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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 30 novembre 2006

SARKOZY ET L'ENVIRONNEMENT...ZERO

30 novembre


En deux heures et demie (trés largement) de présentation de sa candidature sur France 2, Nicolas Sarkozy a réussi le prodige de ne pas prononcer une seule fois le mot environnement, même dans sa déclaration liminaire. Il a simplement dit, au détour d'une phrase: "heureusement que la France est devenue leader du nucléaire dans le monde". Mais, aprés tout, pour une enquête parue le matin dans Le Parisien, les 812 sondés par téléphone avaient expliqué que l'environnement venait en septième position (11%) dans les thémes à défendre en priorité par le candidat Sarkozy. Alors, la France saisie par le "désir d'environnement", cela ne serait pas vrai ? C'est sans doute ce que pense Arlette Chabot, la journaliste de service.

cmv

TOUS VERTS...OU PRESQUE...

29 novembre

Jean-Marie Le Pen est le seul candidat potentiel, ou possible, à l’élection présidentiel à ne pas avoir encore fait semblant de faire l’écolo. Cette erreur ne doit être qu’un simple distraction due à l’âge et à sa peur des Rouges. On ne reviendra pas sur le cas du toujours vert président de la République qui, même sans l’aide de Nicolas Hulot, continue sur sa lancée, comme un disque rayée que nul n’a songé à arrêter, et continue à nous promettre des lendemains écologiques : entre pétrôle vert pour ses amis gros agriculteurs et centrales nucléaires en vente libre dans une Chine que chacun aide à retarder le moment où elle pourrait être submergée par la démocratie.
Villepin (de) a lui aussi fait réchauffer quelques vieilles soupes vertes avec une taxe sur la charbon ( ?) et des promesses de taxations écologiques qui n’engagent que les patrons d’entreprises qui ont fait semblant de le croire en faisant mine d’avoir peur. Ce qui ne peut excuser Laurent Fabius de se croire écolo depuis qu’il nous a raconté dans un livre qu’il mange de temps à autre des carottes rapées et depuis qu’il s’est fait prendre en photo avec José Bové. Histoire de nous faire oublier, sans doute, qu’il a autrefois mené la vie dure à Huguette Bouchardeau quand elle fut ministre de l’Environnement et lui Premier ministre, il y a une vingtaine d’années. Mais, bon, oublions puisque les militants socialistes l’ont renvoyé à sa campagne normande. D’ici à la prochaine présidentielle, il aura le temps de se remettre au vert. Je ne cite que pour mémoire Dominique Strauss-Kahn qui, de temps à autre, pendant sa campagne rose, a prononcé le mot environnement comme on profère un gros mot. Il ne faut évidemment pas oublier les allusions environnementales (pour lui c’est le mot écologie qui reste un gros mot), du Béarnais du milieu, l’ami de Lassale qui pourfend l’ours, le célèbre Bayrou (prononcer Baïrou pour ne pas le rendre vert de rage) en équilibre instable sur une branche entre la gauche et la droite ; qu’il dit… Il semble penser que faire de l’environnement lui permettra d’escalader les sondages. Un ami de plus pour Hulot qui n'en a jamais eu tant...
Nous nous retrouvons donc dans la même situation qu’à la fin des années 80, quand les Verts de nuances diverses ayant engrangé des voix, avaient réveillé provisoirement les « consciences vertes » des partis traditionnels. Tous les politiques entendent des voix quand on leur parle d’écologie. Ce qui avait eu, pour effet de réveiller également les patrons de journaux découvrant, je m’en souviens, que les sujets nature et environnement pouvaient peut-être intéresser les lecteurs.
Reste nos deux héros, Ségo et Sarko. Pour le second, les mots et les phrases sont presque là. Tout au moins dans le discours, car dans le programme de son organisation, cela ressemble à un désert touché par le réchauffement climatique. Tout le monde a oublié que le ministre de l’intérieur qui veut nettoyer nos rues (ça c’est écolo, coco !), s’est prononcé contre toutes les taxes écologiques quand il était ministre de l’Economie et des Finances, taxes dont il a maintenant (re)découvert les vertus. Au moment où ses députés, comme çà, pour rire, pour se défouler, réduisent de moitié les faibles subventions de la loi de Finances destinées à l’ours des Pyrénées. Lui aussi se figure qu’il suffit de dire de dire bonjour à Nicolas Hulot pour attraper la main verte. Reste donc Ségolène Royal : chacun pourra se faire une opinion en étudiant ce quelle essaie de faire en Poitou-Charente. Après tout, elle fut ministre de l’environnement. Disons pour compléter, que pour proposer une société plus verte et moins destructrice, elle devra beaucoup tordre le programme de son parti: plus rose que vert. On verra, mais notons que, pour l’instant, à chaque fois qu’elle parle d’environnement et d’écologie, les journalistes politiques qui la suivent, oublient d’en rendre compte. Parait que « ça fait province, Poitou-Charentes ». Et puis les « petites phrases » sur l’environnement, c’est bien moins facile à caser que les éventuels ricanements assassins sur les « autres ».
Cela pourrait changer. Pour elle comme pour les autres car s’il y a de la voix à prendre, les promesses vont naturellement fleurir bien avant le printemps. Je m’attends à un véritable déferlement de bonnes résolutions qui vont s’étaler dans nos journaux. Comme dans les années 80, comme autrefois. Une verte campagne nous menace : pour imiter Nicolas Hulot, pour ramasser une brindille des 10% que lui promettent des sondages, tous les candidats vont tout nous repeindre en vert. Il y en a déjà plein mon courrier de journaliste. Tous indifférents à la contradiction entre les promesses de croissance et les promesses de moindres dégats pour la nature et l’environnement.
Je crains le pire : le temps du parler pour ne rien faire est de retour. Il sera difficile de tenter de séparer le bon grain de l’ivraie. Car ils vont nous promettre des autouroutes vertes, des usines vertes, des centrales nucléaires vertes, du maïs Géant vert et OGM, des paysans verts, des rivières vertes, de l’électricité verte, des tomates vertes et des fruits verts. Et des ministres verts, évidemment.
Quoi ? J’ai oublié Dominique Voynet ? Je promets de réparer cet oubli quand elle parlera aussi de nature, d’environnement et d’écologie. Tout comme pour Besancenot et Marie-Claude Buffet.


C.M.V.