Qui êtes-vous ?

Ma photo
Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

lundi 25 juin 2012

Conférences sur l'environnement: de Stockholm en 1972 à Rio en 2012

Le Sommet des peuples et de la société civile a ouvert ses stands et ses réunions le 15 juin alors que la conférence des ministres et des chefs d’Etat attendra le 20 pour se terminer au bout de trois jours, sauf si les dernières négociations qui commencent lundi se révèlent difficiles. Ces rencontres officieuses et officielles sont curieusement présentés par les associations et les Nations Unies sous l’appellation Rio + 20. Comme si la Conférence mondiale de Johannesburg de 2002 au cours de laquelle Jacques Chirac s’illustra avec sa célèbre phrase « La maison brûle et nous regardons ailleurs » moins guindée que la suivante en 1992 à Rio, n’avait jamais existé. Comme s’il fallait aussi oublier que tout a commencé en 1972 à Stockholm avec la premier Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement. Comme lors des réunions mondiales précédentes consacrées à l’état environnementale de la planète, les discours et les proposition faites à Rio vont donc illustrer, les fossés de plus en plus profonds qui se creusent entre les aspirations de la société civile, les revendications des Peuples Premiers, les égoïsmes des Etat et les convoitises des grandes entreprises rêvant de « marchandiser » la nature et les ressources naturelles Si il existe une différence essentielle entre la conférence de Stockholm et celle de Rio de Janeiro de cette année, elle réside d’abord dans la nature des rapports entre les participants officiels et la société civile. En 1972, la distance pour aller du centre de conférence des chefs d’Etat et les forums et rencontres des associations n’était que de quelques centaines de mètres à parcourir à pied, et nulle mesure policière ou sécuritaire ne séparait les uns des autres. En 2012, il faut prés d’une heure d’autobus pour aller de l’une à l’autre puis monter patte blanche et accréditations longuement vérifiées. Evolution qui en dit long sur l’altération de la qualité des échanges entre les politiques et ceux qui contestent leurs inactions. D’autant plus, autre caractéristique fondamentale de ce qui s’est passé à Stockholm, que les uns pouvaient aller s’exprimer chez les autres et réciproquement. Un ministre, voire un chef d’Etat ou de gouvernement, n’hésitant pas à venir affronter les contestataires et discuter pied à pied avec eux. Ce qui, par exemple donna un splendide dialogue entre Indira Gandhi, première ministre de l’Inde, et une salle parfois houleuse de militants. Au delà des décisions prises ou repoussées à plus tard, Stockholm fut donc une fête de la parole, un véritable festival de révélations et d’échanges sur l’état du monde, sur les pollutions, sur les destructions, sur la démographie, sur les famines, sur l’agriculture, sur la baisse déjà constatée de la biodiversité, sur le mauvais état des mers, sur la régression de la forêt amazonienne, sur le sous développement ou sur le (mauvais) sort trop souvent réservé aux Peuples Premiers. Toutes les questions qui motivent aujourd’hui la mouvance environnementalistes, y compris celle du réchauffement climatique étaient déjà posées. Et tous les jours, un quotidien associatif (il y en eu d’autres) financé par les Suédois sans aucune contrepartie ni censure, et sous-titré « L’environnement c’est de la politique », rendait compte des affrontements verbaux et idéologiques au sein de la société civile et entre les officiels. Peut-être, il ne faut pas écarter cette hypothèse, parce que le mouvement environnementaliste et écologique n’était pas encore professionnalisé, la conviction et la connaissance des dossiers tenant alors lieu d’une force de frappe que nombre d’apparatchiks de l’environnement n’ont peut être plus toujours. L’écologie