tourisme, oui mais Carla ????
10 février
Après San Pedro et son tourisme aussi délirant que destructeur, nous avons passé trois jours dans un minuscule village de 600 habitants, une oasis sur l’altiplano ; au milieu d’un vrai désert : après la dernière irrigation, pas un brin de végétation. Quelques petits hôtels (hostals plus exactement) et restaurants modestes et une activité qui dépend à 80 % d’une agriculture maraîchère. Grâce à deux petites rivières qui alimentent les champs de cette oasis balayée en permanence par un vent violent. Il est tenu fermement en main par la communauté indienne qui y constitue la quasi totalité de la population. Elle veille, pour l’instant, malgré les attraits de la zone où elle est installée, à contrôler le développement et évidemment aussi, à ce que les seuls petits investissements bénéficient aux Indiens. Et les maisons ne peuvent dépasser la hauteur d’un rez-de-chaussée.
Seul problème, et de taille, il y a ici de moins en moins d’eau : car l’altiplano est parcourue d’énormes tuyaux qui drainent l’essentiel de masse d’eau disponible dans la Cordillière pour les besoins de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert de Calama, la plus grande du monde. Et le responsable de la communauté villageoise explique que, peu à peu, des champs ne peuvent plus être irrigués parce que la mine, dont certains conduit prennent l’eau à 130 kilomètres du site d’exploitation, est de plus en plus gourmande. Pour en prendre la mesure, sachez simplement que le débit de l’eau parvenant à la mine est de 5000 litres seconde. Il ne vous reste plus qu’à faire le calcul pour comprendre ce que présente annuellement cet énorme prélèvement qui assèche littéralement la région. Ce qui explique que le déficit en eau de la commune atteint désormais 40% et les champs abandonnés progressent chaque année.
Alors, pour compléter les revenus de ses habitants, lesquels bataillent ferme devant les tribunaux contre cet état de fait et contre la pollution atmosphérique de la mine qui se trouve pourtant à 40 kilomètres, les responsables du village essaient donc de mettre au point un tourisme durable tout en préservant leurs activités d’agriculteurs et d’éleveurs. Ce qui n’est pas facile. Ils sont pris entre le marteau et l’enclume...
Olivier Archambeau qui est venu dans ce village il y a quinze ans, nous a aidé à mesurer les difficultés et les risques de ce pari. D’une année à l’autre, la commune peut être submergée par le tourisme façon San Pédro: déjà des cadres de la ville s’y installent et des tours-opérators en 4 x 4 rodent...
Aussi, les deux journalistes de l’équipe ont tout simplement décidé, effrayés par le désastre de San Pedro, de ne pas donner le nom de ce village. Aux touristes, aux voyageurs de le découvrir tout en sachant que, d’une façon ou d’une autre, le syndrome de San Pedro menace ce pueblo tranquille.
Même si, le vice-président de la communauté indienne nous a expliqué : entre deux et vingt touristes, je choisis deux, cela nous suffit et nous resterons maîtres de notre développement. Que les dieux des Indiens l’entendent...
PS Totalement coupés du monde depuis trois jours, nous n’avons aucune nouvelle de Carla et certains d’entre nous commencent à somatiser gravement ce manque...Paraitrait même (une tele locale chilienne...) qu'ils ne vivraient plus ensemble ? J'angoisse, nous angoissons...
2 commentaires:
Elle entame son 8eme mois de grossesse, dans deux jours elle accouche, dans une semaine ils divorcent.
Mais merci pour l'anectdote, et cette évolution... savoir que le "tourisme" est devenu presque indispensable à beaucoup de peuples est assez dérangeant si on y réfléchit bien...
Tout va bien pour le tourisme dans cette region.
Avec le Dakar qui migre au Chili et en Argentine, nul doute que des gentilles associations humanitaires emplies de bon sentiments iront aider les locaux, et pourquoi pas, leur donner des pompes a eaux, puisqu'ils en ont besoin.
Aprés avoir lu vos articles, cette annonce me fait froid dans le dos.
Bonne route a vous.
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