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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 28 juillet 2010

Installations d'un centre d'expérimentation OGM de Monsanto à Autry dans le Loiret



Mercredi 28 juillet

Lentement mais sûrement, souvent par l’intermédiaire de dirigeants ou de sociétés qui servent de poissons-pilotes, Monsanto quadrille le territoire français pour développer ses activités actuellement interdites. De façon à être présent partout pour le cas où le lobby des OGM réussissent à arracher quelques autorisations. A forces d’essais sous serre ou d’essais clandestins en plein champ. Ce qui se passe dans un lieu-dit (Bruyères de l’Etang) d’une petite commune du Loiret, Autry-le-Chatel, est révélateur des méthodes et manoeuvres en cours dans de nombreux départements.
Quoi de plus innocent, sur l’emplacement d’une pépinière, que l’installation au bord d’un étang, il y a une bonne dizaine d’années, d’une société dénommé « Loiret Semence ». Ca fait local. Que le propriétaire, se trouve être un Néerlandais, n’est pas extraordinaire puisqu’aprés tout nous sommes en Europe. Evidemment que le Hollandais en question soit aussi le gestionnaire de la société Ruiter Seeds spécialisée dans les semences de légumes hybrides, pourrait éveiller l’attention. Mais, bon, pas de quoi inquiéter les élus et la presse locale et régionale...
D’autant plus que dans la région se pose la question des emplois que le nouveau propriétaire en promet à la pelle. Car évidemment, le lecteur aura deviné : par fusion dont les détails ont été déposés le 16 juillet dernier au greffe du tribunal d’Orléans et de Lyon, le nouveau propriétaire des lieux se trouve être Monsanto. Ce n’est pas une prise de participation, juste une absorption. On ne garde la pancarte « Loiret Semence » que pour rassurer le gogo. Car, les lieux ont changé en quelques mois : à la place des banales serres anciennes, prés de deux hectares de serres de six à huit mètres de hauteur et climatisées en permanence à 20 degrés. Trois millions et demi d’euros de travaux réalisés, tant pis pour les emplois promis, par des entreprises venues des Pays Bas. Sans compter les clôtures nouvelles renforcées et les remblais de protection. A droite de l’emplacement Monsanto, des bulldozers complètent l’installation et des ouvriers installent depuis quelques jours une clôture autour des champs rachetés le long de l’implantation.
Autrement dit, d’ici à la prochaine saison, de quoi installer discrètement, à l’écart de toute habitation et des regards curieux, des essais à l’air libre de légumes OGM : essentiellement des tomates, des poivrons, des concombres et des cucurbitacés. A l’abri derrière des grilles et un no man’s land. Lequel sera évidemment surveillé en permanence par des caméras de vidéo surveillance qui ne sont pas encore installées, ce qui permet des visites discrètes. Car les nouveaux responsables le disent clairement, explique un cadre un peu embêté, « notre projet est de fournir à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique Latine de nouvelles variétés résistantes à des maladies et à des parasites pour des légumes de consommation courante. Mais pour ce rachat, on ne nous a guère demandé notre avis. On sentait cela arriver depuis longtemps ». Il ne s’agira plus d’hybrides mais essentiellement de graines et greffons OGM. Mais le problème, c’est qu’il faudra vérifier la résistance de ces « monstres » en plein champ, pour que les clients ne viennent pas râler, d’où les champs...
Au début de l’année, la même manipulation d’entreprise s’est produite à Saint Andiol dans les Bouches du Rhône.

vendredi 16 juillet 2010

Quand les grandes surfaces escroquent des clients hélas consentants: un exemple chiffré à Gien, Loiret