politique restait balbutiante en France, ce qui peut expliquer que les associations françaises aient été si peu représentées dans une conférence largement dominé par les Anglo-Saxons et, aspect plus surprenant, par des militants et des délégations de ce que l’on appelait encore le tiers-monde. Le 14 juin, à l’issue d’une conférence qui ne dura pas trois jours comme en 2012 mais une dizaine, un cortége bariolé de milliers de jeunes a parcouru la ville. Sans escorte policière, même lorsque les premiers rangs, plutôt dénudés, parvinrent au pied des marches de la conférence officielle. Ils apportaient une résolution demandant « un moratoire arrêtant pendant dix ans le meurtre de tout être humain » et que « reconnaissent que l’Homo sapiens est une espèce en danger et proclament dans l’allégresse les Etats proclament un moratoire de dix ans à la chasse, au massacre et à l’empoisonnement de l’environnement des êtres humains ». Ils furent accueillis, sans présence policière par le patron » de la conférence, LE Canadien Maurice Strong qu’il il était entièrement d’accord avec le contenu de la résolution. Il faut évidemment, la part de la récupération dans cette étonnante rencontre mais quelles qu’aient été les arrière-pensées des uns et des autres, la scène illustrait parfaitement l’atmosphère d’une conférence qui vit les militants et la jeunesse faire pression sur les gouvernements et être sinon écoutés, au moins entendus. Pour le reste, malgré l’opposition, soulignée par les leaders du tiers- monde, entre les pays développés inquiets des destructions et pollutions et les pays du Sud en besoin de développement contre la misère, la Conférence adopta des mesures ou des résolutions qui seraient encore aujourd’hui considérées comme novatrices ou révolutionnaires. Qu’il s’agisse des ressources naturelles, des rejets toxiques, de la préservation de la flore et de la faune sauvage, de la pollution des mers, de la surpêche, des catastrophes naturelles, de la stabilité des prix agricoles et des matières premières, de l’action de organismes internationaux, de l’indemnisation des victimes de pollution ou de la fin de l’impérialisme des nantis. Tous ces points étant précisés et développés dans une déclaration en 25 articles dont la négociation dura plusieurs jours et plusieurs nuits car, on contraire de ce qui se passe désormais, elle n’avait pas été rédigée à l’avance par des technocrates internationaux. Une déclaration qui aboutit à la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement qui reste hélas valable. Un organisme dont Maurice Strong devint le directeur et qui me déclara notamment au cours de l’été 1974 au Kenya où s’installe le PNUE: « Le premier objectif est d’amener les pays à parler de ce problème qui gêne tout le monde. Il était important de regarder les situations en face, de rappeler qu’il était un peu trop facile –ce que font les grandes puissances dans ce domaine comme dans d’autres- de ne blâmer que les pays en voie de développement. Il y a des prises de position politiques officielles fort justifiées... et la réalité. La Chine en est un exemple. Seule une attitude réaliste dans ce domaine comme dans les autres, nous permettra de faire face aux questions posées par la dégradation de notre environnement, il ne faut pas se le cacher. Il ne s’agit plus de rêver de l’abondance mais d’organiser la survie, de lutter –sur tous les plans- pour empêcher des centaines de millions de gens de mourir. Sans oublier que ces menaces et les pollutions, avant d’être des agressions physiques, engendreront des tensions sociales et politiques insupportables ». Les écrits confidentiels et très pessimistes de Brice Lalonde, directeur exécutif des Nations Unies pour Rio + 20 montre que si la prise de conscience de l’opinion publique a progressé, celle des chefs d’Etat a beaucoup régressé...

