En direct du sommet de Lima: les associations s'expliquent et les militants agissent
Le typhon Hagupit qui menace cette semaine les Philippines comme le
typhon Haiyan qui frappa ce pays il y a un an pendant la conférence de
Varsovie, le Pérou qui manque d’eau, le bassin amazonien qui se dessèche
et perd son couvert forestier, l’année 2014 la plus chaude dans le
monde depuis que les relevés météo existent, les glaciers de Andes qui
se rétrécissent à vue d’œil chaque année comme vient de le montrer l’ONG
CARE, les multinationales de l’agro-alimentaire qui accaparent les
meilleurs terres et l’eau pour l’irrigation aux dépends des petits
paysans péruviens…Autant de catastrophes ou de dérèglements en cours qui
n’émeuvent pas le moins du monde les négociateurs officiels perdus dans
leurs textes. Au cours d’une conférence de presse tenus samedi matin à
Lima, des ONG comme Attac, le Réseau Climat, les Amis de la terre,
Oxfam-France et quelques autres réunis dans la Coalition climat 21, ont
expliqué comment et pourquoi les diplomates présents à Lima, leur
apparaissent de plus en plus enfermés dans leur « bulle loin des
réalités du Monde, du Pérou et de l’Amérique Latine ; il existe des
contradictions flagrantes entre ce qui se passe dans le monde et ce qui
se passe ou ne se passe pas ici ».
Mais, contre vents et marées et en dépit de fréquentes déceptions,
ces ONG estiment que les conférences climatiques ont leur utilité et que
la société civile qu’ils représentent joue son rôle dans les
négociations et les prises de conscience : « Notre rôle est
indispensable, nous servons d’aiguillon. Certes sur une ligne
défensive, mais nous ne sommes pas naïfs au point de ne pas nous rendre
compte que les bonnes nouvelles, il y en a, sont trop petites pour
qu’elles puissent être prises en compte. Pour le reste, il est évident
que le niveau des discussions n’est pas à la hauteur des dangers.
Comment, par exemple, parler d’énergie en omettant d’évoquer les
négociations en cours entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur la
libéralisation du marché de l’énergie. Laquelle concerne essentiellement
les combustibles fossiles et donc le climat de la planète ».
Mais comme les pays réunis à Lima, les associations s’accrochent
désormais à l’objectif imposé progressivement par les négociateurs
depuis l’échec de la conférence de Copenhague en décembre 2009 : limiter
le réchauffement global du climat à 2°. Acceptation qui représente un
recul par rapport aux dernières études du GIEC (Groupement
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) puisque désormais il est
patent que cet objectif est hors d’atteinte dans les conditions
économiques et géopolitiques actuelles. Parce que, comme le soulignent
les ONG après une semaine, les banques « climaticides » sont toujours
plus actives. Nul le pouvant dire, par exemple, si le recul de la
Société Générale dans sa participation au projet Alpha Coal, l’ouverture
d’une gigantesque mine de charbon en Australie est liée à la pression
des associations environnementalistes …ou à la découverte que ce projet
comportait trop de risque financier. Tout le système économique joue
désormais à cache-cache avec l’écologie et le climat. Pour les
associations qui mènent ces luttes, il est d’autant plus difficile de
l’admettre que les experts officiels et les experts des ONG parlent
désormais la même langue technocratique difficilement accessible aux
citoyens…
Ce qui n’était pas le cas samedi soir à Lima, des milliers de participants à la « caravane du climat »
qui avaient investi la place San Martin de la capitale, à l’orée d’un
quartier populaire, pour annoncer, célébrer et illustrer le « Sommet des Peuples » qui s’installe demain au Parc des Expositions. Sur le thème « le sommet de l’ONU ne nous représente pas »,
de la musique, des projections sur écran géant et des petites pièces de
théâtre ont fort simplement expliqué aux participants les dangers de la
pollution et de la raréfaction de l’eau, la perte de biodiversité et la
dégradation des terres entrainée par le réchauffement de la planète. En
des termes simples, vivants qui contrastaient avec les discussions de
la conférence et des associations qui la contestent en utilisant le même
langage…
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