difficilement réversible tandis que le nombre des producteurs locaux, à Gien comme ailleurs, décroît inexorablement...

samedi 10 juillet 2010

Energies renouvelables: les niches fiscales ne font pas une prise de conscience

SAMEDI 10 JUILLET

Tout à sa frénésie de trouver de l’argent pour compenser les 30 millions versés en 2008 à Liliane Betancourt (combien en 2009, au fait ?) et les méfaits du bouclier fiscal, le gouvernement met en scène l’un des « éléments de langage » inventé par les communicants de l’Elysée et il « rabote » ce qu’il appelle les niches fiscales. Ce qui, au passage, et c’est l’objectif politique, permet de mettre dans le même grand sac fiscal, l’aide au logement pour les étudiants, l’aide aux handicapés, les minimum sociaux, le financement des associations de bénévoles, le cadeau de 3 milliards aux restaurateurs, l’exonération pour les heures supplémentaires, les investissements dans les départements et territoires d’outre-mer, les investissements dans la construction de l’immobilier de loisir, les travaux pour l’isolement des logements anciens ou récents, l’aide à la production d’éthanol, l’investissement pour la recherche, les exonérations de charges pour les entreprises qui s’obstinent à payer leur salariés aux SMIC (6,95 euros net...) ou le recours aux énergies renouvelables. En tout 468 possibilités de réduction, de crédits, d’exemption ou d’annulations d’impôts.
Dans le cadre de ma série de remarques considérées par un certain nombre de lecteurs comme ce qu’ils appellent mon « virage à droite » et mon enrôlement dans la propagande gouvernementale, que l’on me permette encore quelques observations qui risquent d’aggraver mon cas.
Autant l’aide à l’isolement des logements me parait justifier les 5,15 milliards d’euros qui y ont été consacrés en 2009 parce que cette mesure concerne tout le monde, à commencer par les propriétaires et les locataires les plus modestes auxquels il permet d’espérer la réduction de leur facture de chauffage hélas souvent électrique pour diminuer la facture des entrepreneurs, autant la participation de l’Etat à l’installation de panneaux solaires (voltaïques ou thermiques, environ 800 millions d’euros) me parait poser problème ou mériter réflexions.
En effet, en liant la démarche « écologique » à un seul intérêt financier pour des gens qui ont les moyens d’investir dans des installations solaires, le pouvoir occulte la nécessaire prise de conscience qui doit ou devrait conduire tous ceux qui le peuvent (et en ont les moyens) à opter pour une énergie au moins en partie plus écologique. La question du passage progressif aux installations solaires pour réchauffer l’eau et aux panneaux produisant de l’électricité, ne devrait pas être guidée par la seule opportunité financière mais par un choix de société, par une volonté de participer à l’anticipation de la fin du pétrole et à la lutte contre le réchauffement climatique. Cela me fait penser à la prime à la casse qui a « payé » des citoyens pour qu’ils jettent leur bagnole et achètent une voiture neuve, ce qui me parait réduire à bien peu de chose le gain écologique. Je pense aussi au bonus qui facilité l’achat de petites voitures qui sont à 90 % fabriquées, après transport vers les usines d’une partie des pièces détachées, à 1000 ou 2000 kilomètres du territoire français où elles sont vendues ; où est alors l’économie de gaz à effet de serre puisque ces milliers de véhicules reviennent en France à bord de camions ? Ceci étant évidemment à rapprocher de la remise à beaucoup plus tard la taxe qui devait frapper le transport routier....
Je livre cette réflexion à vos commentaires ou à vos critiques.

jeudi 1 juillet 2010

Le député UMP Marc Le Fur se conduit comme un porc avec la Bretagne

jeudi 1er juillet

Marc Le Fur, parlementaire des Côtes d’Armor, diplômé de Sciences Pô, de l’ENA et de l’UMP vient d’avoir une idée géniale. Au moment où, grâce à la chaleur, aux engrais et au lisier de porc, les algues vertes envahissent déjà les côtes de son département en particulier et de la Bretagne en général, il vient de compléter la loi de modernisation agricole » en cours de discussion à l’assemblée nationale, un amendement qui prévoit de faire passer de 450 à 2000, le nombre de porcs qui pourront être élevés sans que l’installation (le mot ferme parait usurpé...) ait besoin ni d’une enquête publique ni d’une étude d’impact. C’est ce que l’on appelle « rendre service » à ses électeurs industriels de la cochonnaille (basque ou savoyarde, par exemple, puisque non seulement le cochon pollue mais en plus il voyage discrétement) et à ses amis du syndicat agricole dominant. Et cochon qui s’en dédit, Le Fur se répand dans la presse nationale (qui s’en fout) et dans la presse régionale qui compte déjà les emplois par porc en oubliant la fable La Laitière et le pot au lait et sa morale qui guette la Bretagne si elle continue à s’empoisonner malgré les efforts méritoires de l’association « Eaux et Rivières » : « adieu, veaux, vaches cochons... »
Non seulement cet amendement est contraire aux très vagues préconisations du Grenelle de l’environnement, non seulement cet codicille à une loi inutile (faut-il vraiment encore « moderniser » l’agriculture ?) va obliger des dizaines de communes à dépenser quelques centaines de millions d’euros pour ramasser les algues vertes à la pelle (mécanique), non seulement cet amendement entraînera une augmentation de la pollution agricole qui met en danger les eaux et leurs pêches côtières, mais il s’agit d’un encouragement officiel et non déguisé à poursuivre la destruction de l’environnement breton par l’agriculture intensive et polluante. De quoi payer des millions d’euros d’amendes à une Europe qui se lasse de lâcher des subventions qui se transforment subrepticement en cochons.
Résultat probable : alors qu’il y a déjà prés de 6 millions de porcs dans le département des Côtes d’Armor, soit une dizaine de cochons par habitant, ce chiffre va encore augmenter. Non pas au profit des petits agriculteurs mais à celui d’une agro-industrie qui prend de plus en plus cette région française pour une porcherie. Quant aux touristes, ils finiront pas se dire qu’on ne les prend que pour des cochons de payants...
Mais, comme la Voix de son Maître est pressante, partout, des parlementaires sont en train de parsemer la loi (on appelle cela des cavaliers) qui vont réduire à néant les promesses (déjà mal tenues) de réduction des pesticides, des herbicides, des fongicides et des engrais chimiques. Il faut bien que les amis de la grande industrie agrochimique, ceux qui donnent régulièrement, officiellement et officieusement, à l’UMP pour pouvoir « toucher la main » du président soient récompensés autrement qu’en bonnes paroles.

mercredi 16 juin 2010

marée noire Lousianne: BP nettoie plus son image que la mer

Mercredi 16 juin

Retour aprés une absence due à une surcharge de travail mais vous pouvez aussi me retrouver sur le blog des rédacteurs de Politis.fr


