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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 19 septembre 2008

Les taxes vertes sont elles écologiques et sociales?

Vendredi 19 septembre

Quel que soit le résultat du combat de coqs entre les ministres associés de l’écologie, le président, le sous-président et les députés de l’UMP, il est permis de se poser (au moins) trois questions à propos des « taxes vertes » et du bonus-malus qu'elles impliquent.
D’abord si seule l’incitation financière fonctionne pour la majorité de la population (essentiellement dans ce cas par la classe moyenne et les revenus élevés) pour orienter l’acte d’achat vers un produit plus « écologique » ou pour éviter le gaspillage, cela signifie tout simplement que la prise de conscience tant vantée n’existe pas ; et que tous les sondages qui présentent comme acquises d’énormes majorités sur cette prise de conscience, ne sont que le reflet d’un « politiquement correct » induit ; ne serait-ce que parce que rien dans l’évolution (évolution étant un mot bien fort) de notre société de consommation n’incite à la mise en pratique d’une consommation responsable. J’ai donc beaucoup de doutes sur une écologisation (très relative) de notre société reposant exclusivement sur le bonus-malus. Exemple : tous ceux qui ont acheté (plus qu’avant) une voiture (un peu) moins polluante pour bénéficier de quelques centaines d’euros, auraient pu d’eux même faire ce choix de la moindre pollution, vu la modicité de l’avantage par rapport au prix de l’engin. Quant aux acheteurs de 4 X 4 et autres voitures (plus) polluantes, quelques centaines d’euros en plus ne changent rien et dans le fond, les confortent dans leur sentiment d’appartenir à une autre classe (supérieure).
Et s’agissant des voitures, comment ne pas être sceptique sur la volonté écologique d’un gouvernement qui laisse Renault (dont il est actionnaire) délocaliser la fabrication des voitures bon marché (avec bonus) qu’il faudra ramener en France sur des milliers de kilomètres au prix d’un extraordinaire gaspillage énergétique...
Et enfin, mais je n’ai sans doute pas encore assez réfléchi et serait heureux de recueillir l’avis des lecteurs de ce blog, les taxes écologiques ou vertes, n’en déplaisent aux Verts et aux associations de protection de la nature, ne sont-elles pas aussi un impôt imposé aux plus pauvres ?
Encore un rappel : le principe pollueur-payeur (bonu-malus, donc), a été inventé par la loi sur l’eau de 1964. Cette taxe à la quantité de pollution est peu à peu devenue pour les entreprises une sorte de « droit de polluer » pas cher. Et les cours d’eau français sont toujours pollués...

vendredi 12 septembre 2008

Le pape et le président au secours de toutes les grenouilles de bénitier et des sectes qui nous menacent

Vendredi 12 septembre

Le mauvais esprit ayant plus soufflé sur moi que le Saint-Esprit, je regrette profondément cette mise en scène « républicaine » de la visite d’un pape, visite qui était à l’origine destinée à visiter Lourdes pour le 150 éme anniversaire des miracles de Bernadette Scoubidou. Mais Nicolas Sarkozy a insisté pour qu’il vienne bénir l’Elysée où il vit dans le pêché avec une Italienne. La laïcité « positive » (ce serait folie de se priver de religion) offert au Pape par le président de la République implique que, bientôt, les catholiques, les protestants, les musulmans, les juifs, les bouddhistes et toutes les sectes qui s’obstinent à sortir de leurs ashrams, vont bientôt imposer leurs manies, leurs interdits, leurs préjugés alimentaires ou vestimentaires à tout le monde, y compris aux laïcs qui sont majoritaires en France. Ce qui figure en tête de la Constitution. Aspect positif de l’accumulation des heures et jours sacrés : trois ou quatre jours de congés par semaine et l’obligation religieuse de passer très prochainement au 30 heurs par semaine. Avec comme slogan : prier plus pour gagner moins.
Preuve en passant, qu’un pape ne fait plus de miracle : le Panzercardinal est allé dans le 5 éme arrondissement de Paris, fief de Jean Tibéri et le dernier des magouilleurs chiraquiens est toujours inculpé pour des délits électoraux.
Un mystère non résolu par le Pape : celui de l’immaculée conception de l’enfant de Rachida Dati. Y a vraiment pas de justice et la police est partout puisque la Républiques avait mobilisé hier 3600 membres des forces de l’ordre.
A la question posée par le Pape sur la place que doit tenir la religion, il n’existe qu’une seule réponse : les bigots de toutes les obédiences restent chez eux et dans leurs ashrams et n’emmerdent pas la société avec leurs interdits.
On ne le dira jamais assez : « A bas la calotte et vive la Sociale !»

mercredi 10 septembre 2008

Edwige: Alliot-Marie mange un bout de son chapeau et Sarkozy bat en retraite sur des positions préparées à l'avance

