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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 13 décembre 2011

Durban, le climat en surchauffe, la planète abandonnée, les politiques soulagés et la CIA inquiète

Mardi 13 décembre

Depuis la semaine dernière, le refroidissement de la planète est officiellement reporté à 2015 ou 2020. Dates auxquelles, peut-être, on recommencera à négocier pour fixer une nouvelle date et une nouvelle réunion. Si la situation n’était pas aussi grave, on pourrait parler, de conférence en conférence, d’un comique de répétition qui s’accélère. En attendant, l’année prochaine, le grand cirque du réchauffement se retrouvera au Qatar. Ce pays du golfe, généralement seulement connu pour son gaz, son pétrole et sa chaîne d’information en continu, Al Jazeera, compte 1 700 000 habitants répartis sur 11 500 kilomètres carrés. On sait moins qu’il n’y existe aucun parti politique. Particularité qui a sans doute poussé les Nations Unies, toujours à la recherche de paradoxes humoristiques, à y tenir sa prochaine conférence : le taux d’émission de gaz carbonique par habitant y est le plus élevé du monde. Enfoncé Cancun avec ses 150 hôtels dopés toute l’année à la climatisation. Il faut vraiment avoir l’esprit très mal tourné et cultiver une arabophobie très primaire pour penser que les Nations Unies ont fait le choix de l’argent rédempteur, celui avec lequel on gomme ses péchés. Comme la Fédération internationale de football qui y organisera la coupe du monde en 2022. L’un des avantages du Qatar, aux yeux des organisateurs fatigués de la contradiction portée par la société civile, c’est évidemment que les hôtels sont si chers et la police si efficace que les ONG ne seront pas nombreuses à faire le voyage. Elles se grandiraient, d’ailleurs, en décidant de boycotter ces réunions de professionnels de la farce climatique.
Ce choix, à la fois dérisoire et ridicule, illustre parfaitement la dérive de la soi-disant lutte contre le réchauffement climatique. Les scientifiques du GIEC, le Groupe International pour l’Etude du Climat peuvent bien accumuler les scénarios catastrophiques, le HCR signaler l’augmentation du nombre de réfugiés climatiques, les scientifiques américains accumuler les observations sur la disparition de la banquise estivale de l’arctique, les naturalistes envisager la disparition de centaines d’espèces animales moins connues que l’ours blanc en perdition, la sécheresse gagner aussi bien le Sahel que le Sud de l’Espagne ou le Texas américain, la majorité des pays estiment qu’il est de plus en plus urgent d’attendre. Et les autres (L’Europe par exemple) profitent de la moindre occasion offerte pour se lancer dans la surenchère hypocrite. Dernière illustration : le Canada, soucieux de complaire à son voisin américain et de continuer à exploiter les sables bitumineux de l’Alberta, vient d’annoncer qu’il retirait sa signature du Protocole de Kyoto. Immédiatement dénoncé par le Chine, le deuxième producteur mondial de gaz à effet de serre... qui n’a pas signé ce protocole. La soi-disant mobilisation contre le réchauffement climatique ressemble de plus en plus à un bal de faux-culs dont les « ir-responsables » se réjouissent ouvertement que les opinions publiques se tournent vers de nouvelles inquiétudes. Pas seulement aux Etats Unis où le principal candidat à l’investiture des Républicains, celui qui a expliqué que les Palestiniens n’existaient pas, a longuement raconté il y a quelques jours à ses auditeurs pâmés que le réchauffement climatique était une invention des communistes et des Nations Unies. En France, les Claude Allègre et autres anti-réchauffistes, complaisamment relayés par une partie de la presse et des scientifiques de pacotille, ont réussi à semer le doute dans l’opinion publique. Tout en offrant une merveilleuse occasion aux industriels et aux politiques d’oublier les menaces pesant sur l’évolution du climat. Sarkozy, Fillon, Hollande, Bayrou, Villepin, Morin, Mélenchon et les mini-candidats de l’extrême gauche, ont au moins un point commun : les modifications climatiques ne font pas partie de leurs préoccupations et de leurs discours.
Les uns et les autres, les anti-réchauffistes comme ceux qui pensent qu’il existe des questions plus importantes, devraient se demander pourquoi la CIA, après s’être peu intéressée à ces problèmes de climat a entrepris depuis quelques années de classifier le plupart des informations que ses agents recueillent sur les progrès des sécheresses, les conséquences des tempêtes, les mouvements de populations et (très importants pour les USA) la sécurisation des approvisionnements énergétiques pouvant être remis en cause par des événements climatiques. Ces secrets accumulés sont d’une telle ampleur et d’une telle importance qu’un très récent rapport du « Defence Science Board », une agence officielle américain, a demandé avec insistance que ces informations classées « secret défense » soient rapidement, au moins en partie, rendues publiques et partagés, en totalité, avec les parlementaires américains.
En attendant les Congrès s’amusent, les gouvernements temporisent et les négociateurs professionnels qui volent de conférences en conférences, prient pour garder leur boulot le plus longtemps possible. En quittant Durban, ils n’avaient aucune inquiétude sur la survie de leurs fonctions....

3 commentaires:

Chaudiere a dit…

Il est plus que temps de sonner l'alarme sur ce sujet ...

jean bruguier a dit…

Pour compléter la lecture de ce sommet, http://economiedurable.over-blog.com/article-de-kyoto-a-durban-le-monde-est-mal-parti-92073095.html

Lorenzo Garrido a dit…

Très bon article, j'ai bien aimé.