Lundi 7 octobre
Le loup, l'ours, le lynx, les rapaces et les phoques menacés par la démagogie électorale des municipales...
Les
loups, les ours, les lynx ou les vautours n’ont décidément pas de chance car
dans leurs existences difficiles il y a toujours une ou deux élections à l’horizon. Et les municipales sont
traditionnellement les plus mortifères pour la faune sauvage, même si les
législatives, les cantonales ou la présidentielle déclenchent également des actions,
prises de positions et déclarations démagogiques sur les espèces sauvages
coupables de faire concurrence à la prédation et à la présence humaine.
Logiquement donc, les chasses au loup, l’organisation de battues
administratives ou illégales et les empoisonnements ont entrainé la disparition
d’au moins une dizaine de ces animaux depuis le début de l’année, dont une
femelle dont les louveteaux ne survivront pas. Le pouvoir veut prouver qu’il
agit avec la même fermeté et la même absence de remord contre les Roms et les
loups que beaucoup d’élus rangent sans la moindre honte dans la catégorie des
prédateurs « impossibles à assimiler ».
Alors les démagogues et les chasseurs crient au loup en maquillant les chiffres
à la tribune de l’Assemblée nationale et du Sénat, dans les journaux régionaux
ou dans Le Figaro qui accueillent
leurs diatribes et statistiques mensongères. Des fantasmes qui, comme pour les
Roms, n’ont rien à voir avec la réalité.
Car s’il est incontestable que les 250 à 300 loups désormais présents sur le
territoire mangent aussi des brebis, les dégâts n’ont rien à voir avec les
statistiques brandies par ceux qui crient au loup. Les 4524 brebis tuées ou blessées
en 2012 par canis lupus représentent
0,06 % du cheptel français de 7 millions d’ovins. Victimes toutes remboursées en
2012 aux éleveurs pour une somme de 1 ,5 million d’euros, loin des bilans
financiers faramineux assénés par les élus de tous bords.
Cette
réalité n’implique pas que le métier d’éleveur ou de berger soit facile, qu’il
ne comporte pas de nombreuses difficultés qui devraient le faire accéder au
rang de métier pénible pour le calcul de la retraite. Passer plusieurs mois
seul dans la montagne et courir de temps à autre après son troupeau pour un
salaire souvent ridicule, cela n’a rien de drôle. Mais les éleveurs, les
bergers et tous les syndicats agricoles confondus se trompent en liant
l’existence du loup et d’autres espèces sauvages à la crise de la filière
ovine. Ils feraient mieux de tourner leur courroux vers la filière de la
viande, vers les importations, vers les politiques de prix des grandes surfaces
ou vers le traité qui contraint encore la France à importer de l’agneau congelé
de Nouvelle Zélande. Ils pourraient, comme certains le font heureusement comme
je viens de le constater dans la Drôme, se poser des questions sur leur
instrumentation par les chasseurs qui se moquent des moutons mais craignent la
concurrence pour leur gibier. Il ne faut pas oublier que ce sont les chasseurs
qui pourchassent les loups et réclament un droit de tir à vue sont aussi ceux qui
ont abattu les derniers ours Pyrénéens,
contraignant les pouvoirs publics à leur chercher des remplaçants en Slovénie.
Les mêmes problématiques entrainent le
harcèlement, voir l’assassinat des ours alors qu’ils ne
« consomment », en général en automne, que 0,9% des brebis qui vivent
dans la montagne pyrénéenne. Des chiffres qui n’ont aucune commune mesure avec
les dizaines de milliers de moutons tués chaque année par les chiens errants ou
fugueurs, bien souvent ceux des chasseurs. La même remarque vaut pour les Alpes
et le Massif central puisque selon une estimation de la FNSEA, ce sont au
minimum 150 000 ovins qui sont tués ou estropiés chaque année par des
chiens.