Mercredi 10 septembre

Ainsi que je le pressentais et ainsi que je l’ai expliqué dans divers médias, y compris ceux qui avaient "ignoré" mon livre il y a quelques mois, les animateurs de Sarkoland ont senti que, pour une fois, le fichier Edwige avait du mal à passer. Ce qui va nous donner droit à une gesticulation prévisible (et peut-être même prévue).
- Cruella, ministre de l’Intérieur, mange un petit bout de son chapeau.
- Après « concertation » avec les pigeons (Corinne Lepage par exemple), Cruella et son gouvernement nous donne « des garanties » et organise (avec quelles vérifications possibles ?) un mini recul sur la durée de conservation de la durée des « informations » sur les jeunes entre 13 et 18 ans. Plus une promesse que des données sensibles comme la religion, la santé, les orientations sexuelles, les fréquentations, etc. ne seront «qu’exceptionnellement» notées.
- A partir de là, deux solutions
- Le fichier Edwige est maintenu, modifié à la marge
- Le fichier Edwige est soumis au vote du parlement qui, avec la majorité que nous connaissons, confirmera tous ses aspects liberticides mais en excluant du fichier les « personnalités » politiques et syndicales. C’est leur seul problème, en fait...
Alors que, pas besoin de fichier, tout le monde sait à peu prés tout sur les politiques et les syndicalistes connus en dehors du nom du père (et encore...) de l’enfant de Madame Rachida Dati, la seconde Cruella du gouvernement.(Non, non, n’insistez pas, cela-ne-nous-regarde-pas !)
Reste alors l’essentiel : le fichage systématique de tous les Français, ils sont des centaines de milliers, qui sont engagés, à un titre ou à un autre, dans la société civile : des joueurs de pétanque aux protecteurs de la nature en passant par les altermondialistes, les enseignants, les manifestants et les syndicalistes du quotidien. Tous ceux qui donnent des cauchemars aux élus et aux préfets. Tous ceux donc, par exemple, qui sont stigmatisés par le Patriot Act voté en octobre 2001 aux Etats Unis, texte de plus de 300 pages qui restreint la liberté de tout le monde, à commencer par les protecteurs de l’environnement (en Alaska, par exemple).
Et, de toute façon, toutes les informations qui, de par la loi ou le règlement, n’auront plus officiellement droit de cité dans Edwige seront engrangés dans sa copine, le fichier Cristina qui offre l’immense avantage d’être secret, non consultable, non vérifiable et classé « Secret Défense ». Elle est pas belle la vie ?
La manipulation que je soupçonne est d’avoir, comme d’habitude, anticipé la réaction violente d’une partie de la société civile et médiatique, de façon à pouvoir reculer (après avoir mesuré le degré d’acceptabilité) sur des positions quasi-équivalentes et soigneusement préparées à l’avance.
Il ne reste donc, au moins dans l’immédiat, qu’une solution : l’abrogation du décret du 1er juillet qui, jusqu’à preuve du contraire, a toujours force de loi.
Sans oublier que de STIC à JUDEX en passant par les bases élèves, la Sécurité sociale et les grands fichiers privés (y compris ceux des agences immobilières par exemple) il existe encore une trentaine de fichiers attentatoires à nos libertés et à notre intimité.

Il ne reste plus qu'à attendre un miracle à l'occasion de la venue du Pape à Paris et à Lourdes...

mardi 9 septembre 2008

Fichier Edwige: Cruella, ministre de l'Intérieur, nous jette un os à ronger

Mardi 9 septembre

La ministre de l’Intérieur, notre Cruella nationale, vient de nous offrir un petit rabais sur le fichier Edwige. On verra, dit celle qui réussit à faire plus fort que Sarkozy mais en surveillant son langage, si un texte ne pourrait pas limiter la durée des données concernant les mineurs. D’abord, cette déclaration confirme que n’importe quel comportement (pas les délits, pas les condamnations) et observation subjectives de la police, de l’école ou des services sociaux sont bien prévus pour rester éternellement en mémoire ; ensuite cette concession du bout des lèvres signifie que, si le jeune est homo, bouddhiste, chrétien, contempteur de flics, habitué des bandes, zoneur, mal embouché avec les enseignants, les patrons ou les éducateurs à 17 ans et demi, bon, promis, on finira par oublier. Mais si le jeune a 18 ans et demi, les souvenirs resteront dans la mémoire de l’ordinateur de la police pendant toute sa vie, arme commode d’interdictions professionnelles.
Cette apparente concession illustre parfaitement la méthode employée depuis six ans par la droite : on annonce un projet gravissime qui provoque plus ou moins de hurlements et ensuite, on feint de céder sur quelques points mineurs comme cela c’est produit récemment sur la « base élève » des écoles primaires. Grâce à un recul provisoire et en trompe l’oeil, l’essentiel du nouveau fichage est vendu et les opposants, surtout au Parti socialiste qui compte bien profiter de cela un jour, se réjouissent en criant à la victoire. Et puis les gouvernements reviennent à la charge un peu plus tard. C’est ce que l’on appelle « tâter la faculté d’acceptation de l’opinion publique »...
Tiens, au fait, il fait quoi le PS dans cette affaire ? Et les écolos ? Ils sont au vert ?
Ben il est encore moins intelligent que Bayrou (c’est dire) qui a compris qu’il avait là un créneau porteur pour se refaire l’hymen.
La démocratie défendue par Bayrou, on croit rêver...

dimanche 7 septembre 2008

Fichier Edwige le curieux réveil d'Hervé Morin

Dimanche 7 septembre

La sortie de Hervé Morin sur le désormais fichier Edwige créé le 1er juillet dernier qui n’est que le 34 éme des fichiers qui nous cernent, me laisse rêveur. Je pense qu’il s’en moque complètement, d’autant plus qu’il fait semblant de croire que ce dernier fichier serait réservé à ceux qui se présentent à une élection, qu’ils soient élus ou non, alors qu’il concerne aussi tous les acteurs de la société civile. Y compris les responsables associatifs. Ce qui revient (notamment), comme avec le « Patriot Act » adopté en octobres 2001 aux Etats Unis à transformer les protecteurs de la nature, les défenseurs de l’environnement et les écologistes, en « ennemis de l’intérieur » à parti du moment où ils contestent la politique officielle de déménagement du territoire, les autoroutes ou le nucléaire.

Mon sentiment, d’après ce qui se dit dans les « milieux autorisés », c’est que monsieur Hervé Morin, le menteur de l’Afghanistan, a senti comme quelques autres que, pour une fois, l’opinion publique et médiatique a des doutes et commence à se mobiliser. C’est nouveau car, depuis une douzaine d’années, tous les fichages ont été acceptés par une population qui répète ce qu’on lui dit, à savoir que ces fichiers, c’est pour les « coupables », pour « les autres ». Peut-être, espérons le, qu’Edwige est le fichier de trop. Alors en attendant de ficher tous ceux qui « minent le moral de l’armée » sur la guerre en Afghanistan, monsieur Morin prend des précautions politiques et oratoires. Et je pense qu’il ne va pas être le seul à droite...

Mais, comme vient de le dire Jean-Pierre Raffarin, attendons que le Conseil d'Etat se prononce puisque nous sommes dans un "Etat de Droit". Tiens, tiens il a aussi senti le vent qui tourne ???


ps Est ce que les chasseurs imbéciles (pléonasme dans les Pyrénées...) qui viennent de tirer sur un ours et de le blesser vont être fichés? Y-a-t-il une case "idiots" dans Edwige ?

jeudi 4 septembre 2008

Afghanistan: la bonne et la mauvaise information selon le ministère de la défense. Paris: les faux derches qui s'en prennent à Florence Schaal de TF1

Vendredi 5 septembre

Quand le ministère de la défense, le Premier ministre et le président de la République racontent n’importe quoi sur la mort (regrettée, regrettable et probablement terrible) des soldats français en Afghanistan, cela s’appelle parait-il information et "respect des familles". Quand France Inter et Paris Match font un reportage sur les Talibans qui ont affronté ces soldats, il parait qu’il s’agit de « communication », de "soutien aux terroriste" et que c’est irresponsable. Ah bon ? Il y a une bonne et une mauvaise information, désormais ? Que je sache, le journaliste n'est pas tenu de choisir un camp, quoi qu'il puisse penser des militaires français matamores et des Talibans rétrogrades. Le journaliste n'est pas plus tenu de faire la promotion de l'armée française que de monter en épingle les doléances de monsieur Clavier qui déplore la disparition d'un coq en plâtre dans la propriété où il vit comme un coq en pâte.

