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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 3 mars 2010

Le ministère de l'écologie aides les industriels à empoisonner les jardins

mercredi 3 mars

Le ministère de l’écologie et autres lieux découverts à marée basse, a entrepris de s’acoquiner avec les industriels des pesticides et des engrais chimiques qui digèrent mal les (faux, mais on ne sait jamais) engagements (réduire de 50 % d’ici 10 ans, si possible, l’usage des pesticides...) du Grenelle de l’Environnement en assurant la préparation et la promotion d’un « Accord-cadre relatif à l’usage des pesticides par les jardiniers amateurs ». Une opération qui ressemble à s’y méprendre à la création il y a une quinzaine d’années de l’organisation FARRE, un groupement d’agriculteurs lancé par la FNSEA (le syndicat agricole dominant) et l’UIPP (Union des Industries pour la Protection des plantes) qui regroupe tous les fabricants de traitements agricoles de synthèse. Il s’agissait de « blanchir » les agriculteurs qui dispersent encore aujourd’hui 85 000 tonnes de produits chimiques dans la nature en inventant « l’agriculture raisonnée », en faisant croire qu’au nom d’un « contrat » qui comporte prés d’une centaine d’engagement que nul ne contrôle, que l’agriculture française faisait des efforts. Il s’agissait et il s’agit toujours de masquer l’usage de ces produits, d’une tentative de réhabiliter l’agro-chimie en créant une confusion dans l’esprit des consommateurs. Les deux organisations, FARRE et l’UIPP, étaient si proches que pendant des années elles ont eu la même adresse à Boulogne-Billancourt prés de Paris. Sans oublier évidemment un généreux financement des industriels à cette entreprise de communication destinée à faire pièce à l’agriculture bio qui, elle, jouit d’un label (AB) rigoureusement contrôlé.
Les mêmes industriels récidivent avec les produits dangereux (pour eux et pour la nature) destinés aux jardiniers amateurs grâce à cet « accord-cadre » qui a été intégralement préparé et rédigée sous l’égide de l’UPJ (Union des entreprises pour la protection des jardins) qui regroupe les mêmes sociétés. Il s’agit non pas d’aller vers une interdiction d’utiliser des produits nocifs mais, comme pour l’agriculture raisonnée, d’annoncer une réduction (non chiffrée) des pesticides, fongicides et engrais de synthèse. Des produits que trop de jardiniers utilisent sans précaution mais dont il faut quand même rappeler qu’ils ne représentent que 6% de l’épandage de cochonneries dans le milieu naturel, essentiellement pour éliminer les herbes dites « mauvaises » et les taches des feuilles de rosiers...Mais il ne faut pas oublier que le chiffre d’affaires des jardineries qui les vendent a dépassé 6 milliards d’euros en 2009.
Dans ces huit pages en cours de préparation on peut notamment lire qu’il s’agit de faire découvrir aux jardiniers amateurs « les organismes nuisibles, leur nuisance et nuisibilité, les bonnes pratiques d’entretien du jardin et sur les seuils d’information adaptées pour déclencher les actions de traitement qui seront mises en oeuvre selon les principes de la protection intégrée ». Ou encore il annonce la mise en place de« conseils des méthodes d’entretien les plus adaptées aux jardiniers amateurs et allant dans le sens d’un usage le plus modéré possible des pesticides chimiques lors de l’action de vente ». Autrement dit, il s’agit de faire croire que ces produits sont utiles, qu’ils ne sont pas dangereux en feignant de préconiser d’en vendre un peu moins : « en cas de nécessité de recours aux pesticides, le choix des pesticides à impact environnemental et sanitaire faible sera systématiquement privilégié en fonction des risques dominants ».
En gros, et c’est dit en toutes lettres dans ce texte il s’agit de promouvoir « l’utilisation raisonnée » et raisonnables des pesticides (la même hypocrisie que pour l’agriculture « raisonnée »). Donc de nier leur nocivité en expliquant qu’il s’agit d’en mettre un peu moins en comptant sur la vogue du jardinage, de loisirs et d’alimentation, pour en vendre plus. Une vaste entreprise de communication sur les produits chimiques qui sera lancée dés que le contrat-cadre entrera en vigueur. Avec des pages de publicité dans les hebdomadaires féminins ou spécialisés dans le jardinage.
Ce texte, qui vise à déculpabiliser ceux des jardiniers (encore trop nombreux) qui dispersent n’importe quoi et à n’importe quel moment de l’année sur leurs arbres, leurs fleurs et leurs légumes. Au risque évident de contribuer à stériliser leurs sols et à éliminer tous les insectes, y compris évidemment les abeilles. Pas étonnant qu’il soit d’ores et déjà accepté par les industriels, les magasins de bricolage et la Fédération des jardineries où l’on vend (à l’exception de la chaîne familiale Botanic), n’importe quoi à n’importe qui et sans le moindre conseil. J’en ai fait, par curiosité journalistique, l’expérience à plusieurs reprises, les vendeurs ou vendeuses à la fois non formés et mal payés, tendant n’importe quel boite ou flacon à qui demande des produits de traitements bio. Il est regrettable que de grandes associations de jardinage amateur ou familial, aient accepté de cautionner un tel accord. Mais il est vrai que, souvent, leurs revues vivent en partie des publicités des industriels de la chimie agricole. Seuls les groupes de jardins partagés ont pour l’instant refusé de se prêter à cette campagne de réhabilitation et de communication

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