BP plus soucieuse de nettoyer son image que la mer

Trois jours après l’explosion, l’énorme machine à communiquer de BP s’est mise en route. Pas de réunion d’un club de loisirs, d’une association locale de pêcheurs, de résidants, d’écologistes, de scientifiques locaux, de volontaires de nettoyage sans que se pointe par miracle au moins un représentant de la société pétrolière. Avec des arguments, des paroles rassurantes ou des promesses. Avec en prime, tout ce qu’il faut pour « améliorer l’ordinaire » des réunions et des associations. Besoin de matériel, d’un réfrigérateur, d’un ventilateur, de chaises, d’eau minérale, d’une boisson gazeuse, d’un ordinateur, d’un vidéo projecteur ou d’un tableau ? Pas de problème, le représentant de BP passe un coup de fil et le matériel débarque par miracle. Ritournelle de ces envoyés très spéciaux auprès de la population qui s’inquiète : « nous avons tous un problème, nous allons le résoudre ensemble ». Les séances de formation des « nettoyeurs de plage » sont organisées par des instructeurs puisés chez BP. Si les protecteurs de la nature se réunissent pour évoquer les dégâts sur les animaux, qu’il s’agisse des tortues ou des oiseaux, un « naturaliste » payé par la société se pointe à la réunion. Pour relativiser intelligemment les inquiétudes. Un journaliste spécialisé de la Nouvelle Orléans fait les comptes : depuis le début plus de 3000 salariés de BP parcourent la région. Pas une mairie ni une administration n’échappent à cette « marée humaine ». Partout les salariés du pétrolier distribuent des argumentaires simplifiés vantant leurs efforts et minimisant les dégâts. Avant chaque tentative de juguler la fuite, ils mettent en scène la réussite imminente. Au niveau local et national, y compris auprès de la Maison Blanche qui ne demande qu’à être rassurée, ils organisent un spectacle permanent qui détourne l’attention de la pollution au profit de leurs efforts.
Objectif des communicants dirigés par Irvin Lipp : persuader que BP fait tout ce qu’elle peut, qu’elle est décidément poursuivie par la malchance. En entretenant un véritable suspens non pas sur la pollution mais sur ses efforts « désespérés ». Les communicants alimentent les projets les plus fous : par exemple celui d’une gigantesque île artificielle qui serait construite le long des côtes pour empêcher le pétrole de les atteindre ; idée aussi irréaliste que saugrenue reprise sans vérification par l’administration américaine. L’essentiel : mettre en scène l’activisme de la société : au point de persuader les responsables de l’administration de la Maison Blanche qui ne demande, comme la majeure partie des Louisianais, qu’à croire au miracle. BP accumule dans les médias et chez les politiques les « preuves » de sa bonne volonté...tout en faisant analyser les prélèvements d’eau polluée par un laboratoire qui travaille régulièrement pour l’industrie pétrolière et notamment pour...BP.
L’équipe d’Obama, pour laquelle la communication a toujours été une seconde nature, a d’autant plus été battue par ces champions de la communication qu’elle n’a jamais vraiment compris à quel point les hommes de BP étaient proches de la Maison Blanche. Mais les uns et les autres sont, comme souvent en cas de marée noire, peut-être sur le point d’être déstabilisés par une image : celle du pélican engluée de pétrole qui hante désormais tous les médias...

lundi 19 avril 2010

Ce volcan islandais qui nous offre une vision futuriste de la mondialisation mise à terre

La paralysie du trafic aérien sur une partie de l’Europe et de la planète pour cause de nuage de cendres islandais, nous offre une merveilleuse occasion d’imaginer ce qui nous attend, d’imaginer l’avenir sur le point d’être fracassé de la mondialisation qui veut tout transporter d’un bout à l’autre de la planète. Quand il n’y aura pratiquement plus de pétrole ou quand il sera devenu si cher qu’il ne représentera plus qu’un luxe réservé à quelques hommes d’affaires et aux chefs d’Etat et de gouvernement.
Il suffit de réfléchir quelques instants pour mesurer, grâce à un volcan, les folies du transport aérien. Et je ne parle pas des quelques imbéciles déclarant il y a quelques jours devant une caméra de télévision qu’ils étaient heureux d’avoir pu voler de Nantes à Paris. En avion ! Pour 400 kilomètres qui peuvent se parcourir en TGV !
Chaque jour une vingtaine de millions de roses débarquent aux Pays-Bas, avec quelques millions d’autres fleurs, en provenance du Kenya, d’Ethiopie, d’Equateur ou du Brésil. Chaque jour des raisins arrivent en France depuis l’Afrique du sud. En France et dans la plupart des pays européens. Chaque jour des haricots verts nous parviennent du Sénégal, du Kenya. En compagnie de petits pois écossés et préemballés. Sans oublier les tomates cerises d’Israël ou les tomates de Chine. Fruits et légumes exotiques, fruits et légumes de contre-saison prennent l’avion et les consommateurs et la planète payent le billet. Que chacun jette un coup d’oeil dans les magasins –même les magasin bio parfois, hélas- pour compter le nombre de ces produits qui ne nous atteignent que par la voie des airs.
Chaque jour, parce que la grande distribution travaille en flux tendu avec les pays qui nous fournissent des produits cultivés ou fabriqués au loin et au moindre coût, des milliers de tonnes de fret qui ne peut pas attendre investissent nos marchés ; sans que tous ces importateurs soient le monde effleurés par la gaspillage énergétique et par l’émission des gaz à effet de serre. Mais il est vrai que, d’ordre du Prince, ce n’est plus une priorité.
Et nos medias s’interrogent gravement sur les vacances, sur les files d’attente dans les aéroports, sur les vacances gâchées et sur les formalités de remboursements. Sans préciser qu’un jour probablement proche nous devrons, faute de kérosène, renoncer à ces déplacements, courts ou longs qui plombent l’avenir de la planète.
Priver une partie ou la totalité du monde n’est pas un scandale de vacances, juste une préfiguration de ce qui nous attend si nous ne réfléchissons pas à la nature de nos échanges mondialisés. Et avoir empêché les Grands du monde entier de rendre hommage au crypto-fasciste chef d’Etat polonais enterré à Cracovie est à mettre au crédit de ce volcan qui fait irruption dans les folies d’un monde qui s’obstine à tout transporter à toute vitesse sans jamais se demander pourquoi et aux dépends de qui.

mardi 23 mars 2010

la taxe carbone et le Grenelle de l'environnement carbonisés pour faire plaisir au Medef

MARDI 23 MARS

La taxe carbone retoquée aujourd’hui par un Premier ministre qui a été sensible aux pressions des industriels et de sa majorité conservatrice montre à quel points les écolos de toutes obédiences avaient raison de s’obstiner sur la nécessité de mettre en place, pour tous et d’abord pour les industriels et la grande distribution, une incitation à préférer les produits de faibles impacts énergétiques, les produits économisant les ressources en voie d’épuisement. Les socialistes vert très pâle et l’extrême gauche qui ont en commun d’avoir appris le vocabulaire de l’écologie sans en comprendre la portée et la signification profonde, vont très certainement se réjouir plus ou moins discrètement en nous rejouant le refrain de l’injustice sociale. Ce qui tendrait à prouver qu’ils n’ont rien compris à l’avenir de la planète et que leurs vernis vert s’écaille très facilement ou bien est soluble dans la démagogie. Comme si, à terme, les conséquences des modifications climatiques n’allaient pas d’abord toucher les plus démunis et les habitants des pays du Sud.
J’entends déjà les clameurs des contradicteurs qui vont accumuler leurs considérations irresponsables sur les exilés de banlieue, sur les oubliés du monde rural, sur les agriculteurs et sur les locataires pénalisés. J’entends déjà les explications fumeuses de ceux qui voudraient que le monde change sans que nous ne modifiions tous peu à peu nos habitudes. J’entends déjà et m’apprête à lire que déplorer la disparition de la contribution carbone revient à justifier et à conforter l’injustice sociale, à pénaliser les plus démunis. Alors que sa suppression annoncée n’est rien d’autre qu’un petit arrangement entre amis, une concession au libéralisme.
Je le répète une nouvelle fois : la taxe carbone est nécessaire non pas en tant que taxe mais en tant qu’incitation. Elle doit être appliquée à tous pour être incitative. Il ne s’agit pas de « faire payer » comme l’expliquent les néo-populistes de tous bords mais de guider un choix d’achat. Et il s’agit, il devrait s’agir, aussi d’exiger des industriels et de la grande distribution qu’il choisissent entre deux types de production : celles qui obèrent l’avenir de la planètes et celles qui lui laissent une chance de limiter l’augmentation moyenne des températures à deux degrés ; taxe à la production qui ne doit pas, la loi peut ou pouvait inventer cette obligation, être répercutée sur les acheteurs.
Pourquoi le Premier Ministre, réglant ainsi leur compte aux mensonges écolos du président qui a déjà absout les agriculteurs du recours renforcé aux pesticides, a-t-il tordu le cou à l’incitation carbone ? Qui croira que c’est pour « épargner le consommateur » sera d’une confondante naïveté : il s’agit seulement, après les observations du Conseil constitutionnel, d’épargner toute taxation aux entreprises et à EDF –et à quelques autres- dans sa production d’électricité. Il fallait une ouverture à droite en matière d’écologie, c’est fait, les arguments du lobby politico-économique ont pesé plus lourd que les Verts et les contempteurs de gauche de la taxe vont devoir se tortiller dans tous les sens pour ne pas applaudir trop bruyamment à l’annulation d’une idée dont ils ne comprennent ni le sens ni la portée.
Les industriels peuvent désormais polluer en paix, ils ont à nouveau la bénédiction de la droite la plus dure et la plus extrême. Quant à Jean-Louis Borloo il va manger avec appétit son (au moins) dixième chapeau pour avoir le plaisir de rester ministre de l’écologie. De l’écologie ? Vraiment ? S'il éprouve une indigestion, il peut encore démissionner. Sinon il fait la preuve que pour lui, l'écologie n'est qu'un tremplin...

