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Journaliste depuis 30 ans, à la fois spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie,de protection de la nature et de société; derniers livres publiés: Guerres et environnement (Delachaux et Niestlé), L'horreur écologique (Delachaux et Niestlé), "La Grande Surveillance" (Le Seuil),une enquête sur tous les fichages (vidéo, internet, cartes bancaires,cartes médicales, telephone, etc). Et enfin "Enquête sur la biodiversité" (ed Scrinéo, coll Carnets de l'info). Aprés 20 ans au Journal du Dimanche, collabore désormais à l'hebdomadaire Politis et à Médiapart.

mercredi 17 janvier 2007

les supers menteurs de l'écologie

(article paru dans Libération)

Depuis des années les sondages (nous) assurent que les Français sont sensibles à l’environnement et disposés, (au choix), à mieux se conduire ou à payer plus s’ils en ont les moyens, pour que notre territoire soit mieux écologiquement géré. Depuis des années leurs attitudes, notre attitude n’a pourtant pas évolué : un bobo en boutique bio ne fait pas le printemps écolo. La majorité hurle à la moindre éolienne et à la moindre entrave à la circulation automobile urbaine ; et réclame l’élimination des orties et des ronces dans les réserves naturelles. Nous mentons donc vrai, parce qu’il n’est plus, pour l’instant, politiquement correct de ne pas avoir l’air écolo. Les écolo-menteurs viennent de récidiver dans un sondage du Parisien. Ils récidiveront, nous récidiverons, d’ici à la fin de la campagne électorale.

Depuis des années, les politiques, des parlementaires aux ministres, assurent qu’ils sont disposés, sous le vocable fumeux de « développement durable », à mettre en œuvre des comportements et des législations incitatives ou coercitive. Lors du dernier débat de l’assemblée nationale, alors que le pays était déjà largement secoué par la vague Hulot, il y avait dix députés en séance pour discuter du misérable budget du ministère de l’écologie. Nos super-menteurs jouent aux verts avec les pourcentages des énergies nouvelles. Le président écolo se garde bien de préciser que la France dispose de 112 000 mètres carrés de solaire thermique contre 780 000 pour l’Allemagne ; 5230 mètres carrés de solaire voltaïque contre 503 000 pour l’Allemagne ; et 373 mégawatts d’énergie éolienne contre 1807 pour l’Allemagne. Les mêmes parlementaires, les mêmes gouvernements ont « oublié » de taxer les agriculteurs pollueurs dans la toute récente loi sur l’eau adoptée dans l’indifférence et l’absentéisme. Et pour animer la préparation du grand colloque international de février organisé par le président, ce dernier désigne Alain Juppé, l’homme qui avait bloqué le projet de réserves européennes Natura 2000 aux frontières.

Tant que le ciel ne nous ne tombera pas sur la tête nous continuerons de mentir et de faire semblant d’être verts tandis que continuera la danse du scalp autour de Nicolas Hulot. C’est la séquence dérision…

Ségolène a signé, François a signé, Nicolas (l’autre) a signé, Marie-George a signé, Dominique a signé et Jean-Pierre, nouveau pacsé du PS, a donc signé par procuration, ce qui lui a évité de rappeler publiquement qu’il n’avait jamais compris ce qu’étaient les problèmes d’environnement. Le pacte écologique de Nicolas Hulot vient donc d’atteindre son point maximum d’inutilité, ce que l’on appelait encore il y a quelques années le Principe de Peter. Tout le monde est pour le pacte, les journaux et les politiques baignant dans l’unanimisme sur le thème « plus écolo que moi tu meurs ». Ne reste plus qu’à chercher l’erreur ! Tous verts ! Tellement vert, Sarkozy qu’au cours de sa prestation télévisée de prés de trois heures sur France 2 pour présenter sa candidature surprise, il n’a pas prononcé une seule fois le mot écologie ou le mot environnement. Même performance le 11 décembre pour Buffet au cours d’une émission de 50 minutes à France-Inter ; et lacune semblable de Bayrou (Lou Ravi du Béarn) lors de sa déclaration officielle de candidature sur fond de montagnes pyrénéennes pour les caméras de télévision ; genre la farce tranquille. Pour Royal on attend mais quand on lit le programme du PS, il est permis de redouter le pire, en dépit du renfort d’une Verte parisienne de choc et de Bruno Rebel, l’ancien patron de Greenpeace France. Mais, au moins, ce dernier sait de quoi il parle et porte en bandouillière d’autres prouesses que de jolies images télévisées. Quand à la gauche anti-libérale qui a réussit à écoeurer Bové, elle passe son temps à se balancer des insultes, des vertes et des pas mûres. Alors, l’écologie, camarade, on verra plus tard, quand on aura pacsé le consensus et la démocratie. Pour plus d’explications, voire Clémentine Autin qui manie vertement la langue de bois, ce qui ne suffit pas pour faire écolo, elle s'en est aperçue.

