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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

samedi 25 octobre 2014

Accord européen sur le climat: mensonges et manipulations



Tous les médias qui célèbrent avec plus ou moins d’enthousiasme l’accord minimal sur le climat intervenu vendredi 24 octobre entre les 28 pays européens de l’UE après une interminable discussion de marchands de tapis, oublient généralement de préciser que les 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncés à grands cris seront comptabilisés…à partir de 1990 ; ce qui revient à passer par pertes et profits toutes les augmentations d’émissions des 25 dernières années !

Les mêmes médias, les spécialistes et les ministres français qui « se félicitent » évoquant la préparation de la Conférence climatique de Paris en 2015, se plongent avec délices dans l’ethnocentrisme en oubliant la Conférence de Lima qui se tiendra à Lima du 1er au 10 décembre prochain. Une réunion mondiale importante et même essentielle puisque les négociateurs et représentants du monde entier auront pour tâche de préparer  la conférence organisée en France ; et notamment de mesurer ce que les Etats Unis et la Chine sont disposés à accepter. Sans oublier les conditions de l’aide qui devra être offerte aux pays du Sud pour faire face à la pollution de l’atmosphère dont profitent les pays industrialisés et particulièrement l’Europe. Car il ne faut pas oublier que les émissions liées à production des biens industriels ou de consommation produits en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et dans les usines du Sud et commercialisés dans les pays riches devrait être mis au passif de toutes les nations industrialisées. L’Europe, les Etats Unis et bien d’autres ont non seulement délocalisés leurs productions mais également leurs pollutions de l’atmosphère de la planète.

Quand aux objectifs concernant la progression de la part des énergies renouvelables (27 %) et de la progression des économies d’énergie (également 27 %) les responsables des pays européens se gardent bien d’insister sur une réalité inquiétante : il s’agit d’objectifs à l’horizon 2030 qui n’auront aucun caractère contraignant, chaque pays restant libre de les respecter ou non. Ce qui a amené la France, par exemple, à accepter un accord dont les chiffres restent inférieurs aux engagement officiels pris par ses responsables et devant (théoriquement au moins) figurer dans la loi sur la transition énergétique en cours de discussion devant les parlementaires.

Comme le soulignent Oxfam, la plupart des ONG et les députés écologistes français allemand ou français, la crise climatique ne se voit offrir aucune solution à court et à moyen terme,  justifiant les inquiétudes des experts qui se retrouveront dans un mois à Lima. La banquise continuera à fondre, les déserts à s’étendre, les espèces végétales et animales à disparaitre, les catastrophes naturelles à augmenter de violence ou de fréquence et le nombre des réfugiés climatiques à s’accroitre ; sans que ces derniers ne puissent bénéficier de la moindre reconnaissance des Nations Unies et du HCR, le Haut Commissariat de l’ONU aux Réfugiés…

A croire que la France et les Européens ont fait leur la fameuse « devise » des Etats-Unis : « le mode de vie de l’Union européenne, n’est pas négociable ». Ce qui augure bien mal du rôle que François Hollande et son gouvernement prétendent vouloir jouer dans un an lors de la grande messe prévue pour se tenir au Bourget.

vendredi 3 octobre 2014

Compte à rebours du climat. En Alaska, des dizaines de milliers de morses sont en train de mourir

420 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début de la 21 éme conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris, au Bourget, à partir du 30 novembre 2015, après avoir été préparée à Lima en décembre 2014. Comme le temps passera très vite pour la montée inexorable du dérèglement climatique, fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu, de graves variations pluviométriques, d’erreurs d’appréciation et de dénis, il est déjà urgent et nécessaire d’en tenir une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur  ou à l’indifférence des politiques qui s’agitent en paroles, paroles, paroles...

Sur les terres de l’Alaska, Etat des USA où les sceptiques du dérèglement climatique sont encore « politiquement » majoritaires en dépit des catastrophes naturelles qui s’abattent sur le pays depuis quelques années, quelques dizaines de milliers morses sont en train de mourir. Sur une plage proche de Point Kay ils sont entre 35 000 et 40 000 entassés, dans l’espoir de trouver un peu de nourriture. D’ordinaire, à cette époque, les femelles de ces animaux mettent bas sur la banquise. De là les morses, qui pèsent en moyenne une tonne, doivent trouver de quoi consommer environ une trentaine de kilogramme de mollusques et de crustacés pour survivre. Ils les trouvent sur le plateau continental peu profond qui se trouve sous cette banquise où ils passent une partie d l’hiver.

En raison de la fonte des glaces, la banquise a énormément reculé vers le Nord.  Elle ne subsiste qu’au dessus de fonds qui oscillent entre 2500 et 3000 mètres. Comme ses animaux ne peuvent pas plonger au-delà d’une centaine de mètres, comme ils ne peuvent pas non plus nager plus d’un ou deux kilomètres ils jeunent depuis plusieurs semaines, entassés les uns sur les autres sur les petits espaces de terre ferme où ils se sont réfugiés. Là où espèrent trouver un peu de nourriture, épuisant leurs réserves de graisses et de muscles à chercher sur cette terre ferme des proies trop rares. Alors ils commencent à mourir… 

Comme ils sont les uns sur les autres, ce sont les petits déjà nés qui périssent les premiers, étouffés par une masse réunissant plus de 40 000 tonnes d’animaux.
Le dérèglement climatique qui atteint le Grand Nord plus vite que le reste de la planète, après avoir provoqué la lente disparition des ours blancs, après avoir provoqué la mort de nombreux autres mammifères marins, menace une autre espèce. Avant de menacer la population humaine.

Cette image des morses entassés sur le seul coin hospitalier de la planète est sans doute hélas le symbole de ce qui pourrait advenir de nombreuses populations contraintes d’être poussés à l’exil sur de trop rares terres encore suffisamment accueillantes pour leur permettre de vivre et de se nourrir face aux dérèglements climatiques. Lesquels ne sont plus à venir, mais en cours. Comme le savent déjà les 110 000 habitants de la République de Kiribati à la recherche de nouvelles terres pour remplacer leurs iles en cours de submersion par l’Océan Pacifique. Comme ceux du Bangladesh, comme ceux des Iles Cook, comme ceux des Maldives. Et bien d’autres qui, loin de la mer, voient les déserts en progression les repousser…