lundi 15 mars 2010

Ferrat est mort, je suis triste, inconsolable, et n'oublie pas qu'il a écrit La Montagne avant les écologistes

Lundi 15 mars

Il faut se souvenir que Jean Ferrat a écrit "La Montagne" en 1964, peu de temps après son arrivée dans les Cévennes qu'il ne quittera jamais

En ces temps d’élections, je me souviens que la dernière fois que je l’ai vu à Entraigues, dans le beau jardin entretenu par sa compagne, Jean Ferrat m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi, dans son petit village où il était le seul « étranger » lui le natif de Vaucresson dans la région parisienne, tant de gens votaient pour le Front National ;

Relisez, relisons ces paroles prophétiques et lucides


Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Merci, Jean

mercredi 3 mars 2010

L'argentine saisie par la corruption au plus haut niveau et par le retour de la crise


Février 2010

Saisie par la crise, les habitants de Buenos Aires inventent des "petits métiers" comme promeneur de chiens dans les beaux quartiers (photos cmv)

REPORTAGE

Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.
L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Tandis que le couple Kirchner – Cristina à la présidence et Nestor à la tête du parti péroniste – se débat face à une opposition parlementaire disparate mais majoritaire depuis quelques mois, les manifestations de protestation reprennent en Argentine et la viande, aliment sacré pour les Argentins, a augmenté de 35% ces dernières semaines. Une augmentation suivant la courbe de l'inflation qui pourrait dépasser 20% en 2010 après avoir atteint 8,3% eu cours des trois derniers mois de 2009.

L'Argentine semble reprise par tous les vieux démons à l'origine de la crise de 2000 et 2001, qui avait quasiment fait disparaître la monnaie nationale et amené des dizaines de milliers d'Argentins de la classe moyenne, soudain appauvris, sur les trottoirs de Buenos Aires où ils avaient rejoint les «anciens pauvres». Probablement l'un de mes souvenirs les plus poignants de reportage des dernières années que ces couples avec enfants jetés dans les rues et abrités de la pluie sous des bâches, après avoir tout perdu, réduits à une mendicité à laquelle rien ne les avait préparés. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas encore remis de ce traumatisme et regardent avec angoisse les politiques se disputer le pouvoir, poursuivis par des rumeurs de corruption et d'incompétence: «Nous n'avons plus confiance en personne, explique Joachim, un ingénieur en informatique qui avoue avoir cru aux Kirchner, et je crains que si un militaire se présentait à nouveau la majorité de la population le laisserait faire. J'ai vécu en Europe il y a quelques années, je vais en France de temps en temps et je sais que tous vos partis acceptent plus ou moins le libéralisme, mais ici, en plus, personne n'est capable de dire qui est de gauche et qui est de droite. La version actuelle du péronisme est la plus conservatrice que nous ayons eue depuis 20 ans et le populisme peut nous conduire au pire car la présidente ne sait plus quoi faire pour flatter les plus bas instincts de la partie la plus défavorisée de la population, tout en menant une politique de droite qui ressemble à celle de votre président Sarkozy. Il ne le sait pas, mais c'est un vrai péroniste. J'espère que Carla n'imitera pas un jour Cristina qui vient d'expliquer à la télévision qu'elle mange du porc car sa viande est aphrodisiaque! Tout cela pour tenter de convaincre le peuple de manger du cochon au moment où le bœuf devient hors de prix. Notre pouvoir était sans cœur, il devient stupide.»

Cristina Kirchner, qui s'accroche aux prérogatives que lui donne le régime présidentiel, se bat quotidiennement contre des parlementaires qu'il lui faut débaucher un par un pour faire accepter ses veto; après avoir viré fin janvier le directeur de la Banque centrale “coupable” d'avoir refusé d'éponger les dettes du pays, notamment à l'extérieur, avec les quelques réserves monétaires qui subsistent dans le trésor public.
Quant à son mari, Nestor, il a bénéficié il y a quelques jours d'un répit politique grâce à une opération des artères carotides dont l'obstruction l'a mené au bord d'un accident vasculaire cérébral. La presse l'a laissé tranquille quelques jours après avoir révélé, début février, qu'à l'automne 2008, il avait discrètement acheté pour deux millions de dollars, à la veille d'une chute prévisible du cours du peso argentin. Une opération qui lui aurait rapporté 60.000 euros.
Après avoir nié cet achat à la baisse, le mari de la présidente – qui espère se représenter à la tête du pays en 2011 après l'avoir dirigé pendant deux mandats et laissé la place à Cristina – a admis la transaction. Pour sa défense il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une spéculation mais d'une somme destinée à l'achat d'un hôtel de luxe pour sa famille dans le sud du pays. L'hôtel Patagonico, qui loue ses chambres de luxe de 220 à 420 euros la nuit et fait payer 5 euros la bouteille d'eau minérale importée des Alpes parce qu'elle est la marque préférée de la présidente. Alors qu'une chambre dans le centre de Buenos Aires vaut autour de 50 euros.
L'aveu de cet achat n'a pas désarmé les oppositions et a surtout choqué la majeure partie des Argentins dont le salaire moyen se situe autour de 600 euros. Le retentissement est d'autant plus important que cette affaire n'est pas la première et que le responsable du parti péroniste est soupçonné dans d'autres affaires de corruption et de pots-de-vin. Les électeurs qui ont refusé la majorité parlementaire au couple il y a quelques mois ne font pas dans le détail et soupçonnent, autre grand classique argentin, Cristina et Nestor de s'enrichir ensemble aux dépens du pays. Le directeur de la banque centrale limogé, Martin Redrado, a d'ailleurs promis de rendre publique une liste de toutes les personnalités (y compris hommes d'affaires) ayant acheté des dollars avant que le peso ne se déprécie. Mais des révélations sur son train de vie et sur ses méthodes de gestion du personnel de la banque semblent l'avoir ramené, au moins provisoirement, à la raison. Ce qui ne peut que conforter ceux des Argentins qui ne sont pas fascinés par le péronisme, dans l'idée que leurs dirigeants se préoccupent plus de leur avenir que de celui du pays.
Une enquête fiscale a permis d'établir que, depuis son arrivée en 2003, à la Maison Rose (le Palais présidentiel), le couple a accumulé des gains de change pour une valeur de 1.752.000 euros. Cadre dans une grande banque aux capitaux espagnols, Martin commente avec fatalisme: «Comme l'exemple vient d'en haut, tous ceux qui le peuvent, même avec quelques milliers de dollars, spéculent contre les intérêts du pays. Je le vois dans mon travail de contrôle des comptes, ce sont les gros agriculteurs, ceux qui vivent du soja et du maïs transgénique et quelques grands propriétaires de Fincas d'élevage qui exportent le plus d'argent vers l'étranger. Pas de risque que cela se sache car ce sont ces grands propriétaires, y compris ceux qui produisent du vin sur des centaines d'hectares dans la région de Mendoza, qui tiennent directement ou indirectement la presse écrite et une partie importante des chaînes privées de télévision. Le pays court à la catastrophe.»
• Retour des manifestations
Le seul journal qui s'oppose un peu au pouvoir, Perfil, a d'ailleurs publié au début du mois de février une liste bancaire de cent personnes ou sociétés ayant joué le dollar ou l'euro contre le peso en 2008 et 2009. La liste a d'autant moins provoqué d'émotion dans les cercles politiques que, parmi les plus gros acheteurs figurent non seulement des entreprises agricoles et des sociétés ayant pignon sur rue, mais également le syndicat des camionneurs qui s'est rendu acquéreur de 6 millions de dollars à la fin de 2008.
La Coalition civique qui mène cahin-caha l'opposition au Sénat et à la Chambre des députés a demandé à la justice du pays de se prononcer sur les achats présidentiels en dollar, tant du point de vue de leur légalité que du point de vue de l'éthique politique. Initiative qui a notamment eu pour conséquence de relancer l'agitation sociale. Avec des manifestations organisées à travers tout le pays par les piqueteros, les chômeurs accusés d'être manipulés par le pouvoir présidentiel grâce à l'attribution de bons d'achats et de subventions plus ou moins discrètes aux fameuses coopératives qui ont souvent pris le relais des entreprises défaillantes à la suite de la crise du début des années 2000, crise dont tout le monde redoute ici le retour. A Buenos Aires, comme dans les provinces du Nord du pays qui tentent de se libérer des pressions économiques et politiques d'une capitale qui concentre 12 des 40 millions d'habitants du pays et une dizaine de milliers de sans domicile fixe dans le centre-ville.

