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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 22 octobre 2008

D'Emmanuelle à Ingrid

Mercredi 22 octobre

Nous avons perdu Soeur Emmanuelle, mais courage camarades, il nous reste Ingrid Betancourt.

jeudi 16 octobre 2008

Fichiers de police: la fête à Edwige et salauds de jeunes

Jeudi 16 octobre

S’agissant d’Edwige, de sa petite soeur au nom imprononçable pour désamorcer intelligemment la contestation , ou des dizaines de fichiers qui traînent dans son sillage et s’accumulent sur nos existences et notre avenir, les adversaires les plus redoutables de ceux qui voudraient sauver un minimum de libertés ne sont ni le président de La République et ses obsessions sécuritaires, ni Michèle Alliot-Marie et son fouet policier, ni Brice Hortefeux et sa fausse bonhommie, ni les socialistes qui se s’indignent que lorsqu’ils n’en sont pas les inventeurs, ni la Sécurité sociale, ni les assureurs et banquiers maniaques qui veulent limiter leurs risques ou leurs dépenses en nous dépouillant avec la complicité des politiques de nos vies privées. Ce qui revient à faire de nous tous des coupables et des tricheurs potentiels. Tous ces gens qui surfent sur les peurs et les fraudes qu’ils inventent jour après jour, tablent sur l’indifférence de la jeunesse, des adolescents à qui nous n’avons pas su transmettre que notre intimité était précieuse, que la libre animation de la société civile était essentielle et que l’informatisation de nos vies n’était pas seulement un jeu.
Pour comprendre à quel point les jeunes ne s’intéressent pas à nos peurs, pour comprendre que ce pouvoir, celui là après les autres, joue sur du velours, il suffit d’aller sur Internet et de constater que des millions de jeunes y livrent leur intimité et éventuellement celles de leurs parents ou de leurs enseignants. Sans la moindre restriction puisque les promoteurs intéressés de la Toile et de ses multiples déclinaisons les ont convaincus que tout cela n’est qu’un jeu, qu’il s’agisse de conter ses obsessions ou celles d’un ami ou de piquer des chansons et des films d’une société faussement gratuite et libertaire.
Pour comprendre à quel point les adolescents ne s’intéressent pas à nos peurs, il suffisait il y a deux ans, de visiter en leur compagnie l’exposition de la Villette « Le corps identité ». Une exposition étalée sur des mois en raison de son succès et qui détaillait les mille et unes façon de nous ficher, de nous « reconnaître » ou de nous identifier. Fasciné par le cynisme de cet étalage de la meilleure façon de ne jamais être perdu de vue, un modeste panneau rappelant simplement au milieu des « machines à nous identifier » que la carte d’identité avait été inventé par Vichy pour y apposer la mention « Juif », j’y ai passé plusieurs jours. Pour tenter de nouer un dialogue avec les cohortes de scolaires, des beaux quartiers comme de la banlieue nord, venant s’amuser à découvrir les multiples aspects de la biométrie en compagnie de leurs enseignants indifférents et de guides de La Villette enthousiasmes. J’ai bien écrit s’amuser : impossible de les convaincre que derrière la reconnaissance de l’iris, de la pupille, de la voix, des empreintes digitales, de la forme de la main et l’enregistrement d’informations personnelles, préalable à la délivrance d’une carte d’identité chargée de ces repères, se cachent les risques d’un fichage définitif et, peut-être, parfait. Car au bout de la chaîne de l’exposition, chaque visiteur pouvait se voir délivrer un spécimen de carte d’identité à puce et à son nom, avec sa photo. Rigollot, ludique, où est le problème ?
Pour comprendre à quel point les politiques et les industriels de la surveillance et du fichage, car il s’agit aussi d’un marché fabuleux, visent à l’anesthésie des jeunes, il suffit de se référer au rapport interne du Gixel, l’association qui regroupe la majorité des marchands de surveillance et de fichiers. En 2004, examinant leurs marchés et leurs méthodes, ils écrivaient : « La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles et, en particulier l’usage de la biométrie. Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour les faire accepter. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité, par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes : éducation dés l’école maternelle, les enfants utilisant ces technologies pour entrer à l’école, introduction dans la consommation, le confort ou les jeux (...) Pour faire accepter les technologies de contrôle et de surveillance il faudra probablement recourir à la persuasion et à la réglementation en démontrant l’apport de ces technologies à la sérénité des populations et en minimisant la gêne occasionnée. Là encore l’électronique et l’informatique peuvent contribuer largement à cette tâche ». Et tous les documents postérieurs de cette association et des gestionnaires de fichiers insistent sur la nécessité, à travers l’outil internet, de d’abord convaincre les jeunes de l’innocuité des fichages et de leur aspect convivial.
Mission, hélas, réussie. Ceux qui ne sont plus jeunes, n’ont pas su transmettre face à un rouleau compresseur à la fois industriel et politique.

dimanche 12 octobre 2008

Travailler le dimanche, gaspiller plus, transformer l'acte d'achat en valeur culturelle

