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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

samedi 28 février 2009

Interdits de vivre mais permis de manger des fraises espagnols dégueulasses et pourries

Samedi 28 février

Bon, vous avez compris chers lecteurs.

On ne mange plus de viande,
On laisse tomber la charcuterie,
On bannit les tripoux,
On n’abuse pas du poisson,
On arrête le pinard,
On fait l’impasse sur la bière,
On casse ses bouteilles de gnole comme en Iran,
On ne regarde plus la télé parce que ça fait grossir,
On ne lit plus le journal parce que ça entretient des déprimes,
On n’abuse ni du lait ni du fromage,
On ne fume plus,
On jette les chichons et les pétards,
On balance son portable,
On met la borne wi-fi à la cave,
On ne drague effrontément pas les dames,
On ne harcèle pas bêtement les mecs,
On ne sort ni sans casque ni sans gilet pare-balles,
On ne traverse que « dans les clous »,
On n’insulte pas le président,
On est gentil avec les « poulets »,
On n’abuse pas du poulet de batterie
Et évidemment, on ne baise plus, ce n’est pas bon pour le coeur.
Mais qu’est-ce qu’on va s’emmerder jusqu’à 90 ans...

Par contre,
Il est permis d’avaler les pesticides qui traînent sur le fruits et légumes et plus particulièrement sur le fraises espagnoles qui arrivent sur le marché français depuis une quinzaine de jours,
Recommandé d’avaler du nitrate avec l’eau pour ne pas faire de peine à la Lyonnaise des Eaux,
Et également d’acheter toutes les saloperies proposées par les grandes surfaces parce qu’il faut sauver le commerce.
On peut avaler n’importe quel antibiotique dans le peu de viande que l’on a encore le droit de manger,
On doit acheter une nouvelle bagnole pour faire plaisir à Sarkozy,
Il est permis de respirer un air pollué,
Permis d’habiter prés d’une centrale nucléaire,
Permis de passer ses vacances à l’ombre d’un incinérateur,
Permis de se baigner dans une eau dégueulasse pour ne pas désespérer le tourisme.

Elle n’est donc pas si terrible que cela notre « société des interdits »...

lundi 23 février 2009

Les Parisiens se voient imposer mille caméras de vidéosurveillance

Lundi 23 février

Un curieux débat est en cours à Paris à propos des mille nouvelles caméras de vidéosurveillance promises par la ministre de l’Intérieur et acceptées par le maire de Paris et la majorité (sauf les Verts) de son conseil municipal. Le tout orchestré par Georges Sarre, rescapé agité et sécuritaire du mini-parti moribond de Jean-Pierre Chevènement, mais adjoint au maire à la sécurité qui ne cache pas son amour du fichage et de la vidéosurveillance « pour éviter que des femmes soient violées ou assassinées dans les rues ». Je ne fait que répéter une phrase qu’il a prononcé pendant un débat télévisé au cours duquel nous étions opposés, sous l’oeil approbateur de Monsieur Gachet, porte-parole de Madame Alliot-Marie et, accessoirement, ancien journaliste à Valeurs Actuelles, l’hebdomadaire de la droite extrême.
Curieux débat car dans les mairies et les conseils de quartier saisis de cette opération, les envoyés spéciaux de la Mairie de Paris et de la Préfecture ne viennent pas demander aux citoyens s’ils sont d’accord avec la mise en place des caméras mais où il faut ou ne faut pas les mettre (et encore...). Donc, l’affaire est entendue, les Parisiens (comme les habitants d’autres villes) ne sont consultés que pour la forme. Circulez, il n’y a rien à voir et rien à décider, nous l’avons fait pour vous.
Curieux débats au cours desquels ont apprend incidemment que la mise en place de ces caméras parisiennes coûtera 150 millions d’euros au cours des 15 prochaines d’années. Une somme qui ira à une entreprise privée qui n’aura de compte à rendre à personne et qui ne promet absolument pas qu’elle prendra en considération les souhaits des Parisiens. Une partie des 150 millions sera payée par la ville, laquelle devra prendre en plus à son compte tous les travaux de voiries liés à la mise en place des caméras. Quand aux coûts d’un fonctionnement qui sera également assuré par la société installatrice, il reste inconnu.
Curieux débats qui permet de constater que les nouvelles caméras permettant de surveiller encore mieux les moindres manifestations et les faits et gestes des Parisiens, fonctionneront sous le contrôle d’une société privée. Avec toutes les dérives que cela implique. Il ne reste plus, puisque la consultation en cours n’est qu’une farce, qu’à attendre la mise en place des engins pour les recouvrir de peinture ou les casser à coups de lance-pierres.

