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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

jeudi 28 mai 2009

Le vautour nouvel ennemi public de ceux qui craignent le "sauvage" comme facteur de désordre

Plus les années passent, plus le "sauvage" fait peur à une France frileuse et qui, surtout, se cherche des ennemis "politiquement corrects", des adversaires avec lesquels on peut dépenser de vieilles haines, ses angoisses, la trouille des autres; Le vautour devient une nouvelle hantise, après bien d'autres, parce que le sauvage est devenu l'envers de notre société de consensus mou d'où rien ne doit dépasser, où tout doit être "en ordre".

Les journaux locaux et nationaux commentent à l’envi une nouvelle exception française : les vautours « attaquent » le bétail dans les Pyrénées. L’ours, le loup et le lynx ne suffisant plus aux chasseurs, à la FNSEA et à quelques bergers pour affoler les foules, la vindicte et les fantasmes populaires nous offrent maintenant un nouveau tueur : le vautour fauve. Victime et acteur de choix, puisque, c’est bien connu, ces rapaces prolifèrent par la faute des « protecteurs de la nature qui organisent l’espace rural depuis leurs villes qu’ils ne quittent que pour emmerder les agriculteurs».
Sauf que, le vautour fauve, comme tous les charognards, les gypaètes barbus qui ne s’intéressent qu’aux os ou les percnoptères (vautour blanc) migrants saisonniers de l’Afrique ne s’en prennent qu’aux animaux morts. Ceux, par exemple, que les éleveurs ou les bergers laissent des jours et des jours sans surveillance et sans soins dans la montagne et le piémont pyrénéens. Ce que l’on peut comprendre car ce métier n’est pas de tout repos et que la rentabilité d’une telle agriculture de montagne est tout à fait aléatoire. Elle n’existerait d’ailleurs pas ou plus si elle n’était pas, même imparfaitement, subventionnée par la PAC et donc l’Europe. Et nul ne dénonce les dégâts occasionnés aux troupeaux par les chiens errants.
Sauf que, toutes les enquêtes menées depuis plusieurs années par la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la LPO, prouvent que les vautours ne s’en sont pris jusqu’à présent, qu’à des vaches, des juments ou des brebis mortes ou mourantes après des naissances difficiles et mortelles. Parce qu’elles se déroulent trop souvent sans surveillance, sans l’aide d’un vétérinaire ou d’un éleveur. Chez les animaux comme chez les humains, on compte un certain nombre d’accouchements difficiles qui tournent mal sans aide extérieure.
La fable des vautours « qui attaquent les animaux vivants » date de 2005. Au hasard des ragots et des rumeurs colportés par les organisations de chasseurs et les adversaires de l’ours brun, pas fâchés de s’en prendre à une espèce protégée par la loi. Les vallées pyrénéennes, à commencer par celles des Pyrénées Atlantiques bruissent de récits fantaisistes repris sans aucune vérification par des confrères. Ils ressemblent à ceux que l’on racontait dans les Cévennes il y a des lustres, jusqu’à ce qu’un chasseur abatte le dernier vautour fauve de la haute vallée du Tarn en 1941. Et aux histoires d’aigles enlevant les enfants dans leurs berceaux sous les yeux horrifiés des familles.
Curieusement, alors que les vautours ont été réintroduits dans la région au début des années 80 par deux naturalistes, les frères Terrasse, aucune histoire de rapaces tueurs n’est jamais contée dans cette région alors qu’y volent désormais, réussite spectaculaire, plus de 250 couples. Mais il est vrai que les bergers des Cévennes coopèrent à ce succès et qu’il n’y a pas d’ours dans la région...
Les vautours ont ou auraient faim : possible, mais les réglementations sanitaires stupides et inutiles interdisent aux éleveurs de leur laisser sur place les carcasses des animaux morts. La protection conçue par la loi de 1976 se heurte souvent aux règles administratives de l’Etat et à l’ignorance de certains de ses sujets.
Mais que fait Bayrou, lou ravi du Béarn ? Lui dont les rares élus qui lui restent fidèles réclament l’éradication des ours slovènes dont on sait que loin de chez eux, ils réussissent à se reproduire.

vendredi 15 mai 2009

Il ne faut pas confondre "fête de la nature" et faire sa fête à la nature !

