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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

vendredi 22 février 2013

vendredi  22 janvier 2013

Les farines animales pour saumons d'élevage: un scnada


     Les poissons d’élevage vont donc bénéficier à partir premier juin prochain de nouveaux menus à base de déchets de porcs et de volailles impropres à la consommation humaine mais broyés pour être transformés en farines.  Sont concernés les bars, les daurades, les cabillauds, les maigres ou les turbots. S’y ajoutent de nombreux poissons d’eau douce comme les carpes, les brochets, les sandres ou encore le panga vietnamien produit dans des conditions sanitaires et écologiques particulièrement déplorables bien qu’en vente sans problème en France. Ces élevages intensifs concernent aussi la truite et la plupart des espèces de crevettes produites à Madagascar, au Venezuela, au Vietnam, au Brésil, en Equateur ou en France. Evidemment il ne faut pas oublier le saumon dont l’élevage a été inventé en Norvège puis en Ecosse à partir du début des années 70 et donc la production vient de dépasser 1,5 millions de tonnes en 2012, essentiellement du saumon dit « d’Atlantique » bien qu’une partie en soit élevée sur le littoral pacifique du Chili. La commercialisation du saumon sauvage ne représente plus que 8% pour cette espèce. Pour une raison bien simple : il n’en reste presque plus !

            Les conditions d’élevage des poissons et des crustacés sont le plus souvent déplorables : surpeuplement des bassins d’élevage, gavage des crevettes et des poissons dont l’appétit est stimulé par un éclairage permanent qui les amène à grossir plus vite. Sans omettre l’utilisation de médicaments, notamment des antibiotiques épandus tous les jours, notamment dans les derniers mois de leur élevage. Ils sont  destinés à éviter la propagation de maladies liée à la densité des poissons et aux affections entrainées par la consommation de mauvaises farines de poissons. Lesquelles farines comprennent notamment le broyat des poissons et des crevettes morts dans les fermes aquacoles. Ces élevages au départ destinés à pallier la disparition de certaines espèces, organisent en fait un pillage des océans pour nourrir les poissons à l’engrais. Pratique qui appauvrit encore plus les eaux marines, puisque les farines de poissons se confectionnent souvent en ramassant n’importe quelles espèces de n’importe quelles tailles. Donc les élevages ne protègent pas de l’épuisement des ressources de la mer. L’illusion, en Norvège et ailleurs, est entretenue par les éleveurs qui omettent de citer le chiffre calculé par les scientifiques : il faut au minimum 3 à 4 kilogrammes de poisson pour « produire » un kilo de saumon ; et l’étude des statistiques norvégiennes montre que 80 % du poisson péché par les navires de ce pays en Atlantique Nord servent à alimenter les élevages où le saumon atteint sa taille adulte en 18 mois contre plusieurs années dans le milieu naturel et 36 mois dans un élevage labellisé bio.
           
             Les farines animales ne vont que changer le niveau des bénéfices : ceux des producteurs de saumons et autres poissons d’élevage et évidemment ceux de la déjà très célèbre maffia de la viande car ce produit est largement moins cher que la farine de poisson et ils ne savent plus quoi en faire. Quand aux effets sur les poissons et donc sur les consommateurs, mystère ! La question ne se pose pas. La décision européenne ne résulte d’aucune étude scientifique et ignore le principe de précaution et doit tout aux lobbies des récupérateurs de viande et des éleveurs qui les approvisionnent. 

             Donc, les poissons qui mangeaient du poisson, vont devoir adopter un nouveau régime alors que ni les ailes de poulet ni les côtelettes ne font partie de leur ordinaire marin. Tous les risques peuvent être d’autant plus envisagés que les résidus de médicaments des farines animales s’ajouteront à ceux des traitements appliqués dans les bassins d’aquaculture. Mais le ministre de l’Agriculture a expliqué en langue de bois de la Sarthe, qu’il ne s’agissait par de « farines animales » mais de «protéines » et donc que tout va bien. La ministre de l’écologie, pour une fois sortie de son silence sidéral a affirmé que « elle en pense le plus grand mal ». Mais, dans la plupart des médias, nul n’a ricané à la « cacophonie » gouvernementale! Au gouvernement et à droite on « regrette » cette « décision de l’Europe ». En oubliant, comme à chaque fois, que les décisions de l’Europe n’existent pas en tant que telle et que ce nouveau recours aux farines animales a été approuvé à l’unanimité par les 27 gouvernements européens.

            Seul moyen d’échapper à cette dégradation pour les consommateurs : se tourner vers le poisson et le saumon bio. Depuis le mois d’août 2000, existe une certification bio avec un cahier des charges rigoureux. Il concerne la nourriture et les conditions d’élevage. Les farines  distribuées doivent être issues de poissons péchés selon les quotas légaux ou provenir de restes d’autres poissons destinés à la nourriture humaine. Elles ne peuvent pas faire l’objet d’un quelconque traitement chimique. En outre un tiers de l’alimentation des poissons concernés doit être d’origine végétale, nourriture dont sont exclues les plantes génétiquement modifiées. Les enclos doivent être installés dans des eaux, douces ou salées, ne contenant aucun résidu chimique et dont la température et la lumière doivent être proches des conditions naturelles. Autre différence entre les élevages classiques et les élevages bio : dans les bassins la densité en poissons doit être au moins deux fois inférieure. Caractéristique qui évite la propagation de maladies ; et donc tout traitement avec des antibiotiques, lesquels sont interdits par le cahier des charges permettant la labellisation AB ou européenne.

            Dans ces conditions la croissance des saumons, pour prendre l’exemple du poisson d’aquaculture le plus vendu dans le monde, est bien plus lente et ils ne sont prêts à être commercialisés qu’au bout de 36 mois contre 18 dans les élevages intensifs. Délai qui contribue, d’une part à diminuer la proportion de graisses dans leur chair et à leur assurer une très nette qualité organoleptique. Tout en préservant un environnement maritime  ou lacustre qui n’est plus pollué par les bassins d’élevage. Lorsque toutes ces conditions sont respectées et que la filière de fumage et de préparation écarte tous les traitements chimiques, ces poissons peuvent être labellisés.

            Prochaine étape en expérimentation aux Etats Unis et en Norvège : la mise au point de saumons, de bars et de daurade génétiquement modifiés pour manger n’importe quoi et grossir encore plus rapidement.

            Quant aux farines animales, il est prévu que dans « un délai raisonnable » elles pourront
être à nouveau servies à tous les animaux d’élevage…


vendredi 15 février 2013

La viande de cheval, les surgelés et les arnaques de la bouffe industrielle