jeudi 19 février 2009

Encore un loup tué par un chasseur de Haute-Savoie

Jeudi 12 février, parce qu’il a aperçu au loin un loup en train de déguster un chamois, un chasseur du Petit Bornand, non loin de La Clusaz en Haute- Savoie, a tiré et tué ce loup. Sans avoir été le moins du monde menacé. Heu-reux ! Sans qu’un troupeau de moutons soit en cause, puisqu’en cette saison de neige, ces animaux ne sont évidemment pas sur les pentes de la montagne. Comme ses amis chasseurs, ce jeune Nemrod, s’étonne d’avoir été placé en garde à vue et d’être ensuite mis en examen pour destruction d’une espèce protégée. Et toute la communauté chasseuse de la région, fait chorus avec lui, évoquant, ne craignant pas l’outrance et de ridicule, l’esprit de résistance du Plateau des Glières tout proche comme symbole de refus du « loup relâche par les écologistes ». En oubliant que ce sont les naturalistes qui ont permis et organisé dans les Alpes le retour des chamois et des bouquetins qui furent au bord de l’extinction...
Outre qu’il faudrait se demander ce que ce chasseur faisait avec un fusil dans la montagne alors que la chasse est fermée depuis la fin du mois de janvier et que la traque du chamois est très réglementée, reste la question de l’obstination des chasseurs contre le retour progressif du loup dans l’arc alpin. Depuis qu’en 1992, dans le parc national du Mercantour, des gardes moniteurs ont aperçu pour la première fois des loups en patrouille. Des loups qu’une loi de 1882 avait décidé d’éradiquer définitivement du territoire français, la République prenant le relais de l’Eglise catholique qui, depuis le début du Moyen Age, avait décidé de le diaboliser. Au sens strict du mot : haro sur un animal qui s’attaquait à l’ « agneau innocent ». Une chasse au « diable-loup » dont l’Eglise organisait les jugements et la pendaison pour assurer son pouvoir sur les âmes des manants.
Depuis que le loup est revenu naturellement en France, depuis le massif de Abruzzes italien où il est normalement accepté comme un prédateur utile, les chasseurs fous de France, les bergers du Mercantour qui ne vont voir leurs troupeaux qu’une fois par semaine, et les politiques de l’UMP menés par Christian Estrosi, Ladislas Poniatowski et quelques autres, reprennent l’antienne du loup prêt à manger les chamois, les bouquetins, les enfants et les touristes. Sans le moindre respect pour la loi française, la réglementation européenne et la Convention de Berne qui assurent la protection de cet animal qui a, fort heureusement, décidé de revenir sur le territoire français. Etant bien entendu qu’il n’est pas question de négliger les difficultés, et la dureté du travail, des bergers et des éleveurs de brebis. Ce qui n’empêche pas de rappeler que si en 2008, leurs revenus ont été proches de zéro, ce n’est pas la faute des prédateurs sauvages, mais celle d’un fameux accord conclu avec la Nouvelle-Zélande permettrant, après l’attentat contre le Rainbow Warrior en 1985 à Auckland, à ce pays (à titre de réparation morale) d’exporter librement des carcasses de moutons congelés qui inondent aujourd’hui 80 % du marché français. Mais les chasseurs obsédés par les loups ne réfléchissent pas si loin. Pas plus qu’ils ne se posent de questions sur les 700 000 sangliers qu’ils ne sont pas fichus d’éliminer alors qu’ils ont contribué à les multiplier en relâchant ce que les spécialistes appellent des « cochongliers » qui dévorent les cultures et envahissent les routes et les villages.
