vendredi 22 janvier 2013
Les farines animales pour saumons d'élevage: un scnada
Les poissons d’élevage vont
donc bénéficier à partir premier juin prochain de nouveaux menus à base de
déchets de porcs et de volailles impropres à la consommation humaine mais
broyés pour être transformés en farines.
Sont concernés les bars, les daurades, les cabillauds, les maigres ou
les turbots. S’y ajoutent de nombreux poissons d’eau douce comme les carpes,
les brochets, les sandres ou encore le panga vietnamien produit dans des
conditions sanitaires et écologiques particulièrement déplorables bien qu’en
vente sans problème en France. Ces élevages intensifs concernent aussi la
truite et la plupart des espèces de crevettes produites à Madagascar, au Venezuela,
au Vietnam, au Brésil, en Equateur ou en France. Evidemment il ne faut pas
oublier le saumon dont l’élevage a été inventé en Norvège puis en Ecosse à
partir du début des années 70 et donc la production vient de dépasser 1,5
millions de tonnes en 2012, essentiellement du saumon dit
« d’Atlantique » bien qu’une partie en soit élevée sur le littoral
pacifique du Chili. La commercialisation du saumon sauvage ne représente plus
que 8% pour cette espèce. Pour une raison bien simple : il n’en reste
presque plus !
Les conditions d’élevage des poissons et des crustacés
sont le plus souvent déplorables : surpeuplement des bassins d’élevage,
gavage des crevettes et des poissons dont l’appétit est stimulé par un
éclairage permanent qui les amène à grossir plus vite. Sans omettre
l’utilisation de médicaments, notamment des antibiotiques épandus tous les jours,
notamment dans les derniers mois de leur élevage. Ils sont destinés à éviter la propagation de
maladies liée à la densité des poissons et aux affections entrainées par
la consommation de mauvaises farines de poissons. Lesquelles farines
comprennent notamment le broyat des poissons et des crevettes morts dans les
fermes aquacoles. Ces élevages au départ destinés à pallier la disparition de
certaines espèces, organisent en fait un pillage des océans pour nourrir les
poissons à l’engrais. Pratique qui appauvrit encore plus les eaux marines,
puisque les farines de poissons se confectionnent souvent en ramassant
n’importe quelles espèces de n’importe quelles tailles. Donc les élevages ne
protègent pas de l’épuisement des ressources de la mer. L’illusion, en Norvège
et ailleurs, est entretenue par les éleveurs qui omettent de citer le chiffre
calculé par les scientifiques : il faut au minimum 3 à 4 kilogrammes de
poisson pour « produire » un kilo de saumon ; et l’étude des
statistiques norvégiennes montre que 80 % du poisson péché par les navires de
ce pays en Atlantique Nord servent à alimenter les élevages où le saumon
atteint sa taille adulte en 18 mois contre plusieurs années dans le milieu
naturel et 36 mois dans un élevage labellisé bio.
Les farines animales ne vont que changer le niveau des
bénéfices : ceux des producteurs de saumons et autres poissons d’élevage
et évidemment ceux de la déjà très célèbre maffia de la viande car ce produit
est largement moins cher que la farine de poisson et ils ne savent plus quoi en
faire. Quand aux effets sur les poissons et donc sur les consommateurs,
mystère ! La question ne se pose pas. La décision européenne ne résulte d’aucune
étude scientifique et ignore le principe de précaution et doit tout aux lobbies
des récupérateurs de viande et des éleveurs qui les approvisionnent.
Donc, les poissons qui
mangeaient du poisson, vont devoir adopter un nouveau régime alors que ni les
ailes de poulet ni les côtelettes ne font partie de leur ordinaire marin. Tous
les risques peuvent être d’autant plus envisagés que les résidus de médicaments
des farines animales s’ajouteront à ceux des traitements appliqués dans les
bassins d’aquaculture. Mais le ministre de l’Agriculture a expliqué en langue
de bois de la Sarthe, qu’il ne s’agissait par de « farines animales »
mais de «protéines » et donc que tout va bien. La ministre de l’écologie,
pour une fois sortie de son silence sidéral a affirmé que « elle en pense
le plus grand mal ». Mais, dans la plupart des médias, nul n’a ricané à la
« cacophonie » gouvernementale! Au gouvernement et à droite on
« regrette » cette « décision de l’Europe ». En oubliant,
comme à chaque fois, que les décisions de l’Europe n’existent pas en tant que
telle et que ce nouveau recours aux farines animales a été approuvé à
l’unanimité par les 27 gouvernements européens.
Seul moyen d’échapper à cette dégradation pour les
consommateurs : se tourner vers le poisson et le saumon bio. Depuis le
mois d’août 2000, existe une certification bio avec un cahier des charges
rigoureux. Il concerne la nourriture et les conditions d’élevage. Les
farines distribuées doivent être issues
de poissons péchés selon les quotas légaux ou provenir de restes d’autres
poissons destinés à la nourriture humaine. Elles ne peuvent pas faire l’objet
d’un quelconque traitement chimique. En outre un tiers de l’alimentation des
poissons concernés doit être d’origine végétale, nourriture dont sont exclues
les plantes génétiquement modifiées. Les enclos doivent être installés dans des
eaux, douces ou salées, ne contenant aucun résidu chimique et dont la
température et la lumière doivent être proches des conditions naturelles. Autre
différence entre les élevages classiques et les élevages bio : dans les
bassins la densité en poissons doit être au moins deux fois inférieure.
Caractéristique qui évite la propagation de maladies ; et donc tout
traitement avec des antibiotiques, lesquels sont interdits par le cahier des
charges permettant la labellisation AB ou européenne.
Dans ces conditions la croissance des saumons, pour
prendre l’exemple du poisson d’aquaculture le plus vendu dans le monde,
est bien plus lente et ils ne sont prêts à être commercialisés qu’au bout de 36
mois contre 18 dans les élevages intensifs. Délai qui contribue, d’une part à diminuer
la proportion de graisses dans leur chair et à leur assurer une très nette
qualité organoleptique. Tout en préservant un environnement maritime ou lacustre qui n’est plus pollué par les
bassins d’élevage. Lorsque toutes ces conditions sont respectées et que la
filière de fumage et de préparation écarte tous les traitements chimiques, ces
poissons peuvent être labellisés.
Prochaine étape en expérimentation aux Etats Unis et en
Norvège : la mise au point de saumons, de bars et de daurade génétiquement
modifiés pour manger n’importe quoi et grossir encore plus rapidement.
Quant aux farines animales, il est prévu que dans
« un délai raisonnable » elles pourront
être à nouveau servies à tous
les animaux d’élevage…
1 commentaire:
Bonjour
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