Et quand les autorités françaises préfèrent le renforcement de la guerre et de la présence armée à l’aide humanitaire, à la reconstruction du pays et à la lutte contre la détérioration de l’environnement de l’Afghanistan, cela s’appelle comment ? La presse est d'ailleurs plus discréte sur ce point que sur les détails d'une embuscade qui n'est qu'un fait divers de guerre inévitable.

Ce "rappel au patriotisme" des journalistes français me rappelle deux situations: d'abord l’opprobre et les poursuites qui frappaient les journalistes quand ils rapportaient les revendications des Algériens souhaitant leur indépendance et parlaient de « guerre » alors que les gouvernements évoquaient les « événements d’Algérie » et le maintien de l’ordre; en ensuite le "pétage de plomb" généralisé que j'ai constaté à New York à mon arrivée le 13 septembre 2001 chez les journalistes américains qui ne parlaient que de Dieu dans leurs reportages et commentaires et qui se demandaient pourquoi (?) on avait fait cela aux Etats Unis.

Au fait, qui a vendu aux Talibans les équipements militaires des soldats français ?


ps Puisque je suis dans un jour de défense et illustration de mes confrères, je trouve assez scandaleux que ma consoeur de TF1, Florence Schaal (dont je connais par exemple, le courage dans l'affaire de la prise d'otage à l'école de Beslam), soit menacée de licenciement pour avoir annoncé en direct, pressée par sa hiérarchie avide de scoop, la mort d'un enfant qui a finalement été retrouvé vivant. Il parait que cette fausse information est insupportable et contraire à la déontologie. Entendre cela de la part des responsables d'une chaine qui n'avait pas viré Poivre d'Arvor aprés sa compromission avec un homme d'affaires lyonnais et sa fausse interview de Fidel Castro, cela vous fait regretter de ne pas être sourd. Florence Schaal a commis une erreur, certes, mais c'est péché véniel par rapport aux mensonges politiques et économiques permanents de TF1 et au pétainisme triomphant de monsieur Jean-Pierre Pernaud au journal de 13 heures.

mercredi 3 septembre 2008

Les nationalistes corses au secours du littoral: Reno et Auteuil dans leur collimateur

Mercredi 3 septembre

Bon, parlons sérieusement....

Tout prés de Porto-Vecchio, il reste au moins deux propriétés littorale à « visiter » : celle de Jean Reno, également ami de qui nous savons, et celle de Daniel Auteuil marié depuis deux ans à une héritière de beaux lambeaux du littoral corse du Sud. Bien entendu, il y a aussi les propriétés de du maire de Porto-Vecchio, député UMP de la Corse du Sud, président de l’assemblée territoriale corse, Camille de Rocca Serra, gros propriétaire terrien sur le littoral, notamment là où les nationalistes sont intervenus. Bien entendu, c’est cet élu-parrain qui délivre les permis de construire, qui supervise l’établissement de la nouvelle version du Plan d’Occupation des Sols et les décisions sur la « constructibilité » des terrains ; il a également des intérêts dans les sociétés de BTP. Ceci explique sans doute, que comme beaucoup d’élus corses, il réclame depuis des années des dérogations à la loi littoral qui protège, plus ou moins bien, toutes les côtes françaises. En fait, il est, avec ses camarades élus-politiques-promoteurs, sur le point de les obtenir.

On peut discuter des méthodes et de l’idéologie parfois douteuse des nationalistes corses, mais ils sont les seuls (comme le prouve l’annulation récente du pharaonique permis de construire du publicitaire Jacques Ségala) à se battre depuis des années contre la bétonisation de ce qui reste l’un des plus littoral français. Sur place, il suffit de s’y promener pour constater que non seulement il est en partie privatisé, interdit au public, mais également hérissé de constructions illégales.

Tout ceci explique la colère du président de la République qui protège les illégalités et les accroissements de fortune de ses amis aux dépends de l’environnement.

Après tout, la méthode du Préfet crameur de paillotes était bien la meilleure face à la lenteur de la justice corse sur les constructions illégales.

mardi 2 septembre 2008

Au secours Sarkozy, la police ne réussit pas à protéger mon jardin contre des chats gratteurs

Mardi 3 septembre

Je demande respectueusement au président Sarkozy de virer tous les policiers municipaux, tous les gendarmes de Gien (Berry) et de suspendre le maire de la ville car, dimanche et lundi, à deux reprises, trois chats à cols roulés et sans collier sont venus gratter dans mes plate-bandes de salades et de radis. C'est insupportable: y en a même un qui a pissé sur une courge.

Michel-Edouard Leclerc et le ministre Luc Chatel prennent la tête des escrocs du "pouvoir d'achat"

Mardi 2 septembre

La « défense du pouvoir d’achat » vient de prendre pied dans les médias, dans un mouvement unanime, du Figaro au Parisien en passant par les grands journaux régionaux, la télévision et France-Inter. C’est le sujet consensuel de la rentrée : « à bas la vie chère ! ».

Quel que soient les qualités éventuelles ou la pugnacité des journalistes qui se lancent dans cette croisade plus ou moins inspirée, je pense notamment à France Inter, il ne faut pas oublier que l’opération « pouvoir d’achat » a été décidée en très haut lieu et est orchestré par l’inénarrable secrétaire d’Etat Luc Châtel qui parcourt les provinces de France en débitant des banalités sur la Consommation (1) qui fait partie de son portefeuille ministériel, banalités qui sont rapportés jour après jour par les télévisions régionales.