Le chasseur du Petit Bornand n’est pas le premier à s’affranchir de la loi, à tuer ou empoisonner plus ou moins discrètement des loups et à ignorer leur utilité lorsqu’ils s’attaquent aux autres animaux sauvages les plus faibles, ou malades, contribuant ainsi à l’amélioration de la santé des troupeaux de chamois ou de bouquetins. Les mêmes Tartarins s’attaquent aux ours dans les Pyrénées. Des ours auxquels les Espagnols, qui en comptent une bonne centaine foutent la paix. Comme ils laissent tranquilles les quelques 2000 loups qui vivent en Espagne.
Extraordinaire exception française que cette chasse aux dernières espèces sauvages à laquelle se livre une part, heureusement minoritaire mais malheureusement efficace, des chasseurs français que les membres de la majorité soutiennent depuis des années. Ils ont fait du loup, de l’ours et du lynx des « objets politiques » qu’ils utilisent un peu contre la gauche (pas toujours bien nette sur ce thème) et surtout contre les écologistes. Dans le seul espoir de récupérer les voix des fachos- ruralistes de « Chasse pêche nature et tradition ».
N’en déplaise à cette minorité de cons (un faible pourcentage des 1, 2 millions de chasseurs français), le loup n’a pas été « réintroduit » en France et il est utile. Quoi qu’ils en pensent et quoi qu’ils fassent, ce superbe animal dont il faut quand même rappeler qu’il s’attaque jamais à l’homme, est en train de reconquérir le territoire français. Il a franchit de puis des années, malgré les difficultés, le couloir rhodanien. Il vit librement et tranquillement, ce loup d’origine italienne, aussi bien dans les Pyrénées que dans le Massif central et même la Lozère dans les environs de laquelle il aurait conquis le Gévaudan. Là où, à la fin du XVII éme siécle, on confondit ses agissements avec ceux de l’un des premiers serial killers français.
Déjà, tout ce que la majorité compte d’imbéciles n’ayant rien compris à la protection de la nature et à l’écologie, se dresse pour défendre le chasseur de Haute Savoie conditionné par ses amis chasseurs au point d’avoir flingué pour sa gloire un loup qui n’avait pas commis d’autres crimes de croquer un chamois. On est loin, à des années lumières, du Grenelle de l’Environnement dans un pays qui n’est pas capable de supporter quelques animaux sauvages.
Heureusement le loup est malin et fait de la résistance : il en existe probablement prés de 150 sur le territoire français.
Longue vie au loup, à l’ours, au lynx et à toutes les espèces sauvages dont, il y a quelques jours, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a déploré la disparition prochaine et probable.

