Le braconnier de l'Elysée recherche désespérément un écolo-traître
lundi 22 juin
Depuis quelques jours, la chasse au traître écolo est ouverte. Les rabatteurs plus ou moins bien camouflés s’affairent dans le maquis naturaliste sous la direction du président de la République pour trouver l’oiseau rare qui pourrait améliorer la biodiversité naturelle de l’UMP plus riche en chantres d’OGM, de nucléaire et d’autoroute qu’en écolos compétents. Cet oiseau rare doit réunir de nombreuses qualités contradictoires : être un fan de Claude Allègre (l’homme qui défendit l’amiante dans les années 70), être membre de la secte des hyper-consommateurs, partisan du libéralisme, fanatique de la FNSEA et de la Politique Agricole Commune, fin connaisseur de la nature de l’homo politicus, être borgne au point de confondre un réacteur nucléaire avec une éolienne, êtres en bons termes avec José Bové et Daniel Cohn-Bendit et Manuel Barosso, se reconnaître compagnon d’apéro(s) de Jean-Louis Borloo, téléspectateur assidu de Yann Arthus-Bertrand, dévoreur de bio et admirateur de Michel-Edouard Leclerc, le philosophe de la grande distribution, propriétaire d’un 4 x 4 pour transporter sa bicyclette dans Paris, admirateur discret de Cruella, plus connue sous les nom d’Alliot-Marie, et de Christian Estrosi, l’homme qui n’aime pas les loups, commensal de Ladislas Poniatowski, l’ami des chasseurs, et enfin n’arborer de passe-montagne (bleu) et de foulards que dans les randonnées nature. Tout en étant (prudent) adepte de la décroissance et partisan déclaré de la protection de la nature du sarkozisme. Ce qui n’exclue pas, évidemment, comme pour France-Inter, avoir de bonnes relations avec Carla, la bonne fée des détrousseurs de la gauche, ou tout au moins d’une certaine gauche.
Mais, depuis le début du mois de juin, depuis la modification de l’écosystème politique, l’écolo-traitre se fait aussi rare que la loutre, le gypaète barbu, l’ours des Pyrénées et le célèbre dahu des Alpes. Ce qui lui donne évidemment une grande valeur, même provisoire. Pour autant que nous le sachions, car la battue est discrète, un certain nombre d’appâts et de collets ont été disposés autour des individus suivants.
Yann Arthus-Bertrand lui-même parce qu’il a photographié pendant dix ans le Paris-Dakar et qu’il navigue depuis des années au plus prés de l’esprit bling-bling. Un coup magnifique et chatoyant: vert à l’extérieur et bleu à l’intérieur.
Allain Bougrain-Dubourg qui tutoie Borloo tout en s’engueulant régulièrement avec lui. Pour le président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, c’est la méthode du piège a glue qui a été mise en place. Mais l’animal est réputé farouche et fin renard.
Corinne Lepage dont les excellentes analyses écologiques ne l’éloignent jamais de son cabinet d’avocate spécialisée où son compagnon Christian Huglo, décoré de la Légion d’Honneur depuis le début de l’année, pourrait récupérer tous les procès entraînés par la poursuite d’une politique de pollution et de destruction du territoire. Après tout, Corinne Lepage fut ministre d’Alain Juppé il n’y a pas si longtemps et dans le domaine politique, la récidive n’est jamais punie par la loi.
Jean-Luc Benhamias et Yann Wehrling, chantres déçus de l’espèce en voie de disparition qu’est le Bayrou commun, comme la précédente, qui ont en commun d’avoir l’habitude de retourner leurs vestes au mauvais moment. Pour l’un ou pour l’autre, cela peut être devenu une seconde nature ; et les caméléons sont, de l’avis même de l’UICN, une espèce à protéger.
Un responsable (non-identifié) de France-Nature-Environnement l’association qui, à la fois, rêve d’une reconnaissance et de grosses subventions officielles et vient de se faire remonter les bretelles par le Crédit Coopératif qui trouve que cette « fédération » tourne vraiment au n’importe quoi.
Un ancien de Greenpeace qui a déjà pratiquement tout essayé...
Nicolas Hulot qui ne comprend pas grand chose à la politique mais qui a au moins admis depuis quelques mois qu’il est plus utile et plus compétent comme lanceur d’alertes que comme porte coton ; et qui a donc poliment mais fermement refusé. D’autant plus que le job est largement plus précaire encore qu’à TF1.
Jean-Luc Mélenchon qui... (Non, je plaisante, même le président de la République sait qu’il n’a jamais rien compris à l’écologie)
Et enfin Nathalie Kosciusko-Morizet qui n’a pas encore fini de digérer la couleuvre avalée lors du dernier remaniement ministériel. Mais dans ce cas, parce que les deux se détestent, il faudrait dégager Borloo dans un autre ministère : l’agriculture où il pourrait contribuer à résorber les excédents de la filière vinicole en difficulté.
2 commentaires:
joli bestiaire !
Je suis tombé sur ce blog par hasard, mais j'adore le ton et la qualité des analyses.
Merci.
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