Revenons au pacte qui agite le microcosme pâmé. Nos confrères journalistes politiques, fatigués de mettre en scène la concurrence indécise et ennuyeuse entre Royal et Sarkozy, se ruent sur Nicolas Hulot et le psychanalysent. Leur nouvelle vedette, leur dérivatif : enfin un candidat qui ne comprend rien à la politique, une aubaine ! Une vraie curée, une danse du scalp qui sert à masquer la vacuité de leurs questions et de leurs analyses ; et à relancer l’industrie pourtant prospère de la « petite phrase ». Dans les rédactions, désormais, les chroniqueurs politiques confisquent Nicolas Hulot, interdisant littéralement aux journalistes spécialisés d’aller poser quelques questions d’écologie à notre nouveau Coluche (en moins drôle, bien sur) pour qu’il puisse aller au delà des banalités qu’aligne son Pacte qui n’est qu’une bien pâle copie de ce que disent les spécialistes et les journalistes environnementalistes depuis une vingtaine d’années. Les Verts aussi, il faut le reconnaître : mais les Verts ont trop souvent cru, Voynet en tête, qu’il fallait aller parler d’écologie aux journalistes politiques. Lesquels s’en foutent complètement, eux qui ne connaissent que la nature des jardins de Matignon et de l’Elysée. Il y a quelques jours, désespérant de remonter le moral à ses troupes Voynet a d’ailleurs eu, pour une fois, une révélation d’écologisme fulgurant en déclarant : « Il ne suffit pas de fermer le robinet en se lavant les dents et de cliquer sur une charte écologique pour sauver la planète ». Superbe Exocet en plein dans le Pacte Ecologique qu’elle a pourtant signé.

Les partis politiques viennent tout simplement de fracasser le beau projet de Nicolas Hulot. Car, étouffé sous les embrassades, banalisé par les danses du ventre torrides, écrasé sous les chants de guerre des tribus partidaires qui espèrent, qu’enfin, on ne va plus parler politique pendant la période électorale, le « pacte » est en train d’exploser en plein vol. Nicolas Hulot n’a plus qu’une solution : faire de la politique. Or cela semble être l’activité pour laquelle il est le moins doué. Il vient d’apprendre à ses dépends, alors qu’il prépare pourtant son coup d’éclat depuis plus d’un an que, probablement, la politique est une chose trop sérieuse pour être laissée aux écologistes. Et inversement, bien sur. Hulot, dépouillé au coin d’un bois, est nu désormais.

L’unanimité sidérante fait resurgir les fantômes des promesses non tenues du passé et apparaître la pâleur, la fadeur du projet. Circulez, il n’y a pas grand-chose à voir. Les politiques s’en sont vite aperçus, ils ont l’habitude des catalogues à grand tirage qu’ils appellent programme, c’est pour cela qu’ils en redemandent. Les promesses faites par les uns et trop d’autres, n’engagent, selon la formule consacrée, que ceux qui les écoutent. Nicolas, si sympathique qu’il soit, n’a plus qu’à ramasser les débris épars de son pacte. Comme le Titanic, il est en train de couler. Séquence émotion…

Le temps écologique du parler pour ne rien faire continue.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

DERNIERE MINUTE :
Une information exclusive et étonnante vient d'ètre postée il y a moins d'une heure sur le blog www.thedino.org à propos de la possible candidature de Nicolas Hulot.