samedi 16 mai

La fête de la nature du samedi 14 et du dimanche 15 mai n’est pas organisée, comme le pouvoir le laisse volontiers et doucereusement entendre, par le gouvernement ou un ministère de l’écologie et autres appendices, mais par la section française de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et son directeur François Letourneux. Un homme qui fut Directeur de la protection de la nature sous la gauche et pendant douze ans Directeur du Conservatoire du littoral dont il a maintenu contre vents et marées les missions de protection des côtes françaises.
Une fois de plus, donc, c’est le milieu associatif, bien esseulé, qui prend la défense de la nature et de la biodiversité alors que le pouvoir continue à faire sa fête à la nature. Des dizaines de milliers de bénévoles qui ont compris que le Grenelle de l’environnement n’était qu’un rideau de fumée masquant bien mal les destructions, le bitumage, le mitage des paysages, les dégâts agricoles, les autoroutes dont la construction se poursuit en dépit des promesses présidentielles et autres d’un Grenelle dont les rares prescription ne sont toujours pas traduites dans une loi. Comme la trame verte, c’est à dire la protection de la nature ordinaire, contre laquelle le Medef s’arqueboute depuis des mois. Après avoir obtenu que les corridors biologiques (qui devraient –devaient- tisser cette trame verte) ne soient pas opposables aux aménagements et autres constructions destructrices. Sans oublier la résistance des élus locaux. Il suffit de suivre la pénible création du Parc National des Calanques, prés de Marseille (entamée en 1997), création qui sera peut-être effective en 2014 pour comprendre que la majorité de ces gens la, gauche et droite confondues et confondantes, n’en ont rien à foutre de la nature et de la biodiversité ; et du loup, et de l’ours, et du grand hamster, et de la loutre ou des tulipes sauvages. Pour eux, la nature n’est qu’une vache à lait touristique éventuelle.
Plus que jamais, alors que les sommes allouées à la protection de la nature et de la biodiversité sont de plus en plus faibles (alors que le nombre des réserves augmentent...), ce sont ces dizaines de milliers de volontaires, associatifs et non payés, qui consacrent leurs fins de semaine et leurs vacances à répertorier la faune et la flore sauvages pour obtenir que ce qu’il en reste soit préservé. Avec des années de retard, le gouvernement français, celui qui s’apprête à accueilli un escroc scientifique comme Claude Allègre, a fini par admettre qu’il existait un réchauffement climatique et qu’il faudrait, peut-être, s’en préoccuper. Mais la biodiversité, malgré les demandes de l’Europe, le gouvernement français s’en fout – c’est le mot qui convient- royalement. Les petits oiseaux, la nature ordinaire que nous fréquentons tous les jours, c’est le cadet de ses soucis. Il suffit de voir comment se décident les routes, comment à continue à se construire et s’étendre l’urbanisme commercial pour en être persuadé.
Les oiseaux, les plantes, ça ne s’inaugure pas, ça ne se met pas dans les bilans électoraux, ça n’apparaît pas sur les tracts et les affiches. Alors tout le monde, ou presque, zappe, ces préoccupations considérées comme subalternes et accessoires. Sauf les candidats d’Europe Ecologie (oui, je sais, je suis partisan) qui sont pratiquement les seuls à en parler.
Je voudrais bien qu’un jour, on cesse de faire sa fête à la nature ! Mais, pour reprendre une vieille formule, demain il sera trop tard...

jeudi 7 mai 2009

La fraise espagnole industrielle frelatée enfin boudée

Jeudi 7 mai

Preuve que les dénonciations de scandales écologiques et sociaux finissent par, si j'ose dire, porter leurs fruits, preuve aussi que les Français prennent conscience des dangers que font courir aux salarié agricoles, aux consommateurs et à l'environnement, la consommation des fraises industrielles espagnoles s'effondre. Ce qui prouve aussi que même un petit journal comme Politis peut mener des campagnes efficaces: parce que les consommateurs savent qu'il n'est prisonnier d'aucun groupe de pression, d'aucun milieu professionel, qu'il s'agisse de la production ou de la distribution.
A tel point que le scandale écologique et social de la fraise andalouse est devenu un film dont chaque lecteur de ce blog pourra goûter quelques minutes en suivant les deux liens ci-dessous.


En recopiant les deux liens ci-dessous, vous pourrez voir et télécharger deux extraits du film « La rançon de la fraise » ( 52 minutes) qui sera diffusé le 26 mai sur France 5 à 20 h 30.
Le film raconte les méthodes de culture de la fraise espagnoles produite hors saison prés du parc national de Doñana en Andalousie (pesticides, empoisonnement des terres, épuisement des nappes phréatique, exploitation de la main d’oeuvre africaine et roumaine et gaspillage énergétique puisque ces fraises insipides parcourent ensuite 2000 kilomètres pour parvenir en France).

http://www.mediafire.com/?nwnyq42dtjy

http://www.mediafire.com/?gjudwmnmdj3