Reportages au Festival du Vent de Calvi en Corse
Loi LITTORAL
A de nombreuses reprises, le Festival a évoqué en termes
vifs le non respect grandissant de la Loi littoral sur les côtes Corses. Tout
comme Denis Cheissoux dans son émission CO
2 mon amour diffusée en direct depuis
Calvi et la terrasse du Festival du Vent. Le 25 octobre, le Collectif pour l’Application
de la Loi Littoral avait organisé à Corte une conférence de presse pour
rappeler que « la loi et les décisions de justice doivent s’appliquer en
Corse comme ailleurs ». Ce qui revenait en fait à dénoncer les liens
étroits entre les spéculations immobilière et foncière et la dérive maffieuse
de l’Ile. Mais les participants à la conférence de presse sont allés plus loin,
en rapportant que le Préfet de région, Patrick Strzoda, avant de partir en
Bretagne l’été dernier, leur avait avoué
qu’en temps de crise, il n’était pas question d’utiliser l’argent du
contribuable pour démolir des maisons dont le justice avait reconnu leur
construction illégale. Ce qui ne peut qu’encourager la spéculation et la
destruction de la partie des côtes qui n’est pas protégées, parfois
difficilement, par le Conservatoire du Littoral.
Les participants entendaient donc dénoncer à la fois le
non-respect des décisions de justice et la poursuite, par de nombreux maires,
de délivrance de permis de construire sur des zones déclarées officiellement
inconstructibles. De plus, lorsque des procédures introduites par les
associations de protection sont en cours et acceptées par la justice, les
constructions se poursuivent, ont-ils expliqué. Pour tenter de mettre fin à ces
pratiques, le Collectif prépare une grande mobilisation si, dans un délai d’un
mois, les nombreuses décisions de justice déjà rendues ne sont pas appliquées.
Une mobilisation qui pourrait passer, avant les municipales, par des
destructions « sauvages » qui seraient « appuyés » par les
mouvements nationalistes. Une situation…explosive expliquaient de nombreux
militants…
Soleil obligatoire
Les responsables du Festival du vent, Corinne Lepage,
Dominique Bourg et Thierry Salomon de Négawatt ont lancé vendredi un appel pour
que le territoire Corse instaure le plus rapidement possible une législation
régionale contraignant tous les constructeurs de nouvelles maisons ou immeubles
à les équiper de chauffages d’eau solaire et de panneaux photo voltaïques. Une
initiative concrète qui a permis de briser le cercle un peu infernal de
leur discussion publique sur l’économie circulaire qui, loin des réalités,
commençait à sérieusement tourner en
rond…
D’autant plus que cette obligation est déjà en vigueur
depuis 2006 dans la Région de Barcelone qui, comme la Corse, bénéficie d’un
ensoleillement important. Résultat, à Barcelone, 60 % de l’eau chaude sanitaire
est déjà produite exclusivement avec le soleil.
Un bon film sur la transition
énergétique
Le film de l’Allemand Carl Fechner, projeté et longuement
commenté lors du Festival, devrait être
montré à tous les élus, nationaux, régionaux ou locaux ainsi qu’aux
responsables politiques français. Tous ceux qui persistent, en petit comité à
considérer la transition énergétique comme un gadget écolo qu’il faut agiter
mais surtout ne pas mettre en œuvre. Ils font semblant d’en parler et
poursuivent les mêmes fantasmes de développement énergétique, qu’ils soient
dans la majorité, dans l’opposition ou entre les deux comme le Front de gauche
qui brandit (ainsi que les socialistes) sa ferveur énergies renouvelables quand
ça l’arrange et son addiction nucléaire quand la transition le dérange ; à
Fessenheim, par exemple. Le film, en intercalant régulièrement les extraits en
langue de bois d’un haut fonctionnaire de l’Agence Internationale pour
l’Energie, illustre parfaitement la
résistance idéologique de tous ceux qui ne veulent surtout rien changer.