Il s’agit, résumons simplement, d’une part d’ancrer dans l’esprit du public, que pour améliorer le pouvoir d’achat il suffit d’avoir recours à des trucs et des astuces de consommateurs (radins...) et d’autre part de faire semblant de pointer du doigt la grande distribution qui vient de recevoir un royal cadeau lui permettant d’installer plus facilement ses grandes surfaces. Lesquelles vont désormais écouler encore mieux leurs produits sous des enseignes « au rabais » où elles vendent les mêmes choses qu’ailleurs ou juste un peu plus dégueulasses. Cette offensive permet de faire oublier que les salaires ne progressent pas, au contraire de la précarité, et que les taxes nouvelles s’accumulent au moment où le ministère des Finances a décidé (cela est visible sur les feuilles d’impôts) de bricoler les barèmes d’impôt et de faire passer à la trappe la plupart des dons aux associations et les dépenses de bénévolat. Les efforts de communications et de diversion de monsieur Châtel sont exceptionnellement importants (budget de com et de déplacements extraordinaire) ; et outre qu’ils détournent de l’essentiel ils incitent les consommateurs à acheter les produits de (plus) mauvaise qualité (notamment pour la santé) et provoquant beaucoup plus de dégâts sur l’environnement, ce qui rend service à la fois à la grande distribution et aux producteurs de bouffe industrielle. On oublie le Grenelle de l’environnement pour un faux Grenelle du pouvoir d’achat.

L’escroquerie repose sur une réalité : personne, sauf les spécialistes (et encore ils ont du mal), n’est en mesure de passer d’un magasin (hard ou pas hard) à l’autre pour comparer les prix, les compositions, le poids et l’empreinte écologique. Donc il suffit de faire croire par une campagne de presse que les magasins « à bon marché » vendent moins cher en omettant d’insister qu’ils font partie des mêmes sociétés de distribution que les « autres ». Il s’agit donc de brouiller les pistes de l’augmentation des prix et des profits et l’escroc Michel-Edouard Leclerc, l’autoproclamé « pourfendeur de la vie chère » est comme d’habitude envoyé en première ligne pour entretenir sa fausse aura de mécène du consommateur.

A qui pourrait croire que les magasins « bon marché » sont différents des autres voici deux petits exemples péchés chez Ed : dans les yaourts Dia « aux fruits », le prix des 12 grammes de fruits (avec arome naturel qui sont en fait des copeaux de bois) est à 13, 30 euros le kilo ; dans les yaourts Danone Taillefine « aux fruits », la « trace » de pamplemousse revient à 19,5 euros au client. Avec une dernière remarque qui concerne la responsabilité du consommateur qui n’est pas innocent : pourquoi acheter de la scarole « Saint Eloi » épluchée et sous vide à 6,50 le kilo alors que la même scarole est vendue non emballée à 1 euro le kilo.

D’autre part, je rappelle que la gestion informatisées des flux d’achat avec les cartes de fidélité explique en grande partie les différences de prix entre magasins d’une même chaîne pour un produit identique lors des récentes enquêtes sur le pouvoir d’achat et les augmentations. En effet, ce n’est qu’un aspect de la question, le croisement des courbes des achats et des profils sociaux économiques de la partie répertoriée des clients (100 000 cartes de fidélité en France), permet de déterminer les seuils de prix (ou de qualité, également) « acceptables » et n’entraînant pas ou peu de baisse de vente. Ceci magasin par magasin, chacun étudiant les variations de l’acte d’achat en fonction d’une augmentation. Ces prix sont donc, grâce à ce système, de plus en plus fixés non pas en fonction du coût d’achat aux producteurs mais par observation de ce « seuil d’acceptabilité » déterminé jour après jour par l’informatique et analysé par des sociologues. Certains prix, puisque toutes les données peuvent être croisées, peuvent également être modulés en fonction de la partie du magasin où ils sont offerts.

(1) Genre : « Les Français ne dépensent pas moins, ils font simplement de nouveaux arbitrages dans leurs achats ». Celle là, il la répète partout sans rire, y compris pour « expliquer » que les gens en vacances ont été moins au restaurant

mercredi 27 août 2008

Des centaines de millions d'euros gaspillés pour "sauver" le Mont Saint Michel

Mercredi 27 août

Le Bretagne (une partie) et la Normandie (une partie) s’esbaudissent et se réjouissent parce que la pièce maîtresse du barrage qui va garder un peu d’eau dans la Baie du Mont Saint-Michel vient d’être mis en place. Donc, dans quelques années il y aura de l’eau autour d’un lieu qui n’est qu’une gigantesque boutique de souvenirs, de bondieuseries, de bouffe et de pacotilles diverses. Ce qui me chagrine, c’est qu’au nom de l’écologie toute l’opération de désensablement coûtera largement plus de 200 millions d’euros. Ce qui signifie que les contribuables locaux, régionaux et nationaux versent leur obole, par l’intermédiaire des impôts, pour que les commerçants puissent préserver leur fabuleux gagne pain. Lutter (pour combien de temps) contre le sable, ce n’est pas de l’écologie, pas de la lutte environnementale, pas de la préservation de la nature. Juste une lutte impossible, au nom du pire des tourisme, contre une logique naturelle de l’évolution des milieux. Et l’on peut imaginer tout ce qu’il serait possible de faire d’utile avec une somme qui représente plus que ce que le ministère de l’Ecologie consacre chaque année aux réserves naturelles et aux parcs nationaux.

jeudi 21 août 2008

Afghanistan: il y a moins d'accidents de travail mortels dans l'armée que dans le batiment

21 août

J’ai longtemps hésité avant d’écrire ce qui suit, car ce n’est pas politiquement correct.

Je compatis à la mort des soldats français en Afghanistan. Pour eux et surtout pour leurs familles, leurs enfants. Mais...

Ces militaires sont tous des engagés volontaires bien payés, avec primes pour séjour à l’étranger et sur un champ de bataille. L’armée n’est pas un terrain de sport. S’engager dans une unité militaire, surtout dans les régiments envoyés en Afghanistan (et un jour en Irak, n’en doutons pas) implique qu’un jour ou l’autre on tue ou on est tué. Les militaires (français ou autres) présents en Afghanistan ne constituent pas (comme au Liban, comme au Kosovo, comme en Bosnie, comme au Timor, etc.) une force de paix des Nations Unies, mais des unités combattantes. Donc ils mènent des batailles, donc ceux qui ont été tués dans une embuscade il y a quelques jours, ont été victimes d’un accident du travail. Nul n’a organisé une émotion et des obsèques nationales pour les 158 ouvriers du bâtiment qui sont morts (dernier chiffre connu) sur leurs lieux de travail en 2006, ni pour les 379 autres travailleurs, essentiellement des hommes, tués dans un accident du travail. Aucun de ceux là n’a pas reçu la légion d’honneur.