vendredi 16 juillet

Soit une petite ville du Loiret, Gien, un peu plus de 15 000 habitants. Avec une population bourgeoise et conservatrice, une poignée de gauchistes, un cinéma, une caserne déserte, des communistes qui sont contre les éoliennes, des immigrés, des mini-usines qui licencient les unes après les autres, deux libraires, une gare qui va bientôt fermer et un maire à l’encéphalogramme plat qui a pourtant inventé l’arrêté municipal contre le vagabondage nocturne des jeunes. Une cité ordinaire, donc, et dont le centre est en train de mourir parce que la ville est cernée par les grandes surfaces.
Le décor étant planté, venons en aux faits qui interpellent.
Le samedi matin, Place de la Victoire, se tient un marché. Une partie fringues et bimbeloteries venues de Chine qui s’agrandit progressivement et inexorablement, mais aussi des producteurs et des marchands locaux qui proposent des fruits, des légumes, de la volaille, des fromages ou de la viande, voire du poisson. Le marché se tient à 150 mètres d’un hypermarché Auchan. L’un de ces temples où, parait-il, la vie est moins chère. Il était donc tentant de vérifier et de comparer les prix des artisans de la nourriture et des maraîchers locaux et ceux des bons apôtres de la grande distribution.
Le résultat est sans appel : ce samedi là, comme d’habitude mais sans les vérifications systématiques faites le 10 juillet, Auchan vend ses cerises à 4,6 euros le kilo, le marché à 3,50, les groseilles d’Auchan sont à 21 euros, celles du marché à 12, les concombres industriels à 2,4 contre 2 chez les maraîchers cultivant à quelques kilomètres. Les tomates grappe bio et venant d’Espagne sont affichées à 4,6 euros chez Auchan alors qu’elles se vendent affichées « non traités » à 2,5 chez les producteurs du Giennois. Lesquels vendent leurs bottes de radis à 1,8 euros contre 1 euros chez Auchan : mais, surprise, la botte de chez Auchan, pesée, affiche un déficit de 140 grammes. Les pommes de terre bio importées d’Israël sont à 2 euros chez Auchan contre 0,6 au marché affichées « sans traitement » et les patates primeurs varient du simple au double entre la grande surface et les producteurs. Les pommes « rouges » (sic) d’Auchan en provenance de Nouvelle Zélande valent 3,5 euros contre 1 euro au marché. Pour les Golden, 2, 8 euros de moins sur le marché que dans la grande surface. J’allais oublier : la tomate coeur de boeuf proposée à 4,7 euros contre 2,7 chez un producteur.
Côté viande, la situation n’est pas meilleure : le poulet (dit fermier) est légèrement plus cher à Auchan, le magret de canard sous vide à 3 euros de plus que celui qui vient d’une ferme toute proche, la pintade est au même prix et le magret de canard séché et fumé (sous blister et non identifié) passe de 56, 25 le kilo à 24 chez un producteur local.
La liste peut s’allonger presque indéfiniment : même les fraises sont moins chères au marché. Sur les 41 prix relevés, deux sont légèrement inférieurs dans la grande surface, deux sont au même niveau, même pour la plupart des poissons. J’allais oublié la salade : entre 0,7 et 0,8 au marché et entre 0,9 et 1,2 chez Auchan. Petit exercice aux résultats semblable dans les autres grandes surfaces éloignées du marché.
Reste donc la question a mille euros : en ce jour de marché, alors que la distance entre les deux espaces de vente est négligeable, alors qu’ils sont accessibles également aux voitures par le même parking, alors que la fraîcheur des fruits et légumes est largement supérieure sur la marché, alors que rien n’est proposé dans d’incroyables emballages chez les producteurs, alors que le contact avec ces vendeurs-producteurs-fermiers est agréable, alors qu’aucun ne rechigne à bavarder, à donner une recette ou un temps de cuisson, pourquoi une partie des consommateurs, ce jour-là, s’obstine à acheter des produits incertains et venus de loin ou de très loin ?
Je n’ai pas de réponse définitive à cette question mais je suis bien obligé de constater que l’escroquerie des grandes surfaces est entretenue par le manque d’imagination (au minimum...) de la clientèle. Nous avons donc la grande distribution que nous méritons, grande distribution qui fait sa publicité, en plus, sur un misérable carré de fruits et de légumes bios tous présentés sous plastique.
Faut-il supposer ou supputer que la communication et la publicité envahissantes et complaisamment véhiculées et appuyées par la presse régionale réussit à anesthésier les consommateurs et que la tendance est difficilement réversible tandis que le nombre des producteurs locaux, à Gien comme ailleurs, décroît inexorablement...

