Michel-Edouard Leclerc et le ministre Luc Chatel prennent la tête des escrocs du "pouvoir d'achat"
Mardi 2 septembre
La « défense du pouvoir d’achat » vient de prendre pied dans les médias, dans un mouvement unanime, du Figaro au Parisien en passant par les grands journaux régionaux, la télévision et France-Inter. C’est le sujet consensuel de la rentrée : « à bas la vie chère ! ».
Quel que soient les qualités éventuelles ou la pugnacité des journalistes qui se lancent dans cette croisade plus ou moins inspirée, je pense notamment à France Inter, il ne faut pas oublier que l’opération « pouvoir d’achat » a été décidée en très haut lieu et est orchestré par l’inénarrable secrétaire d’Etat Luc Châtel qui parcourt les provinces de France en débitant des banalités sur la Consommation (1) qui fait partie de son portefeuille ministériel, banalités qui sont rapportés jour après jour par les télévisions régionales.
Il s’agit, résumons simplement, d’une part d’ancrer dans l’esprit du public, que pour améliorer le pouvoir d’achat il suffit d’avoir recours à des trucs et des astuces de consommateurs (radins...) et d’autre part de faire semblant de pointer du doigt la grande distribution qui vient de recevoir un royal cadeau lui permettant d’installer plus facilement ses grandes surfaces. Lesquelles vont désormais écouler encore mieux leurs produits sous des enseignes « au rabais » où elles vendent les mêmes choses qu’ailleurs ou juste un peu plus dégueulasses. Cette offensive permet de faire oublier que les salaires ne progressent pas, au contraire de la précarité, et que les taxes nouvelles s’accumulent au moment où le ministère des Finances a décidé (cela est visible sur les feuilles d’impôts) de bricoler les barèmes d’impôt et de faire passer à la trappe la plupart des dons aux associations et les dépenses de bénévolat. Les efforts de communications et de diversion de monsieur Châtel sont exceptionnellement importants (budget de com et de déplacements extraordinaire) ; et outre qu’ils détournent de l’essentiel ils incitent les consommateurs à acheter les produits de (plus) mauvaise qualité (notamment pour la santé) et provoquant beaucoup plus de dégâts sur l’environnement, ce qui rend service à la fois à la grande distribution et aux producteurs de bouffe industrielle. On oublie le Grenelle de l’environnement pour un faux Grenelle du pouvoir d’achat.
L’escroquerie repose sur une réalité : personne, sauf les spécialistes (et encore ils ont du mal), n’est en mesure de passer d’un magasin (hard ou pas hard) à l’autre pour comparer les prix, les compositions, le poids et l’empreinte écologique. Donc il suffit de faire croire par une campagne de presse que les magasins « à bon marché » vendent moins cher en omettant d’insister qu’ils font partie des mêmes sociétés de distribution que les « autres ». Il s’agit donc de brouiller les pistes de l’augmentation des prix et des profits et l’escroc Michel-Edouard Leclerc, l’autoproclamé « pourfendeur de la vie chère » est comme d’habitude envoyé en première ligne pour entretenir sa fausse aura de mécène du consommateur.
A qui pourrait croire que les magasins « bon marché » sont différents des autres voici deux petits exemples péchés chez Ed : dans les yaourts Dia « aux fruits », le prix des 12 grammes de fruits (avec arome naturel qui sont en fait des copeaux de bois) est à 13, 30 euros le kilo ; dans les yaourts Danone Taillefine « aux fruits », la « trace » de pamplemousse revient à 19,5 euros au client. Avec une dernière remarque qui concerne la responsabilité du consommateur qui n’est pas innocent : pourquoi acheter de la scarole « Saint Eloi » épluchée et sous vide à 6,50 le kilo alors que la même scarole est vendue non emballée à 1 euro le kilo.
D’autre part, je rappelle que la gestion informatisées des flux d’achat avec les cartes de fidélité explique en grande partie les différences de prix entre magasins d’une même chaîne pour un produit identique lors des récentes enquêtes sur le pouvoir d’achat et les augmentations. En effet, ce n’est qu’un aspect de la question, le croisement des courbes des achats et des profils sociaux économiques de la partie répertoriée des clients (100 000 cartes de fidélité en France), permet de déterminer les seuils de prix (ou de qualité, également) « acceptables » et n’entraînant pas ou peu de baisse de vente. Ceci magasin par magasin, chacun étudiant les variations de l’acte d’achat en fonction d’une augmentation. Ces prix sont donc, grâce à ce système, de plus en plus fixés non pas en fonction du coût d’achat aux producteurs mais par observation de ce « seuil d’acceptabilité » déterminé jour après jour par l’informatique et analysé par des sociologues. Certains prix, puisque toutes les données peuvent être croisées, peuvent également être modulés en fonction de la partie du magasin où ils sont offerts.
(1) Genre : « Les Français ne dépensent pas moins, ils font simplement de nouveaux arbitrages dans leurs achats ». Celle là, il la répète partout sans rire, y compris pour « expliquer » que les gens en vacances ont été moins au restaurant
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