D’autre part l’on s’émeut moins, pour ne pas dire pas du tout, pour les milliers de civils afghans (femmes et enfants compris) qui ont été tués « par erreur » depuis 2001 lors des bombardements, aériens ou au canon, des unités occidentales (pas seulement américaines) destinés à débusquer les Talibans. Combien de civils auront été tués au cours de la chasse aux mythiques Ben Laden et Mollah Omar ?

Ensuite, la présence des Occidentaux en Afghanistan serait plus « efficace » si les sommes consacrées à la guerre n’étaient pas très largement supérieures aux sommes « attribuées » (je n’écris pas dépensées...) pour la reconstruction et de développement économique du pays. Chaque jour les forces américaines dépensent 100 millions de dollars. D’autre part, depuis deux ans, les activités « humanitaires » des militaires ont été fusionnées avec leurs activités de lutte contre les Talibans. Pas de quoi attirer les sympathies de la population.

Enfin, sur ce terrain que je connais bien, l’environnement (rares forêts qui restent, par exemple, ressources en eau, déchets) est négligé et détruit. Kaboul, comme d’autres villes, est de plus en plus polluée par les plastiques et les rejets chimiques dans les eaux et l’atmosphère. Quand aux terres qui avaient été préservées pendant des siècles, elles sont désormais gagnées par l’érosion, particulièrement éolienne. Notamment dans les régions où des ONG irresponsables (il y en a des milliers !) ont foré des puits qui ont asséché les systèmes d’irrigation traditionnels (canaux enterrés pour éviter l’évaporation) qui avaient permis aux Afghans de mettre en valeur les terres dans un climat difficile. Ceci dans la plus grande indifférence des Occidentaux (civils comme militaires) et de la majeure partie des responsables afghans minés par une extraordinaire corruption.

Enfin encore, il faut rappeler que faute de remise en valeur agricole du pays avec des semences adaptées (remplacées par celles du PAM et par des OGM) la surface des terres vouées à la culture du pavot n’a jamais été aussi vaste dans toute l’histoire du pays: du temps de la Royauté au temps des Talibans en passant par la présence soviétique...

Nota Bene daté du 23 août: 76 civils, essentiellement des femmes et des enfants afghans, tués vendredi dans l'ouest du pays par une erreur d'un bombardement américain et anglais effectué comme d'habitude (pour limiter les risques) d'une haute altitude. Certains politiques ont fait part de "leurs vifs regrets", les présidents français et américains n'ont rien dit et Nicolas Sarkozy n'a pas annoncé qu'il irait sur place...

mercredi 13 août 2008

De l'Ossétie du Sud au Kosovo: une même tactique

Pristina, le 13 août

Les responsables kosovars suivent avec inquiétude ce qui se passe à Tbilissi car ils y voient comme préfiguration de l’indifférence qui pourrait régner en Europe si, avec l’appui des Russes qui n’ont pas reconnu leur indépendance, les Serbes décidaient de revenir en force dans un pays qui se débat dans d’extraordinaires difficultés économiques, n’agitant qu’une indépendance de façade exclusivement financée par l’Europe. Hier, les Serbes de l’enclave où ils sont retranchés au nord de Mitrovica, ne cachaient pas leurs espoirs : « les Russes vont nous aider discrètement à libérer une partie du Kosovo, nos compatriotes chassés pourront revenir et l’Europe n’osera rien dire pour ne pas perdre son accès au gaz et au pétrole. Ils aideront la Serbie à organiser une véritable partition du pays ». Dans les monastères de Pec, de Decan ou de Graçanice prés de Pristina, véritable « réserves » religieuses orthodoxes protégés par des blindés et des soldats de toutes nationalités, les moines, les popes et les Serbes en visite affichent depuis deux jours les mêmes espoirs sur « une Russie qui retrouve sa force et son éclat et dont nous allons profiter et qui n’a plus peur des Américains ». Dans les rues de la moitié serbe de Mitrovica, de nouvelles affiches à la gloire de Poutine ont été apposées sur les murs.

Depuis plusieurs semaines, comme ils ont été détruits par les Serbes, les postes de douane installés par les Nations Unis dans le nord du Kosovo ne contrôlent plus les routes en provenance de Serbie. Toutes les marchandises, ce qui est un moindre mal, mais aussi des armes peuvent arriver librement dans la grande enclave serbe. Comme contrôle il ne reste que deux voitures de douanes de l’administration de l’ONU, l’Unimik, postées à 60 kilomètres de la frontière, juste à l’entrée de la partie Kosovare de Mitrovica. Ce qui autorise tous les camions à pénétrer dans la zone serbe par de nombreuses routes secondaires où nul ne vérifie plus les chargements de camions et de voitures.

Les Serbes veulent voir comme une preuve qu’ils ont le vent en poupe, l’annulation de la visite de Bernard Kouchner mercredi ou jeudi prochain. Le ministre des Affaires étrangères devrait se contenter, aprés Moscou, d’une escale à Belgrade, l’étape de Pristina paraissant définitivement annulée. Même si les deux pays n’ont, en importance stratégique et en superficie, aucune commune mesure, le Kosovo, dont les Russes n’ont pas reconnu l’indépendance proclamée le 17 février dernier s’est invité à la table des discussions sur la Géorgie ; la Russie n’accepte pas cette modification des frontières des Balkans, surtout depuis que ses responsables savent que les Etats Unis veulent y faire passer un oléoduc et un gazoduc.

samedi 9 août 2008

La Chine "bouffe" la planète avec les USA et les kosovars meurent de pollution

9 août


A Pristina, la capitale du Kosovo écrasée chaque soir par une impressionnante pollution atmosphérique, vient de me parvenir le rapport de Global Footprint Network et du WWF Chine sur l’empreinte écologique de la Chine. Quelques éléments d’un long texte, juste pour réfléchir, pas pour juger.

L’empreinte écologique de la Chine a été multipliée par 4 au cours des 20 dernières années. Si la Chine, comme cela apparaît actuellement, suivait le modèle de développement des Etats-Unis, elle absorberait dans 20 ans la totalité de la biocapacité de la planète. Ce qui semble impossible alors que, pour l’instant, aucune inflexion du pays vers le « développement durable » ou les technologies moins destructrices n'est discernable. Ce qui s’est passé depuis la préparation des Jeux Olympiques le montre.