Dimanche 13 octobre
Mon ancien journal, paraissant le dimanche, vole une nouvelle fois aujourd’hui à la rescousse d’un gouvernement qui, dans sa frénésie de dérégulation, la dérégulation qui brise ou émiette toute résistance sociale, veut faire ouvrir toutes les grandes surfaces le dimanche. En expliquant d’une part que les gens auront « plaisir à s’y promener » et d’autre part que les magasins vendront plus. Un lapsus pour « gagner plus », sans aucun doute. Même si ce n’est pas prouvé. Curieuse société que celle qui considère l’acte d’achat comme une récréation et cherche à faire consommer plus dans un univers qui constitue déjà une société de gaspillage tendant à faire acheter de plus en plus de produits rapidement jetables, y compris les vêtements, alors que des produits plus chers mais plus solides sont infiniment plus « rentables » pour les individus et les familles. Calcul facile à faire pour les individus et pour la planète.
Curieuse société que celle qui tente de faire croire à tout le monde en général et aux plus démunis en particulier, que les magasins ouverts le dimanche donneront plus de pouvoir d’achat à une population dont, majoritairement, les comptes en banque ne sont pas magiquement extensibles. Sauf à s’adapter en se laissant piéger par les célèbres crédits revolving dont la publicité monte en flèche.
Curieuse société que celle qui voudrait nous persuader qu’il n’existe pas, le dimanche, d’autres distractions que la visite d’une grande surface. Et qu’il n’existerait donc que le seul modèle américain dans lequel les achats superflus et éphémères couronnés par un mauvais Mac Do constituent les seuls plaisirs disponibles.

jeudi 9 octobre 2008

Crise financière, environnement oublié, n'est-il pas venu le temps de jeter des pavés dans les vitrines des banques ?

Jeudi 9 octobre

La crise financière qui se prolonge, crise dont les bénéficiaires sont des personnages et des entités du monde financier qui récupèreront de la main droite ce qu’ils ont fait semblant de perdre de la main gauche, va peser sur l’environnement, sur la nature et aussi sur les causes et les effets du dérèglement climatique. D’abord, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’imagination pour trouver ce qu’il serait possible de faire pour la nature, l’environnement et contre les pollutions avec seulement dix pour cent des milliards d’euros (le total dépasse largement désormais les 1200 milliards pour ce qui est connu) que différents pays (des Etats Unis à l’Europe en passant par la Russie) ont consacré (et ce n’est pas fini) à sauver des banques et des établissements financiers qui ont construit leur fortune et leur puissance sur l’exploitation des ressources naturelles, sur le commerce de l’argent et évidemment sur le chômage des salariés. Car évidemment, la préoccupation environnementale, ne doit pas faire oublier ce que des millions d’hommes vont subir, quand ils ne le subissent pas déjà : chômage, petits boulots, temps partiel, sans oublier la célèbre mobilité qui entraîne encore plus de dégagement de gaz à effet de serre.
Cette crise, comme je l’écrivais il y a quelques jours, va servir de prétexte à « ramener à la raison », les écologistes et les protecteurs de la nature, en leur expliquant que leurs exigences sont déplacées, que l’urgence est au retour de la croissance, qu’il ne faut pas ajouter au « fardeau » des entreprises. Comme si, au delà de la crise financière, l’économie ne continuait pas, cahin-caha, à fonctionner et à polluer. Tous ces bons apôtres, en choeur soigneusement coordonnés avec nos parlementaires, commencent à nous expliquer que, oui, évidemment, ils auraient bien voulu faire un geste pour l’environnement, mais qu’il n’y a plus de sous. Disons, pour en terminer avec la crise, que, simplement, on ne sait pas encore où sont passés ces sous. Donc, nos députés en discussion sur l’une des lois du Grenelle, au bout de trois jours, ont déjà (majoritairement et y compris à gauche) fait la preuve, dans leur entreprise de démolition du peu de résultats de ce Grenelle, qu’ils sont ignorants, incompétents, stupides et surtout sensibles à tous les groupes de pression. Exemples : Jean-François Coppé, patron des députés UMP, dirige la bataille contre ce qui reste du Grenelle dans le (premier) projet de loi en expliquant qu’elle ne doit rien coûter à l’Etat, et l’ineffable Patrick Ollier (de la même secte) qui a mené bataille contre le loup en expliquant qu’ils avaient été introduits dans le Mercantour par des hélicoptères du ministère de l’environnement, est en train de mener, pour EDF, une guérilla consistant à faire adopter un amendement visant à classer le chauffage électrique comme « écologique ».
Finalement, devant tous ces gaspillages, ces pillages et ce culot monstre des libéraux, je me demande très sérieusement si le temps n’est pas venu d’aller jeter des pavés dans les vitrines des banques.

