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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mardi 2 décembre 2008

Le récit de l'incroyable perquisition d'une classe de 4° par les gendarmes de Marciac

Mardi 2 décembre

Hier j'ai évoqué les méfaits des chiens que Nicolas Sarkozy a lâché à travers le pays et je faisais allusion à cette perquisition musclée et gendarmesque dans des classes de 4°(oui, vous avez bien lu, 4°) du collége de Marciac dans le Gers.
Voici le récit intégral, attesté par son père, que l'une des victimes, Zoé, avec ses propres mots, fait de l'intervention des gendarmes.




« Il nous l'avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous faire
une prévention pour les 4ème et les 3ème.
Ce mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours
comme à leur habitude, en suivant les profs.
A peine 10 minutes plus tard – nous étions assis-, deux gendarmes
faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous
étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde!?? » . Elle n'était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain , la porte s'est
ouverte, laissant entrer deux gendarmes... Enfin non, pas exactement!!! Il
y avait un monsieur chauve habillé en militaire ( le dresseur de chien en
fait!) et un gendarme très gros.
Le chauve nous a dit: « Nous allons faire entrer un chien! Mettez vos
mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique! »
Enfin il a dit ça, à peu près... Je me rappelle surtout du « Quand il
mord, ça pique! »
Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes
et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe
tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien
s'appelait Bigo. Bigo s'est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et
arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière
son bureau bouche bée.
Le chien s'est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a
claqué des doigts en disant: « Sortez mademoiselle, avec toutes vos
affaires! » Elle a rangé son sac, s'est levée et s'est apprêtée à sortir
mais le dresseur l'a repris vite: « Et ton manteau! » Elle a rougi et
emporté aussi son blouson.
Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors
sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le
retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s'empresser
de me faire sortir. Dehors m'attendait une petite troupe de gendarmes...
Enfin, non, pas dehors: nous étions entre deux salles de classe.
Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre
fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent
fini, ils s'emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme
me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je
n'étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se
faisait fouiller les poches par une gendarme.
Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui
fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et
cherchait dans mes doublures.
La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les
personnes qui l'entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne
fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe.
C'était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regards
des deux autres gendarmes.....
Je décris: Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le
surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le
reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit
enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche
dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à
l'intention de l'autre gendarme: « On dirait qu'elle n'a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier! On ne sait jamais... » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis
de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien
trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses
mains sur ma culotte! Les gendarmes n'exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas!!!!!!
Je dis à l'intention de tous « C'est bon arrêtez, je n'ai rien!!!! »
La fouilleuse s'est arrêtée, j'ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac
m'a dit: « tu peux ranger! ».
J'ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en
classe après avoir donner le nom du village où j'habite.
De retour en classe, la prof m'a demandé ce qu'ils ont fait. Je lui ai
répondu qu'ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j'ai eu du mal à
me consacrer au math!
Tout ça c'est ce que j'ai vécu mais mon amie dans la classe à coté m'a aussi raconté.
Le chien s'est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au même
traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l'ont carrément emmené
à l'internat où nous dormons. Le chien s'est acharné sur toutes ses
affaires m'a t-elle dit. Le gendarme lui a demandé si elle connaissait des
fumeurs de hash, vue qu'ils ne trouvaient rien. Elle leur a simplement
répondu que le WE dernier elle a assisté à un concert!
Le CPE l'a ramené ensuite au collège et elle m'a raconté.
Après les cours, le principal a rassemblé tous les élèves et nous a dit
que bientôt allait avoir lieu une prévention pour tout le monde.
Une prévention? Avec des chiens? Armés comme aujourd'hui?
Une élève de 4ème nous a dit que le chien s'est jeté sur son sac car il y
avait à manger dedans. Elle a eu très peur.
Les profs ne nous en ont pas reparlé....Ils avaient l'air aussi surpris
que nous! Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question: Que se
passe t il?
Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n'ont pas été directement
concernés! »

Zoé

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous ne pensez pas que ça repose la question de la dépénalisation du cannabis?

Combien d'ados humiliés, réprimés et jetés en taule comme des criminels devront payer le prix de l'hypocrisie d'un gouvernement qui refuse d'admettre que jamais personne, dans l'histoire de la médecine, n'est jamais mort d'une overdose de shit (contre 45 000/an pour l'alcool et encore plus pour le tabac)?

Je vous en avez déjà un peu parlé dans un précédant commentaire, je suis un ancien fumeur (qui songe à reprendre, vu le climat pourri actuel) qui considère comme l'écrasante majorité de ses semblables que fumer est une intégrale question de liberté personnelle.
De ce fait, je n'ai jamais accepté de me soumettre à une loi qui s'oppose à cette liberté de disposer comme je l'entend de ma propre conscience et je n'ai pas l'impression d'être un danger pour la société bien-pensante et aseptisée.