Conférence de Rio: le rideau vient de tomber sur une trés mauvaise pièce

Rio de Janeiro le 24 juin 193 pays réunis pour ne rien dire Quelques heures après la clôture du sommet de la Terre, il faut rendre hommage aux chef des délégations qui ont pris la parole jeudi et vendredi en séance plénière dans une parfaite indifférence tandis que le public officiel clairsemé vaquait à ses occupations sans les écouter, tout en téléphonant ou en engloutissant des cafés et de (mauvais) sandwiches. La médaille du courage doit être décernée aux orateurs qui s’exprimaient encore dans la séance nocturne de jeudi devant quelques délégués présents pour une seule et unique raison : ils devaient encore attendre pour délivrer leur message national. Avant le « délégué inconnu » qui s’est exprimé en dernier vers minuit devant les seuls membres de sa délégation accablés d’ennui et de fatigue d’avoir fait un si long voyage inutile depuis leur île-Etat. Cette litanie des déclarations inutiles qui ne pouvaient plus changer le fade contenu de la déclaration finale de 60 pages adoptée sans enthousiasme après avoir été « fermé » depuis plusieurs jours à tout amendement par le gouvernement brésilien, résume parfaitement la tonalité d’une conférence qui n’a rien résolu des malheurs écologiques de la planète parce qu’il ne fallait braquer personne. Vendredi soir, de nombreux délégués avouaient leurs déceptions et leurs frustrations en traînant leurs valises à roulettes dans les couloirs du Rio Centro. En oubliant que beaucoup d’entre eux sont responsables, à des degrés divers et au nom de leurs pays, de l’échec d’une conférence dont l’enfer n’a été pavé que de quelques bonnes intentions dont il ne reste pas grand chose en dehors de la promesse...de continuer. Certes, l’économie verte a été remise in extremis à sa juste place, certes le Programme des Nations Unies pour l’Environnement sera renforcé (un jour...) ; et évidement, l’écrire ne coûte rien, le rapport final affirme vouloir lutter contre la pauvreté, pour l’eau et l’assainissement accessible à tout le monde ; bien sur la question sociale est évoquée et les objectifs de développement durables ont été précisés et...confiés à une groupe de travail. Mais le bilan des avancées ou des reculs par rapport à la première conférence de Rio de 1992 n’a pas été fait, parce qu’il pouvait fâcher. Notamment sur le question de la biodiversité passée à la trappe. Et les « financements innovants », donc les moyens financiers pour aider au développement et à la défense de l’environnement, sont remis à plus tard, à une autre conférence peut-être. La montagne onusienne a accouché d’une souris qui n’est même pas verte ; aboutissant à ce que la députée européenne des Verts, Sandrine Belier a appelé un « sommet de la déception ». Un sommet pendant lequel les négociateurs évidemment mandatés pour un service minimum se sont payés de mots comme, par exemple, dans le paragraphe dix du document final qui mérite le détour tant il exprime et symbolise la vacuité du texte adopté. « Nous reconnaissons que la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit,au niveau national et au niveau international, ainsi qu’un environnement favorable,sont des conditions sine qua non du développement durable, notamment d’une croissance économique durable et profitant à tous, du développement social, de la protection de l’environnement et de l’élimination de la faim et de la pauvreté. Nous réaffirmons que pour atteindre nos objectifs en matière de développement durable, nous devons nous donner, à tous les échelons, des institutions efficaces, transparentes, responsables et démocratiques. » L’expression « développement durable » le mot valise dont les délégués et diplomates usent et abusent autant que l’ont fait les négociateurs masque un triste déni de la réalité. Même si tous peinent malgré tout à en expliquer le sens et la portée. Cela n’empêche pas ce « mot miraculeux » de ponctuer la déclaration adoptée de façon incantatoire, comme un refrain que l’on reprend machinalement. Il apparaît à peu prés une dizaine de fois par page, accommodé à tous les sens et situations possibles ou imaginables. Une sorte de gimmick diplomatique masquant plus ou moins habilement les mots nature, pollution, biodiversité ou ressources naturelles. Car si la question climatique est rapidement abordée, elle l’est aussi sous le déguisement du développement durable et les négociateurs dont le travail aurait pu aboutir à faire l’économie du déplacement d’une cinquantaine de milliers de personnes, n’ont même pas réussi à donner un statut aux réfugiés climatiques qui, dans le fond, n’existent toujours pas pour la communauté internationale. Il faut être aveugle, sourd ou définitivement persuadé que les égoïsmes nationaux doivent triompher pour trouver un quelconque intérêt au texte adopté dans la résignation de nombreux pays et la jubilation de nations comme les Etats-Unis, le Canada, la Chine ou la Russie. Ces pays, en instrumentalisant les pays les plus pauvres, ont finalement obtenu que les questions environnementales, du climat à la préservation de la biodiversité au sens le plus large du terme, passent à la trappe. Ce qui ne peut que conforter les opinions publiques et le monde industriel dans la croyance rassurante qu’il n’y a pas vraiment péril et que le sauvetage collectif de la planète peut attendre. Le sommet de Rio marque une victoire de la diplomatie prudente et éloignée des réalités humaines et écologistes sur les environnementalistes. Le sommet de Rio + 20 n’est pas un échec puisque les nations occidentales, avec la complicité active du Brésil n’ont jamais essayé, ni probablement jamais eu l’intention, de réussir la quatrième conférence mondiale sur l’environnement organisée depuis le début des années 70. .