PS qui n’a rien (enfin...) à voir : le maire de Paris, candidat (libéral, même s’il ne le dit plus trop fort)à la direction du PS peut il expliquer pourquoi la taxe d’habitation parisienne payable pour 2008 a augmenté, en moyenne, de 58 à 70 % ?

samedi 4 octobre 2008

Les connards anti-éoliennes repartent à l'assaut et la majorité profite de la crise pour tordre le coup aux petites avancées écologiques

Samedi 4 octobre

En défilant ce samedi devant le ministère de l’Ecologie, les militants anti-éoliennes ont rappelé à la France qu’il existait toujours, notamment venus du XVI éme arrondissement tout proche, des militants du passé qui ne pensent qu’à leurs chers paysages. Dignes héritiers réactionnaires et un peu rances de l’idéologie française de la nature-décor qui sut autrefois se faire entendre avant les défenseurs de la nature et de l’environnement. La meilleure preuve en est qu’ils ont obtenu une loi de « protection des sites » en 1930, soit prés de cinquante ans avant la première loi de protection de la nature. Grâce, à l’époque, au sous-ministre des Beaux Arts qui se moquait, comme les « militants » du paysage et du « point de vue » pour cartes Michelin, de la diminution de la biodiversité commencé dés la fin du XIX éme siécle et mis en avant par l’alors très respectée et puissante association « Sites et monument ». Depuis que les éoliennes représentent une, je dis bien une, des solutions à la pénurie d’énergie et à la crise climatique, ces combattants des châteaux, des manoirs, des gentilhommières et de leurs sacro-saints paysages, se lancent à l’assaut des moulins à vent modernes que sont les aérogénérateurs, trouvant leurs Sancho Panca gras et gros dans le vivier passéiste du Sénat, tandis que Giscard (si peu...) d’Estaing fait de grands moulinets avec ses bras auvergnats pour tonner lui aussi contre les éoliennes. Ces « braves gens », au service du lobby nucléaire, qui se présentent comme les défenseurs des campagnes où ils ne veulent pas que, parait-il, leurs belles maisons se déprécient pour cause d’éoliennes, répandent à tous vents que les éoliennes massacrent les oiseaux, font un bruit du tonnerre et consomment plus d’énergie qu’elles en produisent. Avec des chiffres truqués et des statistiques tronquées. Et les voilà qu’ils s’émeuvent de nouveau et font pression sur les élus nationaux pour qu’il devienne plus en plus difficile d’implanter ces aérogénérateurs. Samedi, ils hurlaient au scandale parce que, à un horizon lointain, il pourrait y avoir 15 000 éoliennes sur le territoire français, ce qui ne fait qu’une demie-éolienne par commune ! Je peux rappeler à ces connards rétrogrades qui ne paraissent choqués ni par les pylônes à haute-tension, ni par les centrales nucléaires, ni par les grandes surfaces qui enlaidissent toutes les banlieues à portée de leurs chers monuments historiques, qu’une province comme la Navarre, 10 000 kilomètres carrés, en compte déjà 1200 et que ses habitants non seulement, je l’ai constaté sur place, ne s’en plaignent pas mais en réclament d’autres, satisfaits que ces moulins à vent fournissent jusqu’à 34 % de l’électricité qu’ils consomment. Et pour toute l’Espagne, le chiffre de 15 000 sera bientôt atteint pour toute l’Espagne sans que des cohortes d’imbéciles ne descendent dans la rue. Tout simplement, aussi, parce que les gens de Navarre et d’ailleurs, se sont aperçus qu’au pied d’une éolienne, on peut poursuivre tranquillement une conversation et que les oiseaux ne s’en portent pas plus mal.
Quant à la crise que nous vivons, elle va servir, comme aux Etats-Unis, à justifier toutes les régressions possibles et imaginables dans le domaine de la protection de la nature et de l’environnement. Parce qu’il ne faut pas « embêter » les industriels et les entreprises constructrices de routes, de ronds-points et d’autoroutes qui n’arrivent plus à joindre (qu’ils disent) les deux bouts malgré les restrictions et les bas salaires qu’ils imposent à ceux qu’ils emploient. Le Grenelle et ses lois en attente vont se dissoudre dans la crise financière et dans le hargne anti-écolo des parlementaires de la majorité, une majorité qui trouve de l’argent pour renflouer des banques et des promoteurs immobiliers mais qui, pour le reste et notamment pour l’environnement, rappelle sur tous les tons que les caisses sont vides. Les mêmes qui ont hurlé contre les « taxes vertes » non pas par crainte de lever de nouveaux impôts ou de frapper les plus pauvres, mais parce qu’ils ont saisit une bonne occasion de s’en prendre à ceux qui pensent qu’une autre croissance est non seulement possible mais urgente. Ils sont dans le même camp que les adversaires des éoliennes et dans le camp des gens qui réduisent systématiquement les transports en commun et les trains. Tout en décidant que les salariés devront accepter des boulots (sous peine de suppression des allocations de chômage) de plus en plus éloignés de leur domicile.
Et enfin, justement, je voudrais bien que, cessant de recopier servilement les dossiers de presse qui leur sont fournis par les organisateurs du Mondial de l’automobile, mes confrères cessent de parler de « voiture non polluantes » alors qu’il s’agit seulement, pour une partie des modèles offerts que de voitures moins polluantes. Quant aux voiture électriques annoncées, peut-on rappeler (outre les problèmes qu’elles posent) que la Régie Renault, en 1959, nous les promettait pour « dans quelques années » avec le modèle Dauphine électrique. Promesse qui a été régulièrement répétée à chaque crise du pétrole et de l’énergie plus chère...