Par contre, je pourrais le devenir si cette politique de diabolisation et de terreur continue à s'amplifier grâce à cette merveilleuse arme qu'est la police, parce que preuve est encore faite qu'elle se permet n'importe quoi, jusqu'à intervenir dans des collèges en plein cours (!)

Et les flics ne s'attaquent pas aux gros dealers, ils sont trop cons pour les chopper, non, ils s'attaquent aux petits consommateurs comme moi, qui fument un joint par jour pour décompresser un bon coup, évacuer l'espace d'une heure toute la merde qui gravite autour du monde.

Je suis allé à Amsterdam il y a quelques mois avec des amis pour me rendre compte de cette liberté qui est accordée aux gens là-bas et mon constat est clair;

non seulement ce qu'on y fume est d'une qualité inégalable (contrairement au shit pourri coupé à la javel ou au pneu qu'on trouve à un prix exorbitant en France), mais la peur d'être contrôlé et arrêté par la police disparait complètement. Et nous avons tous ressenti ce que jamais nous avions pu ressentir en fumant dans la rue ici, à savoir un salvateur sentiment de bien-être et de liberté.

Mais attention, je ne fais pas l'éloge du cannabis, il faut garder conscience que ses effets ne sont pas assimilables par tout le monde et qu'ils peuvent être dévastateurs en cas d'abus.

Pour conclure sur ce sujet, je dirais juste que chaque argument avancé par l'Etat pour justifier cette répression contre le cannabis ne fait pas le poid face à ceux de ses défenseurs.

PS: qui sème l'humiliation récolte la haine...il ne faudra pas venir s'étonner si des flics se font désouder gratuitement à cause de leurs abus de pouvoir.

Anonyme a dit…

La question n'est pas cannabis ou autre drogues. La question est bien plus importante que cela. Il s'agit de notre liberté et du respect que chacun est en droit d'attendre des représentants de l'ordre;

Aujourd'hui les policiers, gendarmes et militaires de toutes sortes nous regardent et nous traitent comme des suspects. Mais ce ne sont pas eux les premiers responsables, leur attitude n'est que la conséquence de l'attitude et la conduite du pouvoir.

Ceux que plus de 50% de votants, ne l'oublions pas les responsables sont nombreux, ont amenés à l'Elysée, Matignon, à la chambre des député et au Sénat, ont fait campagne depuis des années sur l'insécurité, et ça a marché !! Malgré les avertissements et malgré le passé, les français leur ont donné les clés du pays. Aujourd'hui ils en usent et en abusent. Pour rester où ils sont quoi de mieux que de terroriser la population. Nous sommes tous suspects et tous coupables, qui n'a pas traversé la chaussée en dehors des clous. Alors la maréchaussée se croit investie d'une mission d'épuration. Nous ne méritons même pas leur respects puisque nous sommes tous coupables, tous des criminels en puissances, et dés le plus jeune âge, souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps que ça que notre bon président voulait dépister la délinquance dés la maternelle ... ça va revenir sur le tapis un jour.

Je ne me serais jamais permis jusqu'alors de parler de fascisme ou de dictature à propos de nos gouvernants ... eh bien je crois qu'ils sont en train de franchir le pas, si ce n'est pas déjà fait.

Comment tout cela va finir ? Je ne sais pas mais je suis très inquiet. Claude-Marie, ne tremblez vous pas ?

Anonyme a dit…

Je suis inquiet, trés inquiet et si je continue à être journaliste actif et écrivant c'est que je pense ne pas avoir le droit de me retirer dans mon jardin. Pour le cas où je pourrais encore faire quelque chose pour éviter l'inéluctable.

Anonyme a dit…

Je crains que les membres de ce gouvernement soient complètement déconnectés de la réalité des choses, en fait de celle que nous vivons (presque) tous.

Je me demande encore comment 53% des citoyens de ce pays ont pu être assez naifs ou dupes pour croire aux promesses de Sarkozy, pour croire qu'il pourrait élever le niveau de vie des gens et leur permettre de vivre libérés de la peur du lendemain sans passer par la coercition la plus basse et violente.

Maintenant que le mal est fait et que ses actions se portent essentiellement, comme le souligne justement GB, sur un contrôle de plus en plus pernicieux de la population, la question est de savoir par quels moyens nous pourrions mettre un terme à son entreprise mégalomaniaque.

Sachant que gueuler dans la rue ne sert pas à grand chose dans le fond tant il se fout de notre avis et que la moindre esquisse de révolte populaire sera impitoyablement réprimée.

Mais je me demande si il ne serait pas temps de dresser les barricades, les vraies, arrachées des pavés, avant de sombrer dans 1984.

A moins qu'il ne soit déjà trop tard...

Anonyme a dit…

oui le loup a montré sa patte enfarinée, des chevreaux lui ont ouvert et d'autres se font bouffer.
il est grand temps de sortir les ciseaux pour lui ouvrir le bide et récupérer nos camarades chevreaux !

Anonyme a dit…

Le matin, en se rasant, il pense désormais à l'effet qu'aurait une courte moustache.