Ségolène Royal bloque une autoroute inutile, révélant incidemment que la décentralisation est un danger
Ségolène
Royal, ministre de l’Ecologie, vient de mettre son véto à la construction d’une
autoroute qui devait relier Rochefort à Fontenay-le-Comte.
Il y en avait pour 900 millions d’Euros (avant dépassement du devis). Cette
autoroute, comme d’habitude était souhaitée depuis des années par une majorité de
Conseillers Généraux et de Conseillers Régionaux. Qu’ils soient socialistes
comme le patron des Pays de Loire ou de l’opposition UMP, ils couinent tous à
l’unisson. Cette voie nouvelle devait relier une sous-préfecture de Vendée
(14 000 habitants) à la sous-préfecture de Rochefort (17 500
habitants) déjà parcourues par une autoroute et des voies rapides. Elle aurait
une fois de plus, pour les besoins d’un illusoire « désenclavement »,
tartre à la crème de nombreux élus et du MEDEF, morcelée une région aux
paysages et à la biodiversité très riche. En plein bocage. La ministre, plus
heureuse cette fois que dans la gestion du loup et de l’ours, a donc mis fin à
ce projet au nom du respect de l’environnement…
Il
reste bien d’autres projets autoroutiers en France, tous poussés par les élus
locaux, départementaux et régionaux souhaitant se faire remarquer de leurs
électeurs sans se soucier de la protection de la nature et des paysages. Cette,
ces tentatives, illustre parfaitement les dangers que la poursuite de la
décentralisation fait courir au territoire français. Il est largement temps de
mettre fin à la constitution de royaumes provinciaux dont les responsables ne
tiennent pas compte de l’intérêt général, dans le domaine de la protection ou
de l’environnement comme dans beaucoup d’autres.
Il est
plus que jamais urgent, dans un petit territoire comme la France, de mettre fin
à la reconstitution de la féodalité des Ducs de Bretagne ou de Lorraine, des
Princes de Bourgogne, des Vicomtes de Provence, des Roitelets de Lorraine, des
Marquis de Franche-Comté, des Comtes de Savoie et autres principautés, grandes
ou petites, en cours de formation ou de modification. Le temps des fiefs doit
se terminer avant que tous ces nouveaux seigneurs renforcent leurs principautés
à coup de promesses, de prébendes et de clientélismes. Les palais régionaux ou
départementaux qu’ils se sont tous fait construire, illustrent parfaitement la
dérive féodale en cours.
J’ai
cru à la décentralisation, mais devant les dégâts entrainés par le dépeçage des
pouvoirs de l’Etat, j’avoue m’être trompé. En recevant de l’Etat le droit de
vie, de mort, de subventions et d’aides ils s’attachent leurs nouveaux sujets. Avec tout ce que cela
implique comme services à plusieurs vitesses, comme enseignements au rabais et comme universités
aux qualités diverses. Ces dernières, de plus en plus contrôlées par les élus
et les patrons locaux sont déjà au nombre de 83, sans compter tous les centres
universitaires annexes semées au hasard des besoins politiques.
C’est à
l’Etat que doit être réservé, la protection de l’intérêt général dans tous les
domaines. Qu’il se trompe ou non, il est ensuite soumis aux mouvements
électoraux et peut difficilement pratiquer le clientélisme individualisé.
Dernier exemple : on ne dira jamais assez les dégâts infligés aux paysages
depuis que ce n’est plus le Préfet, représentant de l’Etat, mais les maires qui
accordent les permis de construire à ses concitoyens…
Donc au
risque de choquer, je pense qu’il faut s’arrêter sur la pente savonneuse de la
décentralisation et même revenir sur la loi Defferre et sur celles qui lui ont
succédé en grignotant insidieusement les responsabilités de l’Etat. Ségolène
aurait du s’en souvenir pour le loup et l’ours qui ne doivent pas rester à la
merci de quelques élus braillards qui en font des objets politiques : la
survie et la protection de ses deux mammifères doivent rester de la seule
responsabilité de l’Etat et de ses lois...
2 commentaires:
Pas de "roitelets" en Lorraine, mais des ducs et même des empereurs ... qui ont régné sur l'Autriche, mais tout de même...
A ce détail près, entièrement d'accord avec vous...
Comme le disait un élu ariégeois, le président du conseil général a davantage de pouvoir en 2012 que n'en avait le Comte de Foix Gaston Phoebus au 14ème siècle...
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