vendredi 8 juin 2012

Vendredi 8 juin LANCEMENT DE LA CONFERENCE DE RIO A LA VILLETTE François Hollande craint l’échec et Nicolas Hulot se dit lassé et pessimiste Pour lancer son débat sur les enjeux de la prochaine conférence sur l’environnent, le club Rio + 20, initié par le Comité 21, avait reçu vendredi matin dans la grande Halle de La Villette, un renfort de poids : François Hollande. Normal, il ne s’était pas encore vraiment exprimé sur l’écologie et sur les conférences qui se tiendront au Brésil à partir du 15 juin alors que la ministre de l’écologie reste étrangement muette. D’abord le sommet des peuples qui devrait réunir de nombreux acteurs de la société civile et ensuite du 20 au 23 la conférence des chefs d’Etat dont les « sherpas » peinent depuis des mois à établir un accord sur les décisions à prendre ; au point de désespérer Brice Lalonde, le directeur exécutif de l’ONU chargé de préparer la conférence. Ce qui n’a pas échappé au président de la République qui a commencé par expliquer que « les conditions de la réussite ne sont pas encore réunies ». Puis il a ajouté que le « Développement durable ne doit pas être seulement une protection mais surtout une croissante différente ». Avant d’énumérer, « au delà des enjeux économiques » les priorités de la France « la nécessité de s’attacher à l’éradication de la précarité énergétique, la prise en compte du réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité ». Après avoir expliqué qu’en France il fallait envisager «des tarifs progressifs de l’électricité lié à la consommation » et « une montée de puissance des énergies renouvelables qui devraient devenir un enjeu au niveau de l’Europe ». Pour François Hollande, dont le discours a été applaudi, les trois urgences environnementales qui seront appuyés par la France à Rio sont « l’accès de tous les pays aux énergies renouvelables, la sécurité alimentaire, un mécanisme freinant le rachat des terres dans les pays du Sud et un soutien marqué à l’économie verte et à une économie sociale et solidaire ». En rappelant que le PIB, indicateur aux variations de toute façon incertaines, ne devait pas rester le seul indicateur mais « qu’il fallait prendre en compte le qualité de l’environnement et la diminution de inégalités ». Le président a également souhaité, en France, une évolution de l’épargne réglementée vers le développement durable. Dans sa conclusion, il a souhaité la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement, évoquée depuis 20 ans, qui serait basée à Nairobi puis a prévenu : « Rio va être difficile, avec un risque de division et des paroles non suivies d’actes car la perspective de l’échec existe. D’autant plus que l’échec peut être aussi celui de la désinvolture, de l’ignorance et du refus de la réalité alors que tous les signaux d’alarme sont visibles ». Une intervention qui contrastait avec les discours béats qui ont précédé ou suivi son allocution, discours présentant Rio comme un nouveau départ et la continuation de la conférence de Rio en 1992, oubliant au passage que la prise de conscience date de la conférence mondiale de Stockholm en 1972, conférence au cours de laquelle tous les avertissement planétaires avaient été énoncés. Un ronronnement d’autosatisfaction qui fut cassé par l’intervention de Nicolas Hulot expliquant, heureusement très applaudi, qu’en 20 ans, depuis la première conférence de Rio, « on est passé de l’indifférence à l’impuissance. L’heure n’est plus aux constats mille fois faits, mais à l’action ». Pour lui « la prochaine conjonction entre la crise économique et la crise écologique sera très grave pour la planète et à Rio nous risquons de trahir nos enfants. Nous fonctionnons toujours à l’antique et nous risquons d’être prochainement, dans tous les domaines, contraints de gérer la pénurie. Il ne faut pas se contenter d’aménager à la marge et obtenir que l’OME souhaitée par certains ait la primauté sur les décisions du FMI et de l’OMC (...) Rio doit sonner le glas de la cupidité, la fin d’un monde qui spécule sur les ressources naturelles et sur la faillite des Etats ». Nicolas Hulot a conclu, en prenant à revers tous les optimistes présents et satisfaits d’eux-mêmes, qu’il était à la fois « lassé et sceptique ». Probablement parce que les discours d’autosatisfaction des acteurs du Club Rio + 20 annoncent le ton qui risque de dominer les débats officiels de la conférence brésilienne. D’ailleurs que ce club soit appuyé par Publicis est en soi une indication inquiétante. D’autant que cette agence de communication voisine avec de nombreux industriels A la société civile qui animera le Sommet des peuples de réussir à infléchir la tendance à des congratulations environnementalistes...qui se borneraient à préparer l’organisation d’une nouvelle conférence !