Pas de chance pour le couple au pouvoir, les Argentins n'étant que bien peu nationalistes, la polémique sur les Malouines (Falkland), où les Britanniques ont commencé à chercher du pétrole en provoquant l'ire officielle, n'a pas guère gommé les difficultés économiques et le malaise social.

Le ministère de l'écologie aides les industriels à empoisonner les jardins

mercredi 3 mars

Le ministère de l’écologie et autres lieux découverts à marée basse, a entrepris de s’acoquiner avec les industriels des pesticides et des engrais chimiques qui digèrent mal les (faux, mais on ne sait jamais) engagements (réduire de 50 % d’ici 10 ans, si possible, l’usage des pesticides...) du Grenelle de l’Environnement en assurant la préparation et la promotion d’un « Accord-cadre relatif à l’usage des pesticides par les jardiniers amateurs ». Une opération qui ressemble à s’y méprendre à la création il y a une quinzaine d’années de l’organisation FARRE, un groupement d’agriculteurs lancé par la FNSEA (le syndicat agricole dominant) et l’UIPP (Union des Industries pour la Protection des plantes) qui regroupe tous les fabricants de traitements agricoles de synthèse. Il s’agissait de « blanchir » les agriculteurs qui dispersent encore aujourd’hui 85 000 tonnes de produits chimiques dans la nature en inventant « l’agriculture raisonnée », en faisant croire qu’au nom d’un « contrat » qui comporte prés d’une centaine d’engagement que nul ne contrôle, que l’agriculture française faisait des efforts. Il s’agissait et il s’agit toujours de masquer l’usage de ces produits, d’une tentative de réhabiliter l’agro-chimie en créant une confusion dans l’esprit des consommateurs. Les deux organisations, FARRE et l’UIPP, étaient si proches que pendant des années elles ont eu la même adresse à Boulogne-Billancourt prés de Paris. Sans oublier évidemment un généreux financement des industriels à cette entreprise de communication destinée à faire pièce à l’agriculture bio qui, elle, jouit d’un label (AB) rigoureusement contrôlé.
Les mêmes industriels récidivent avec les produits dangereux (pour eux et pour la nature) destinés aux jardiniers amateurs grâce à cet « accord-cadre » qui a été intégralement préparé et rédigée sous l’égide de l’UPJ (Union des entreprises pour la protection des jardins) qui regroupe les mêmes sociétés. Il s’agit non pas d’aller vers une interdiction d’utiliser des produits nocifs mais, comme pour l’agriculture raisonnée, d’annoncer une réduction (non chiffrée) des pesticides, fongicides et engrais de synthèse. Des produits que trop de jardiniers utilisent sans précaution mais dont il faut quand même rappeler qu’ils ne représentent que 6% de l’épandage de cochonneries dans le milieu naturel, essentiellement pour éliminer les herbes dites « mauvaises » et les taches des feuilles de rosiers...Mais il ne faut pas oublier que le chiffre d’affaires des jardineries qui les vendent a dépassé 6 milliards d’euros en 2009.
Dans ces huit pages en cours de préparation on peut notamment lire qu’il s’agit de faire découvrir aux jardiniers amateurs « les organismes nuisibles, leur nuisance et nuisibilité, les bonnes pratiques d’entretien du jardin et sur les seuils d’information adaptées pour déclencher les actions de traitement qui seront mises en oeuvre selon les principes de la protection intégrée ». Ou encore il annonce la mise en place de« conseils des méthodes d’entretien les plus adaptées aux jardiniers amateurs et allant dans le sens d’un usage le plus modéré possible des pesticides chimiques lors de l’action de vente ». Autrement dit, il s’agit de faire croire que ces produits sont utiles, qu’ils ne sont pas dangereux en feignant de préconiser d’en vendre un peu moins : « en cas de nécessité de recours aux pesticides, le choix des pesticides à impact environnemental et sanitaire faible sera systématiquement privilégié en fonction des risques dominants ».
En gros, et c’est dit en toutes lettres dans ce texte il s’agit de promouvoir « l’utilisation raisonnée » et raisonnables des pesticides (la même hypocrisie que pour l’agriculture « raisonnée »). Donc de nier leur nocivité en expliquant qu’il s’agit d’en mettre un peu moins en comptant sur la vogue du jardinage, de loisirs et d’alimentation, pour en vendre plus. Une vaste entreprise de communication sur les produits chimiques qui sera lancée dés que le contrat-cadre entrera en vigueur. Avec des pages de publicité dans les hebdomadaires féminins ou spécialisés dans le jardinage.
Ce texte, qui vise à déculpabiliser ceux des jardiniers (encore trop nombreux) qui dispersent n’importe quoi et à n’importe quel moment de l’année sur leurs arbres, leurs fleurs et leurs légumes. Au risque évident de contribuer à stériliser leurs sols et à éliminer tous les insectes, y compris évidemment les abeilles. Pas étonnant qu’il soit d’ores et déjà accepté par les industriels, les magasins de bricolage et la Fédération des jardineries où l’on vend (à l’exception de la chaîne familiale Botanic), n’importe quoi à n’importe qui et sans le moindre conseil. J’en ai fait, par curiosité journalistique, l’expérience à plusieurs reprises, les vendeurs ou vendeuses à la fois non formés et mal payés, tendant n’importe quel boite ou flacon à qui demande des produits de traitements bio. Il est regrettable que de grandes associations de jardinage amateur ou familial, aient accepté de cautionner un tel accord. Mais il est vrai que, souvent, leurs revues vivent en partie des publicités des industriels de la chimie agricole. Seuls les groupes de jardins partagés ont pour l’instant refusé de se prêter à cette campagne de réhabilitation et de communication

mercredi 17 février 2010

Au secours, je suis cerné par les robots téléphoniques et ai l'impression d'être seul au monde

