Les réfugiés climatiques sont déjà en marche
Invitée mercredi à Lille, la présidente de la sous-commission des droits de
l¹Homme du Parlement européen, Hélène Flautre (députée Vert), a donné une conférence sur le thème des réfugiés climatiques : une problématique mondiale, des enjeux
colossaux, 25 millions de personnes déjà touchées. En résumé….
Ce terme de « réfugiés climatiques » n’a aucun statut et
juridiquement ils n’existent pas au niveau international. Pour autant,
le mot désigne les personnes obligées de quitter leur habitation parce que
les conditions climatiques ne permettent plus de garantir un cadre de vie
pérenne. Il va de soi que le réchauffement climatique et l¹impact de l'Homme
sur son environnement ont précipité ce type de situations.
Il existe déjà des exemples concrets, le cas des îles Tuvalu qui
est alarmant. Cet archipel au large de l’Australie est une république de 11 000
habitants. On sait à présent que ces îles seront englouties d’ici à 2050
environ, même si le réchauffement climatique s’arrête aujourd'hui. C’est
donc un pays qui va disparaître de la carte. Que va-t-on faire de ses
habitants ? Il est impératif de trouver un cadre international équitable.
Peut-on désigner des responsables à cette problématique, et comment les
sanctionner ? La question reste ouverte. Elle est complexe : politique,
économique, humaine. Il faut en débattre et anticiper les crises. Une
définition du statut de réfugié climatique est à l’étude aux Nations unies.
La notion de sanction est encore floue. On a évoqué la possibilité que les
pays accueillent ces réfugiés proportionnellement aux gaz à effet de serre
qu'ils produisent. Les États-Unis se sont prononcés contre. Ils devraient
accueillir 30 % de cette population.
La notion de « pollueur-payeur » s’appliquerait-elle ?Éventuellement, mais
à l’échelle de pays entiers, et, en l’occurrence, des pays les plus puissants au
monde ! Il est évident que ce sont les pays du Sud, plus pauvres et plus faibles,
qui souffriront le plus des catastrophes climatiques, avec le moins de moyens
pour s'en prémunir.
Peut-on parler d'un futur « génocide climatique » ? Le terme est fort,
mais on peut l’envisager. Les périodes de sécheresse, de famine, de pandémie
sont déjà annoncées. À terme, si rien n'est fait pour ces populations, si
aucun cadre international leur permet d'éviter ces drames, on pourra en
revanche parler de crime contre l'humanité.
Possède-t-on des données chiffrées sur le nombre de réfugiés de ce type ?
Un rapport de 2001 des Nations unies en comptait déjà 25 millions à travers le
monde. Plus encore que le nombre de réfugiés concernés par la convention
de Genève. En 2005, un autre rapport annonçait le chiffre de 50 millions
pour 2010. Les prévisions sont encore floues, mais l'urgence est là, réelle.
Ajoutons que le « rapport secret du Pentagone » révélé et publié il y a deux ans aux Etats Unis à la suite d'une fuite au plus haut niveau, envisage le chiffre d’au moins 400 millions de réfugiés climatiques pour l’échéance 2050.
5 commentaires:
C'est encore un peu abstrait effectivement comme concept et j'ai du mal à m'y faire, voire même à envisager une solution (puisque j'ai déja du mal à encercler le problème). Intéressant merci
Les premiers réfugiés climatiques, je les ai vu il y a deux ans, en train de donner l'assaut aux barbelés des enclaves espanoles (Ceuta et Mellilia) au Maroc. Avec la force du désespoir...
CMV
Oui, ce ne sont que les prémisses d'un phénomène à venir.
Quant au terme de "génocide climatique" il ne me choque pas en regard de l'inaction générale et des conséquences funestes du déréglement en cours.
Oui, mais comme le terme de "génocide écologique", il ne figure pas dans les possibilités de mise en examen listées dans la convention ayant créée la Cour Pénale Internationale.
cmv
Les réfugiés dont tu parles, ce sont un peu aussi des réfugiés économiques non ?
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