La Chine importe actuellement 2 fois son potentiel de biocapacité intérieure ;

Pourtant chaque Chinois n’a pour l’instant qu’une empreinte écologique de 1,6 hectares, contre 2,2 pour la moyenne de tous les pays du monde et 9,6 pour les Etats Unis qui restent les champions toute catégorie. Ils restent, sur le point d’être rattrapés par les chinois, les plus grands pollueurs de la planète. Sujet sur lequel les deux candidats à l’élection présidentielle restent muets...

Au fait, si la ville de Pristina (500 000 des 2 millions de Kosovars) est si polluée c’est qu’elle est alimentée en électricité par une centrale toute proche et fonctionnant avec de la lignite (mauvais charbon plein de souffre), que la plupart des voitures qui circulent sont anciennes ou mal réglées et avec une essence de mauvaise qualité et que, plusieurs fois par jour, la fourniture de courant électrique est longuement arrêtée, ce qui entraîne la mise en route de dizaines de milliers de groupes électrogènes encore plus polluant que la centrale. Le nombre des cancers et des maladies pulmonaires explose...

Vue de la route, laissé à l’abandon malgré les affirmations de la fameuse « communauté internationale », le Kosovo ressemble à une gigantesque poubelle jonché de plastiques y compris dans ce qui était de superbes rivières.

Ce qui n’empêchait pas, hier, des jeunes de se passionner pour un festival des films documentaires à Prizren dans le sud du pays.

Autre détail sur le « miracle » de l’indépendance du Kosovo : la salaire moyen y est de 200 euros et il y a ici 60 % de chomeurs.

mercredi 6 août 2008

Réac, antisémite, nationaliste borné, Soljenitsyne n'est plus un héros depuis longtemps

6 août


Nous venons de voir défiler des odes dithyrambiques à Soljenitsyne. Il en est ainsi des disparus qui ont été transmutés en symbole par le temps, l’histoire et les luttes idéologiques. Les laudateurs habitués de la brosse à reluire, seule geste littéraire politiquement correcte après un décès et avant le jugement de l’Histoire, oublient que si Alexandre Soljenitsyne fut le très grand écrivain de ses souffrances et des souffrances de son pays sous le stalinisme, il fut par la suite un historien médiocre. Il a souvent raconté et écrit n’importe quoi sur la terrible histoire de son pays sous Staline, passant sous silence que, bien que toujours dictatorial, le pays avait ensuite changé. A partir d’Août 14, il devint un historien peu crédible de l’URSS, oubliant par exemple la transformation économique et industrielle et le déferlement d’une culture qui même si elle était à sens unique a profité à tous les Soviétiques. Le « grand écrivain » ne travaillait que sur des sources de seconde main et ré-écrivait l’histoire, rejoignant ainsi une grande tradition russe reprise par le pouvoir soviétique et par Poutine. Soljenitsyne était de plus en plus difficile à lire, ayant progressivement perdu ses talents d’écrivain peut-être parce que ce talent ne tenait qu’à l’horreur politique et humaine qu’il avait subie. En fait, il a construit sa réputation sur ses premiers livres et sur son statut (ou sa statue) de « vainqueur » de l’Union soviétique. Il aussi peu vaincu l’URSS que Jean-Paul II. On oublie en France, dans la rage d’enterrer une période de l’histoire pour laquelle je n’ai aucune nostalgie, n’ayant jamais appartenu au parti communiste ni été proche de lui, que celui qui terrassa l’URSS s’appelle Mikhaïl Gorbatchev et qu’il le fit sans que le sang soit versé. Ce qui signifie que le système qui a « produit » Soljenitsyne, a aussi « produit » l’homme politique qui fut son liquidateur conscient et organisé. Avec l’aide d’Andreï Sakharov qui lui eut à la fois le courage de s’opposer et de rester. Et dont je me souviens qu’avant sa mort, un jour, devant le Soviet suprême où il siégeait comme parlementaire après son retour, il me confia qu’il fallait autant se méfier de Soljenitsyne que de Boris Eltsine. L’académicien qui avait été rendu à la vie politique et intellectuelle par Gorbatchev les tenait, chacun dans leur spécialité, pour des faussaires ; c’est le mot qu’il employa ce jour là alors que nous nous promenions entre les églises du Kremlin.

Il parait qu’il ne faut pas dire ou écrire que Soljenitsyne fut anti-sémite, réactionnaire et nationaliste et tout juste concéder du bout des lèvres qu’il ne s’agirait que d’une dérive de sa fin de vie. Non, au temps, au début des années 70, au temps où je lui apportais clandestinement à Moscou ses livres publiées en France sur du papier bible par les Editeurs réunis, au temps où je rapportais en France quelques uns de ses discours et interventions (notamment son éloge funèbre du rédacteur en chef de la Literaturnaya Gazeta) avant de les publier dans Politique-Hebdo, il était déjà profondément réac. Cela se lisait dans ses textes qui ne circulaient même pas encore sous le manteau et qu’il n’était possible de se procurer qu’en rusant avec le KGB qui me suivait partout. Du temps, le même, où il était hébergé par Rostropovitch à Barvikha dans la banlieue chic de Moscou, Soljenitsyne était déjà également anti-juif et nationaliste. Et aussi déjà désagréable, ce qui fut le moindre de ses défauts. Mais de cela, moi le premier, on ne parlait guère pour ne pas ternir la réputation d’un opposant emblématique au régime présidé alors par Brejnev.