samedi 10 juillet 2010

Energies renouvelables: les niches fiscales ne font pas une prise de conscience

SAMEDI 10 JUILLET

Tout à sa frénésie de trouver de l’argent pour compenser les 30 millions versés en 2008 à Liliane Betancourt (combien en 2009, au fait ?) et les méfaits du bouclier fiscal, le gouvernement met en scène l’un des « éléments de langage » inventé par les communicants de l’Elysée et il « rabote » ce qu’il appelle les niches fiscales. Ce qui, au passage, et c’est l’objectif politique, permet de mettre dans le même grand sac fiscal, l’aide au logement pour les étudiants, l’aide aux handicapés, les minimum sociaux, le financement des associations de bénévoles, le cadeau de 3 milliards aux restaurateurs, l’exonération pour les heures supplémentaires, les investissements dans les départements et territoires d’outre-mer, les investissements dans la construction de l’immobilier de loisir, les travaux pour l’isolement des logements anciens ou récents, l’aide à la production d’éthanol, l’investissement pour la recherche, les exonérations de charges pour les entreprises qui s’obstinent à payer leur salariés aux SMIC (6,95 euros net...) ou le recours aux énergies renouvelables. En tout 468 possibilités de réduction, de crédits, d’exemption ou d’annulations d’impôts.
Dans le cadre de ma série de remarques considérées par un certain nombre de lecteurs comme ce qu’ils appellent mon « virage à droite » et mon enrôlement dans la propagande gouvernementale, que l’on me permette encore quelques observations qui risquent d’aggraver mon cas.
Autant l’aide à l’isolement des logements me parait justifier les 5,15 milliards d’euros qui y ont été consacrés en 2009 parce que cette mesure concerne tout le monde, à commencer par les propriétaires et les locataires les plus modestes auxquels il permet d’espérer la réduction de leur facture de chauffage hélas souvent électrique pour diminuer la facture des entrepreneurs, autant la participation de l’Etat à l’installation de panneaux solaires (voltaïques ou thermiques, environ 800 millions d’euros) me parait poser problème ou mériter réflexions.
En effet, en liant la démarche « écologique » à un seul intérêt financier pour des gens qui ont les moyens d’investir dans des installations solaires, le pouvoir occulte la nécessaire prise de conscience qui doit ou devrait conduire tous ceux qui le peuvent (et en ont les moyens) à opter pour une énergie au moins en partie plus écologique. La question du passage progressif aux installations solaires pour réchauffer l’eau et aux panneaux produisant de l’électricité, ne devrait pas être guidée par la seule opportunité financière mais par un choix de société, par une volonté de participer à l’anticipation de la fin du pétrole et à la lutte contre le réchauffement climatique. Cela me fait penser à la prime à la casse qui a « payé » des citoyens pour qu’ils jettent leur bagnole et achètent une voiture neuve, ce qui me parait réduire à bien peu de chose le gain écologique. Je pense aussi au bonus qui facilité l’achat de petites voitures qui sont à 90 % fabriquées, après transport vers les usines d’une partie des pièces détachées, à 1000 ou 2000 kilomètres du territoire français où elles sont vendues ; où est alors l’économie de gaz à effet de serre puisque ces milliers de véhicules reviennent en France à bord de camions ? Ceci étant évidemment à rapprocher de la remise à beaucoup plus tard la taxe qui devait frapper le transport routier....
Je livre cette réflexion à vos commentaires ou à vos critiques.

jeudi 1 juillet 2010

Le député UMP Marc Le Fur se conduit comme un porc avec la Bretagne

jeudi 1er juillet

Marc Le Fur, parlementaire des Côtes d’Armor, diplômé de Sciences Pô, de l’ENA et de l’UMP vient d’avoir une idée géniale. Au moment où, grâce à la chaleur, aux engrais et au lisier de porc, les algues vertes envahissent déjà les côtes de son département en particulier et de la Bretagne en général, il vient de compléter la loi de modernisation agricole » en cours de discussion à l’assemblée nationale, un amendement qui prévoit de faire passer de 450 à 2000, le nombre de porcs qui pourront être élevés sans que l’installation (le mot ferme parait usurpé...) ait besoin ni d’une enquête publique ni d’une étude d’impact. C’est ce que l’on appelle « rendre service » à ses électeurs industriels de la cochonnaille (basque ou savoyarde, par exemple, puisque non seulement le cochon pollue mais en plus il voyage discrétement) et à ses amis du syndicat agricole dominant. Et cochon qui s’en dédit, Le Fur se répand dans la presse nationale (qui s’en fout) et dans la presse régionale qui compte déjà les emplois par porc en oubliant la fable La Laitière et le pot au lait et sa morale qui guette la Bretagne si elle continue à s’empoisonner malgré les efforts méritoires de l’association « Eaux et Rivières » : « adieu, veaux, vaches cochons... »
Non seulement cet amendement est contraire aux très vagues préconisations du Grenelle de l’environnement, non seulement cet codicille à une loi inutile (faut-il vraiment encore « moderniser » l’agriculture ?) va obliger des dizaines de communes à dépenser quelques centaines de millions d’euros pour ramasser les algues vertes à la pelle (mécanique), non seulement cet amendement entraînera une augmentation de la pollution agricole qui met en danger les eaux et leurs pêches côtières, mais il s’agit d’un encouragement officiel et non déguisé à poursuivre la destruction de l’environnement breton par l’agriculture intensive et polluante. De quoi payer des millions d’euros d’amendes à une Europe qui se lasse de lâcher des subventions qui se transforment subrepticement en cochons.
Résultat probable : alors qu’il y a déjà prés de 6 millions de porcs dans le département des Côtes d’Armor, soit une dizaine de cochons par habitant, ce chiffre va encore augmenter. Non pas au profit des petits agriculteurs mais à celui d’une agro-industrie qui prend de plus en plus cette région française pour une porcherie. Quant aux touristes, ils finiront pas se dire qu’on ne les prend que pour des cochons de payants...
Mais, comme la Voix de son Maître est pressante, partout, des parlementaires sont en train de parsemer la loi (on appelle cela des cavaliers) qui vont réduire à néant les promesses (déjà mal tenues) de réduction des pesticides, des herbicides, des fongicides et des engrais chimiques. Il faut bien que les amis de la grande industrie agrochimique, ceux qui donnent régulièrement, officiellement et officieusement, à l’UMP pour pouvoir « toucher la main » du président soient récompensés autrement qu’en bonnes paroles.