De l'Ossétie du Sud au Kosovo: une même tactique
Pristina, le 13 août
Les responsables kosovars suivent avec inquiétude ce qui se passe à Tbilissi car ils y voient comme préfiguration de l’indifférence qui pourrait régner en Europe si, avec l’appui des Russes qui n’ont pas reconnu leur indépendance, les Serbes décidaient de revenir en force dans un pays qui se débat dans d’extraordinaires difficultés économiques, n’agitant qu’une indépendance de façade exclusivement financée par l’Europe. Hier, les Serbes de l’enclave où ils sont retranchés au nord de Mitrovica, ne cachaient pas leurs espoirs : « les Russes vont nous aider discrètement à libérer une partie du Kosovo, nos compatriotes chassés pourront revenir et l’Europe n’osera rien dire pour ne pas perdre son accès au gaz et au pétrole. Ils aideront la Serbie à organiser une véritable partition du pays ». Dans les monastères de Pec, de Decan ou de Graçanice prés de Pristina, véritable « réserves » religieuses orthodoxes protégés par des blindés et des soldats de toutes nationalités, les moines, les popes et les Serbes en visite affichent depuis deux jours les mêmes espoirs sur « une Russie qui retrouve sa force et son éclat et dont nous allons profiter et qui n’a plus peur des Américains ». Dans les rues de la moitié serbe de Mitrovica, de nouvelles affiches à la gloire de Poutine ont été apposées sur les murs.
Depuis plusieurs semaines, comme ils ont été détruits par les Serbes, les postes de douane installés par les Nations Unis dans le nord du Kosovo ne contrôlent plus les routes en provenance de Serbie. Toutes les marchandises, ce qui est un moindre mal, mais aussi des armes peuvent arriver librement dans la grande enclave serbe. Comme contrôle il ne reste que deux voitures de douanes de l’administration de l’ONU, l’Unimik, postées à 60 kilomètres de la frontière, juste à l’entrée de la partie Kosovare de Mitrovica. Ce qui autorise tous les camions à pénétrer dans la zone serbe par de nombreuses routes secondaires où nul ne vérifie plus les chargements de camions et de voitures.
Les Serbes veulent voir comme une preuve qu’ils ont le vent en poupe, l’annulation de la visite de Bernard Kouchner mercredi ou jeudi prochain. Le ministre des Affaires étrangères devrait se contenter, aprés Moscou, d’une escale à Belgrade, l’étape de Pristina paraissant définitivement annulée. Même si les deux pays n’ont, en importance stratégique et en superficie, aucune commune mesure, le Kosovo, dont les Russes n’ont pas reconnu l’indépendance proclamée le 17 février dernier s’est invité à la table des discussions sur la Géorgie ; la Russie n’accepte pas cette modification des frontières des Balkans, surtout depuis que ses responsables savent que les Etats Unis veulent y faire passer un oléoduc et un gazoduc.
2 commentaires:
Deux spécificités géorgiennes : d'abord, un pro-occidentalisme exacerbé avec une grande bienveillance des US(*) pour chatouiller la Russie. Ensuite, Géorgiens et Russes partagent pourtant la même religion.
Si la Russie ne s'est pas gênée pour la Géorgie (en plus le jour du début des fumeux JO, c'est "subtil"), elle ne prendra pas de pincettes avec le Kosovo.
Voilà plus de deux ans que la Russie sanctionnait économiquement la Géorgie et s'agitait en Ossétie. La tension était claire.
(*) À Tbilissi, une avenue porte le nom de... george bush ! (lequel des deux horribles, allez savoir). Y a-t-il une connerie de ce genre au Kosovo ?
à Pristina, il y a l'avenue Bill Clinton, avec un panneau du charmant haut de bien 3 metres...
et des drapeaux US dans de nombreuses boutiques du centre ville...
L.
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