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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 10 avril 2012

Les écolosceptiques aux pouvoirs

Mardi 10 avril



Il est de bon ton d’imputer à Eva Joly et aux errements d’Europe-Ecologie-les Verts, la disparition des préoccupations écologiques du discours des présidentiables et des soucis de l’opinion publique. Certes, le choix de la candidate verte n’a pas été le meilleur car même une excellente magistrate n’apprend pas l’écologie en quelques mois. Mais cela ne suffit pas, il s’en faut de beaucoup, à expliquer ce retour en arrière qui ne présage rien de bon pour la France, pour l’Europe et pour la planète. Il est donc plus que jamais nécessaire d’y voir le résultat des efforts des écolosceptiques pour pousser la poussière écologique sous le tapis : en profitant évidemment des inquiétudes d’une partie grandissant de la population qui se retrouve sous le seuil de pauvreté, se battant quotidiennement pour survivre tout en craignant le chômage et le déclassement.
A ceux-là comme à tous les autres français, les Claude Allègre, les Pascal Bruckner, Christian Gérondeau ou Jean de Kervasdoué (et j’en oublie...) ont expliqué depuis deux ans, sans trouver beaucoup de contradicteurs dans les médias que l’écologie était un luxe et un leurre. Ils ont conjugué à tous les temps et sur tous les tons leurs refrains rassurants répétant que l’agriculture bio n’était qu’une fantaisie de bobos, que les angoisses climatiques se rimaient à rien, que les pollutions ne comportaient guère de danger, que la banquise ne fondait pas tant que cela, que l’alimentation était plus saine qu’autrefois, que les OGM constituaient une chance pour l’Humanité, qu’il n’existait pas d’alternative au nucléaire, que les éoliennes hachaient menu les oiseaux ou faisaient tourner le lait des vaches, que la baisse de la biodiversité était une invention ou que les sols ne se dégradaient pas. Un vrai festival d’imprécations, de mensonges et de négations qui a fini par produire ses effets. Auprès d’une opinion publique toujours prompte à brûler ce qu’elle a adoré et à se rassure de ne pas avoir à changer ses modes de consommation, auprès de la presse soucieuse de faire de beaux titres grâce à ces nouveaux imprécateurs du « tout va bien » ; et évidemment auprès des politiques heureux de trouver de bonnes et nouvelles raisons de ne rien dire, surtout de ne rien faire et de ne pas changer les termes de l’économie et de la consommation.
Les nouveaux imprécateurs ont répété sur tous les tons, comme leurs semblables américains auprès desquels ils puisent leur inspiration sponsorisée par les lobbies industriels, que se préoccuper de l’écologie revenait à s’opposer à la science, au modernisme et à la nécessaire marche du monde vers le progrès. Avec les mêmes arguments que les scientistes de la fin du XIX éme siécle. Une antienne reprise depuis des années par Jacques Attali mettant son aura de premier de la classe au service de ce nouveau « négationnisme » depuis qu’il a réclamé au président de la République la suppression de la constitution du « Principe de Précaution ». Un président qui a relayé cette offensive avec sa célèbre affirmation devant les agriculteurs : « L’environnement, cela suffit » ou en renvoyant aux écologistes partisans d’une sortie progressive du nucléaire le spectre d’une société s’éclairant à la bougie. Les parlementaires de droite, aux prises avec le mouvement associatif qui réclame au contraire de plus en plus de précautions, l’a suivi en détricotant patiemment le peu qui restait du Grenelle de l’Environnement. Sans susciter autre chose que des protestation polies de la gauche.
Tous font semblant de croire que l’écologie s’oppose à la science, alors qu’il s’agit évidemment du contraire. Tous font semblant de ne pas comprendre que les écologistes et les naturalistes se sont battus et se battent encore contre les bateleurs de l’écoloscepticisme pour améliorer notre vie quotidienne et notre santé ; tout en se préoccupant de la beauté et de la (bio)diversité du territoire et de la planète. Les écologistes refusent notre égoïsme de nantis.
Si toutes les préoccupations écologiques avaient disparu de la conscience des Français, comment expliquer qu’en dépit des obstacles, ils soient de plus en plus nombreux à se jeter sur leurs potagers et les jardin partagés tout comme sur les moyens, comme les AMAP, qui leur permettent, riche ou pauvres, de se nourrir autrement ? Comme s’ils réalisaient confusément que l’écologie était une nouvelle forme de la lutte des classes.
Mais dans les coulisses des pouvoirs et les cercles des prophètes de l’économie, les écolosceptiques veillent depuis des années pour railler toutes ces nouvelles aspirations. Il est grave qu’ils aient en partie réussi à pousser les politiques et une part de l’opinion publique à repousser les urgences écologiques à plus tard.