Mercredi 17 février

Après une succession de « mésaventures » avec des robots téléphoniques, ceux qui m’appellent ou ceux qui prétendent me répondre, ceux qui sont décrits comme devant me simplifier la vie, je finis par me demander si je ne suis pas seul au monde et si je n’ai pas pénétré insidieusement dans un monde virtuel d’où l’homme et la femme sont en train de disparaître. Exemples en série...
Il y a quelques jours, la voix métallique issue d’un serveur EDF m’explique, alors que je suis à des milliers de kilomètres de Paris, que je n’ai pas encore réglé ma facture d’électricité. Des choix multiples connus de tous (tapez un, tapez deux, puis tapez trois, etc.) me sont proposés mais aucun ne m’offre l’occasion d’expliquer tranquillement et en deux mots que je suis à l’étranger et que le chèque libérateur de ma dette a été posté deux semaines plus tôt. Le robot a zappé l’existence de l’être humain et je comprends rapidement qu’il n’existe aucun numéro pour recevoir mes trop humaines et banales explications.
Lorsque mon fils appelle l’ANPE, non pardon «Paul emploi », il se trouve lui aussi affronté à un QCM robotique auquel il manque toujours la bonne réponse et surtout une façon humaine de s’expliquer. Le plus étonnant : dans les agences de Monsieur Paul, à quelques mètres des employés un téléphone (gratuit, quelle aubaine) permet de jouer à ce même jeu déshumanisé sans que les multiples choix offerts ne prévoient une conversation brève avec un être humain, sympa ou pas. Jusqu’au jour où, pour le chômeur, s’annonce, toujours par une voix enregistrée, la perspective de perdre de maigres indemnités : il n’a qu’à savoir causer avec les robots !
Toujours à l’étranger, France Télécom (prononcez orange) m’informe que mon mobile va être mis en « restriction d’appel » avant d’autres sanctions plus lourdes parce que l’ordinateur qui me passe un coup de fil n’a pas encore enregistré mon chèque également parti depuis longtemps à l’intention d’une mystérieuse adresse à Limoges ou à Lille, je ne sais plus trop. Faute d’expliquer, je fais un autre numéro ou après une longue attente suivant une série de choix multiples multipliés à l’infini, une autre voix me guide pour un règlement par carte de crédit. Ce qui, au passage permettra à France Télécom d’encaisser et mon chèque et mon règlement informatique. Encore de l’étranger, avec un numéro spécial, il existe la même variante aussi passionnante que coûteuse lorsque l’on veut résoudre un problème de mot de passe d’Internet dont le serveur ne veut plus.
En délicatesse (de livraison) avec une entreprise de vente par correspondance (bien fait pour moi, je n’ai qu’à acheter dans une boutique, on ne m’y reprendra plus) me propose également une litanie fascinante d’hypothèses dans laquelle je ne me retrouve pas. D’autant plus que le robot ne réagit qu’à des mots clés et finit par me dire « nous n’avons pas compris votre demande ». Je recommence en tentant d’imiter la voix du robot qui ne me comprend pas, mais c’est peine perdue et il finit par raccrocher. Preuve qu’un robot doit pouvoir lui aussi se lasser. La même expérience peut être faite encore avec la SNCF dont le serveur vocal se vante de reconnaître la moindre destination ferroviaire de France, ce qui donne lieu à de savoureuses et fantaisistes informations.
Après un vol de chéquier dans le circuit postal, j’ai du faire face à une petite avalanche de factures de téléphones portables achetés avec les chèques volés. Je ne les ai évidemment pas payé, le vol ayant été déclaré puis copie de la plainte envoyée aux opérateurs. Pourtant, la dette a continué de courir et à grossir jusqu’à une société de recouvrement lyonnaise à laquelle j’ai répondu en expliquant la situation. Peine perdue les menaces de saisie de ma maison, de ma voiture ou de mes comptes bancaires ont continué : j’ai répondu naïvement à nouveau et à plusieurs reprises jusqu’au moment où je me suis rendu compte qu’à chacune de mes lettres, c’était un ordinateur qui « éditait » automatiquement les réponses, évidemment sans les lire, encore handicapé par sa condition d’ordinateur. J’ai donc interrompu ce dialogue de sourd avec la machine. Même dialogue épistolaire surréaliste avec la Lyonnaise de Eaux qui s’obstine à me réclamer une dette imaginaire : j’écris, l’explique et en retour je reçois un courrier issu d’un ordinateur qui bégaie interminablement les mêmes réponses stéréotypées.
La même fascinante expérience de dialogues de sourds peut être expérimentée avec la plupart des serveurs vocaux des petites et grandes entreprises et des services supposés publics qui ont décidé de remplacer les salariés par des machines ; lesquelles ne réclament jamais d’augmentation de salaires et se mettent très rarement en grève. Parfois, variante passionnante, je suis interpellé par des messages écrits auxquels il est impossible de répondre Il en est même qui me demandent mon numéro de téléphone...pour me rappeler ensuite par le biais d’un autre serveur vocal. Il ne s’agit pas de dialogue mais de sommation à obtempérer sans discussion. Il y a même des messages qui fournissent gentiment un numéro de téléphone pour rappeler, numéro qui se révèle être branché...sur des serveurs vocaux. Boucle bouclée, la Société devient autiste et sourde et tout le monde (ou presque) est content d’avoir l’impression de payer moins cher.
Alors il existe deux hypothèses : ou bien je suis seul au monde et le seul à l’ignorer ou bien je suis un vieux con qui ne comprend rien à la modernité.

Avec une question subsidiaire: Nicolas Sarkozy ne serait il pas un robot qui répète sans cesse la même chose pour fatiguer le client-électeur ?

mercredi 3 février 2010

A Porto Alegre, le Forum social mondial des dix ans a fait preuve d'un certain essouflement et a tourné en rond

Mercredi 3 Février

Cet article publié il y a quelques jours sur Mediapart a provoqué de nombreuses réactions...trés contrastées.