samedi 2 juin 2012

"Gastronomie": est-il écologiquement correct de sauver les mauvais poulets Doux

Peut-être faut-il de temps à autre être politiquement incorrect. Au risque de choquer, la question que je me pose et que je pose aux lecteurs est la suivante : faut-il que la collectivité vole, d’une façon ou d’une autre au secours d’un industriel du poulet qui organise depuis 1955, la production d’une viande de basse (euphémisme...) qualité et tient sous sa coupe, en les exploitant, prés de 4000 éleveurs de poulets de batterie dont les... « activités quotidiennes » empoisonnent (en nitrate, notamment) les rivières et les nappes phréatiques de Bretagne ? Je sais, il y a plusieurs centaines d’emplois en jeu : peut-être même 3400 si l’industriel de la malbouffe met la clé sous la porte dans tous ses centres de production français (il n’existe pas d’autre mot qui convienne mieux). Mais peut-on laisser fabriquer n’importe quoi dans n’importe quelles conditions ? Monsieur Charles Doux qui joue les martyr depuis Châteaulin dont il est le roi redouté, est un producteur français et mondialisé de poulets, de filets bas de gamme et de viandes enrobées et panés sous plastique dont les condiments masquent mal la médiocrité. Il est propriétaire de 80 % des actions d’un groupe fondé dans les années 50 et serait en déficit alors qu’il perçoit chaque année de 50 à 65 millions d’euros de subventions à l’exportation grâce à l’application de la Politique Agricole commune. Cela lui permet, par exemple, de vendre ses poulets congelés moins chers que les poulets locaux sur de nombreux marchés africains. Ce qui entraîne la ruine des petits éleveurs des pays concernés. L’inventeur du « Père Dodu » et autres cochonneries de cet acabit emploie donc 3400 personnes en France et 6000 au Brésil où il a délocalisé une partie de la production de ses 253 millions de poulets chimiquement et artificiellement nourris pour être maintenu en vie, notamment grâce à l’emploi d’antibiotiques, jusqu’au jour de l’abattage, six semaines au plus après la remise des poussins de quelques jours aux paysans éleveurs du début de cette chaîne de la bouffe. Donc, faut-il sauver le « volailler » Doux qui non seulement écoule partout dans le monde des produits qui offensent le goût mais traite ses salariés comme des esclaves : chasse aux syndicalistes, harcèlement et mise à pied de ceux qui se rebellent, paiement au SMIC et travail (par 5°) dans des conditions si difficiles que l’on n’y compte plus dans ses usines, les accidents du travail et les arrêts maladie. Sans oublier les intérimaires et les CDD encore plus mal traités et plus mal payés. Ce qui peut faire passer son appel au secours et sa demande d’une aide de 20 millions avant la fin du mois de juin comme une astuce pour faire oublier les mauvais poulets et l’esclavage des salariés ; ou une prétexte pour délocaliser encore plus sa production, notamment vers des pays où les salaires versés seront encore inférieurs à ceux qu’ils versent à ses employé brésiliens. Faut-il vraiment sauver les poulets de monsieur Doux et des requins de l’alimentaire qui guettent sa vraie ou sa fausse chute sous l’oeil intéressé de la banque BNP Paribas ? Il n’est pas seul gâteur de égout de l’agro-alimentaire mais mettre un terme à ce genre de production relève d’une entreprise de salut public. Il serait tout à fait « normal » que cette forme d’aliments commence à disparaître des rayons des supermarchés et que le ministre de l’Agriculture se penche sur ce type de production. Comme l'explique Yannick Jadot, député européen des Verts, le poulet de monsieur Doux a decidement une goût bien amer...