5 commentaires:

Lorenzo Garrido a dit…

Excellent article. L'écologie est la priorité car l'or et l'argent ne peuvent pas être mangés. Il est temps que la société réagisse.

Unknown a dit…

Bonjour,

Votre article synthétise bien se que je pense en ce moment de la place de l'écologie dans la campagne présidentielle.

J'en ai marre d'entendre les écolo-sceptiques dire que "tout va bien" alors que ce n'est manifestement pas le cas et pas besoin d'être un grand scientifique pour se rendre compte que la Nature par en vrille et que l'Homme n'y est pas étranger.

Je rêve du jour où les personnes au pouvoir prendrons pleinement conscience de cela et qu'ils agiront enfin pour le bien de l'humanité entière et non pas pour quelques nantis.

Je terminerai par rappeler aux politiques une petite définition. En effet, ils nous parlent de développement durable mais sans savoir de quoi ils parlent. Le développement durable repose sur 3 piliers : l'économie bien sûr (le seul qu'ils semblent connaitre), le sociale et l'ECOLOGIE !!!!
Je pense donc que pour résoudre la triple crise que nous connaissons il faut mettre l'Ecologie au coeur des actions et non pas la reléguer à plus tard. Parce que "plus tard", ce sera trop tard !

isabelle a dit…

Le meeting d4eva Joly qui m'a permis de la découvrir vraiment prouve à quel point elle fait peur pour qu'on ait à ce point là sali son image. J'ai vu une femme extraordinaire.La seule qui a une carrure de président.
En même temps j'ai ressenti comme une peur, une volonté de dire des choses, un peu comme un testament posthume. Par nature je dois dire que je suis comploiste et que je remets tout en question, mais que sait on vraiment de sa chute dans l'escalier qui tombait si bien. Car visiblement elle sait plein de choses. Son Sarkotour semble être aussi une façon de prévenir au cas où! D'ailleurs elle l'a dit dans son discours ils sont capables de tout. C'est vrai entre autre qu'ils ont réussi à la faire passer pour une idiote (même les guignols s'en prennent à elle sans raison. )et de la couler dans l'esprit des gens. Mais son meeting de Paris a remis les choses- pour ceux qui l'ont vu évidemment -en place. Je pense que si on la laissait vraiment gouverner cette femme serait un président extraordinaire. Mais voilà ce n'est pas comme cela que ça se passe dans ce monde. En plu la question est avec qui voudrait elle gouverner ?
En tout cas je pense que nous devrions tous nous rassembler autour d'elle pour la soutenir car elle a besoin de nous. Elle peut nous aider.

Mécheriki Nicolas a dit…

Je ne peux m'empêcher de glisser un petit mot sur Claude-Marie Vadrot,avec qui j'ai eu le plaisir de discuter, chez lui en bord de Loire,au milieu de ses chats,il y a quelques jours...
Peintre de mon état,je me suis essayé à faire un dessin de Claude-Marie,embrumé par les volutes de sa pipe.C'est un euphémisme que de dire de cet homme qu'il est un journaliste engagé,il est bien plus que celà:Il me donne la sensation d'être un homme dans toute sa" globalité", vivant et réagissant face aux horreurs du monde.Certains humains,précieux ,réconcilient avec le genre humain,Claude-Marie Vadrot est de cette espèce,protègeons-là...
Nicolas

OLIOTECHNOLOGY a dit…

Il y a des solutions pour avancer dans le sens de l'écologie. Par exemple la production locale de pellets de bois. Actuellement, on les importe avec toute la pollution, due aux transports, que ça génère.
http://www.dailymotion.com/video/xqm92q_oliotechnology-pellets-pelletiseur-hydraulique-11kw_tech
http://www.youtube.com/watch?v=Wd1b6fQtReo
http://www.oliotechnology.fr
http://oliotechnology.centerblog.net/oliotechnology.htm