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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 15 mars 2015

Vanuatu: une catastrophe qui n'a rien de "naturelle"...



                Les 240 000 habitants de la République du Vanuatu savent depuis des dizaines d’années ce que ne rappellent guère les médias qui pleurent sur leur sort en évoquant les destructions qu’ils viennent de subir: ces anciens colonisés de la France et de la Grande Bretagne sont doublement menacés par le changement climatique. Situation qui explique les deux cris du cœur que renouvelle leur président à chaque grande conférence sur le climat et l’environnement : « Ne nous laissez pas seuls face au dérèglement du climat » et « nous ne pouvons plus attendre que la communauté internationale prenne des décisions car notre pays, comme d’autres, peut un jour disparaitre ».
                La première menace, celle qui vient de faire des centaines de victimes et de détruire des milliers de bâtiments et de maisons sur un archipel qui ne couvre que 13 000 kilomètres carrés, vient et viendra des tempêtes. Celles dont les experts du GIEC, hélas de plus en plus confortés par la réalité, expliquent depuis des années qu’elles seront de plus en plus violentes et porteuses de destructions et de plus en plus coûteuses en vies humaines. Comme le cyclone Pam qui a ravagé la majeure partie de la centaine d’ile du pays.
                Seconde menace également liée au dérèglement climatique : la submersion des espaces côtiers par un océan qui monte inexorablement. Une insidieuse et lente submersion qui prend des proportions dramatiques lorsque passent des tempêtes, même lorsqu’elles ne sont pas aussi  violentes que celle d’aujourd’hui. D’abord elle contraint de nombreux habitants à se réfugier, provisoirement ou définitivement sur les collines où il est plus difficile de pratiquer l’agriculture. De toute façon, l’envahissement par l’eau de la mer, occasionnel ou permanent, entraine la salinisation des terres, souvent pauvres et de faible épaisseur. Ce qui détruit la végétation et les rend impropres à la moindre culture. Alors que celle-ci fait vivre près de 80 % de la population, 100 % sur certaines iles. cette montée de la mer, toujours en raison de la l’imprégnation par le sel, réduit chaque année les quantités d’eau douce disponibles.
                Les citoyens du Vanuatu, comme ceux de la République de Kiribati, de Tuvalu, des Iles Marshall, des Maldives, de la plaine méridionale du Bangladesh et bien d’autres, font et feront partie des millions d’habitants que l’on considèrera un jour comme des réfugiés climatiques que les Nations Unies et les pays qui le composent ne veulent pas encore reconnaître comme tels et, surtout, se refusent à accueillir. Les égoïsmes des grandes nations qui se réunissent chaque année pour parler (seulement « parler ») du réchauffement climatiques et de ses conséquences tueront ces gens aussi surement que les tempêtes. Y compris dans les régions où c’est la sécheresse qui est également responsables des mouvements de population dont nous ne voulons pas entendre parler …