La
situation pré-électorale n’est pas meilleure dans les Vosges et le Jura où,
depuis 1983, les lynx tentent de se multiplier en dépit des tirs clandestins ou
des campagnes d’empoisonnement menées discrètement par les chasseurs. Au point,
alors qu’en Espagne, le sauvetage d’une espèce voisine, le lynx pardel est
désormais réussie, que l’espèce est en
danger. Mais une part de la France rance, à commencer par celle des élus
locaux, ne supporte pas le sauvage, ne supporte pas que le milieu naturel ne
ressemble pas à un parc urbain, que les animaux sauvages n’obéissent pas aux
syndicats d’initiative, que les routes circulent encore entre des arbres.
Lesquels, c’est bien connu, ont la fâcheuse habitude de se jeter sur les routes
au devant des automobilistes. Rien à voir avec les loups, les lynx ou les
ours ? Mais si, car les chantres et représentants d’une ruralité qui
n’existe plus que dans leurs imaginations et leur nostalgie d’un autre âge, se
battent depuis des années contre ce qui ne ressemble pas à un jardin à la Le
Nôtre. Alors qu’en Espagne et en Italie, les loups et les ours sont
efficacement protégés.
La rage
envers le sauvage a entrainé au cours des derniers mois, des élus à faire
détruire des nids d’hirondelles parce que ces oiseaux salissaient les rues et
des inconnus à empoisonner des vautours, des gypaètes, des milans royaux, des
buses ou des hérons dans de nombreux départements. Sans que la justice se
saisisse des ces délits alors que comme le loup, le lynx et l’ours, il s’agit
d’espèces protégées. La vindicte contre les animaux sauvages a même atteint
depuis quelques mois les phoques veau-marins qui vivent autour de la Baie de
Somme. Une espèce sauvée de justesse par les naturalistes et désormais accusée
(ils sont 460 !) de dévaster les bancs de poisson par des pêcheurs (et des
élus) qui devraient plutôt se poser des questions sur les méfaits de la
surpêche dans les mêmes secteurs.
Le
« sauvage » n’intéresse ni la droite, ni l’extrême droite, ni les
socialistes, ni le Front de gauche, ni
le parti communiste. Ni d’ailleurs, dans le fond, les Verts qui ont
d’autres chats à fouetter puisque les animaux ne votent pas. Seules les
associations de protection de la nature râlent. Mais qui les écoute ?
Réalité
encourageante : il est à peu près certain que le loup a désormais réussi
sa reconquête du territoire français et qu’il peuplera de plus en plus de
départements…
2 commentaires:
Comme vous avez raison! Dans ce hameau du Thymerais où je vis, les hirondelles ont quasiment disparu. Leurs nids n'ont pas été détruits mais elle n'y reviennent plus dégoûtées par les différents "traitements" que nos agriculteurs infligent à leurs parcelles. Ils en meurent de maladies neuro-dégénératives mais ne font pas la relation de cause à effet.
Quant aux différents "prédateurs" pourquoi ne dit-on jamais qu'ils ne s'en prennent qu'aux plus faibles ds troupeaux et contribuent ainsi au maintien de la vigueur de l'espèce?
Pourquoi ne rappelle-t-on pas que le loup et les autres craignent l'homme et qu'autrefois des enfants gardaient les troupeaux et qu'il leur suffisait de frapper leurs sabots l'un contre l'autre pour faire fuir le loup?
Que le loup craint aussi le chien et qu'un troupeau gardé par des "patous" ne craint pas grand'chose?
Certes le métier de berger est peu rémunéré mais il semble que ce soit encore trop pour des éleveurs qui préfèrent faire garder leur bétail par un fil électrique dont le loup aura vite compris qu'il ne lui fait pas grand mal?
Ici, les cervidés prolifèrent; les agriculteurs se plaignent des dégâts qu'ils font dans les cultures; on n'oserait pas suggérer d'acclimater un lynx par compassion pour le malheureux.
Les lapins ici font des ravages (c'est du village voisin qu'est partie naguère la myxomatose); on a réintroduit des rapaces... la chasse en plaine vient d'ouvrir et je crains pour leurs plumes! Car le lapin n'est pas considéré comme nuisible et je me demande ce qu'en pensent mes fraisiers..
PS - Me permettez-vous de relayer cet article sur mon blog, avec un lien sur le vôtre bien entendu?
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