Alexandre Soljenitsyne, qui se persuada finalement, avec l’aide des médias, qu’il était le prophète russe du XX éme siécle, commit un jour l’erreur de vouloir le vérifier en entreprenant en 1994 un surprenant retour en Russie par le train qui traversait la Sibérie. Un périple qui lui signala durement qu’il n’était pas le prophète qu’il imaginait : les foules n’étaient pas au rendez vous dans les gares du transsibérien et son caractère acariâtre s’en aggrava, il avait été profondément blessé par cette indifférence qui n’était ni de l’oubli ni de l’ignorance, mais de la méfiance. Car tous ses livres interdits avaient été publiés les uns après les autres sous le règne de Mikhaïl Gorbatchev auquel il n’apporta jamais le moindre appui, préférant revenir au pays sous Boris Eltsine plutôt que du temps de la perestroïka, au moment où son geste aurait été apprécié des Russes. Dans cette logique, de sa retraite moscovite, il apporta souvent son soutien à Vladimir Poutine tout en dénonçant la corruption de la société. Prise de position parfaitement compréhensible: dans ce président dont le coup d’Etat déposa Eltsine dans la tradition des fratricides luttes tsaristes, il avait trouvé ce dont il rêvait à voix haute : un nouveau tsar ; alors que Gorbatchev surgit par surprise et à une voix de majorité d’un bureau politique qui ne se méfia pas, fut l’homme qui misa sur la démocratie qui déplaisant tant à l’écrivain confit dans la religion orthodoxe.

jeudi 31 juillet 2008

Jeux Olympiques: les censures chinoises à venir sont pires

31 juillet

Il y a longtemps, confidence recueillie auprès de l’un de ses membres, que le Comité Olympique International SAIT que la presse sera censurée dans ses accès internet au cours des jeux. Cela faisait partie des accords secrets passés avec les Chinois, l’idée étant que, rendues publiques à quelques jours des Jeux, ces dispositions n’entraîneraient que des protestations trop tardives (plus l’étonnement hypocrite de monsieur Sérandour, président du Comité Olympique français expliquant hier qu’il était « surpris »). Le plus intéressant reste à venir. D’abord, « pour des raisons de sécurité », les déplacements des journalistes (ils vont s'en apercevoir) hors de Pékin seront limités, voire interdits pour une raison bien simple, expliqueront les Chinois : « les journalistes sont venus pour couvrir les Jeux, pas pour faire des reportages sur la province ». Ensuite, faute de pouvoir censurer en direct les articles au moment de leur envoi, les autorités chinoises, en s’appuyant sur la Charte Olympique, retireront immédiatement leurs accréditations aux journalistes qui traiteront, et de façon critique, d’autre chose que les événements sportifs.

Lorsque j’ai couvert les Jeux Olympiques de Moscou en 1980, Jeux boycottés par 63 pays, j’ai pu me déplacer librement hors de Moscou et, comme le sport ne m’intéressait pas et n’intéressait pas mon journal (le Canard Enchaîné) j’ai pu effectuer des reportages n’ayant rien à voir avec le sport, rencontrer des dissidents, écrire sur les libertés bafouées et envoyer mes articles depuis Moscou. Sorj Chalandon, à l’époque de Libération, en fait autant. Et dans Moscou, la présence policière était discrète.

Cette année, malgré tout ce qui s’accumule, personne (aucun gouvernement) ne boycotte et les protestations sont inaudibles, ce qui permettra aux affaires de reprendre tranquillement en septembre.

mardi 29 juillet 2008

Maison à 15 euros par jour: escroquerie écologique et sociale

29 juillet

Voyons, du point de vue de l’écologie, à quoi ressemble la maison à 15 euros par jour promise pour la quatrième fois hier depuis le début de l’année (j’ai consulté les dépêches de l’Agence France Presse) par Christine Boutin qui nous en reparlera au moins encore trois fois avant la fin de l’année.

- D’abord, elle ressemble comme une soeur à la célèbre maison Borloo à 100 000 euros (officiellement....) qui devait être construite à 30 000 ou 40 000 exemplaires par an et qui n’existe heureusement qu’à 550 exemplaires en comptant large.

- "Heureusement", pourquoi ?Parce que le cahier des charges théorique de la construction de cette maison prévoit une « économie de 10 % » de la consommation électrique par rapport aux "autres maisons ». Non seulement c’est bien vague, non seulement c’est dérisoire par rapport aux objectifs du plan climat mais cela rappelle discrètement que ces maisons (comme les défuntes « Borloo ») seront chauffées et approvisionnées en eau chaude à l’électricité. Sans le moindre recours au solaire, par exemple. De plus, il ne s’agit pas d'une maison HQE (déjà une spécificité bien aléatoire) et les murs de ces maisons (comme les Borloo) seront de véritables passoires énergétiques.

- Donc ces maisons destinés à des gens qui n’ont pas ou pas beaucoup de moyens (les plafonds excluent d’ailleurs les gens au SMIC) vont coûter 15 euros par jour mais leurs habitants se retrouveront avec des notes électriques pharamineuses qui seront en général, au moins l’hiver, de même niveau. Au moindre pépin, au moins « accident de la vie » comme on dit au gouvernement, les « propriétaires » se retrouveront dans la même situation que les propriétaires américains victimes des "subprimes" : payer les emprunts ou avoir froid. Dans de nombreux HLM, les charges de chauffage tout électrique, dépassent les loyers...

- Parce les terrains coûtent de plus en plus cher (d’ailleurs l’agglomération parisienne et la Côte d’Azur sont pratiquement exclues du système), ces maisons seront installés le plus loin possible des centres ville avec obligation d’aller au travail en voiture(s). Seconde aberration écologique et sociale.

- Sans tenir compte des avis et des sentiments des salariés, le gouvernement et les entreprises, prônent la mobilité : il faut savoir déménager, parait-il. Comment feront ces familles qui, au minimum, pour la maison (18-25 ans) puis ensuite pour le terrain (10-15 ans) seront endettés pour 35 à 40 ans pour une construction dont on peut d’ailleurs se demander si elle tiendra tout ce temps avant de commencer à s’autodétruire alors que, tous emprunts confondus, pour un couple avec deux enfants, une fois déduit l’aide au logement, elle aura coûté aux environs de 180 000 euros. C’est la seule différence notable avec la « maison Borloo » promise à 100 000 euros.

Petite précision : la maison écologique (un seul poêle à bois, isolation liége, toilettes sèches, isolation du sol, etc.) de José Bové n’a coûté que 115 000 euros. Preuve qu’il est possible de limiter les dépenses énergétiques à venir pour une somme raisonnable qui est en fait le coût réel de la maison Borloo. Mais cette maison est en bois et ni les architectes, ni les inspecteurs du paysage, ni les service sociaux, ni les maires n’aiment le bois. On les comprend : cela ne fait pas travailler le BTP et les marchands de béton et, en général, le bois se récolte dans la région de construction, sans grande dépense énergétique de transport.

vendredi 25 juillet 2008

Existe-il une différence entre un poulet de batterie et un militaire...