Donc, un excellent documentaire d’une heure et 20 minutes,
qui montre comment et pourquoi il est urgent de faire « La quatrième
Révolution » (1) avec un passage rapide aux énergies renouvelables, à
l’autonomie énergétique des territoires et à une décentralisation de la
production d’électricité. La démonstration, d’exemples en illustrations, est d’autant plus rigoureuse
qu’elle commence à Los Angeles, la
« patrie » de la gabegie énergétique. L’occasion pour l’auteur,
présent après la projection, d’expliquer qu’il « devrait être interdit de
gaspiller l’énergie ». Il a aussi
expliqué que les progrès de l’Allemagne vers
le recours aux énergies renouvelables (actuellement 25%) étaient
intimement liés à la force et à la cohérence (ancienne) du mouvement écolo dans
son pays, les Verts y étant né du Mouvement
pour la Paix qui s’opposa à l’implantation des missiles américains.
L’autre mérite de ce film est d’avoir envisagé la quatrième
révolution et montré ses prémices à égalité dans les pays développés et dans
les pays du Sud, qu’il s’agisse du Bangladesh, du Mali ou du Brésil. Quant à la
question du charbon, évidemment posée par le public à l’auteur, il lui a
répliqué qu’il préférait les aléas du charbon face au danger nucléaire,
d’autant plus, a-t-il ajouté que pour le charbon il va exister des solutions alors
qu’il est impossible d’écarter les aléas d’un accident nucléaire et que nul ne
peut assurer la gestion à long terme des déchets.
Un mauvais film sur le
« Pirate » Paul Watson
De quoi faire oublier le navrant film (1) de Peter Jay Brown consacré au canadien Paul Watson, le fondateur en 1977 de l’association Sea Shepherd (en français berger des mers…). Ce film de commande qui dure 90 longues, très longues minutes est une véritable ode à celui qui se présente comme le « pirate des temps modernes »(sic). Non seulement le spectateur voit sa tête et doit boire ses paroles en moyenne toutes les 30 secondes, mais en plus le film fait disparaitre la moindre réflexion (si elle existe...) au profit de l’action, des bateaux qui se poursuivent et s’entrechoquent. Avec en prime un mépris souverain affiché pour les Indiens, les Péruviens ou les habitants des Iles Féroé qui ne pensent pas comme le « capitaine courageux ». Un film supposé choc mais truffé de vieilles images la plupart du temps non-datées. Avec l’inévitable et ancienne séquence des bébés phoques assommés sur la neige : rouge sur blanc, c’est bon pour le 20 heures, coco ! En oubliant de raconter que c’est pour avoir amené Brigitte Bardot sur la banquise que Watson s’est fait virer de Greenpeace. Et en oubliant aussi de rappeler combien la suite de l’histoire a été préjudiciable à la vie des Inuits !
Ce film qui tend à faire croire qu’il n’y aurait que des méchants face au bon monsieur Watson évite soigneusement toute analyse, toute réflexion ou allusion politique ou économique. Il joue sur la seule sensibilité (sensiblerie ?) des spectateurs en les entrainant dans le culte de la personnalité du héros entouré d’accortes collaboratrices et d’adorateurs béats. Film qui m’a fait penser aux pires errements des films de propagande soviétique.
Situation aggravées par la défense maladroite et souvent mensongère à la tribune, de Lamya Essenlali, groupie du capitaine et présidente de Sea Shepherd France. Laquelle a cherché à transformer en mystère la « disparition » de Watson dont elle laisse entendre que pour échapper à un (injuste, c’est le seul point indiscutable) mandat d’arrêt international émis par le Costa Rica, il serait condamné à errer sans fin sur la mer. Alors que la vérité est plus prosaïque : il y a quelques mois il a été exfiltré en bateau d’Allemagne, par le navigateur solitaire des années 70 Jean-Yves Terlain, vers le Canada dont il ne peut pas être extradé.
Il ne manquait à cette séquence que la présence de Jean –Louis Etienne probablement occupé dans une autre salle à faire croire qu’il est scientifique et écologiste. Ce dont je doute fort pour l’avoir vu à l’œuvre il y a quelques années sur l’ilot français de Clipperton au large du Mexique…
(1) Confession d’un éco-terroriste
La différence entre les paroles et
les actes
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