Le mauvais climat d'une conférence de Copenhague qui a encore plus mal fini que les précédentes
Dimanche 20 décembre
Chronique publiée sur Mediapart (www.mediapart.fr)
En comparant les résultats –mot un peu fort- de Copenhague avec ceux de Stockholm en 1972 et même de Rio de Janeiro en 1992, il est hélas possible de mesurer le recul de la qualité des réactions de ce qu’il est convenu de nommer la communauté internationale face aux périls que nous avons créés et ensuite entretenus. Les discours s’améliorent, les chefs d’Etat font semblant de se passionner pour l’écologie et son dernier avatar, le climat, mais dans les actes, la régression s’affiche et s’aggrave sans vergogne. Le protocole de Kyoto qui s’imposait d’abord aux nations industrialisées et qui aurait pu s’appliquer aux grands pays émergeants, n’existe plus. Oublié alors qu’il aurait fallu le renforcer. Les discours de plus en plus flamboyants répondent à la pression de la société civile et des associations tandis que les actes expriment la montée des égoïsmes nationaux qui s’affrontent de plus en plus brutalement. En écrasant la plupart des pays du sud dont les représentants, à quelques exceptions prés, n’ont pas brillé d’intelligence et de créativité au cours de ce sommet. Pour un Evo Morales qui a utilisé un langage nouveau en phase avec les menaces qui pèsent sur le milieu naturel et les hommes, combien de discours convenus et geignards, combien de pales copies des fausses jérémiades des responsables de pays riches oubliant en plus que dans leurs propres populations, les plus pauvres subiront en premier les effets des modifications climatiques dans leurs vies quotidiennes. Et les grandes associations se voient prises au piège de leur illusion : radicales ou centristes, elles ont cru être reconnues et écoutées alors qu’elles n’ont été que flattées et incluses dans une stratégie de communication qui, pour la France, a culminé à l’Elysée où le président de la République qui leur a servi l’inusable « Je vous ai compris ! ». Version française de bien d’autres escroqueries aux sentiments écologistes joués aux Etats Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Australie et même en Inde comme l’explique Darryl D’Monte, le président des journalistes environnementaux indiens qui critique vigoureusement son gouvernement de sacrifier le présent à l’avenir.
La communication qui a pris les commandes de l’écologie officielle vient de se révéler impuissante à régler les problèmes par la magie de la parole alors que dans les grandes conférences du passé, les chefs d’Etat n’avaient pas osé se séparer sans décision. Nicolas Sarkozy et ses semblables n’ont plus le pouvoir de casser le thermomètre de la planète mais ils se vantent quand même de calmer nos angoisses en nous expliquant que demain, certainement, ils règleront gratis les maux de la terre avec des mots puisqu’ils ont avoué qu’ils n’avaient rien d’autres à nous proposer. Les responsables du Bangladesh ou des iles-Etat parlent d’escroquerie et se demandent comment ils vont empêcher la mer de les submerger. Mais que pèsent les 10 000 habitants de Tuvalu et les dizaines de millions de pauvres en danger du delta du Brahmapoutre face aux intérêts du monde industriel et financier ?
La démocratie planétaire et onusienne, comme d’autres formes de démocratie, ne fonctionne plus, même comme placebo. Alors que longtemps elle avait fait illusion. Retour sur Stockholm où l’on décida en une dizaine de jours de créer le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, le PNUE, auquel il aurait suffit de donner plus de pouvoirs et le droite de distribuer les moyens financiers d’agir. Le seul organisme ayant la mémoire des questions et des urgences environnementales depuis prés de 40 ans a été le grand absent des discours et de la vague déclaration finale bricolée par une trentaine de pays qui n’ont même pas osé se présenter devant les autres et se sont enfuis comme des voleurs d’avenir. On comprend à la fin, si l’on n’avait pas deviné avant, pourquoi les militants de l’écologie présents à Copenhague ont été brutalement écartés trois jours avant la fin de la conférence. Il est difficile de convoquer des témoins quand on s’apprête à commettre un crime contre l’humanité. A Stockholm il avait été décidé par toutes les délégations présentes que le PNUE devait « prévoir les moyens de susciter et d’utiliser la participation active des citoyens et la contribution des organisations non gouvernementales à la sauvegarde et à la mise en valeur de l’environnement. Et d’associer le public à la gestion et au contrôle de l’environnement ». Cet accord est parait il toujours en vigueur...et la formule inventée à l’époque par les Nations Unies et la société civile « nous n’avons qu’une seule terre » reste le slogan du PNUE...
Sera-t-il vraiment nécessaire de se rendre à Mexico où, dés le début, annonce de l’échec vainement mis en scène, il était déjà prévu d’organiser COP 16 comme en témoigne le stand de cette ville où, dés le début de la réunion à Copenhague de COP 15, comme en témoigne un stand installé prés de l’assemblée des délégués, où il était possible de commencer à chacun de préparer son voyage au Mexique pour une nouvelle conférence « historique ».