Attablé dans l’un des restaurants populaires qui surplombent l’immense marché de Porto Alegre, Francisco Whitaker commence déjà à refaire le Forum qui vient de se terminer et évoque surtout les forums régionaux qui se dérouleront avant la fin de l’année. Pour « Chico », comme ses amis l’appellent, la réflexion sur le mouvement qu’il a contribué à inventer en 2001 deux ans après les énormes manifestations victorieuses de Seattle contre l’Organisation Mondiale du Commerce, ne s’arrête jamais. A 78 ans, cet ancien architecte brésilien de Sao Paulo reste dévoré par la passion de changer de monde, de faire se rencontrer des hommes, des femmes et des mouvements sociaux de toute la planète. Il n’esquive ni les questions ni les doutes, mais reste persuadé que le mouvement créé il y a dix ans pour faire pièce au forum de Davos conserve toujours un temps d’avance sur la faculté de récupération de la mécanique mondialisante et sur les pesanteurs de la société globalisée. Pourtant, la table ronde des responsables de ces forums décentralisés qui venait de clore les multiples échanges commencés le 25 janvier parait lui apporter un démenti : d’abord ils ne sont qu’une douzaine à la tribune pour raconter ce qui se passera dans les autres 27 forums de l’année et surtout, ce panel sur l’avenir proche de l’altermondialisme ne comptait qu’une seule femme. Chico reconnaît qu’un effort reste à faire mais assure que cet échantillonnage n’est pas représentatif de la réalité de l’évolution des participants et des militants. Sa femme émet gentiment mais fermement des doutes sur ce point. Il avoue ensuite que, par essence autogestionnaire et ne se reconnaissant aucun responsable, le Forum Social Mondial ne peut et ne veut rien imposer. Il peine donc désormais à expliquer ce qu’il fait, ce qu’il est et ce qu’il veut : « Nous avons un problème de communication, nous éprouvons des difficultés à faire savoir ce que nous sommes, ce que nous préparons. Parce qu’il est difficile de dire qui doit parler, qui doit communiquer. Ce n’est pas à notre Comité international ou aux Brésilien de le faire mais à ceux qui participent. Même difficulté pour le contenu de cette communication. Mais il est clair que sur ce point nous devrons faire rapidement des progrès. Il nous faudrait des professionnels mais sans oublier que la forme n’est pas sans influence sur le fond et que l’on ne peut pas demander aux mouvements de simplement répercuter ce que nous leur dirions de dire ». Le coeur de l’ambiguïté ressentie par beaucoup de quelques 12 000 participants se sentant parfois abandonnés par le monde.
Manifestement ce souci de « faire savoir » est au coeur de l’avenir d’un mouvement dont Chico ne sait toujours pas s’il faut l’appeler « espace » ou « mouvement ». Le défaut de communication mais probablement aussi la crise d’identité idéologique au bout de dix ans, expliquent certainement pourquoi ce Forum de 2010 à Porto Alegre a constamment hésité entre un format mondial et un format régional , au point de semer la confusion chez les militants et les journalistes. Hugo, un participant uruguayen spécialiste de l’environnement, présent dés l’origine, résume brutalement sa vision critique de la situation : « au cours des premières années le Forum Social Mondial était en lui même un événement, une proclamation évidente dont les slogans se déclinaient et s’illustraient naturellement. Que l’on soit d’accord ou non avec nous, il était à peine nécessaire d’expliquer. Le kaléidoscope des expériences, des luttes, des échecs et des réussites suffisait à nous faire comprendre, à nous situer. Le public et les journalistes n’avaient qu’à choisir, qu’à picorer puisque nous étions vraiment et concrètement l’autre monde possible. Aujourd’hui, nous bégayons. A l’exception de Lula pour qui venir ici est un rite, un retour aux sources, les hommes politiques ne nous fréquentent plus puisqu’ils ont fait le plein de nos idées pour les accommoder ou à les dénaturer à leurs façons. En fait, ici, il n’y a plus grand chose à « voler ». Même Christine Boutin qui avait fait savoir qu’elle viendrait faire son marché à Porto Alegre pour Sarkozy a annulé son voyage.
Illustration du bégaiement: vendredi matin, le séminaire de conclusion de la semaine, séance qui devait dégager et présenter les axes de l’avenir s’est transformé en une suite hétéroclite de propositions émanant d’une salle bondée : trois minutes, théoriquement, par personne pour lancer des idées. Mais d’une part, la plupart des intervenants ne « vendaient » que leur histoire ou leur préoccupation et d’autre part, surtout, j’ai alors eu la terrible impression, à quelques exceptions prés, d’avoir entendu les mêmes pétitions de principe au cours des trois premiers forums de Porto Alegre. Avec moins de fraîcheur et en prime des condamnations rituelles du capitalisme qui pour être logiques ne font plus avancer la discussion. Surtout devant un public convaincu. Porto Alègre, pour avoir eu raison avant tout le monde, pour avoir annoncé et décrit la crise, dilue inconsciemment sa « victoire » dans la ritualisation tandis que le Président français, un exemple entre d’autres, se paye de mots faussement altermondialistes au Forum de Davos.
La récupération a fonctionné et le système mondialisé s’efforce de digérer ou de banaliser la plupart des « révolutions » élaborées au cours des premières années des forums, qu’ils soient mondiaux, comme à Porto Alègre, Nairobi ou Bombay, régionaux ou locaux. Les participants de 2010 ne paraissent pas en avoir conscience ou bien, ils ne veulent pas le savoir. Alors, que contrairement à ce qui se passe dans un mouvement politique, national ou internationale, le renouvellement des générations se fait très rapidement. « Mais, dans le fond, explique Rita, une cubaine de quarante ans habituée des forums, la difficulté est peut-être là : notre mouvement n’a pas de mémoire et peu d’archives. Donc nous ne bâtissons pas en hauteur mais en largeur. Nous juxtaposons des idées ou même des réalisations sans capitaliser toutes les expériences, sans les transformer suffisamment en revendications et groupes de pression. Nous ne faisons pas assez de politique. Ce qui explique ton impression de répétition, de déjà vu ou déjà entendu. Voilà notre faiblesse. Nous sommes frappés d’amnésie » L’espace Forum Social, comme l’appelle Chico Whitaker a les défauts de ses qualités : l’autogestion limite désormais son influence alors que, malgré tout, des choses passionnantes continuent de s’y raconter. Ce que Candido Grzybowski, le sociologue Brésilien co-fondateur du Forum social en 2001 qui animait le débat sur le futur admet : « la crise a validé nos critiques et nos analyses, elle a mis en valeur les multiples solutions qui se sont encore exprimés à Porto Alegre cette année, mais nous n’avons pas su en profiter ». Avec d’autres, il admet que la crise environnementale est également une crise majeure sans parvenir à la lier vraiment avec les préoccupations anciennes des altermondialistes qui, sauf à Belém en 2009, n’ont jamais vraiment pris en considération la question de l’écologie.
Les altermondialistes ont toujours éprouvé des difficultés à sortir de la critique de l’économie, de la finance et de la mondialisation des marchés. Ce n’est pas dans leur culture. Face à ce reproche, Chico Whitaker esquive, en peu gêné, en répondant : « oui, tu as peut-être raison, mais nous n’y pouvons rien car chaque forum, à Porto Alegre ou ailleurs, n’est fait de ce que les mouvements, les groupes et les associations y apportent ; c’est vrai que ce matin, les gens ont peu évoqué l’environnement, mais ça viendra ». Les altermondialistes peinent visiblement depuis des années à mêler étroitement social, écologie et économie alors qu’à Copenhague, les écologistes l’ont fait et ont reconnu que la bataille environnementale n’avait plus aucune frontière, physique ou catégorielle, devenant ipso facto de nouveaux ou les nouveaux altermondialistes. Un renversement de la société civile, probablement lié aux inquiétudes dues au changement climatique, et sur lequel les animateurs du Forum avouent réflêchir sans trouver de solutions ; même si les débats de Porto Alegre, ont été riches en interventions sur la nature, sur le bien vivre, sur le respect des rythmes naturels. Mais ces discours et expériences émanant prioritairement des peuples indigènes sont difficilement globalisations et risquent d’être peu entendus dans un monde peuplé majoritairement de citadins.
Le Forum Social mondial a prouvé en quelques jours, qu’il reste une extraordinaire usine à idées, que tout y fonctionne parfaitement, mais aussi que l’usine parait ne plus savoir quoi fabriquer. Et la majorité de cette nébuleuse refuse, comme lui demande depuis longtemps le Français Bernard Cassen ex-membre fondateur d’Attac, de se transformer en mouvement d’appui aux gouvernements qui partagent certaines de ses valeurs sociales et économiques. Dans l’historique qu’il a brossé devant les militants, puisqu’il fut lui aussi un des inventeurs du Forum Social, il a tenu a rappeler cette position minoritaire.
Reste que les habitants de Porto Alegre aiment toujours « leur » forum, qu’ils s’efforcent de faire vivre la gestion participative de leur ville et qu’ils rêvent que cet événement s’installe définitivement chez eux. Après tout, le Forum Social Mondial enraciné au Brésil, a également prouvé par ses expériences sociales réussies que l’Amérique Latine est probablement devenu le laboratoire d’un autre Monde. Sans ce Forum, Lula ne serait sans doute jamais devenu président.


