Accord européen sur le climat: mensonges et manipulations
Tous les médias qui célèbrent avec plus ou moins
d’enthousiasme l’accord minimal sur le climat intervenu vendredi 24 octobre
entre les 28 pays européens de l’UE après une interminable discussion de
marchands de tapis, oublient généralement de préciser que les 40 % de réduction
des émissions de gaz à effet de serre annoncés à grands cris seront
comptabilisés…à partir de 1990 ; ce qui revient à passer par pertes et
profits toutes les augmentations d’émissions des 25 dernières années !
Les mêmes médias, les spécialistes et les ministres français
qui « se félicitent » évoquant la préparation de la Conférence
climatique de Paris en 2015, se plongent avec délices dans l’ethnocentrisme en
oubliant la Conférence de Lima qui se tiendra à Lima du 1er au 10
décembre prochain. Une réunion mondiale importante et même essentielle puisque
les négociateurs et représentants du monde entier auront pour tâche de
préparer la conférence organisée en
France ; et notamment de mesurer ce que les Etats Unis et la Chine sont
disposés à accepter. Sans oublier les conditions de l’aide qui devra être
offerte aux pays du Sud pour faire face à la pollution de l’atmosphère dont
profitent les pays industrialisés et particulièrement l’Europe. Car il ne faut pas
oublier que les émissions liées à production des biens industriels ou de
consommation produits en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et dans les
usines du Sud et commercialisés dans les pays riches devrait être mis au passif
de toutes les nations industrialisées. L’Europe, les Etats Unis et bien
d’autres ont non seulement délocalisés leurs productions mais également leurs
pollutions de l’atmosphère de la planète.
Quand aux objectifs concernant la progression de la part des
énergies renouvelables (27 %) et de la progression des économies d’énergie
(également 27 %) les responsables des pays européens se gardent bien d’insister
sur une réalité inquiétante : il s’agit d’objectifs à l’horizon 2030 qui
n’auront aucun caractère contraignant, chaque pays restant libre de les
respecter ou non. Ce qui a amené la France, par exemple, à accepter un accord
dont les chiffres restent inférieurs aux engagement officiels pris par ses
responsables et devant (théoriquement au moins) figurer dans la loi sur la transition
énergétique en cours de discussion devant les parlementaires.
Comme le soulignent Oxfam, la plupart des ONG et les députés
écologistes français allemand ou français, la crise climatique ne se voit
offrir aucune solution à court et à moyen terme, justifiant les inquiétudes des experts qui se
retrouveront dans un mois à Lima. La banquise continuera à fondre, les déserts
à s’étendre, les espèces végétales et animales à disparaitre, les catastrophes
naturelles à augmenter de violence ou de fréquence et le nombre des réfugiés
climatiques à s’accroitre ; sans que ces derniers ne puissent bénéficier
de la moindre reconnaissance des Nations Unies et du HCR, le Haut Commissariat de
l’ONU aux Réfugiés…
A croire que la France et les Européens ont fait leur la
fameuse « devise » des Etats-Unis : « le mode de vie
de l’Union européenne, n’est pas négociable ». Ce qui augure bien mal du
rôle que François Hollande et son gouvernement prétendent vouloir jouer dans un
an lors de la grande messe prévue pour se tenir au Bourget.
1 commentaire:
Un intellectuel voulant ignorer les épisodes précédents pourrait bien sûr proposer de remettre en cause la référence à 1990. Mais serait-ce susceptible d'entrainer des conséquences positives ou négatives? Certes ceci 1990 a-t-il engendré ce qu'on a appelé "l'air chaud", bonus pour l'ex monde communiste (RDA y compris !); référence sympathique aussi pour la Grande Bretagne qui faisait alors très fort sur charbons et fuels..mais alos ?
Non, cette référene n'est ni maladroite ni malhonnête. La vraie question est de voir si on arrive à des idées de différenciation (cf. CEE à Kyoto en 1997), par exemple avec des objectifs de convergence en tonnes de CO2/M€PIB ou /habitant, si on arrive à adopter de vraies règles du jeu sur les centrales au charbon nouvelles (y compris avec règles sur les aides à l'exportation OCDE); si USA et Chine peuvent se mettre d'accord sur quelque chose,...
Et arrêtons de prétendre que "l'exemplarité européenne" a la moindre vertu d'entrainement à Washington et à Pékin...
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