Quand les fruits et légumes cessent d'être produits en France ni Sarkozy ni Bayrou n'en parlent
MARDI 20 décembre
François Bayrou, Lou Ravi du Béarn, clame qu’il faut « acheter français » tandis que l’agité de l’Elysée lui réplique qu’il faut « produire français ». Les deux bons apôtres, comiques de la prochaine élection présidentielle, devraient nous expliquer pourquoi les grandes surfaces vendent des fruits ou des légumes en provenance de l’étranger alors qu’il ne serait pas compliqué de les faire pousser sur le territoire français si le pouvoir et la droite ne songeaient pas qu’à favoriser les grands céréaliers. Ce qui entraîne une réduction de plus en plus dramatique du nombre des agriculteurs français qui n’exercent plus leurs talents que dans 320 000 exploitations qui n’emploient plus que 3,5 % de la population active du pays, soit environ 1,8 millions de salariés. Une situation qui s’aggrave depuis une dizaine d’années. Chiffres officiels du ministère de l’agriculture, comme ceux qui suivent.
Au cours des dix dernières années, les surfaces françaises plantées en pêches et nectarines, ont diminué de 13, 7 %, ce qui explique probablement que la production française ne représente, au mieux, que 15 % de la production européenne et que la France ait importé en 2011, 116 000 tonnes de ces fruits. Pour les pommes, qui ne sont pas non plus un fruit tropical, pourquoi la France en a-t-elle importé en 2010, dernière année de référence, 117 000 tonnes des autres pays européens et 166 000 tonnes du reste du monde ? Peut-être parce que le verger français de pommiers a diminué de 8% au cours des 5 dernières années. La surface plantée en poiriers a chuté de 18% : donc la France importe des poires dont elle ne produit que 190 000 tonnes. Tout comme elle importe 12 000 tonnes de cerises ou ne produit que 15 % de sa consommation annuelle de raisins de tables.
A tout cela s’ajoute des kiwis de Nouvelle Zélande alors qu’ils poussent très bien dans le sud de la France et sur la côte atlantique, les oignons de Nouvelle Zélande, les 100 000 tonnes de fraises venant des 26 autres pays de l’Union européenne et les 92 000 autres tonnes arrivant d’encore plus loin, y compris d’Egypte, du Maroc et même de Californie. Sans oublier les pommes de terre chinoises, l’ail mexicain, les centaines de milliers de tonnes de tomates, de concombres, de courgettes, de poivrons poussés ailleurs alors que ces produits pourraient être cultivés en en France, si la FNSEA et le gouvernement ne favorisaient pas cette version souvent ignorée de la délocalisation, si de grandes sociétés ne gagnaient pas plus d’argent en important qu’en encourageant les productions françaises.
Et il faudrait aussi se demander quelles sont les motivations qui poussent à faire venir de l’agneau congelé de Nouvelle Zélande, du porc d’Irlande, du veau d’Italie et 40 000 tonnes par an (grâce à un accord) de viande de boeuf des Etats Unis.
Il parait que la France est un grand pays agricole....
Combien de milliers de tonnes de gaz à effet de serre gaspillée ?
Combien d’emplois détruits ?
Pensons-y en faisant les courses de Noël et les autres...
3 commentaires:
Bonjour,
Je trouve dommage, sur un sujet emblématique, de voir ici Claude-Marie Vadrot dérouler un raisonnement simpliste à l'opposé d'une pensée systémique habituellement pratiquée dans la réflexion écologique.
Il n'y a rien à redire à l'exposé des faits, de la diminution de nos vergers à l'importation de patates chinoises ... mais plutôt que rentrer dans une logique facile de dénonciation de bouc émissaire, que ce soit la FNSEA, Sarkozy ou Bayrou, il faudrait aussi s'interroger sur le choix des consom'acteurs français qui font sciemment le choix de la nourriture importée à prix bradé grâce au non-respect de bonnes pratiques des cultures agricoles et au différentiel des salaires en Chine ou au Maroc ; choisir de ne consacrer que 12 ou 13% de ses revenus à la nourriture pour financer des portables ou des voyages en avion ne peut produire que le résultat dénoncé par C-M Vadrot. La solution ? remettre en cause nos modes de vie et plaider pour une 'vita povera' ... c'est autrement plus difficile que de rendre 2 ou 3 personnes responsables de tout !
Ecologiquement vôtre,
L'un n'empêche l'autre. Sarkozy et les autres politiques sont coupables; les consommateurs, aussi. Sarkozy et les autres politiques ont le pouvoir de commencer à changer les choses; ils ne le font pas, ils sont doublement coupables.
Il n'y a pas que la part de budget qu'il faut prendre en compte bien que je consacre pour mes enfants et moi plus de 650€/mois soit un bon quart de nos ressources. IL faut aussi privilégier l'achat de saison. Pour les pommes c'est simple, j'habite la façade atlantique, nous avons des fruits 6 mois dans les arbres et 12 mois dans les magasins. Et même chez nous les tomates ne sont pas bonnes quand elles poussent en hiver !
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