mardi 10 février 2009

SARKOZY GASPILLE ENCORE DES MILLIARDS POUR ENCOURAGER LA VOITURE

Mardi 10 février

Je récidive contre l'obsession étatique de la voiture "sauveur sauveur suprême"!

En offrant 7, 8 milliards d’euros à l’industrie automobile, le président français a définitivement tourné une page du Grenelle de l’environnement, ce rideau de fumée déjà largement dissipé par les relances du plan autoroutier et l’annonce de nouveaux réacteurs nucléaires. Oui, je sais il y a l’emploi, il y a le chômage, au sujet desquels je ne suis pas du tout indifférent. Mais sur ce point les deux constructeurs automobiles qui se partagent l’essentiel de la manne, n’ont fourni aucune garantie. Ils s’engagent simplement à ne fermer aucun de leurs sites industriels, ce qui ne les empêchera aucunement de virer les intérimaires et d’organiser le chômage technique aux frais de la collectivité, histoire de préserver et leurs bénéfices et les dividendes de leurs actionnaires. Quant aux délocalisations que ces constructeurs (plutôt assembleurs) automobiles promettent de ne pas poursuivre, elles sont désormais inutiles puisque plus de la moitié des voitures et des pièces détachées vendues en France proviennent déjà d’usines installées dans les pays où les salaires et les garanties sociales sont réduits au minimum. Premier accroc de taille à une démarche écologique annoncée, des milliers de tonnes d’automobiles et de moteurs font le voyage vers la France pour y être vendus. Au prix d’un énorme gaspillage énergétique. Un ancien ami qui fut ministre de l’environnement m’a un jour dit qu’il avait découvert la signification profonde de l’écologie en regardant dans les Alpes un train de voitures françaises croiser un autre train de voitures italiennes...
Reste la question de fond : faut-il vraiment encourager avec l’argent de l’Etat la fabrication de nouvelles voitures individuelles polluantes, prétexte à de nouvelles autoroutes, plutôt que d’aider à la fabrication de transports en commun, qu’il s’agisse de tramways, d’autobus et de trains régionaux ? La question mérite d’être posée à une époque où le transport individuel en ville est d’ores et déjà condamné. Par l’écologie, par la logique sociale. On me rétorquera, refrain mille fois entendu, « liberté » et déplacements dans les zones rurales. Pour ce qui concerne ce dernier point, il faut préciser deux choses : d’abord aucun écologistes n’a jamais remis en cause la nécessité de la voiture dans des campagnes qui ont été peu à peu vidés de leurs chemins de fer, de leurs transports collectif et ensuite que les voitures sont d’abord majoritairement citadines comme le prouvent toutes les statistiques. Et puis, de temps à autre, un Etat qui affirma officiellement la nécessité d’une société progressivement plus respectueuse des exigences écologiques, de l’état de la planète et de notre santé, pourrait faire un effort exemplaire. D’ailleurs jamais l’Etat n’a encouragé la circulation des bicyclettes et la construction des pistes cyclables. Ce sont les municipalités qui ont du faire un effort financier, sans aucune aide, dans ce domaine.
Grâce à l’Etat qui ne sait pas faire les choix qu’il prône dans des discours répétitifs, les Français vont pouvoir (parfois, vu l’état de leur pouvoir d’achat) acheter des voitures neuves qu’ils n’auront pas les moyens de faire rouler. Ils pourront toujours les laver clandestinement pendant les périodes à venir de canicule. Ou les donner en gage à leurs banques qui viennent également de se refaire une santé avec de l’argent collectif.
La subvention déguisée accordée à l’industrie automobile est une aberration qui illustre les mensonges écologiques du pouvoir au moment où il laisse réduire le nombre et la fréquence des trains ordinaires desservant les petites et grandes villes de province, au moment ou Madame Boutin, la mule du Pape, vante ses fausses maisons à 15 euros (équipées de chauffages électriques ruineux, bien sur) qu’elle installe dans des banlieues lointaines ou leurs malheureux propriétaires n’auront pas d’autres choix que d’utiliser des voitures pour aller à leur travail. S’ils en ont un.
Un jour sans doute, pour entretenir notre addiction à la voiture, on nous en fera pratiquement cadeau aux frais du gouvernement.
En entretenant à grands frais la civilisation de l’automobile, le gouvernement nous précipite vers une impasse dont il faudra qu’il se justifie devant les associations qui ont naïvement cru à des promesses et, dans quelques mois, à la conférence de Copenhague sur le climat. Ce n’est pas une consolation que de prévoir que la France ne sera pas, dans ce sommet que viendront contester des dizaines de milliers de manifestants, seul à braver les réalités d’un bouleversement climatique qui se rappelle à notre souvenir avec les tempêtes françaises la terrible sécheresse qui sévit dans la moitié de l’Australie.
Jacques Chirac, qui avait un certain sens du comique et du paradoxe, nous avait expliqué en 2002 à la conférence mondiale sur l’environnement de Johannesburg, nous avait pourtant expliqué, avec des larmes de crocodile dans la voix : « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Elle continue de brûler et le président de la République continue de regarder ailleurs ; en arrière même. Pendant ce temps là, les Etats Unis passent au vert et prennent la première place dans l’installation d’éoliennes qui représentent déjà la production électrique d’une vingtaine de réacteurs nucléaires, ce qui va leur permettre de devenir, avec l’Allemagne, de devenir les leaders d’une nouvelle technologie que la France inventa et proposa sans succès il y a déjà une bonne vingtaine d’années.