PS je poursuis mon reportage en Amérique du sud jusqu'au 13 février mais je vais m'efforcer d'éliminer le piratage de ce blog par un imbécile anglais ou américain. Mais je ne sais pas trop comment faire

dimanche 10 janvier 2010

Le rallye "Dakar" au Chili et en Argentine: les fous du volant s'obstinent

Dimanche 10 janvier

Déjà un mort et plusieurs personnes sérieusement blessées dans le Paris-Dakar délocalisé en Argentine (Un peu, parce que des associations ont râlé fort l’année dernière) et au Chili (Beaucoup parce qu’y règne encore un culte de la voiture très américain). Cette course de fous de la bagnole qui ne se rendent pas encore compte à quel point ils sont ringards, a donc commencé à ravager des routes déjà difficiles pour les habitants, surtout dans le nord, parce que mal entretenues e traversant des zones escarpées. Malgré les réclamations des Indiens qui tentent d’y survivre d’une agriculture vivrière et souvent bio. Comme au nord de Riojas où la caravane pétaradante est arrivée dimanche. Mais, c’est bien connu, les rallyes « sportifs » affectionnent les pays aux économies incertaines parce qu’ils y trouvent des voies de communication en mauvais état. En Argentine s’y ajoutent les effets d’une terrible sécheresse qui détruit depuis prés de quatre ans, la pampa (déjà affectée par les maïs et soja OGM) et certaines provinces du nord que le rallye va consciencieusement labourer ou couvrir de poussière. Notamment dans la région chilienne du lac salé d’Atacama. Un monument naturel et aussi un havre pour de nombreux oiseaux, notamment des flamants roses, qui sont tous protégés. Comme les vigognes qui survivent dans le Nord de l’Argentine et du Chili où elles restent menacées.
Le promoteur de ce rallye aux relents faussement sportif n’est qu’une entreprise commerciale (ASO) destinée à faire du fric. Elle est également organisatrice du Tour de France et liée au groupe de presse des journaux Le Parisien/Aujourd’hui et L’Equipe. Ce qui explique que dans son édition de dimanche, l’information sur l’accident soit traitée en six lignes. A France Télévision (plus discrète cette année dans ses retransmissions), ils ont été plus pervers, expliquant, comme les organisateurs, que la responsabilité de l’accident incombait aux téléspectateurs (dont un enfant de neuf ans dans un état grave) qui « n’auraient pas du être là ».
Les organisateurs ont eu du mal à boucler leur budget malgré la générosité de Total, de Novotel et de France Télévision car le nombre des participants est en chute libre : ils étaient plus de 500 l’année dernière et ils n’étaient plus que 361 au départ dont 160 motos, 62 camions et 27 quads. Renault, la firme automobile qui nous explique laborieusement dans ses pubs télévisés de début d’année qu’elle est devenu « pure écolo », a inscrit dans la course un engin qui s’appelle le Sherpa. Une sorte d’hybride militaire à mi-chemin entre le char et le camion. Ce 6X6 sert habituellement à transporter des lance-missiles ou des armes lourdes. Le blindage est en option. Mais avec ou sans sa carapace, cet engin contribue à l’émission pendant le rallye d’environ 30 000 tonnes de CO 2 : pour la course, pour les organisateurs et pour le transport de la caravane depuis la France. Il faut y ajouter l’utilisation quotidienne des deux Hercules, des deux Folker et des hélicoptères qui trimballent tous les jours plusieurs centaines de journalistes. Quant aux quads ils ne participent qu rallye que pour fabriquer de l’image destinée à appuyer les campagnes publicitaires vantant et vendant ces engins à travers les campagnes où ils continuent à circuler en dépit des interdictions légales et municipales. En fait, le rallye ne sert qu’à cela : s’efforcer désespérément d’entretenir « l’image » des sports motorisés et de la voiture « source de liberté. Cela doit correspondre à ce que Renault explique dans sa publicité télévisée : « Faire avancer l’automobile dans le sens de l’homme et de la vie ».
Pour céder à l’autre mode, celle qui les dérange, leur pourrit la vie et à écarté quelques mécènes, les organisateurs versent une « éco-contribution » à des associations de protection de la nature dont nul ne sait qui elles sont et où elles travaillent. Mais, de toute façon, cela ne sort pas de la poche de ASO puisque cet argent est collecté, de 50 à 150 euros, auprès des concurrents. Ce qui ne règle pas la question des ordures, des déchets plastiques aux huiles en passant par les boites de conserves, qui jalonnent encore le parcours et les bivouacs de l’année dernière.
Pour terminer, il faut rappeler que ce rallye fut glorifié pendant douze ans par un photographe et écologiste bien connu nommé Yann Arthus-Bertrand qui le suivait pour le compte des organisateurs et pour Paris-Match. Le même qui préfaça en 2004 une brochure de Total, une firme « qui place en tête de ses priorités le respect des hommes et de l’environnement ». Le même « écolo » fut le photographe de Ferrari et de Disney Land. Malheureusement c’est son film financé par l’industriel qui (par Conforama interposé) importe des fauteuils pollués de Chine que célèbre la presse, impressionnée par les « belles images » sans êtres humains visibles. Alors que l’excellent film de Nicolas Hulot, « Le syndrome du Titanic » se traîne dans les profondeurs du « box office » des entrées. Parce qu’il est courageux et ne sacrifie pas à l’esthétisme.

dimanche 20 décembre 2009

Le mauvais climat d'une conférence de Copenhague qui a encore plus mal fini que les précédentes

Dimanche 20 décembre

Chronique publiée sur Mediapart (www.mediapart.fr)

En comparant les résultats –mot un peu fort- de Copenhague avec ceux de Stockholm en 1972 et même de Rio de Janeiro en 1992, il est hélas possible de mesurer le recul de la qualité des réactions de ce qu’il est convenu de nommer la communauté internationale face aux périls que nous avons créés et ensuite entretenus. Les discours s’améliorent, les chefs d’Etat font semblant de se passionner pour l’écologie et son dernier avatar, le climat, mais dans les actes, la régression s’affiche et s’aggrave sans vergogne. Le protocole de Kyoto qui s’imposait d’abord aux nations industrialisées et qui aurait pu s’appliquer aux grands pays émergeants, n’existe plus. Oublié alors qu’il aurait fallu le renforcer. Les discours de plus en plus flamboyants répondent à la pression de la société civile et des associations tandis que les actes expriment la montée des égoïsmes nationaux qui s’affrontent de plus en plus brutalement. En écrasant la plupart des pays du sud dont les représentants, à quelques exceptions prés, n’ont pas brillé d’intelligence et de créativité au cours de ce sommet. Pour un Evo Morales qui a utilisé un langage nouveau en phase avec les menaces qui pèsent sur le milieu naturel et les hommes, combien de discours convenus et geignards, combien de pales copies des fausses jérémiades des responsables de pays riches oubliant en plus que dans leurs propres populations, les plus pauvres subiront en premier les effets des modifications climatiques dans leurs vies quotidiennes. Et les grandes associations se voient prises au piège de leur illusion : radicales ou centristes, elles ont cru être reconnues et écoutées alors qu’elles n’ont été que flattées et incluses dans une stratégie de communication qui, pour la France, a culminé à l’Elysée où le président de la République qui leur a servi l’inusable « Je vous ai compris ! ». Version française de bien d’autres escroqueries aux sentiments écologistes joués aux Etats Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Australie et même en Inde comme l’explique Darryl D’Monte, le président des journalistes environnementaux indiens qui critique vigoureusement son gouvernement de sacrifier le présent à l’avenir.
La communication qui a pris les commandes de l’écologie officielle vient de se révéler impuissante à régler les problèmes par la magie de la parole alors que dans les grandes conférences du passé, les chefs d’Etat n’avaient pas osé se séparer sans décision. Nicolas Sarkozy et ses semblables n’ont plus le pouvoir de casser le thermomètre de la planète mais ils se vantent quand même de calmer nos angoisses en nous expliquant que demain, certainement, ils règleront gratis les maux de la terre avec des mots puisqu’ils ont avoué qu’ils n’avaient rien d’autres à nous proposer. Les responsables du Bangladesh ou des iles-Etat parlent d’escroquerie et se demandent comment ils vont empêcher la mer de les submerger. Mais que pèsent les 10 000 habitants de Tuvalu et les dizaines de millions de pauvres en danger du delta du Brahmapoutre face aux intérêts du monde industriel et financier ?
La démocratie planétaire et onusienne, comme d’autres formes de démocratie, ne fonctionne plus, même comme placebo. Alors que longtemps elle avait fait illusion. Retour sur Stockholm où l’on décida en une dizaine de jours de créer le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, le PNUE, auquel il aurait suffit de donner plus de pouvoirs et le droite de distribuer les moyens financiers d’agir. Le seul organisme ayant la mémoire des questions et des urgences environnementales depuis prés de 40 ans a été le grand absent des discours et de la vague déclaration finale bricolée par une trentaine de pays qui n’ont même pas osé se présenter devant les autres et se sont enfuis comme des voleurs d’avenir. On comprend à la fin, si l’on n’avait pas deviné avant, pourquoi les militants de l’écologie présents à Copenhague ont été brutalement écartés trois jours avant la fin de la conférence. Il est difficile de convoquer des témoins quand on s’apprête à commettre un crime contre l’humanité. A Stockholm il avait été décidé par toutes les délégations présentes que le PNUE devait « prévoir les moyens de susciter et d’utiliser la participation active des citoyens et la contribution des organisations non gouvernementales à la sauvegarde et à la mise en valeur de l’environnement. Et d’associer le public à la gestion et au contrôle de l’environnement ». Cet accord est parait il toujours en vigueur...et la formule inventée à l’époque par les Nations Unies et la société civile « nous n’avons qu’une seule terre » reste le slogan du PNUE...
Sera-t-il vraiment nécessaire de se rendre à Mexico où, dés le début, annonce de l’échec vainement mis en scène, il était déjà prévu d’organiser COP 16 comme en témoigne le stand de cette ville où, dés le début de la réunion à Copenhague de COP 15, comme en témoigne un stand installé prés de l’assemblée des délégués, où il était possible de commencer à chacun de préparer son voyage au Mexique pour une nouvelle conférence « historique ».

