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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 10 janvier 2010

Le rallye "Dakar" au Chili et en Argentine: les fous du volant s'obstinent

Dimanche 10 janvier

Déjà un mort et plusieurs personnes sérieusement blessées dans le Paris-Dakar délocalisé en Argentine (Un peu, parce que des associations ont râlé fort l’année dernière) et au Chili (Beaucoup parce qu’y règne encore un culte de la voiture très américain). Cette course de fous de la bagnole qui ne se rendent pas encore compte à quel point ils sont ringards, a donc commencé à ravager des routes déjà difficiles pour les habitants, surtout dans le nord, parce que mal entretenues e traversant des zones escarpées. Malgré les réclamations des Indiens qui tentent d’y survivre d’une agriculture vivrière et souvent bio. Comme au nord de Riojas où la caravane pétaradante est arrivée dimanche. Mais, c’est bien connu, les rallyes « sportifs » affectionnent les pays aux économies incertaines parce qu’ils y trouvent des voies de communication en mauvais état. En Argentine s’y ajoutent les effets d’une terrible sécheresse qui détruit depuis prés de quatre ans, la pampa (déjà affectée par les maïs et soja OGM) et certaines provinces du nord que le rallye va consciencieusement labourer ou couvrir de poussière. Notamment dans la région chilienne du lac salé d’Atacama. Un monument naturel et aussi un havre pour de nombreux oiseaux, notamment des flamants roses, qui sont tous protégés. Comme les vigognes qui survivent dans le Nord de l’Argentine et du Chili où elles restent menacées.
Le promoteur de ce rallye aux relents faussement sportif n’est qu’une entreprise commerciale (ASO) destinée à faire du fric. Elle est également organisatrice du Tour de France et liée au groupe de presse des journaux Le Parisien/Aujourd’hui et L’Equipe. Ce qui explique que dans son édition de dimanche, l’information sur l’accident soit traitée en six lignes. A France Télévision (plus discrète cette année dans ses retransmissions), ils ont été plus pervers, expliquant, comme les organisateurs, que la responsabilité de l’accident incombait aux téléspectateurs (dont un enfant de neuf ans dans un état grave) qui « n’auraient pas du être là ».
Les organisateurs ont eu du mal à boucler leur budget malgré la générosité de Total, de Novotel et de France Télévision car le nombre des participants est en chute libre : ils étaient plus de 500 l’année dernière et ils n’étaient plus que 361 au départ dont 160 motos, 62 camions et 27 quads. Renault, la firme automobile qui nous explique laborieusement dans ses pubs télévisés de début d’année qu’elle est devenu « pure écolo », a inscrit dans la course un engin qui s’appelle le Sherpa. Une sorte d’hybride militaire à mi-chemin entre le char et le camion. Ce 6X6 sert habituellement à transporter des lance-missiles ou des armes lourdes. Le blindage est en option. Mais avec ou sans sa carapace, cet engin contribue à l’émission pendant le rallye d’environ 30 000 tonnes de CO 2 : pour la course, pour les organisateurs et pour le transport de la caravane depuis la France. Il faut y ajouter l’utilisation quotidienne des deux Hercules, des deux Folker et des hélicoptères qui trimballent tous les jours plusieurs centaines de journalistes. Quant aux quads ils ne participent qu rallye que pour fabriquer de l’image destinée à appuyer les campagnes publicitaires vantant et vendant ces engins à travers les campagnes où ils continuent à circuler en dépit des interdictions légales et municipales. En fait, le rallye ne sert qu’à cela : s’efforcer désespérément d’entretenir « l’image » des sports motorisés et de la voiture « source de liberté. Cela doit correspondre à ce que Renault explique dans sa publicité télévisée : « Faire avancer l’automobile dans le sens de l’homme et de la vie ».
Pour céder à l’autre mode, celle qui les dérange, leur pourrit la vie et à écarté quelques mécènes, les organisateurs versent une « éco-contribution » à des associations de protection de la nature dont nul ne sait qui elles sont et où elles travaillent. Mais, de toute façon, cela ne sort pas de la poche de ASO puisque cet argent est collecté, de 50 à 150 euros, auprès des concurrents. Ce qui ne règle pas la question des ordures, des déchets plastiques aux huiles en passant par les boites de conserves, qui jalonnent encore le parcours et les bivouacs de l’année dernière.
Pour terminer, il faut rappeler que ce rallye fut glorifié pendant douze ans par un photographe et écologiste bien connu nommé Yann Arthus-Bertrand qui le suivait pour le compte des organisateurs et pour Paris-Match. Le même qui préfaça en 2004 une brochure de Total, une firme « qui place en tête de ses priorités le respect des hommes et de l’environnement ». Le même « écolo » fut le photographe de Ferrari et de Disney Land. Malheureusement c’est son film financé par l’industriel qui (par Conforama interposé) importe des fauteuils pollués de Chine que célèbre la presse, impressionnée par les « belles images » sans êtres humains visibles. Alors que l’excellent film de Nicolas Hulot, « Le syndrome du Titanic » se traîne dans les profondeurs du « box office » des entrées. Parce qu’il est courageux et ne sacrifie pas à l’esthétisme.