25 juillet


A priori, il n’y a guère de points communs entre les poulets de batterie produits pour monsieur Doux ( Doux, Père Dodu, Alsabia, Frangosul, Lebon, 14 500 personnes dans le monde) par des agriculteurs partout transformés en OS de la terre et les soldats de l’armée priés d’aller chercher du travail ailleurs et de quitter des régions qui pratiquent depuis des années la culture hors-sol du militaire. Pourtant...

Les uns et les autres ne servent pas à grand chose, sinon à faire du profit. Pour le groupe Doux et pour les marchands d’armes. Et pour les militaires, les commerçants. Il suffit de lire les journaux, d’écouter la radio et de regarder la télévision pour constater qu’en général, seuls les commerçants se plaignent du départ des troufions vers d’autres cieux ; avec, bien sur, les maires et les députés qui sont élus grâce à ces commerçants et à ces militaires.

Quant aux poulets, qu’ils soient produits en France (de moins en moins) ou, par exemple, au Brésil, ils représentent ce qu’il y a de pire en matière de bouffe en raison des produits chimiques dont ils sont abreuvés pour ne pas mourir avant le 42 éme jour qui est celui de leur abattage. Ce sont ces poulets (congelés) que l’on retrouve en Afrique et ailleurs sur les marchés où ils font disparaître la production locale. Je ne suis pas insensible au drame des gens qui perdent leur boulot parce que Monsieur Doux veut améliorer sa marge de profit, mais comme toujours il faut se poser la question de la fonction sociale des emplois que l’on voudrait absolument pérenniser, qu’il s’agisse des « agriculteurs » qui ne font qu’engraisser les poussins qui leur sont apportés ou des salaires scandaleusement bas que verse la multinationale du poulet. Ce qui me rappelle les protestions syndicales contre les réductions d’emploi dans l’industrie de l’armement: au nom de l'emploi, peut-on faire ou produire n'importe quoi ?

Quand aux militaires dont la nouvelle organisation nous est « vendue » au nom de la lutte contre le terrorisme, je n’ai a priori aucune raison de me désoler que la France commence à les entasser comme des poulets de batterie.

Quand aux arguments entendus sur « l’aménagement du territoire », je voudrais que l’on soit plus attentif lorsqu’il s’agit de construire de nouvelles autoroutes dont je croyais que le Grenelle de l’environnement avait décidé le moratoire....

mardi 15 juillet 2008

désastre écologique au Darfour

15 juillet

L’annonce de l’inculpation du président du Soudan pour « génocide » ou « crimes contre l’humanité », outre qu’elle risque de rester sans effet pratique, masque une autre réalité que j’ai pu constater sur place : la guerre des « cavaliers », arabes et plutôt proches des éleveurs contre des paysans africains noirs du Darfour a pour terrible conséquence la destruction de l’environnement et de la nature dans une zone immense (prés de 800 000 Kms 2) déjà touchée par le changement climatique. L’éradication des villages, la destruction des cultures entraîne une accélération de l’érosion et facilité la progression du désert. D’autant plus que, symboliquement, les « cavaliers » coupent systématiquement les arbres qui marquent le paysage et les villages. Les arbres ont, depuis des milliers d’années deux fonctions : abriter les maisons et une partie des cultures et servir de repères dans la géographie de ces régions. Au points que certains d’entre eux, en raison de leur taille et de leur ancienneté, figuraient sur les cartes topographiques des Anglais qui ont longtemps colonisé et contrôlé le Soudan.

Tandis que les agriculteurs se réfugient dans les villes ou dans les camps plus ou moins bien alimentés et gérés par les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires comme Médecin du Monde, les immenses zones rurales abandonnées ou livrées à des troupeaux de plus en plus importants se dégradent rapidement. Au point que les nappes phréatiques baissent et que nombre de puits s’assèchent et que la faune et la flore déclinent rapidement. Les micro-climats entretenus par les arbres et les cultures disparaissent. Une partie du Darfour est en voie de désertification, un phénomène qu’aucune force internationale de l’ONU ou des Etats africains ne pourra enrayer. De l’autre côté de la frontière, au Tchad, là où sont installés plus de 200 000 réfugiés, on constate le même phénomène : pour faire leur cuisine, les familles venues du Darfour sont contraintes de couper du bois et des buissons dans la savane arbustive. Ce qui accélère d’autant plus une autre désertification que, pour alimenter en eau les camps, les ONG et les Nations Unies ont du creuser des puits profonds : la consommation d’eau a pour effet de faire baisser les nappes souterraines de la région, ce qui prive d’eau les oueds et les arbres qui les bordent.

Reste ensuite à savoir si, la guerre intermittente qui se déroule depuis quelques années au Darfour, peut-être qualifiée de « génocide ». Pour ma part, si je me réfère au Rwanda, autre expérience vécue il y a quelques années, j’ai tendance à répondre par la négative. Il faut faire attention à l’utilisation de ce mot. Et se demander, notamment, pourquoi il est systématiquement d’abord utilisé aux Etats Unis...

Il ne s’agit pas de nier le nombre des morts et des réfugiés, intérieurs et extérieurs, mais de se demander qu’elle est, dans toute cette région l’importance du mot pétrole....

Dans mon cours « Guerres et environnement » du prochain semestre du département de géographie à l’Université de Paris 8 je reviendrais longuement sur cet aspect des choses et sur le fait que les guerres intérieures interviennent majoritairement dans des régions riches en pétrole...

vendredi 4 juillet 2008

Les contes à dormir debout de la libération d'Ingrid Betancourt

4 juillet

Que tous ceux qui ont des doutes sur le scénario hollywoodien de la libération d'Ingrid Betancourt qui n'est qu'une banale reddition transformée en opération militaire, se rendent sur le journal internet Mediapart d'Edwy Plenel, ils y trouveront mes informations puisées aux meilleures sources sur la façon dont les choses se sont préparées depuis plus de trois mois et comment le second des Farcs a été assassiné par un missile américain en mars dernier.
Ce qui n'enlève rien bien sur au courage et au talent d'Ingrid Betancourt, même si les médias sont en train d'en faire une sainte.
Et il ne faut pas oublier enfin, qu'avec le financement du Sénat américains, des avions continuent à arroser la Colombie avec du Round-up, pour éliminer les plants de coca et pour déforester les endroits où se réfugient les Farcs.

(www.mediapart.fr)