La nature et la biodiversité grands oubliés de la défunte conférence climat de Copenhague

SAMEDI 19 DECEMBRE

CHRONIQUE PARUE SUR MEDIAPART

Messieurs qu’on nomme grands, messieurs les présidents, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être si vous avez le temps ; en quittant Copenhague dans une dernier panache de CO2. Hier pour les moins pressés d’en finir avec un rituel climatique qui vous ennuie énormément au delà de vos discours convenus et rarement inconvenants et aujourd’hui pour ceux qui ont voulu faire illusion jusqu’au bout.
Nous serons nombreux à la signer, cette lettre, désespérés par votre indifférence et votre ignorance. Nous la signerons avant de mourir peut-être ou avant d’être parqués, pour la culture des générations futures, dans des réserves dites, par anti-phrase, naturelles, alors qu’elles contribuent à artificialiser l’espace naturel en y alignant les survivants. Nous la signons au nom des 8500 espèces menacées de disparaître bien avant que vous vous réussissiez à vous mettre d’accord pour bloquer ou casser le thermomètre et bloquer les tempêtes ; bien avant que vous ne cessiez de vous fixer une base de 2° en plus à ne pas dépasser en feignant de croire qu’il n’existe pas des pays ou des régions dont la température moyenne a déjà augmenté bien au delà. Dans l’Arctique ou en Afrique. Nous, à la différence des hommes qui souffrent, nous ne demandons pas de l’argent, juste un peu d’attention et quelques gestes pour la planète. Sans feindre de croire, comme les présidents français et américains, que dans chaque pays on installera des « thermomètres » témoins.
Les cigognes, les blanches comme les noires, se demandent où elles vont désormais passer l’hiver puisque l’Espagne, la France, le Mali et le Maroc viennent de s’attribuer le pouvoir de décider de l’année à partir de laquelle ces pays qu’elles fréquentent décident que la température n’augmenterait que deux degrés. Qui leur lira une nouvelle feuille de route ? Qui les guidera ? Qui réglera leur GPS sur la bonne latitude, qui les aidera à ne pas mourir de faim ou de soif ? Qui sauvera le lion dans a savane brûlée ?
Les ours blancs, agrippés à leurs derniers glaçons qui baignent dans de l’eau trop tiède lèvent la tête en vain vers le ciel. En se demandant qui viendra les empêcher de couler en même temps que les banquises sur lesquelles ils dérivent avec les derniers de leur espèce.
Qui dira où les oies des moissons, comme ces dernières changent sans arrêt de période, devront se poser avant d’être fatiguée à en mourir. Parce qu’elles s’épuisent à errer, parce qu’elles se nourrissent de plus en plus mal. Comme l’outarde capelière qui disparaît dans la plus grande indifférence parce qu’elle ne sait plus à quel temps se vouer.
Comment faire pour le loriot, le chardonneret, les hirondelles dont les effectifs ont chuté de 40 % depuis une vingtaine d’années, ou la mésange charbonnière qui peine à nourrir ses petits parce que le printemps vient trop tôt? Comment faire pour que ces oiseaux et bien d’autres ne perdent pas le Nord ? Qui s’occupera de trouver des chenilles pour le gobe mouche à son retour d’Afrique pour qu’il ne meure plus de faim parce qu’il arrive désormais trop tard après leur naissance ? Faudra-t-il bientôt organiser des charters pour renvoyer en Egypte le vautour blanc des Pyrénées qui veut s’installer définitivement chez nous ? Qui osera dire que, quand même, la France ne peut pas accueillir toute la misère aviaire de la planète ?
Qui sauvera les centaines d’espèces de poissons piégés dans les rivières du monde qui s’assèchent, en Afrique, en Inde en Argentine comme dans le Poitou ? qui leur donnera asile ou un peu d’eau pour ne pas disparaître? Et les grenouilles et les tritons et les salamandres, tous ces amphibiens qui périssent aussi faute d’eau ? Qui s’alarme pour les papillons dont le monde perd chaque année une cinquantaine d’espèces ?
Comment sauver les 12 000 espèces de plantes et d’arbres menacées de rapide disparition et qui va pleurer sur leur sort ? Certainement pas vous, messieurs que l’on nomme grands puisque vous ne réussissez même pas à sauver les grandes forêts ? Qui dira la tragédie de la disparition des plantes médicinales des pays du sud et des pays du nord qui ne peuvent même pas demander l’asile ailleurs ? Qui va aider les chênes à partir vers le nord de la France pour ne pas disparaître ?
Monsieur le président, qu’avez vous décidé, qu’avez vous prévu pour sauver les onze mammifères français sur le point de disparaître ? Et quel monument sera élevé aux 1160 espèces d’animaux disparus dans le monde depuis 60 ans ? Peut-être leur épitaphe est-elle déjà contenue dans Convention internationale sur la biodiversité adoptée en 1992 à la conférence de Rio en même temps que la Convention cadre sur les changements climatiques (signée par 131 pays) auprès de laquelle les pseudos accords d’hier ne sont qu’une bien pâle copie même pas paraphée.

Lette rédigé par un panda qui ne trouve plus de bambou à grignoter alors qu’il lui en faut au moins 15 kilos par jour.

Le cri d’Evo Moralés sur la mort de la Mère nature, sur la disparition de la biodiversité, disparition qui concerne aussi bien la beauté du monde que son équilibre pour les êtres humains n’a pas été entendu. Pas un instant les maîtres du monde ne se sont intéressés à la nature mise en danger par les modifications climatiques. Ayant posé la question successivement à un délégué anglais, à un délégué polonais, à un délégué australien et à une déléguée panaméene j’ai compris aux regards étonnés que je passais pour une simple d’esprit, que la question ne se posait pas. Effectivement
Je sais, il s’agit, enfin il s’agissait, des hommes, de l’avenir de l’humanité, de la détresse de nombreuses populations. Mais qu’est elle, que sont ils, que sommes nous sans cette nature et sa biodiversité ?
Trop tard, la conférence est terminée et les présidents sont soulagés de retourner à des affaires sérieuses et le dernier panda, privé de bambous détruits par la sécheresse, disparaîtra dans l’indifférence. C’est vrai ça : il sert à quoi le panda ?

mercredi 16 décembre 2009

Repression et arrestations au sommet du climat de Copenhague


Mercredi 15 décembre

De façon à écarter le maximum de représentants de la société civile du déroulement de la Conférence sur le climat, les officiels de l'ONU et la police danoise se sont mis d'accord pour...mettre au frais un maximum de membres des associations qui veulent témoigner de l'échec des négociations.