11 commentaires:
Copenhague est un échec. Et après. Qui s'attendait à autre chose ? Que pouvait-on attendre d'autre des gouvernements actuels et des situations socio-économiques actuelles ? Les États Unis, pays monde, n'a jamais suivi et ne suivra jamais le reste du monde, l'autre monde. La Chine et l'Inde qui explosent maintenant qu'ils suivent en bons élèves le système économique occidental ne pourront pas adhérer avant longue date à une bifurcation globale de ce même système. Les pays en voie de développement n'ont pas les moyens de se poser la question. Il reste donc l'Europe qui semble être proche de l'exploit. Mais il faudrait davantage de maturité à la communauté européenne. Actuellement, l'Europe n'est pas autre chose que « les pays de l'europe ». La communauté européenne n'existe pas, alors comment aboutir à un accord commun d'une utopique communauté mondiale ? C'est essentiellement du temps perdu et de l'image médiatique pour les politiques. La politique ne sauvera pas le monde pour la simple et bonne raison qu'elle n'en a pas la vocation. L'action de la politique s'arrête là où commence le pouvoir qu'elle s'octroie. La politique a plus à faire en s'évertuant à rester au pouvoir qu'à sauver la planète. Alors comment faire face à un phénomène qui dépasse les gouvernements et qui n'est plus de la compétence du pouvoir politique ?
Rien, si l'on pense que ce qui doit arriver arrivera. Le fatalisme a sans doute de bons jours devant lui. Mais dans des pays comme la France où plus de 90% de la population a reçu une éducation censée lui permettre de comprendre les causes et leurs conséquences on est en droit de s'attendre à autre chose qu'une simple fatalité.
Le plus consternant c'est que ce n'est pas la technologie qui est à l'origine du bouleversement climatique, mais l'utilisation que nous en faisons. Et c'est justement la technologie qui pourrait, qui peut, nous permettre de réagir face à l'ampleur des dégâts. L'humanité n'a jamais possédé autant de solutions pour agir en faveur du plus grand nombre. Ce qui l'en empêche, c'est encore une fois la politique, et surtout la tradition politique qui est de maintenir un ordre établi, à savoir la domination d'une minorité sur une majorité par le truchement d'une mécanique bien huilée. Tant que nos gouvernements gouverneront non pas pour nous apporter le meilleur mais pour se garder le meilleur il n'y aura pas de progrès social. Nous entendons par progrès social, non pas que le citoyen moyen d'aujourd'hui ait plus que le citoyen moyen d'hier, c'est une évidence, mais qu'il n'y ait plus de citoyen moyen. C'est à dire que le progrès (technologique, mais aussi intellectuel) soit partagé par tous. Humainement rien ne justifie que deux pourcent des personnes adultes, soit bien moins de un pourcent de la population mondiale, possède plus de la moitié des richesses. Encore une fois, seule la politique le justifie !
S'il n'y a rien à attendre des gouvernements, des états, des politiques quelqu'elles soient, faut-il pour autant retomber dans le fatalisme ? Notre éducation ne nous permet-elle pas d'accéder individuellement à autre chose que la fatalité ?
Je ne suis pas fataliste, mais quand on sort de cette grande lessiveuse à idées aussi creuses que brillante on est un peu découragé. Ne serait-ce que parce que je pensais que le résultat ne serait pas aussi désastreux.
Pour le reste, je partage votre analyse et je vais me remettre au boulot en pensant que seuls les individus, en améliorant leurs comportements, vont pouvoir réduire la dérive climatique.
Eh bien si, c'est une "conférence historique", car elle montre crûment, au choix, l'incapacité du capitalisme à échelle mondiale à se transformer radicalement, ou alors le déni de la majorité des "décideurs" face aux travaux scientifiques, ou encore l'incapacité de l'espèce (provisoirement) dominante à se considérer comme telle (espèce et dominante).
Alors s'il ne reste plus que les actions individuelles, ça ne suffira pas; nous accélérons donc la construction de l'enfer, à moins que nous renversions brutalement le système rapidement. Mais il paraît tellement verrouillé que c'est impossible ou trop long à faire. Allez, d'accord, il reste une petite chance, mais la probabilité est décroissante.
Vous dites : "seuls les individus, en améliorant leurs comportements, vont pouvoir réduire la dérive climatique."
Non, sérieusement, Mr Vadrot, vous y croyez vraiment ? N'est ce pas une option qui revient, comme le disent certains, à vider l'océan avec une petite cuillère ?
Vous confirmez mon pessimisme, seule une catastrophe environnementale d'ampleur mondiale peut amener à changer rapidement les mentalités et un système économique mortifère, mais largement soutenu par ceux même qui en pâtissent. Mais, sans doute, pas encore assez pour leur dessiller les yeux.
Je pense que nous sommes d'accord sur un point, ce n'est pas la planète qui est en danger. C'est la biosphère, l'humanité comprise. Et le changement climatique n'est qu'un aspect du problème.
Il est dans la logique du logiciel économique actuel de continuer à détruire ou à rendre toxiques les ressources en eau,air et nourriture. Que puis-je faire, moi, en tant que simple individu pour contrecarrer ces pollutions qui me sont imposées ?
Monsieur Vadrot,
Vous avez récemment commis un livre du nom de "Le Roman du Loup" et je vous en félicite !
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Mon mél est le suivant : leklanduloup@free.fr
Salutations lupines.
Rodolphe Gaziello
président fondateur de l'association Le Klan du Loup
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Ok je le fais. Merci
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Cordialement
Clovis Simard
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