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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

dimanche 12 avril 2009

Piratages en Somalie: les coupables sont au Nord et en Occident

Dimanche 12 avril

La situation des navigateurs, sur petits bateaux et gros navires, au large de la Somalie n’est certes pas enviable, voire angoissante ou mortelle. Surtout quand les militaires français, pour la gloire militaire de la France et de son président, s’en mêlent. Mais, que l’on me pardonne cette allusion politiquement incorrecte, qui va raconter la misère, l’abandon des populations de la Somalie et du Puntland ? Qui explique que ces « pirates » n’ont guère d’autres solutions pour survivre depuis que leurs pays n’ont plus de gouvernement ? Depuis le début des années 90, le pouvoir n’y existe plus. Ce qui n’empêche pas tous les chefs de bandes, qu’ils soient ou non islamistes, d’être approvisionnés en armes que leur vendent, par des intermédiaires, les pays occidentaux et la Russie. Les Kalachnikovs et les 4 X 4 ne poussent pas dans le sable par miracle. L’Occident a laissé se constituer des zones de non droit qui l’arrange : parce que, par exemple, les fameux porte-containers qui croisent au large jettent à la mer des fûts de déchets toxiques dont les grandes sociétés se débarrassent ainsi à bon compte. Pour les produits les plus dangereux ils sont tout simplement débarqués avec l’aide des chefs de bande qui les enfouissent sommairement en échange de l’argent qui leur permet de s’acheter des armes. La Somalie est une poubelle qui arrange bien des pays et des multinationales : la déchet jeté au large de la Somalie revient à 30 euros la tonne contre 200 ou 300 dans un processus de recyclage légal.
Quelles autres solutions pour ces Somaliens, du nord ou du sud, que de trouver les moyens de survivre grâce à ces trafics et ces piratages ?
Et quand les autorités françaises expliquent qu’elles ont arrêtés des « pirates », ceux qui croupissent depuis un an dans les prisons françaises, avec « l’accord des autorités somaliennes », elles sont bien incapables de situer précisément ces « autorités » puisqu’il n’existe plus aucune autorité dans cette région.
Pas question d’excuser ces « pirates », mais il faudrait quand même réfléchir à ce qui a conduit les habitants de la zone la plus pauvre du monde à utiliser ces solutions de désespoir pour survivre.
Une seule bien maigre consolation : le dimanche du ministre de la Défense nationale a été gâchée ; et il élude la réalité quand il parle de « maffias somaliennes ». Il s’agit de pauvres du sud poussés au désespoir. Ce n’est pas le problème du Président de la République.

17 commentaires:

Cobab a dit…

un autre aspect dont on parle peu à ce propos : ces eaux étaient parmi les plus poissonneuses du monde, et le sont peut-être toujours, mais les bateaux-usines géants on t largement dépeuplé la mer — sans compter le trafic de tanker et de cargo qui rend impossible la pêche à l'ancienne en petites embarcations.

Que font des pêcheurs pauvres que les gros navires empêchent de pêcher ?

(et d'une manière plus générale, aussi bien le retour des pirates que celui, un peu partouts des seigneurs de la guerre, nous montre un monde ressemblant pas mal à celui, qu'on prétendait disparu, de Corto Maltese… finalement ce qui a survécu à la guerre froise c'est l'impérialisme.)

VADROT a dit…

De plus, sur les côtes sud de la Somalie, beaucoup de poissons sont empoisonnés par les produits toxiques s'échappant des fûts balancés prés du littoral...

phil a dit…

Complément d'information : La piraterie en Somalie est née pour protéger le pays du pillage occidental, par Johann Hari de The Independent

vadrot a dit…

Merci. Ce journaliste, connue pour être trés fiable, a déjà publié des papiers très intéressant sur ce thème.

luchop8 a dit…

tous ces témoignages, et notamment le vôtre Claude Marie, nous confirment qu'à la fois, l'écologie passe nécessairement par la politique, et que la politique sans perspective écologique n'est pas viable. Ces dés-équilibres socio-environnementaux se font et se défont donc, moins au rythme des saisons, qu'à celui du pouvoir et/ou de l'argent.

bric a dit…

Juste pour illustrer et rendre plus concrets les crimes : pouvez-vous nous donner des exemples de déchets déversés ?

PS
Monory : mort d'un grand économard ! Snif snif.
Après Barre, mais c'est l'hécatombe !

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Et voila que Druon nous lâche, en plus!

Exemples de déchets:

Fûts de
Cadmium, de dérivés de mercure, de dérivés de plomb, déchets hospitaliers, résidus de traitements de métaux et de cuir. Et, cerise sur ce délicieux gâteaux: des déchest radioactifs retrouvés par les spécialistes du Programme des Nations Unis pour l'environnement.

bric a dit…

Je ne vous le fais pas dire : le sol se dérobe sous nos pieds.

Anonyme a dit…

Même si c'est politiquement incorrect de l'écrire, l'occident n'est pas responsable de toutes les conneries perpétuées en Afrique par les africains !
Il y a des relents de paternalisme colonial à les infantiliser et à leur trouver systématiquement des excuses comme vous le faites. Car si l'Afrique rencontre parfois des difficultés à se remettre en question, c'est aussi à cause de gens comme vous qui la maintenez dans l'idée primaire et raciste du type "c'est la faute aux blancs". Pourtant, j'imagine que si vous considérez les pillages et les saccages commis par les SA dans les années 30, vous ne les justifiez pas par le chômage ou par le traité de Versailles...
J'espère, qu'un jour, vous considérerez les africains comme des hommes libres et responsables (y compris de leurs crimes), c'est à dire comme nos égaux.

luchop8 a dit…

Hommes libres & responsables !
On ne peut être que d'accord avec l'idée. Mais de quelle liberté & quelle responsabilité parle-t-on?
Celles définies par l'OMC, reporters sans frontière, la ligue des droits de l'homme ou Via Compesina ?
Les critères en fonction des intérêts de chacun, seront forcement différents.
Néanmoins, je me range + facilement derrière des revendications de liberté et de responsablité de la Via Compesina(mouvement international paysan lié à l'agriculture vivrière & durable), pcq moins
éthnocentrées.

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

je ne saurais mieux le dire...

Anonyme a dit…

La faute au petit Africain...
Laissé moi rire, quel idée enfin d'aller passer ces vacances dans des eaux ou l'on sait pertinemment qu'il y a de gros risques pour votre vie et celle des vôtres. Je suis désolée de devoir le dire, mais toutes ces personnes qui se font kidnappé... elles l'ont bien un peu cherché! Pourquoi pas un séjour en tchétchénie au club med!! faut arrêter les conneries et prendre ces responsabilité!

alain marsaud a dit…

Anne Honyme, pourriez-vous faire un peu plus attention à la langue française à défaut de le faire pour vos idées ?

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Il faut avoir un certain courage pour écrire quand on sait que son orthographe est aléatoire...
Non ?

Anonyme a dit…

Si je vous suit, lorsqu'une femme qui porte une jupe se fait violer, elle l'a bien cherché...
Le violeur n'est-il pas un peu en cause ?

Blog de Claude-Marie Vadrot a dit…

Je ne comprends pas le sens de cette remarque...

Cesco a dit…

La piraterie a une longue histoire, et pas seulement une histoire romanesque aux Antilles dans le sillage de l’ « Ile au Trésor » et de Barbe-Noire. A propos de piraterie barbaresque, par exemple, on peut se reporter au récit d'une attaque perpétrée au large du Liban actuel, rapportée par le chevalier d'Arvieux en 1660.