Compte à rebours du climat: le rapport inquiétant publié par la Maison Blanche
570
jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début
de la 18 ème conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris, au Bourget,
à partir du 30 novembre 2015. Comme le temps passera très vite pour la montée
inexorable du dérèglement climatique, fait de réchauffement, de tempêtes, de
froid inattendu et de graves variations pluviométriques, et d’erreurs
d’appréciation, il est déjà temps d’en tenir une chronique politique,
scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les
informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la
froideur ou à l’indifférence des
politiques.
Le
rapport publié le 7 mai aux Etats-Unis sur ordre de la Maison Blanche explique
en 1350 pages, que les spécialistes américains du climat n’en sont plus
à « manier une boule de cristal » pour raconter l’avenir des
modifications climatiques et du réchauffement de la planète mais que, pour la
première fois ils se consacrent à faire le bilan sur ce qu’il est déjà possible
de constater ; et donc que les conséquences sont déjà visibles sur tout le
territoire américain. La publication de ce rapport tous les quatre ans, a été
institué en 1990 par une loi votée par le Congrès des Etats Unis, mais il n’a
été rendu public que deux fois. La première au départ du président Clinton et
la seconde à l’arrivée du Président Obama. Celui qui vient d’être rendu public
a été préparé par 300 scientifiques. Le « National Climate Assessment » se base, notamment, sur l’étude des résultats agricoles du pays et sur
des investigations portant sur l’acidification des mers qui bordent l’Est, l’Ouest
et le Sud des Etats Unis.
Les
spécialistes américains ont constaté un déclin généralisé des rendements
agricoles, qu’il s’agisse du maïs, du blé, du sirop d’érable dans le Vermont,
de la pêche ou de la production des huitres dans l’Etat de Washington. Ils ont
constaté également que les printemps plus précoces contraignent les fermiers à
planter plus tôt, ce qui limite la production, surtout quand les pluies diluviennes
sont de plus en plus fréquentes. Le directeur du « Centre pour la science
et la démocratie explique dans son commentaire : « désormais, tout entre dans le champ de la
modification climatique et nous devons travailler aussi bien sur la question
des la santé publique que sur la pêche, l’élevage des poissons que sur l’état
des forêts. Toutes les disciplines doivent désormais tenir compte du changement
climatique ». Le responsable du chapitre du rapport consacré à
l’agriculture, Eugene Takle, directeur
de la chaire du climat à l’Université d’Etat de l’Iowa est l’un des plus
pessimistes car ses experts ont constaté le déclin agricole dans l’ensemble des
Etats des USA.
A
propos de la mer, commente le Président, Andrew Rosenberg, responsable de
l’association de concerned scientists et un des auteurs du rapport « il y a cinq ans, l’acidification des océans
et le mouvement de migration des espèces était déjà en cours, mais les
observations faites n’étaient pas encore très claires ; elles le sont
maintenant et nous ne sommes plus dans la théorisation d’un modèle, mais dans
la réalité ».
Le
rapport explique que l’étude attentive de tous les secteurs économiques et agricoles
des Etats Unis prouvent les conséquences locales du changement climatique sont avérés
et se révèlent toutes négatives. Ils signalent également que les villes qui
connaitront des épisodes cataclysmiques seront de plus en plus nombreuses et pèseront
de plus en plus sur les Américains. Pour les auteurs, le temps de la modélisation
est dépassé et il est urgent de prendre des décisions pour arrêter la
dégradation de nombreux secteurs économique liée au réchauffement. « Il nous faut, écrit le directeur
du centre de Floride pour l’environnement, désormais
et rapidement songer à traduire toutes
les prévisions globales par des initiatives
pour remédier aux impacts locaux significatifs ».
Ce
rapport, car ce n’est pas son rôle, ne
propose pas de solutions, mais il est l’un des plus pessimistes jamais publié
aux Etats Unis. Il peut aider le Président Obama, s’appuyant sur les dizaines
de millions d’Américains touchés d’une façon ou d’une autre, à proposer des
solutions à ses parlementaires, à réduire l’impact des groupes de pression du
secteur énergétique et à préparer des solutions mondiales pour la conférence
climatique de 2015. Cela lui sera d’autant plus facile que ce rapport fait déjà
l’objet de nombreux commentaires et qu’il ne peut pas se représenter comme
Président après ses deux mandats.
Dommage
que le gouvernement ne publie pas officiellement un rapport sur l’état et les
conséquences du réchauffement sur le territoire français...
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