Energies renouvelables: les niches fiscales ne font pas une prise de conscience
SAMEDI 10 JUILLET
Tout à sa frénésie de trouver de l’argent pour compenser les 30 millions versés en 2008 à Liliane Betancourt (combien en 2009, au fait ?) et les méfaits du bouclier fiscal, le gouvernement met en scène l’un des « éléments de langage » inventé par les communicants de l’Elysée et il « rabote » ce qu’il appelle les niches fiscales. Ce qui, au passage, et c’est l’objectif politique, permet de mettre dans le même grand sac fiscal, l’aide au logement pour les étudiants, l’aide aux handicapés, les minimum sociaux, le financement des associations de bénévoles, le cadeau de 3 milliards aux restaurateurs, l’exonération pour les heures supplémentaires, les investissements dans les départements et territoires d’outre-mer, les investissements dans la construction de l’immobilier de loisir, les travaux pour l’isolement des logements anciens ou récents, l’aide à la production d’éthanol, l’investissement pour la recherche, les exonérations de charges pour les entreprises qui s’obstinent à payer leur salariés aux SMIC (6,95 euros net...) ou le recours aux énergies renouvelables. En tout 468 possibilités de réduction, de crédits, d’exemption ou d’annulations d’impôts.
Dans le cadre de ma série de remarques considérées par un certain nombre de lecteurs comme ce qu’ils appellent mon « virage à droite » et mon enrôlement dans la propagande gouvernementale, que l’on me permette encore quelques observations qui risquent d’aggraver mon cas.
Autant l’aide à l’isolement des logements me parait justifier les 5,15 milliards d’euros qui y ont été consacrés en 2009 parce que cette mesure concerne tout le monde, à commencer par les propriétaires et les locataires les plus modestes auxquels il permet d’espérer la réduction de leur facture de chauffage hélas souvent électrique pour diminuer la facture des entrepreneurs, autant la participation de l’Etat à l’installation de panneaux solaires (voltaïques ou thermiques, environ 800 millions d’euros) me parait poser problème ou mériter réflexions.
En effet, en liant la démarche « écologique » à un seul intérêt financier pour des gens qui ont les moyens d’investir dans des installations solaires, le pouvoir occulte la nécessaire prise de conscience qui doit ou devrait conduire tous ceux qui le peuvent (et en ont les moyens) à opter pour une énergie au moins en partie plus écologique. La question du passage progressif aux installations solaires pour réchauffer l’eau et aux panneaux produisant de l’électricité, ne devrait pas être guidée par la seule opportunité financière mais par un choix de société, par une volonté de participer à l’anticipation de la fin du pétrole et à la lutte contre le réchauffement climatique. Cela me fait penser à la prime à la casse qui a « payé » des citoyens pour qu’ils jettent leur bagnole et achètent une voiture neuve, ce qui me parait réduire à bien peu de chose le gain écologique. Je pense aussi au bonus qui facilité l’achat de petites voitures qui sont à 90 % fabriquées, après transport vers les usines d’une partie des pièces détachées, à 1000 ou 2000 kilomètres du territoire français où elles sont vendues ; où est alors l’économie de gaz à effet de serre puisque ces milliers de véhicules reviennent en France à bord de camions ? Ceci étant évidemment à rapprocher de la remise à beaucoup plus tard la taxe qui devait frapper le transport routier....
Je livre cette réflexion à vos commentaires ou à vos critiques.
3 commentaires:
il est clair que ce monde ,occidentale,et meme asiatique,est hypocrite,et prédateur pour les plus pauvres,et pour toutes les forme de vies sur la planete.triste de voir que le culte de la voite,et donc de l'individualisme soit encore au gout du jours et des nuits sans probleme de conscience?curieux de voir qu'il n'y a aucune mobilisation pour faire blocus contre la voiture et tout ce qui est danjeureux pour l'avenir.
J'aurais tendance à nuancer votre critique avec une remarque sur le mécanisme industriel derrière ces panneaux.
On a en France, pour des raisons trop longues à énumérer, une bonne dizaine d'année de retard dans la constitution d'un tissu industriel et artisanal "nouvelles énergies". On manque à la fois d'artisans-installateurs formés et sérieux, et d'industriels capable de produire des matériels de qualité.
L'aide gouvernementale, bien que ne pouvant légalement favoriser des producteurs hexagonaux, a comme effet de pousser certains acteurs industriels sur ce marché (que ce soit le petit artisan qui se forme pour l'installation de chauffe-eau solaire, ou Total solaire qui finance un labo de recherche à Palaiseau pour améliorer les panneaux).
Bref, il s'agit de tirer un secteur par la demande individuelle. Est-ce plus efficace que des aides directes? Aucune idée.
Pour complèter vos dires auxquels j'adhère, il est intéressant de lire le positionnement récent d'ERDF au sujet du PV (http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/06/22/trop-de-panneaux-solaires-risque-de-provoquer-des-coupures-de-courant_1376733_3244.html) et encore plus de noter les contre arguments du CLER (les derniers paragraphes sont éloquents: http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/20/mais-quelle-mouche-a-donc-piq
ue-la-presidente-d-erdf_1389916_3232.html).
Mon Dieu, vivement que GDF commence aussi à avoir peur...
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